mercredi 20 juin 2012

une reflexion sur la mission de l'Eglise


INTRODUCTION

A la fin de sa mission sur terre Jésus ayant confiance aux disciples qu’il a pris le soin de former, de leur montrer tout ce que le père lui a confié ; les envoie continuer l’œuvre que lui-même avait commencé. C’est le début même dans la grande mission de L’Eglise. A travers des siècles, l’Eglise assumera cette mission tout en se mettant à l’écoute des temps qu’elle traverse. C’est dans ce sens que la mission de L’Eglise va revêtir de formes diverses depuis les origines jusqu’à nos jours. De ce fait quelle est le parcours missionnaire de L’Eglise.  Quelles sont les nouvelles orientations de l’Eglise par à la mission qui lui est confiée. Comment est ce que l’activité missionnaire est conçue dans l’Afrique d’aujourd’hui. Nous aborderons cette problématique par une approche définitionnelle, ensuite, nous ferons un survol de l’activité missionnaire de l’Eglise depuis les origines jusqu’à nous jours, enfin nous verrons les nouvelles orientations pour l’activité missionnaire sur le sol africain.



I.                    DEFINITIONS DES CONCEPTS



 Renouveau : Veut dire, la renaissance, le printemps. Mieux encore renouveau renvoie au sens de la reprise (de quelque chose) après une période de déclin.  C’est aussi une transformation qui,  par sa nouveauté, donne un essor (à quelque chose).

Mission : Le mot mission signifie « envoie ». S’il ne se trouve pas dans la Bible comme substantif, il y est bien présent comme verbe : « Mittere » qui signifie «  envoyer » et a le même sens qu’ « apostellein » en grec. Le Père a pris l’initiative d’envoyer son Fils. Le terme a recouvert, à partir de cet envoi primordial, une multitude d’applications ; on parle des « missions divines » : L’envoi du Fils et§ de l’Esprit, la mission des douze Apôtres, la mission de l’Eglise. (Mc3, 10 ; Mt10, 1-42 ; 28,16-20 ; Mc16, 14-19 ; Ac1, 6-11).

David Bosch invite à distinguer entre  mission (au singulier) et missions (au pluriel).

La première se rapporte à la Missio Dei (mission de Dieu), à la révélation de l’amour de dieu pour le monde, à l’engagement de Dieu avec le monde et pour le monde, à la nature de Dieu et à son action qui concerne à la fois l’Eglise et le monde et à laquelle l’Eglise a le privilège de participer.

La seconde concerne les missiones ecclesiae (les projets missionnaires de l’Eglise) qui sont les formes particulières de la participation à la missio Dei en temps et lieux et en rapport avec certains besoins.

Dans les temps modernes, l’usage du mot a fait oublier l’envoi. La « mission » a par exemple désigné le poste ou la succursale de la société Eglise en territoire hors chrétienté : Poste de mission, territoire de mission.  Le but de la mission consistait à implanter l’Eglise. Celle-ci devait être fermement établie dans les Pays où elle n’avait que de jeunes racines. L’établir fermement demandait le développement de la communauté chrétienne, celui d’un clergé et d’une hiérarchie « indigène ». La situation ne devait pas perdurer. Il y eut un renouveau ecclésiologique.

Une disgrâce et un discrédit pesèrent sur le mot mission, car le destin était trop lié à une période où l’ère missionnaire coïncidait avec les conquêtes coloniales de l’occident chrétien, ce qui connotait avec excès un triomphalisme outré de l’Eglise.  Le second concile Vatican  dut marquer le recul  et le réajustement que procure le temps. D’où la consécration du mot « Evangélisation ».

. Evangélisation

Ce mot employé trente et une fois par le concile, désigne bien la mission à l’intérieur de la chrétienté que les missions lointaines. On peut avancer avec Claude Geffré qu’après  le concile Vatican II, « Evangelii Nuntiandi » est le témoin de la grande mutation qui s’est opérée dans la conscience missionnaire de l’Eglise depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

D’une part, c’est toute l’Eglise qui est concernée par la mission : Tous les Evêques et, avec eux toutes les Eglises locales, sont collégialement responsables de l’évangélisation du monde. Il est significatif qu’en 1967 la congrégation de « Propaganda Fide » devienne la congrégation pour l’évangélisation des peuples.

D’autre part, l’Eglise est en état  de mission partout, c'est-à-dire bien dans les Pays de chrétienté que dans les pays dits de mission. Evangelii Nutiandi préfère parler de l’Evangélisation au lieu  de la mission. L’exhortation utilise « Evangélisation » et ses dérivés pas moins de deux cents fois. L’Evangélisation y est comprise comme concept englobant toute l’activité de l’Eglise envoyée au monde : « un mot unique-Evangélisation définit toute la mission du Christ ».

David. J. Bosch signale que M. Geijbels réunit sous le terme évangélisation la proclamation, la traduction, le dialogue, le service et la présence. Et J. Walsh écrit que : « Le développement  humain, la libération, la justice et la paix sont des dimensions intégrantes du ministère d’évangélisation ».

Dans cette perspective l’on doit reconnaitre que la mission et l’évangélisation ne sont pas synonymes, mais indissolublement et inextricablement liées dans la théologie et la pratique. A la suite de D.J. Bosch, nous pouvons dire que la mission est plus large que l’Evangélisation. La mission, c’est l’Eglise envoyée au monde pour aimer, servir, prêcher, enseigner, guérir, libérer. Tandis que l’Evangélisation est une dimension essentielle de l’activité globale de l’Eglise, le cœur de sa mission.

La thèse de l’implantation de l’Eglise représentait déjà un progrès par rapport à celle du salut des âmes. Il n’était plus question de sauver des âmes qui, autrement n’avaient aucune voie d’accès au salut éternel, mais plutôt d’établir partout dans le monde l’Eglise, moyen universel voulu par Dieu pour le salut des hommes. Mais cette thèse, à son tour, était trop courte, car la position était indûment centrée sur l’Eglise elle-même, comme si elle était une fin en soi. La thèse de l’implantation se définit en proclamation de l’Evangile, catéchèse et administration des sacrements ; il y règne une préoccupation exagérée pour la croissance numérique de la communauté chrétienne, les statistiques jouant un grand rôle.

Dans l’action évangélisatrice de l’Eglise, il ya des éléments  et des aspects à retenir. Certains sont tellement importants que l’on aura tendance à les identifier simplement avec l’évangélisation. L’on a pu définir l’Evangélisation en termes d’annonce du Christ à ceux qui l’ignorent, de prédication, de catéchèse, de baptême et d’autres sacrements à conférer.

Le but  de l’évangélisation n’est pas simplement d’amener des hommes à certaines pratiques religieuses. Il s’agit vraiment de transformer la conscience personnelle et le comportement des hommes en même temps que le milieu social dans lequel ils vivent. Evangéliser, pour l’Eglise, c’et porter la bonne nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même : « Voici que je fais l’univers nouveau ». Mais il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’ya pas d’abord d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême et de la vie selon l’Evangile.

Le but de l’Evangélisation est donc bien ce changement intérieur et, s’il fallait le traduire d’un mot, le plus juste serait de dire que l’Eglise évangélise lorsque, par la seule puissance divine du message qu’elle proclame, elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs.



II.                  APERÇUE HISTORIQUE DE LA MISSION



CONCEPTION ET PRATIQUE

Pour une meilleure compréhension du mouvement de Renouveau missionnaire, un survol historique dans le temps et l’espace s’impose. Ainsi, dans ce chapitre il sera question de disserter sur comment la mission a été perçue et pratiquée dès les premières siècles de l’ère chrétienne jusqu’au Concile Vatican II.

1.       Ier au IIIe siècle

Le christianisme dans cette époque est en gestation et en train de s’affirmer. La priorité est donnée au rétablissement du peuple de l’Alliance ; le centre d’évangélisation est Jérusalem. C’est la période apostolique et post –apostolique. La mission se rattachait à Jésus lui-même  et était politique, même révolutionnaire[1]. La Mission est conçue comme kérygme (annonce de la Bonne Nouvelle du salut) selon le commandement du Seigneur : « allez dans le monde entier et proclamez la Bonne Nouvelle (Mt 28,18).

La mission est vécue comme accueil de la foi en Dieu et témoignage que les chrétiens devaient rendre du mystère pascal du Christ. Cette foi en Dieu les poussait jusqu’au martyre. Ainsi donc, la mission visait mettre en relation l’Homme avec Dieu et cette relation devrait se refléter dans la vie quotidienne de l’Homme. La mission est donc, une affaire de tous les baptisés.

2.       IV au VI siècle

Le christianisme jouit d’une immense liberté sous le régnât de Constantin et Théodose, après une période prolongée de persécutions. Les chrétiens s’engagent dans l’évangélisation vue l’atmosphère de paix qui se vivait ; et la mission est conçue comme annonce du Règne de Dieu et proclamation de la Parole de Dieu. Le climat de paix qui se vivait, a suscité un relâchement du point de vu du témoignage et de la rigueur de la vie chrétienne; on voit naitre pendant cette période des hérésies au sein de la communauté chrétienne. 



3.VII au XI siècle

On assiste à des divisions et querelles au sein de la communauté chrétienne ; on note un fait le plus saillant, la querelle des images. Pendant que les divisions gagnaient le dessus, l’Islam voyait le jour en 632, au sous et au regard de tous ; l’Islam finira par ravager les communautés chrétiennes isolées par les divisions. Les lieux saints sont envahis par les ottomans (infidèles) ; c’est l’époque des croisades. La mission est conçue comme lutte contre les infidèles.

3.       XII au XV siècle

Dans cette période on assiste à la naissance des ordres et fraternités religieuses avec comme but la prédication par la parole et le témoignage évangélique à travers une vie chrétienne plus radicale et conforme à l’Evangile. La mission est comprise comme annonce et témoignage de foi en Jésus Christ. L’activité missionnaire se développe davantage, donnant possibilité de fonder une civilisation chrétienne solide. La pratique missionnaire est plutôt ad gentes et influencée par la politique pontificale de  plantatio ecclesia.

4.       XVI au XVIII siècle

Le christianisme connait une expansion mondiale avec la collaboration des congrégations religieuses et missionnaires. On note aussi des présences missionnaires protestantes dans les territoires de mission. La pratique missionnaire est marquée par un fort eurocentrisme influencé par le mariage avec les autorités coloniales qui favorisaient le système du Padroado. Les missionnaires sont convaincus de mener une bataille contre l’incroyance et l’enthousiasme missionnaire atteint son apogée. Dans cette même période la Propaganda Fide est érigée en 1622, sous la Papauté de Grégoire XV.  On voit aussi émerger des courants philosophiques et scientifiques qui deviendront un défi pour la mission car ils remettent en cause la religion ou la mission elle-même.

5.       XIX au XX siècle

C’est la période des grandes découvertes, du laïcisme et du socialisme qui propage la tolérance religieuse. Ces mouvements ont secoué l’Eglise et on voit naitre des religions nationales et un désir de recherche du paradis sur terre qu’au ciel ; bref, L’hédonisme s’imposait.

Cependant, dans cette atmosphère d’ombre, l’Eglise connaitra un renouveau missionnaire à travers la fondation de nombreuses congrégations religieuses et missionnaires ; beaucoup d’initiatives missionnaires naissent soit chez les catholiques soit chez les protestants. La mission est conçue comme évangélisation et conversion à la foi chrétienne et l’implantation de l’Eglise chez les peuples païens par l’annonce explicite et implicite de la foi au Christ, accompagné des œuvres sociales et caritatives.

Après le Concile Vatican I, la mission est comprise comme privilège pour un groupe particulier (ius commissionis) ; la pratique missionnaire reste toujours influencée par la civilisation occidentale. Le lapse de temps qui va de 1945 au Concile Vatican II, est marqué par les conséquences dévastatrices de la II Guerre mondiale et par l’hégémonie de la Russie avec l’idéologie communiste. L’enthousiasme pour les missions ad extra avait considérablement baissé voire même la sponsorisation de l’activité missionnaire. Le sentiment qui accompagnait l’Église était celui de changement de la façon de concevoir et de faire la mission. La mission commençait à être considérée comme étant aussi ad intra. Ce sentiment était particulièrement présent dans le chef des Papes qui lisaient déjà les signes des temps, à partir des changements vécus dans des pays des missions. C’est ainsi que,  ils publient successivement des encycliques préconisant une autre vision missionnaire pour l’Eglise ; ce sentiment connait sa réalisation par le chef du Pape Jean XXIII qui manifeste publiquement son désir de convoquer un concile œcuménique pour l’aggiornamento de l’Eglise. Ce désir se réalisa avec l’ouverture du concile au 11 octobre 1962 à la Basilique S. Pierre, par Jean XXIII.



III.                VATICAN II ET LE RENOUVEAU

Le mouvement du Renouveau commença au XVIIIe siècle à l’ère des lumières ; où la foi chrétienne avait perdue sa force et évidence. « L’influence profonde des Lumières sur la pensée et pratique missionnaires s’est révélée d’autant plus inévitable que l’entreprise moderne de la mission dans son ensemble est issue très largement de ce même mouvement des Lumières. Le mot « mission » était conçu à l’époque comme un simple corollaire des visées impérialiste de l’Occident »[2]. En effet, sous la poussée irrésistible du rationalisme, l’entreprise missionnaire s’était pratiquement effondrée. Trois facteurs de renouveau qui ont causé une transformation spirituelle et influencé le mouvement missionnaire : le « grand Réveil » dans les colonies britanniques en Amérique du nord, la naissance du méthodisme et le renouveau évangélique dans l’anglicanisme. Chacun de ces mouvements influença profondément la mission[3]. En effet, l’ère des Lumières a poussé les chrétiens à questionner la théorie et pratique missionnaire et à appeler à une profonde révision, c'est-à-dire à une mutation de paradigme missionnaire. Sera donc,  le Concile Vatican II qui marquera un tournant décisif dans l’histoire de l’Eglise ; il appelle l’Eglise à s’harmoniser avec les changements déjà visibles dans la vie et cultures des peuples. La grande tendance est celle de chercher une nouvelle intelligence de la mission universelle de l’Eglise[4] ; le Renouveau de la mission suppose et appelle à une nouvelle spiritualité, des approches et mêmes des méthodes nouvelles pour une annonce effective de la Bonne Nouvelle du salut. La pratique missionnaire et la théologie même de l’évangélisation vont recevoir un coup de renouveau. Les questions importantes tournent autour du fondement de la méthodologie missionnaire pour la re-évangélisation en profondeur des tous les peuples en tenant compte de leurs histoires, uses et coutumes. 

« Les questions théologiques et missionnaires principales qui préoccupent l’Eglise sont :

1.       Quel est le bien fondé de la mission ?

2.       Comment déterminer la place et le rôle des instituts religieux et missionnaires dans les églises locales ? il s’agit de revoir le système de ius commissionis.

3.       Comment s’adapter au changement progressif des structures de l’Eglise et accompagner la naissance des nouvelles églises locales ? [5]»

A l’issu de ce Concile, la mission reçoit un nouveau élan, surtout avec la publication des documents importants comme Lumen Gentium et Ad Gents qui soulignent respectivement la nature de l’Eglise et son activité missionnaire.  La mission est dès lors conçue comme une réalité pluridimensionnelle. Les acteurs de la mission comprennent alors que Dieu parle à tous les peuple en tout temps et de tous les lieux, dans toutes situations et qui la mission n’est seulement ad extra mais aussi ad intra. Les formes de missions connues et pratiquées sont dorénavant géographiques et contextuelles. Ce Renouveau missionnaire a été à l’origine des changements importants dans le processus d’évangélisation en Afrique depuis 1960 avec la naissance des nombreuses églises locales, guidées et présidées pastoralement par des prêtres et évêques autochtones.

 Donc, dès lors, on assiste à une évolution de la pratique et de la théologie missionnaire. La mission aujourd’hui en Afrique se conçoit comme dialogue, comme communion, comme inculturation, comme libération et promotion humaine et comme prophétie. Le Renouveau missionnaire a stimulé le processus d’évangélisation/inculturation en Afrique et a contribué à la coexistence entre chrétiens et non chrétiens. Le chapitre qui suit développe quelques aspects de la mission en Afrique.



IV.                MISSION AUJOUD’HUI EN AFRIQUE

 PROMOTION HUMAINE ET LIBERATION

Dès le début, le christianisme a toujours uni la proclamation de la Bonne Nouvelle au témoignage de solidarité envers les indigents : «Aussi parmi eux nul n'était dans le besoin ; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins» (Actes 4,34-35). Dans la relation que Paul fait à Pierre et à Jean de son activité missionnaire il dit: « ... nous devions seulement songer aux pauvres, ce que précisément j'ai eu à cœur de faire» (Gal 2,10).

A toutes les époques l'Église a lutté pour résoudre la question de la pauvreté, retenant que sa mission était de témoigner le plan de Dieu pour 1 'humanité: que nous puissions vivre comme des enfants de Dieu qui se sentent responsables, comme des frères et sœurs unis dans une seule nouvelle famille de Dieu, partageant justement les biens qu'il a créé pour tous. Dans ce contexte jamais l'Église n'a-t-elle pu s'apercevoir des sources structurelles de la pauvreté et de la marginalisation aussi clairement qu'aujourd'hui. Dans d'autres époques, l'apport de l'Église fut surtout celui d'éduquer la conscience humaine à devenir sensible au problème de la pauvreté. Nous connaissons les paroles prophétiques des Pères de l'Eglise qui parlaient des biens superflus des riches et des besoins des pauvres ; l'homme est l'administrateur des biens de ce monde, il n'en est pas le propriétaire. Aujourd'hui l'Église a développé une nouvelle conscience missionnaire et sociale. L'option pour les pauvres a pris de nouvelles dimensions, faites d'une solidarité plus profonde et prêtes à dénoncer prophétiquement toute injustice. Allant bien au-delà des œuvres de miséricorde, l'option pour les pauvres, dans une vision critique de la société, met en question les systèmes qui produisent l'injustice, comme le déclare le Synode Extraordinaire de l'Église en 1985 : « L’Eglise est devenue plus consciente de sa mission pour les pauvres, aux opprimés et aux émargés »[6] On peut trouver l'orientation du Magistère dans la Doctrine Sociale de l'Église qui vient en aide au fidèle et lui permet d'avoir une perception plus claire de la libération et de la promotion humaine, de leurs aspects variés ainsi que de leur lien avec l'Évangile et les missions qui incombent à l'Église aujourd'hui. On la trouve dans des Instructions récentes de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et dans des encycliques des papes.

En premier lieu le Magistère a dit clairement que la mission essentielle confiée à l'Église par le Christ n'est ni politique, ni économique ni sociale ; elle appartient à la sphère religieuse. Cette mission fournit de nouveaux aperçus, et produit des énergies nouvelles qui imposent à l'Église de nouveaux devoirs qui pourront contribuer à l'édification d'une communauté humaine telle que la loi divine l'a établie (cf. GS 42). En proclamant la vérité sur le Christ, sur elle ­même et sur 1 'homme, l'Église contribue de façon primaire et essentielle à la solution d'un problème urgent : le développement et la libération (cf. SRS 41). Ce sont la quelques orientations de l’Eglise universelle par rapport à son activité dabs le monde de ce temps.



Mais en Afrique un autre problème plus pressant se fait sentir et demande une réponse de fond. Il s’agit du constat selon lequel le travail abattu lors de la première évangélisation est mal fait ; du point de sa méthode. C’est pourquoi les Africains eux vont réagir et demande à ce qu’on puisse revoir la manière de transmettre le message de la Bonne Nouvelle. C’est dans ce sens que ces derniers voulant prendre la destinée de leurs églises en main feront des propositions pour un enracinement de la foi de l’Africain. Il souhaite ainsi qu’on donner à l’Afrique la possibilité de vivre dans sa propre manière de voir le monde. Un Christianisme à l’africaine.



L’INCULTURATION



1.       Terminologie

L’inculturation peut-être comprise comme une « des authentiques valeurs par leur intégration au christianisme et du christianisme dans les valeurs culturelles humaines »[7]. C’est donc un processus pour l’Evangile de s’incarner dans les cultures et en même elle introduit les peuples dans la culture chrétienne. En principe, l’inculturation vise le métissage de l’Evangile avec les cultures. Mais comment ce métissage doit-il se réaliser ? Par une influence externe de l’Evangile. C’est-à-dire L’Evangile doit permettre aux cultures locales de se rendre compte de ses valeurs et antivaleurs, afin surtout d’adapter ses valeurs aux valeurs évangéliques Ainsi l’inculturation est un dialogue entre culture et Evangile. L’Evangile doit prendre chaire des cultures afin que la devienne culture pour les peuples évangélisés une culture.





2.       Les étapes de l’inculturation



 En principe l’inculturation devrait se réaliser selon un processus graduel. D’abord, le dynamisme doit être déclenché par le contact du message chrétien, c’est-à-dire le moment où l’Evangile commence à être présent dans une culture déterminée. C’est étape est à aborder avec beaucoup de délicatesse, et cela concerne le porteur de l’Evangile qui, à ce niveau a l’impératif d’apprendre et de connaître la nouvelle culture dans laquelle il vit (il s’agit de ses valeurs). Il doit épouser cette culture afin de traduire son message de façon être accessible à ses auditeurs. Ensuite vient la tâche de la transformation. Celle-ci incombe l’église locale. C’est un long processus de purification de discernement, et de création de nouvelle forme d’expliquer de façon adéquate et d’exprimer correctement les éléments de la tradition. L’homme est appelé à vivre la foi dans sa propre identité sans trahir la tradition de l’Eglise. Ainsi l’église locale réoriente sa propre culture, la renouvelle et l’anime. Enfin, ce procès de l’inculturation doit arriver une communion de locale avec la culture de son peuple, la communion s’ouvrira aussi l’Eglise tout entière.

3.       La Naissance de la Théologie de L’inculturation

La question que l’on se pose c’est que comment sommes nous arriver à parler de la l’inculturation comme la manière efficace de la christianisation de l’Afrique ? La réponse cette à question Léonard Santédi nous le Propose dans Dogme et inculturation en Afrique.  IL dira ceci « critique d'un certain christianisme missionnaire a incité un bon nombre de théologiens à envisager le processus de l'inculturation du christianisme dans la nouvelle chrétienté africaine comme étant un processus de réappropriation du christianisme en amont des dogmes et des doctrines. La question de fond qui structure la réflexion s'annonce ainsi : peut-on être vraiment authentiquement chrétien en continuant d'évoluer dans le cadre institutionnel, épistémologique et esthétique de l'Occident? N'existe-t-il qu'une façon uniformisée de faire de la science, de croire, de célébrer, de vivre ... bref, d'être22? En d'autres termes, est-il possible d'être chrétien sans se renier comme Africain? Et la tâche fondamentale d'une théologie africaine ne serait-elle pas de reprendre le noyau de sens propre à l'Évangile à partir d'une écoute de Dieu dans la situation de sociétés africaines23 ? En fait, la question ici posée est celle de dissocier la foi en Jésus-Christ de son expression occidentale24

Cette question se pose clairement pour la première fois en Afrique dans l'ouvrage Des Prêtres noirs  s'interrogent25, mais elle est reprise et développée par plusieurs théologiens africains, notamment F. Eboussi Boulaga, J.-M. Ela, M. Hebga, pour ne citer que ces trois noms26.

Nous nous proposons ici de présenter un auteur de ces auteurs qui ont offert à l’église une voie pouvant permettre l’inculturation la foi en Africaine. J.M ELA  en ce sens, souhaite dans « ma foi d’Africain » que la foi entre dans la vie intime de l’africain. Ainsi selon lui il faut  tout d’abord cultiver le vaste champ du symbolisme que constitue la culture africaine. Il dira : « le vrai réel est invisible le visible n’est qu’apparence. Tout est symbole pour l’Africain. » L’africain est l’homme qui aime parler généralement d’une manière imagée. Le symbolisme est langage que le christianisme doit scruter pour pouvoir y entrer afin de parler à l’homme noir de Dieu. Voilà le deuxième des efforts que l’Eglise doit fournir. Pour arriver à parler au cœur de l’Africain, le christianisme doit se faire violence par rapport à sa rationalité occidentale où le symbolisme n’a pas de sens. Il doit sortir de son épistémologie totalement étrangère à l’Africain, pour offrir à ce dernier un langage théologique pouvant lui permettre de donner son adhésion sans ambiguïté ou difficulté. Il nécessaire et important dans ce choc de l’Evangile et le monde africain que l’Eglise restitue au symbole sa place et sa valeur dans la rencontre de l’homme avec Dieu, en Jésus-Christ qui est la manifestation de l’invisible dans le visible JM ELA  pense que la foi de l’Africain doit être une vision du monde où il se sent comme sienne .Il poursuit cette réflexion par un appel pressant à renoncer aux modèle étranger de langage de notre langage actuel, afin de ressusciter la Parole.

Ainsi l’enjeu actuel de l’Evangélisation est d’arriver à façonner une pédagogie de la foi ou Dieu se met à parler à nous comme l’un de nous. Cette pédagogie doit avoir une méthode intégrant le récit de la passion et de la résurrection de Jésus-Christ à la mémoire de notre peuple.[8]



CONCLUSION

En définitive, nous pouvons dire qu’après l’ordre du Seigneur aux apôtres de continuer l’œuvre qu’il a commencée, ces derniers se sont mis sur les routes du monde. Ils ont annoncé la Bonne Nouvelle en se mettant bien sur à l’écoute du monde. Ainsi les manières de ces annonces Jésus vont connaître des transformations tout au long des siècles jusqu’à nos jours. Dans ces transformations, l’Eglise africaine va se rendre compte que la méthode par laquelle le message évangélique a été annoncé comporte des lacunes. C’est la raison qui les conduira à donner de nouvelles orientations pour la mission de l’évangélisation sur leur terre. Ils souhaitent donc qu’on arrive à inculturation de la foi en Afrique.









[1] David BOSCH, Dynamique de la mission chrétienne, histoire et avenir des modèles missionnaires, Paris, Karthala, p.65
[2] David BOSCH, Op .cit, p.367
[3] Idem, p. 371
[4] Note du cours de l’Histoire et Théologie de la Mission, p.25
[5] Idem, p. 49
[6] S. Karotemprel, K.Muller, et alii, Suivre le Christ en mission, Vatican, urbaniana university Press, 1999, 406 p 
[7] Idem
[8] ELA .J. M.,Ma foi d’Africain, Paris, Karthala, 1985, 224 p        

Ma première année d'experience au Congo


Je m’appelle Jean-Nestor AMEGNAGLO, je suis scolastique combonien et je suis en première année de théologie à l’institut supérieur saint Eugene de Mazenod situé à Kintambo sur l’avenue chrétien n°13. Je suis d’origine togolaise et je suis arrivé au Congo le 14août 2011. La République Démocratique du Congo est un pays ouvert aux autres. Les congolais partagent leur joie et leur peine. Cela m’a beaucoup impressionné. Parmi tant de choses et de réalités qui m’ont frappé, j’ai voulu vous partager une et j’ai pensé faire une réflexion sur le décès : comment se passent les funérailles dans la ville de Kinshasa.

A Kinshasa, je pense qu’on préfère dépenser pour un mort plutôt que de venir en aide à un malade sur son lit de l’hôpital ou même s’il est coincé dans son lit dans son domicile faute de frais pour les soins médicaux. Un mort à Kinshasa semble avoir plusieurs soutiens qu’alors lorsqu’il était encore sur son lit de malade, la même personne était presque abandonnée dans son propre sort. Le décès d’un parent ou d’un ami constitue pour ses membres et ses proches une occasion de se lancer dans une sorte de concurrence. Juste avant les funérailles, tous tendent les enveloppes remplies d’argent, dont pour quelques uns peuvent dépasser parfois (1000$ US) milles dollars américains comme leur participation à l’organisation des obsèques. Pire encore, ils vont jusqu’à révéler la hauteur de leur contribution à la famille du défunt, pour se faire remarquer ou pour faire la différence avec les autres. Or, si cet acte de générosité avait été posé pendant que la personne souffrait sur son lit de malade, tout abandonnée à son propre sort, on aurait sans doute sauvé toute vie et donné à la personne la chance de vivre encore sur cette terre…

Alors, la question que je me pose est de savoir, comment peut-on avoir de la compassion vis-à-vis d’un cadavre ou d’un mort au lieu d’un malade ou d’un souffrant ? Comment peut-on venir au secours d’un cadavre et sacrifier un malade ou un souffrant qui a besoin d’une assistance ? Sommes-nous aujourd’hui dans quel monde ?

L’autre aspect qui m’a beaucoup impressionné, c’est de voir des belles des routes ou rues sont difficilement praticables. Le congolais aime bien la vie, la belle vie. Il veut être heureux, mais il n me semble que si chaque congolais se donne la peine de réparer du moins la route de sa maison, avec sa belle voiture, nous pouvons comprendre le bien fondé de ces luxes voitures qui roulent à toute vitesse sans tenir compte même des panneaux routiers. Voilà même les causes des plupart des accidents qui se produisent ici dans la ville de Kinshasa.

Toutefois, ce qui est plus remarquables, c’est de voir le bon accueil du peuple congolais. Je me suis senti comme chez moi, dès mon arrivé au Congo. L’accueil est chaleureux. Je me suis entré facilement en contact avec les gens. J’ai faits de chaque famille que j’ai rencontrée, ma famille et chaque m’accueille comme un de leurs.


« De Jérusalem à Antioche – De Antioche à Jérusalem » paru dans ce premier numéro d’aout-décembre 1994, de la page 205 à la page 214, le Père Oscar Bimwenyi Kweshi


Introduction

          La mission de l’Eglise a-t-elle changé, ou demeure-t-elle la même ? Ne s’agit-il pas d’un « nouvel âge de la mission » quand on parle plus d’évangélisation et de témoignage que de « mission » ? Les défis culturels, les changements de paradigmes tant en Philosophie qu’en Théologie n’ont-ils pas rongé sa contexture ? Le dialogue qui s’impose aujourd’hui avec d’autres religions et qui n’est vrai que si elles partent toutes « à pied d’égalité » n’entame–t-il pas l’urgence de cette mission ? Si « l’Eglise est missionnaire par essence et par nature », quelles orientations s’imposent dans l’actualité de cette mission au sein de nos Eglises ?[1] Voila tant de questions qui ont permis à l’Institut Africain des Sciences de la Mission (I.A.S.MI) d’ouvrir, sur la somptueuse cour de la réflexion théologique en Afrique aujourd’hui, les portes de la Revue Africaine des Sciences de la Mission (RASM). Nombreux ont été les grands esprits qui ont contribué à la naissance de ce nouveau creuset de réflexions. Avec son article d’une pertinence remarquable intitulé « De Jérusalem à Antioche – De Antioche à Jérusalem » paru dans ce premier numéro d’aout-décembre 1994, de la page 205 à la page 214, le Père Oscar Bimwenyi Kweshi ne se fera pas raconter l’événement. Et c’est justement cet article que nous essayerons d’élucider dans le développement de notre travail. Mais avant cela, il sera intéressant que nous présentions brièvement la personne de l’auteur, à travers sa biographie et certaines de ses œuvres. Ainsi aurons-nous, en amont, la vie de l’auteur et son parcours(I) et, en aval, un bref exposé de la pensée de l’auteur (II).



1-     Vie et œuvres de l’auteur

           Par rapport à sa vie, soulignons que né le 04 décembre 1939 à Bena-Monyo près de Luebo en République Démocratique du Congo, de père Zébebée Bende et de mère Anne Matshingi, le Professeur Oscar Bimwenyi Kweshi a fait les études primaires à Luebo. Après ses études secondaires à Kabwe, il entre au Grand Séminaire pour y faire la Philosophie et la Théologie. Ordonné Prêtre le 04 aout 1968 après une année d’études à l’Université de Lovanium, il assuma la charge de Vicaire paroissial à Luebo-Kasenge de 1968 à 1970. De 1970 à 1977, il étudie à l’Université Catholique de Louvain (Belgique), d’abord dans le cadre du Second Cycle de Théologie où il s’intéresse surtout au problème fondamental du « langage religieux ». Il produit alors en 1973 un Mémoire de Licence en Théologie intitulé : « Pertinence et originalité du langage religieux : les donnés du problème. » Ensuite, ayant poursuivi l’approfondissement de la base anthropologique et de la Philosophie du langage, il défendra sa Thèse de Doctorat en Théologie, sous le titre : « Discours théologique Négro-africain. Problème des fondements. » De retour au Congo, il assumera respectivement une fonction à  la Paroisse de Ndjoko-Punda de 1977 à 1979 ; une fonction à la Commission dogmatique de la Conférence Episcopale du Congo (C.E.C.) de 1979 à 1981 ; Secrétaire Général de la C.E.C. de 1981 à 1984. Pendant la période de sa charge comme Secrétaire Général, il exerçait aussi la charge de Professeur aux Facultés Catholique de Kinshasa jusqu’en 1986 où il sera nommé Vicaire Général à Luebo. Cette charge, il l’assumera seulement pendant quelques mois au Monastère, d’abord à Kalenda, ensuite à partir de 1997 à Yangala. Soulignons aussi que durant cette même période où il assumait sa charge de Vicaire Général, il dispensait des cours non seulement au Grand Séminaire Malole, mais aussi à l’Institut de Théologie Saint Eugène de Mazenod à Kinshasa.[2]

          Par rapport à ses œuvres, nous devons soulignons que nombre important sont les réflexions, les ouvrages qui ont porté la signature de l’auteur. Aussi doit –on noter le souci majeur qui l’anime, et qui donne une marque particulière è tous les sujets qu’il a à aborder, malgré leurs diversité et densité. Il s’agit en fait du souci de formuler un discours théologique véritablement africain à partir du dialogue entre l’héritage religieux africain et l’héritage chrétien universel. Ainsi, durant ses études du Premier Cycle de la Théologie à la Faculté de Théologie de Kinshasa (FTK), le jeune Etudiant s’est manifesté, très tôt, habité par le souci de l’« africanité » à mieux connaitre, promouvoir et, du point de vue religieux, à intégrer dans les structures mentales et rituelles du Christianisme implanté en Afrique. Ses jeunes recherches ont aboutit à la publication d’articles portant sur les aspects de la vie religieuse des peuples « Bantu » face au Christianisme. Il a, en effet, publié entre autres :

1-     « Le muntu à la lumière de ses croyances en l’au-delà », Cahiers des Religions Africaines, juin 1968.

2-     « Le Dieu de nos ancêtres », Cahiers des Religions Africaines, juillet 1970.

3-     « Le problème du Salut de nos Ancêtres. Le Christ, pole d’attraction de toutes choses. », Revue du Clergé Africain, janvier 1970.

4-     « Problème du Christianisme, ferment de développement. », Revue du Clergé Africain, mai 1970.

          Mais que dit-il au juste par rapport à la brulante question des nouveaux appels de la mission, question à laquelle ce premier numéro de la Revue Africaine des Sciences et de la Mission veut tenter des approches de réponse ?



1-     De Jérusalem à Antioche – De Antioche à Jérusalem

          Dans cet article, le Père Bimwenyi Kweshi cherche à répondre aux questions de la Mission et de l’Evangélisation, mais surtout celle de l’inculturation aujourd’hui. En effet, dans quelles conditions la Mission, voire l’inculturation doit se faire aujourd’hui ? En d’autres termes, quelle doit être aujourd’hui la spécificité du dialogue entre Eglises du Nord et Eglises du Sud, entre « Centre » et « Périphérie ».

           Selon l’histoire, ce titre « De Jérusalem à Antioche – De Antioche à Jérusalem » fait allusion aux circonstances dans lesquelles le Concile de Jérusalem s’était tenu, et les résolutions salutaires de ce Concile pour la survie de l’Eglise naissante. Il s’est en effet posé, tout au début de l’Eglise du Christ, une question de fondement. Il s’agit de savoir quelles sont les conditions du salut ? Pour être sauvé, suffit-il de recevoir le baptême au nom du Christ ; ou bien, en plus de cela, faut-il pratiquer certaines coutumes propres aux Juifs ? Faut-il donc renoncer à sa propre culture pour embrasser la culture juive ? A cette question, le Concile répondit  explicitement en ces termes :

« Attention, n’allons pas mettre sur les épaules des païens un poids lourd à porter, que même nous sommes incapables de porter ? N’allons pas lier le salut à des histoires qui ne sont pas vraiment nécessaires. Les coutumes et les habitudes des Juifs, laissons-les aux Juifs. S’ils y tiennent, qu’ils y tiennent. Mais quand à les imposer aux autres, non ! N’abusons pas : la foi les a purifiés, tous comme nous »[3].

          Il apparait donc que ce qui fait vivre, ce n’est pas l’observance de la loi, mais la foi en l’amour gratuit de Dieu. En effet dans son processus d’expansion, le Message chrétien se trouve inconditionnellement et constamment confronté aux interrogations existentielles que lui pose sa culture spécifique d’accueil. Et pour y répondre, l’interprétation qu’il fait de son propre contenu, diffère selon son interlocuteur culturel. Ainsi, même si le fond du Message demeure inchangé, le cadre juridique ou la forme subit quelque modification due aux besoins spécifiques de chaque culture. Voilà justement ce que Pierre a compris dans sa rencontre avec le Centurion romain Corneille quand celui, possédé par l’Esprit, lui annonce la vérité du dessein de Dieu. En fait dans ce dialogue avec le Païen Corneille, Pierre comprend mieux le contenu du message et du projet de Dieu, grâce à l’Esprit Saint qui parlait par la bouche du Païen. Pierre comprend alors que « Dieu ne fait acception de personne. Mais chez toutes les nations, quiconque le craint et pratique la justice lui est agréable »[4]. Ainsi la relation qui doit exister entre Eglises du Nord et Eglises du Sud, doit être une relation de collaboration dans la différence, de complémentarité dans la diversité ; l’Esprit ne faisant donc pas acception d’aucune d’elle, mais produisant des merveilles en leur sein. Le « Centre » doit pouvoir être humble pour reconnaitre et accepter les richesses que lui propose la « Périphérie ». De même la « Périphérie » doit être humble pour continuer à recevoir du « Centre ». Aujourd’hui, la Mission doit donc se faire dans une relation d’échanges et de respect mutuel entre les deux pôles.

          Cependant, devant la question de savoir  s’il faut d’abord renoncer à sa propre culture avant d’être sauvé, n’est-il pas légitime de comprendre, par là, qu’il faut avant tout renoncer à soi-même ? Il est en effet évident  que renoncer à sa culture, c’est renoncer à soi-même, car c’est elle qui transmet à la personne la toile de fond de sa personnalité. Et si nous comprenons la question de la sorte, dans ce débat entre les Eglises dans le cadre de la Mission, alors il y a lieu que soit levée cette ambiguïté. En effet le Christ nous recommande impérativement de renoncer à nous-mêmes si nous voulons le suivre. Dans ce sens, renoncer à soi-même constitue la condition sine qua non pour être sauvé. Mais dans ce contexte-ci de la relation entre Eglises du Nord et celles du Sud, renoncer à soi-même ne veut nullement dire renoncer à sa propre culture. Cette expression veut en fait dire renoncer au péché ; éviter le centrisme culturel ou racial en tant qu’individu, collectivité ou culture ; découvrir et reconnaitre la présence et la manifestation de l’Esprit Saint dans le cœur de tout individu, au cœur de toute collectivité et de toute culture. Renoncer à soi-même, c’est en fait faire comme le Christ : lui, qui est d’une autre condition, a accepté la condition humaine, le cadre socioculturel et juridique d’une culture spécifique pour annoncer la Parole de Vie à l’humanité entière.   

          Mais concrètement, quelle doit être la spécificité du dialogue entre les Eglises aujourd’hui ? Ce dialogue ne doit pas se fonder sur les principes qui gouvernent la coopération Nord-Sud entre les Etats sur les plans politique et économique. Il ne doit pas non plus être influencé par les cofinancements dans lesquels l’Eglise s’engage aux cotés de des Gouvernements étatiques. Ce dialogue doit se fonder sur le seul et unique principe du « même Dieu, même foi, même baptême »[5] qui fait que l’Eglise du Nord et l’Eglise du Sud, le Chrétien du Nord et le Chrétien du Sud ne font qu’une même réalité : Corps mystique du Christ.



Conclusion

          En somme, par rapport à l’urgente question de savoir les conditions dans lesquelles la Mission doit se dérouler aujourd’hui, le Père Oscar Bimwenyi Kweshi a tenté une réponse. En se fondant sur les questions ayant poussé à la tenue du Concile de Jérusalem, il préconise une relation d’échange et de respect entre le « Centre » et la « périphérie ». En effet, ces deux pôles sont tous riches en expériences, à cause de la présence agissante de l’Esprit de Dieu en leur sein. Ils doivent donc tous deux « chausser Jésus-Christ et ses exigences particulières »[6]. En d’autres termes, ils doivent devenir  chacun « alangwa Kristu »[7] dans un monde qui a besoin de témoins.    





[1]  Institut Africain de Sciences de la Mission, « les nouveaux appels de la Mission, in  Revue Africaine des Sciences de la Mission, no 1, aout-décembre 1994, p. 3.
[2]  OZANKOM Claude, Oscar Bimwenyi. Fin d’une Période de Discussion sur la Possibilité d’une Théologie Africaine, in Théologie africaine au XXIe siècle. Quelques figures ( BENEZET Bujo/MUYA Juvénal Ilunga), Vol. 1, p.98-110, Fribourg Suisse, Editions Universitaires, 2002, p. 98-99. 
[3]  Bimwenyi Kweshi Oscar, « De Jérusalem à Antioche – D’Antioche à Jérusalem » in Revue Africaine des Sciences de la Mission, no 1, aout-décembre 1994, p. 212.
[4]  Ibidem, p. 210.
[5]  Ibidem, p. 214.
[6]  Ibidem, p. 207.
[7]  Ibidem, p. 213