INTRODUCTION
En
ce qui concerne le péché originel, scientifiquement on ne voit pas bien à quel
moment situer ce terme dans l’évolution de l’espace humaine. Le péché originel
n’est t-il pas un symbole, c'est-à-dire quand nous pensons vers l’arrière de
tous nos péchés ?
Les
adultes, eux ont quatre attitudes possibles de repérer le péché. Ces quatre
attitudes se présentent de la manière suivante, à savoir : ou bien faire
le silence face au péché originel, sans rien penser de précis, en attendant des
jours meilleurs ; ou bien dire que ce n’est pas essentiel dans la foi
chrétienne ; ou bien avouer qu’ils n’y croient plus, ce que certains
prêtres leurs ont appris ; ou bien dénoncer cette croyance comme une
invention nuisible sortie des phantasmes de Saint Augustin.
Adam,
c’est tout homme dans sa faiblesse personnelle, dans ses révoltes et dans ses
trahisons, voilà tout ce que nous pouvons comprendre s’il faut définir le
premier Adam. Inutile d’imaginer à notre avis une hérédité malheureuse
découlant d’une faute commise par un individu déterminé à un moment précis du
temps : Adam, ce n’est pas une origine, mais une somme, un collectif,
c’est l’ensemble de tout homme habitant cette terre caractérisée par toute
sorte des maux. La mort semble une chose toute naturelle qu’il serait faux
d’attribuer au péché. La faute d’Adam a des répercussions psychologiques, mais
elle n’intervient pas dans le déroulement du cosmos et de ses lois.
Voilà
pourquoi devant ce fait, l’homme est maitre de ses actes ; il peut vouloir
et ne pas vouloir du fait de la délibération rationnelle laquelle est
susceptible de se porter en un sens ou en un autre. Pourtant la nature humaine
est davantage corrompue par le péché sous le rapport de la connaissance du
vrai. On doit à Dieu, Souverain Bien, un amour suprême qui consiste à l’aimer
plus que tout.
1.
Le péché originel selon
les Ecritures.
Pour l’auteur de
ce livre, « Adam inaugure bien
l’histoire du salut en ce sens qu’il est le premier acteur de la grande
aventure humaine »[1].
Mais ce déroulement serait incohérence pure si le Père, en son éternité, ne
plantait son Christ au beau milieu de son plan d’amour, nous créant par lui
(1cor.8,6)en lui pour lui (col 1,16-17) ; nous donnant grâce à lui la bénédiction
et la vocation avant même la fondation du monde (Eph 1,3-5). « Adam se trouve donc comme englobé
dans un dessein merveilleux hors duquel il ne serait que le premier maillon
d’une chair de malheurs »[2].
Saint Paul nous apprend que deux hommes sont à l’origine
du genre humain : Adam et Christ.
Le premier Adam, dit-il, a été créé comme un être humain qui a reçu la
vie ; le dernier est un être spirituel qui donne la vie. Le premier a été
créé par le dernier, de qui il a reçu l’âme qui le ferait vivre. Le second Adam
a établi son image dans le premier Adam alors qu’il le modelait. Ainsi donc
pour nous, c’est le Christ qui nous apprend cet anti-Christ qu’est le péché. C’est le sauveur universel et
définitif qui nous révèle le péché originel. Car, c’est la rémission des péchés
qui éclaire le péché, mais en le supprimant. A en croire André
Manaranche : « le péché
originel c’est le négatif d’un positif »[3];
c’est ce dont nous délivre Jésus ; c’est ce dont la croix prend le
contrepied.
2.
Le serpent et le péché originel
Le serpent est identifié par l’Apocalypse 20,2. C’est
l’ennemi de toujours, celui de Dieu et celui de l’homme, le rusé qui accumule
les rôles maléfiques : « L’antique
serpent, c’est le diable Satan ». Pourquoi alors ce symbole ?
Pierre Rémy répond en ces termes : « Parce
que cet animal est l’attaquant invisible et imprévisible »[4],
sorti d’un endroit où on ignore et parti de la même manière. Toutefois, avec
notre auteur le serpent est l’agilité pure au service du mal, l’éclair qui tue.
« Le passe-partout franchissant tous
les barrages, le fuyard impossible à retenir, l’insaisissable »[5].
La bête sournoise dont « la prudence
serait à imiter »[6] si
elle n’était pas perverse.
Pour une bonne compréhension du mal, la Genèse emploie
l’adjectif aroun, qui signifie à la
fois nu et rusé. Rusé parce que nu et glissant. André se demande alors si « ce vocabulaire ne trahissait pas une
dépréciation de la sexualité, la nudité passant pour diabolique ». Car
Yahvé dit à l’animal trompeur : « Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie » (Mt 10,16).
Redresser le serpent pour l’adorer, c’est donc contredire Dieu, qui lui inflige
une posture humiliante. Voilà à notre avis ce qui se cache derrière le texte
biblique et qui n’est rien une suspicion portée sur le mariage.
Notre auteur affirme que le péché originel est bien transmis à l’enfant quand il vient au
monde, dans sa naissance même ; mais il est arrivé à Saint Augustin
d’aller plus loin, c'est-à-dire de lier cette tare à l’exercice même de la
sexualité. Parce que Saint Augustin croit que « les parents transmettent l’âme autant que le corps, et les deux
en même temps »[7].
Or, pour lui, le corps se trouve constitué par un acte de procréation qui
s’accompagne d’une convoitise sexuelle héritée du péché, convoitise qui
subsiste dans les unions les plus légitimes. C’est donc au contact du corps
ainsi formé que l’âme contracte le péché originel, à cause de cet appétit
déréglé qui fonctionne dans l’union des époux. Nous pensons avec André que si
le péché n’avait pas été commis, on se servirait des membres génitaux comme des
autres membres parfaitement soumis à la volonté. Toutefois, pour notre auteur,
le mariage est encore aujourd’hui digne de louange, car ce n’est pas lui qui a
introduit ce mal, mais il l’a trouvé déjà dans le genre humain, et les époux
font un usage honnête de cette concupiscence
dans le but de procréer des enfants, bien que les enfants ainsi engendrés
contractent « le péché originel, qui
rend nécessaire leur régénération »[8].
Saint Augustin sait pourquoi il parle de la sorte, parce
que l’ayant vécu lui-même, et devenu âgé, nous pensons qu’il regrette sûrement
d’avoir été ce jeune homme dévergondé, incapable de maitriser ses passions. Le
serpent n’est pas seulement lié aux cultes païens de la fécondité : il a
aussi rapport à la réalité politique. C’est le nom d’un roi qui fut l’ennemi
juré d’Israël, « le roi des Ammonites
appelé Nahash, c'est-à-dire serpent » (1S10, 1). Le reptile, c’est
donc la figure de ce qu’est le roi, un être dont Dieu vient à bout. Oui, qui ne
sait pas que devant Pharaon, Moise avait fait une démonstration
significative : changer son bâton en serpent et vice-versa. « Les magiciens d’Egypte avaient
réussi eux aussi le même coup, mais en finale, leur bâton avait englouti les
leurs ». (Ex7, 8)
Donc, serpent-dieu ou serpent-roi, le symbole est bien
clair pour notre auteur. Notons également que l’animal vient du champ, de la
savane, du dehors du jardin, du non-lieu. Il s’introduit donc dans un espace
ordonné pour y semer son ivraie.
3.
Le péché originel et la
tentation de Satan
C’est regrettable, parce que le Satan s’en prend à la
femme en l’absence de son mari. Profitant donc de cette situation anormale pour
surprendre l’épouse et l’agresser en son isolement. Et bien, le serpent
commence par mentir, selon son habitude. Il fausse le commandement divin, il
l’exagère pour le rendre odieux ; car le Seigneur n’a jamais interdit la totalité des arbres du jardin : au contraire, « il a largement offert à Adam et Eve
la multitude des fruits de son verger » (Gn 2,16). Sauf, « à l’exception d’une variété unique en
son genre, et qui se trouve en plein milieu de la plantation »[9].
Par conséquent, Eve rectifie donc le propos en précisant la limite exacte de ce
qui est défendu, tout en soulignant par contre la gravité d’une
infraction ; car ce serait la mort. Alors que le serpent fait deux autres
mensonges : il rassure Eve en niant la sanction du tout : « Mais non, vous ne mourrez pas ; et il l’excite en lui faisant miroiter la
possibilité de devenir Dieu » [10].
Voilà qu’il ne craint même pas de mettre ce dernier mot au pluriel en disant
« Vous serez comme des dieux ».
Car, il le sait fort bien, le seigneur est rigoureusement unique, et la
transgression ne divinise personne, bien au contraire. Quant aux yeux d’Adam et
d’Eve, ils ne s’ouvriront pas sur un triomphe mais sur une catastrophe, et la
découverte ne sera pas glorieuse : « Ils connurent qu’ils étaient nus » (Gn3, 7). Le démon ment et
ne tient nullement ses promesses, parce qu’il ne peut en aucun cas supprimer le
Réel.
Pour notre auteur,
à la base de tout cela, il faut le savoir : c’est la jalousie, le désir de
sortir de sa condition, la folle envie de tout pouvoir : non seulement de
faire des prodiges matériels, non seulement de matraquer les consciences, mais
encore de faire plier la vérité elle-même qui saute aux yeux.
4.
Le péché originel et la séduction de la
femme(Eve)
« La femme vit
que l’arbre était bon à manger, séduisant à voir, et désirable pour acquérir le
discernement ». Du coup, il faut signaler qu’il ne s’agit pas ici
d’une tentation de gourmandise au sens grossier du mot : le fruit en
question, « c’est bien une capacité
de connaissance, un savoir donnant un pouvoir »[11].
Or, l’homme est pourtant doté de la sagesse, d’ailleurs « Salomon en avait reçu une bonne ration » (1R 5,9). Mais
comment se contenter de ce qui n’est pas tout ? se demande notre
auteur ! Comment accepter de faire moins que lui ?
Et pourtant, la tentation utilise les images du superbe
et du délicieux, car le fruit semble bel et bon. On le dévore des yeux avant de
le dévorer des dents. Satan, toujours lui,
ne dédaignera pas ces images pour
tenter Jésus au désert : « il
lui fait renifler un pain croustillant qui apaiserait bien son estomac et
serait d’une étonnante capacité pour attirer les foules, n’est-ce pas ? »
(Jn 6,28). Il lui fait voir, depuis un sommet, tous les royaumes de la
terre, convoitise puissant pour les meneurs de peuples, surtout pour ceux qui
ressemblent à des dresseurs d’ours ! « Mais
l’homme ne vit pas seulement de pain dit le Christ, et quelle autre nourriture
lui conviendrait, sinon faire la volonté du Père ? »(Jn 4, 34)
A notre avis, l’Eucharistie est donc l’antidote de toute
tentation, si l’on prend bien soin de ne pas brouter à deux râteliers, « c'est-à-dire à la table du Seigneur
et à celle des démons » (1Co 10,21). Car manger le corps de Jésus, « c’est manger le Fils, celui qui obéit
au Père »[12].
C’est rééduquer sa faim et se prémunir ainsi contre toute séduction.
5.
Le péché originel et la
chute de l’homme et de la femme
C’est alors que réapparait le mari, parti on ne sait où,
et le premier péché est celui du couple pour André. Certes, c’est ainsi que
pour faire taire des femmes bavardes, Paul leur rappelle, après Ben Sirac le
sage (25, 24), que c’est « Eve qui
fut séduite la première » (1Tm 2,14). Mais il reprend cet exemple
ailleurs pour critiquer une communauté entière, sans distinction de sexe, et
lui reprocher son étrange légèreté d’esprit, car les fideles changent de Christ
au gré des prédications ambulantes et se laissent par le fait même fasciner par
le dernier qui passe. Hommes et femmes
sont donc égaux face à la tentation, même le Malin différencie parfois son
marketing selon les sexes.
Avec André, le péché rejaillit sur le couple lui-même.
Après tout Adam ne devrait pas être bien loin : il devrait simplement
rester silencieux et laisser Eve se débrouiller avec le serpent en leur nom à
tous deux. Car le serpent dit : « Vous » et la femme
lui répond : « Nous », prenant la parole pour
elle et son mari. Alors dès que l’homme a fait sienne la convoitise de son
époux, leur regard se transforme. Il nous semble que jusque là, ils s’aimaient
d’une façon transparente, tels que les avait façonnés et donnés l’un à l’autre,
c'est-à-dire comme des personnes. « Mais,
dès qu’ils laissent s’éveiller en eux la frénésie de tout prendre, ils deviennent l’un pour l’autre un objet à conquérir »[13].
Donc ils cessent alors de se regarder dans les yeux, et leur vision dérape,
s’abaissant obstinément vers le sexe,
la seule chose qui désormais les intéresse. Tel est donc le sentiment d’être nu après la faute : chacun se rend
bien compte, de par son expérience personnelle, qu’il est pour l’autre un objet
de provocation. En effet, c’est alors que nait la pudeur, mélange de honte et
de dignité. On éprouve dorénavant une gêne d’être exposé comme une chose au
regard épais des curieux ; on éprouve une joie, en s’habillant avec tact,
d’être considéré comme une personne, c'est-à-dire « d’abord comme un visage »[14].
Bien sur, les époux se donnent l’un à l’autre dans la nudité de leur chair,
nudité qu’ils se réservent dans l’intimité de leur tendresse : vérité le
langage du corps.
De ce qui précède, André s’interroge et répond en même
temps. Est-ce que serions-nous ennemis du plaisir après tout? Certes pas.
Mais toutefois, nous sommes d’avis que le plaisir ne doit pas devenir une
industrie lucrative organisée par des marchands. On ne consomme pas le mariage
comme on consomme une boisson, parce que l’autre créé à l’image de Dieu, ne se
réduit pas à sa capacité mécanique de provoquer des frissons. « L’amour n’est pas le but de l’acte
sexuel chez André et pour tout chrétien; il en est la règle »[15].
6.
Le péché originel appelle le baptême, y
compris celui des enfants
N’oublions pas qu’au début de l’Eglise, « la conversion a d’abord concerné les
adultes, et le baptême aussi »[16].
De nos jours il existe tout un rituel pour préparer en plusieurs étapes, les
grandes personnes au premier des sacrements. C'est-à-dire, dans ce cas l’eau
baptismale versée au nom de la Sainte Trinité, remet les péchés personnels en
même temps qu’elle arrache le catéchumène à l’emprise du péché originel. Mais,
sans jamais cesser de s’intéresser aux adultes, l’Eglise a compris très vite
que l’enfant lui aussi devrait être baptisé au plus tôt possible, bien qu’il
n’ait pu commettre aucune faute. Cette pratique s’est développée conjointement
avec l’affirmation du péché d’Adam, comme en témoigne le seizième concile de
Carthage.
Notre
Eglise réaffirme cette doctrine en même temps qu’elle justifiera de plus belle
cette liturgie : c’est ce que le pape Innocent III écrit à Humbert d’Arles
en 1201 ; c’est ce que le concile de Trente proclame solennellement en
1546. Par ailleurs, « le péché
originel n’est pas un péché personnel, et il ne donne lieu à aucune possession
diabolique »[17].
Le baptême signifie que l’enfant vient au monde non seulement faible et capable
de pécher, mais grevé d’une situation qui le rend étranger au corps du Christ,
bien qu’il soit destiné à en faire partie n’est-ce pas ? Si ce sacrement
nous donne le pouvoir de traiter Dieu comme un Père et d’être traité par lui
comme des fils, c’est qu’auparavant cette relation d’intimité nous manquait à
notre avis.
D’où, notre condition native ne comporte donc pas la vie
divine d’après notre auteur ; cette relation filiale à laquelle le Père
nous destine pour y parvenir, il faut cet autre événement que Jésus appelle « Naitre de nouveau » ou
« Naitre d’en haut » (Jn 3,3 et 7). L’acteur de cette
régénération, c’est bien l’Esprit Saint, et cet Esprit se sert de l’eau. En
effet, nous avons une faiblesse d’affirmer que supprimer le péché originel, ce
n’est pas seulement laver une tache. Par contre c’est donner une vie. La grâce
baptismale est celle d’une incorporation libérante et purifiante. D’ailleurs,
Augustin l’a bien dit dans une formule saisissante, en commentant le psaume
70 : Par l’expérience qu’il fait du mal, tout homme est Adam. De même, chez ceux qui croient, tout homme est le Christ, car ils sont
bel et bien les membres du Christ. Chez les réformés par contre, il en est qui
refusent le baptême des enfants, mais ce n’est pas parce qu’ils nient le péché
originel ; ils y insistent souvent plus que nous les catholiques. Pour les
uns, c’est la foi seule qui sauve, et dans ce cas d’espèce le bébé n’en est pas
capable, évidemment. Alors, pour lui, le sacrement ne signifie rien. Pour les
autres, ceux qui sont du type secte,
la foi est une affaire strictement individuelle dans laquelle la famille n’a
pas à interférer au nom de la liberté. Aux premiers, André répond en ces
termes :
« Par
le baptême d’un enfant, Dieu manifeste la gratuité du don qu’il accorde, ce qui
va tout à fait dans le sens de la reforme. Et l’auteur montre aussi que la foi
se dépose dans le petit à la manière d’un germe qui devra se développer
doucement mais sans tarder, car l’éveil commence plus tôt qu’on le croit. Aux
seconds, il rappel que l’homme ne surgit pas à trente ans, orphelin et
solitaire, mais qu’il entre dans le tissu familial. Sa capacité de décider ne
commence pas à un âge standard qui constituerait un point zéro dans sa
personnalité : elle s’éduque patiemment »[18].
7.
Le sort des enfants
non-baptisés
En 1201, le pape Innocent III écrivait à Humbert
d’Arles : « La peine du péché originel
est la privation de la vision de Dieu ». en 1274, le deuxième concile
de Lyon se montre plus sévère : « Pour les âmes de ceux qui
meurent en état de péché mortel, ou avec le seul péché originel, elles
descendent immédiatement en enfer, où elles reçoivent cependant des peines
inégales ». Puis, dans le même ordre d’idées, les théologiens se mettent à
échafauder une hypothèse tout à fait gratuite, de par une déduction de
l’esprit. Ils imaginent, entre ciel et enfer, un statut intermédiaire
susceptible de résoudre cet épineux problème : c’est les limbes, mot qui veut dire bordure.
En effet, pour eux il serait scandaleux de mettre les enfants non baptisés en
enfer, puisqu’ils n’ont rien fait du mal, c’est qui parait logique et il serait
dangereux de les mettre au ciel, car cela découragerait les parents de faire
baptiser leur progéniture.
Cette hypothèse ingénieuse ne satisfait pas tout le monde
selon André, surtout pas les augustiniens, protestants ou catholiques, pour
lesquels le plan divin n’admet aucun milieu entre gagner et perdre, entre vivre
et mourir, entre ciel et enfer, entre Christ et anti-Christ. Une fois de plus,
en 1794, le pape Pie VI avait protesté contre « une insinuation aussi malveillante, soutenant de toutes ses
forces qu’il existait un milieu entre le Royaume de Dieu et la damnation
éternelle »[19].
Qu’est ce qui pouvait faire évoluer les choses ? La pratique baptismale,
évidemment ! Car « si les
limbes existaient, il fallait quand même tenter d’arracher le maximum d’hommes
à ce paradis de seconde zone, à ce succédané peu appétissant »[20].
Avec Vatican II, tout devient clair n’est-ce pas ?
Au n° 16 de la constitution sur l’Eglise Lumen
gentium, il est dit : « Ceux
qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Evangile du Christ et son Eglise, mais cherchent, sous l’influence de
sa grâce, d’agir de façon à accomplir
sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi
peuvent arriver au salut éternel ». En revanche, le cardinal Ratzinger
nous dit-il que « les limbes n’ont
jamais été une vérité de foi définie mais un moyen pour faire prendre au sérieux
le précepte du Christ : Allez, baptisez »[21].
Toutefois, dans l’éternité, il n’y aura que deux possibilités : « être
avec le Christ » (Ph 1, 24 ; 1Th 4,17) ou bien errer dehors. Ces
possibilités ne sont pas extérieures sans aucun repère.
CONCLUSION
Que dire au juste de cette réflexion ? Nous sommes
confiants que le péché originel n’entraine aucun fatalisme : « la liberté demeure et tout n’est pas
perdu, du moins pour la foi catholique »[22].
Loin de faire d’Adam un héros dans cette étude, placé très au dessus de la
condition humaine, la genèse le maintient à notre hauteur. Or Adam, c’est le
roi, personnage intouchable s’il en est. La Bible ne craint donc pas de
démystifier le roi lui-même, pour voir en lui le symbole de l’existence
commune.
Dès lors, pour notre auteur Adam n’est pas la cause du
mal qui nous arrive, il en est simplement le modèle[23].
Nous nous retrouvons en Adam dans la mesure où nous faisons comme lui, où nous
l’imitons. En affirmant la réalité du péché originel, Augustin rétablit la
vérité révélée : il rappelle la création aux manichéens et la rédemption à
Pélage. En surimpression de nos servitudes, l’Amour divin dans lequel tout
baigne et qui a pris en main les événements de notre salut, sans jamais être
débordé par l’imprévu, pas même par notre péché. « Gloire donc à celui qui mène tout de main de maitre !
Gloire à celui que le péché originel a fait mourir sur la croix, et qui a cloué
sur le bois la facture que nous avions à payer » (Col 2, 15).
N’oublions pas qu’en nous donnant un commandement, Dieu
ne nous préserve pas du mal ; il se préserve, lui, de ne plus être
unique « mange donc, Eve, et tu
verras que j’ai raison ». Non, la loi n’est pas une
jalousie de la part de Dieu.
BIBLIOGRAPHIE
1. Bible de Jérusalem (BJ)
2. MANARANCHE André, Adam où es-
tu ? Le péché originel,
Paris, Fayard, 1990.
3. AUGUSTIN (Saint), Ouvrage
inachevé contre Julien, Livre II, n°45.
4. LUYEYE LUBOLOKO François, Les
sacrements dans l’Eglise Catholique, Kinshasa, Médiaspaul.
5. JEAN PAUL II, A l’image de
Dieu homme et femme. Une lecture de Genèse 1-3.
6. Joseph RATZINGER et Vittorio
MESSORI, Entretiens sur la foi,
Fayard, 1985.
7. DUPAR Anaclet omi, Cours de
péché originel et grâce, ISEM, G2 théologie, 2012-2013, Inédit.
TABLE
DES MATIERES
INTRODUCTION …………………………………………………...1
1. Le
péché originel et la tentation de Satan …………………………..1
2. Le
serpent et le péché originel………………………………………..2
3. Le
péché originel et la tentation de Satan …………………………..3
4. Le
péché originel et la séduction de la femme(Eve)…………………3
5. Le
péché originel et la chute de l’homme et de la femme…………...4
6. Le
péché originel appelle le baptême, y compris celui des enfants….5
7. Le
sort des enfants non-baptisés……………………………………..6
CONCLUSION……………………………………………………….7
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………8
TABLE DES MATIERES……………………………………………9
[1]
MANARANCHE André, Adam où es-tu ? Le
péché originel, Paris, Fayard, 1990, p.86.
[2] Cf.
MANARANCHE André, Op.cit, p.87.
[3] Ibid., p.88.
[4] PIERRE
REMY, Et le péché qu’en dire ?,
Paris, Le centurion, 1979, p.47.
[5] MANARANCHE André, Op.cit, p.99.
[6] Idem, p.100.
[7] Idem, p.101.
[8] SAINT
AUGUSTIN, Ouvrage inachevé contre Julien,
Livre 2, N°45. Dans l’édition Vivès, Tome XXXII, pp.25-26.
[9] Cf. PIERRE
REMY, Op.cit, p.97.
[10] Cf.
MANARANCHE André, Op.cit, p.103.
[11] Cf.
MANARANCHE André, Op.cit, p.104.
[12] LUYEYE
LUBOLOKO François, Les sacrements dans
l’Eglise Catholique, Kinshasa, Médiaspaul, p. 40.
[13] Cf.
MANARANCHE, Op.cit, p.106.
[14] JEAN
PAUL II, Consulte à l’image de Dieu homme et femme. Une lecture de Genèse 1-3, pp.99-105 et Le
cœur, le corps et l’esprit, pp.
21-67.
[15] Cf. MANARANCHE, Op.cit, p.107.
[16] Cf. LUYEYE, Op.cit, p.21.
[17] Cf.
MANARANCHE, Op.cit, p.151.
[18] Cf.
MANARANCHE, Op.cit, p. 153.
[19] Dans
Denzinger, au n°2626. Insinuation «
Fausse, téméraire et injurieuse », dit Pie VI, sans se prononcer sur
la doctrine comme telle, sinon qu’elle est rependue dans les écoles
catholiques.
[20] Cf.
MANARANCHE, Op.cit, p.156.
[21] Joseph
RATZINGER et VITTORIO MESSORI, Entretiens
sur la foi, Fayard, 1985, pp.179-180.
[22] DUPAR
Anaclet, omi, Cours de péché originel et grâce, deuxième année de théologie,
ISEM, Kinshasa/Kintambo, 2011-2012, Inédit.
[23] Cf.
MANARANCHE, Op.cit, p.134.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire