INTRODUCTION
Il est de notre compréhension que les
évangiles sont des textes anonymes. On ne connait leurs auteurs que par la
Tradition. Mais l’anonymat du IVe évangile est plus verbal que réel. Il est
très facile de deviner le nom de l’évangéliste sous le voile discret, dont
lui-même s’est enveloppé à dessein. D’un bout à l’autre, il se montre pour le
« témoin : in » et l’ « ami » ; il a vu et
entendu les choses de l’histoire merveilleuse, il a été aimé de celui qui en
fait l’objet : Jésus Christ.
Le but avoué de l’évangéliste est de
rendre croyable la double prérogative de Jésus, Messie et Fils de Dieu, qui
fait aussi l’objet de la foi chrétienne ;
De
là son thème fondamental : raconter et faire entendre la révélation
progressive, que le Verbe incarné a faite de lui-même dans les œuvres divines.
Le thème soumis à notre réflexion s’articule au tour du prologue de Saint Jean
1, 1-18. Notre travail consistera à montrer d’une part, le pourquoi selon
lequel Saint Jean a écrit ce prologue, et d’autre part, faire une étude
exégétique du chapitre de l’évangile de Jean.
I.
Pourquoi Jean écrit le Prologue pour son
évangile ?
D’emblée,
beaucoup se demande si le prologue de Saint Jean, est-il un préface ou une
introduction[1] ?
Ce prologue semble définir l’objet même du IVe évangile. Pour Saint Jean le
« logos » ou la « parole » est substantielle et éternelle[2]. Le « logos »
qui est un terme caractéristique de « Verbe » ne revient pas dans le
corps de l’évangile de Saint Jean.
Le
prologue semble aussi avoir été écrit pour deux temps : un hymne au Christ
célébré comme le Verbe divin, « le Fils » de Dieu.
En Jésus de Nazareth s’est révélé le
Verbe personnel de Dieu, dans l’union substantielle du Fils avec la nature
humaine : « en lui était la vie et la vie était la lumière des hommes ».
Il est venu dans la chair pour sauver le monde par le rayonnement de la vérité et la communication de la vie.
Car le « Verbe » est la source de tout ce qui peut amener les hommes
à vivre pleinement leur existence, la vie physique et la vie qui s’accomplit
dans la rencontre de Dieu. Conjointement, il est la lumière qui indique aux
hommes le véritable chemin à suivre.
Le
prologue l’énonce, et fait participer à la meilleure façon d’introduire à
l’intelligence de l’intelligence de l’Evangile tout entier.
Pour Saint Jean dans son prologue, la
préexistence éternelle du « Verbe » qui s’est révélé dans les œuvres
divines de Jésus de Nazareth est primordiale.
Quant au style, il manifeste que
l’auteur développe sa pensée et construit sa phrase d’après le mouvement du
parallélisme hébraïque. En lisant le texte en haute voix, on sent le
rythme et même une certaine cadence
musicale. Ainsi sans trop présenter une symétrie rigoureuse, les développements
du prologue pourraient tenir dans une sorte de triptyque : la vie intime
du Verbe au sein de Dieu, de toute éternité ; son activité à
l’extérieur : par la création, par la grâce et par l’incarnation ; le
Verbe incarné, témoin de Dieu auprès des hommes (Jn 1, 18).
II.
La théologie ou l’exégèse de Jn1, 1-51
a) Jn1,
1
Avec une forte
allusion aux premiers mots de la genèse, le 4è évangile débute aussi par l’existence
éternelle du « Verbe » : « Au commencement était le Verbe. » le « Verbe » éternel. Il était en
Dieu, « auprès de Dieu ». Tout en Dieu est égal, parce que
souverainement parfait. Il s’agit ici d’une vie divine.
« Au
commencement » n’est pas le début du temps du monde mais le
commencement absolu[3]
Nous
voyons que ce premier verset nous montre expressément trois vérités
fondamentales du dogme chrétien à savoir : personnalité, éternité et
divinité du Verbe. L’évangéliste s’adresse à un lecteur déjà initié au grand
mystère de la vie divine, Un seul Dieu en trois personnes.
b) Jn
1, 2-3
Avec
le second verset « il était au commencement en Dieu », la pensée ne
revient sur elle-même que pour progresser. L’activité du Verbe éternel donne au
temps son moment initial. C’est par son intervention, que l’évangéliste
explique l’existence de toute créature.
« Et
sans lui rien n’a été fait de ce qui a été fait », l’évangéliste met en
relief l’universalité de l’action créatrice du Fils de Dieu.
c) Jn
1, 4-5
« En
lui était la vie ». Alors que rien ne vivait encore en dehors de Dieu, la
vie était le Verbe. En écrivant que la vie, celle qui vient du Verbe, était la
lumière des hommes, le 4è évangile suit l’ordre logique des interventions
divines dans le monde des humains.
Le
sens général, et comme transcendant, caractérise bien le mouvement de toute
l’histoire sacrée, qui n’est rien d’autre que le récit du conflit entre la
lumière de la bonté divine et les ténèbres de la malice humaine.
d) Jn
1, 6-9
On
comprend que ce témoignage prophétique s’achève et se résume dans la
prédication de Jean, fils de Zacharie : « Il y eut un homme envoyé de
Dieu : son nom était Jean… ». Le précurseur n’éclaire que par
réflexion, il est au Christ ce que la lune est au salut. Jésus-Christ dira, il
est vrai, de lui : « qu’il est flambeau », mais, un flambeau n’est
qu’un porte-lumière qui emprunte la flamme d’un foyer. Voilà le rôle que joue
Jean baptiste.
e) Jn
1, 10-13
Le
« monde » constitue aussi un des termes caractéristiques de la langue
de Saint Jean. Et pour être enfant de Dieu, il faut « croire au nom du
Verbe ». Cette expression fait partie de la langue du 4è évangile. Pour
remplir sa fonction, le nom doit être révélateur de la nature même de celui qui
le porte. Or, selon Jean, le nom le plus expressif de Jésus-Christ est celui de
« Fils de Dieu ». Celui-là
croit en son nom, qui croit en sa divinité, et se confie en sa vertu
rédemptrice.
f) Jn
1, 14-18
C’est pour introduire
l’homme dans la famille de Dieu que le « Verbe »
s’est fait chair. Et le Verbe incarné a habité parmi nous d’une manière
définitive. Le témoignage de Jean Baptiste revient, non plus à raison de sa
portée générale mais avec allusion à un fait précis, se rattachant à la
prédication du précurseur : « Jean
lui rend témoignage et crie…. » Comme fait un héraut de sa voix claire
et retentissante.
Parvenus à la fin du
prologue, disons avec Bossuet : « Au
commencement était le Verbe, au commencement, au-dessus de tout commencement
était le Fils ». Le Fils, « c’est, dit Saint Basile, un Fils qui
n’est pas né par le commandement de son Père, mais par puissance et par
plénitude a éclaté de son sein : Dieu de Dieu, lumière de lumière, en qui
était la vie et qui nous l’a donnée ». vivons dans cette vie éternelle et
mourons à tout le crée. Amen. Amen[4].
g) Jn
1, 19-51
Le
message du Christ a un double objet : la personne du Christ et son œuvre.
Il tient dans le témoignage qui lui est rendu par Jean Baptiste (Jn 1, 19-34),
par les premiers disciples (Jn 1, 35-51) :
Ø Le
témoignage de Jean-Baptiste et l’Agneau de Dieu (Jn 1, 19-34).
Le verset 19 montre le témoignage
de Jean Baptiste sur lui-même. Lorsque la commission d’enquête interroge, Jean
en profite pour annoncer aux responsables de l’enseignement religieux en Israël,
la venue mystérieuse au milieu d’eux de Jésus dont lui-même estime indigne de
« dénouer la lanière de sa sandale »(V27).
·
Au VV 26-27, Jean Baptiste justifie la
création de la liturgie du Baptême dans le Jourdain en déclarant qu’il est
l’humble serviteur. Il connait la limite du baptême qu’il donne
·
Le témoignage se Jean sur Jésus : V
29 : « voici l’agneau de Dieu ». après avoir porté témoignage
sur Jésus devant la commission d’enquête des autorités de Jérusalem,
Jean-Baptiste porte témoignage devant ses disciples qui sont avides de
purification- le précurseur résume l’enseignement des prophètes sur le
sacrifice rédempteur du Messie. L’Agneau de Dieu devient un nom symbolique,
mais concret du Messie.
Ø Le
témoignage des premiers disciples (Jn, 35-51).
Pour Jean te des disciples, le lieu du baptême de Jésus est devenu, en
quelque sorte, un lieu consacré. Le récit de la première rencontre est
délicieux de nature, et même de pittoresque. En le parcourant des yeux, on voit
les personnages allant et venant sur la scène. Le narrateur, lui-même, est
témoin de tous les événements et rien ne lui échappe : le lieu, le jour,
l’heure, les noms, les nombres, les gestes…..
On
voit Jésus qui se présente comme « le Fils de l’homme ». C’est le nom
énigmatique qu’il se donne habituellement à lui-même dans les synoptiques et
plus de dix fois dans le quatrième évangile.
BIBLIOGRAPHE
- Bible
de Jérusalem, Paris, Cerf, 1979.
- DURAND
Alfred, Evangile selon Saint Jean, 7° éd, Paris, éd. Beauchesne, 1927.
- Le
Petit Larousse, Paris, 1964.
- OSTY et TRINQUET, Traduction, Le Nouveau
Testament, Paris, Siloé, 1974.
- TOB, 6° éd, Paris, éd. Cerf, 1995.
[1] DURAND
Alfred, Evangile selon Saint Jean, in
Verbum Salutis, Paris, éd. Beauchesne, 7è éd., 1927, p.5.
[2] OSTY
Chanoine et TRINQUET J., Le Nouveau Testament, Paris, éd. Siloé, 1964, p.214.
[3] TOB, 6°
éd, Paris, éd. Cerf, 1995, p.2545.
[4] DURAND
Alfred, Evangile selon Saint Jean, 7° éd, Paris, éd. Beauchesne, 1927, p.31.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire