vendredi 11 octobre 2013

Discernement de l'Esprit Saint

DISCERNEMENT DES ESPRITS
1 – Le don du discernement des esprits
Le discernement des esprits est le don de discerner l’origine des phénomènes charismatiques : Dieu, la nature, le Malin. Il y a trois façons de discerner :
1)      Don naturel. Rom. 1, 18-32 : «Dieu, le leur a manifesté».
2)      Vertu : Heb. 5,14 : «Les parfaits ont par habitude le sens moral exercé au discernement du bien et du mal»; Ph. 1, 9-11 : «Discerner ce qui est important»
3)      Discernement communautaire dans l’Esprit. On le fait en priant au même temps.
4)      Discernement individuel dans l’Esprit, par la prière personnelle.

5)      Charisme du discernement des esprits :

Ä    1 Cor. 12, 10 : «A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commum. […] à l’un les dons de guérisons, dans l'unique Esprit; à tel autre la puissance d'opérer des miracles; à tel autre la prophétie; à tel autre le discernement des esprits»

Ä    Act. 16, 16-18. Paul donne l’exemple du discernement des esprits : « Un jour que nous nous rendions à la prière, nous rencontrâmes une servante qui avait un esprit divinateur; elle faisait gagner beaucoup d'argent à ses maîtres en rendant des oracles. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant: "Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très-Haut; ils vous annoncent la voie du salut."Elle fit ainsi pendant bien des jours. A la fin Paul, excédé, se retourna et dit à l'esprit: "Je t'ordonne au nom de Jésus Christ de sortir de cette femme." Et l'esprit sortit à l'instant même».

2       – Quel Esprit parle ou agit dans une personne?

1)     Jn. 14, 16 : «Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, l'Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous».
2)      Jn. 14, 25-27 : «Le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.»

3)     1 Jn. 4, 1-6 : «Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chaire est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu; c'est là l'esprit de l'Antichrist. Maintenant, il est déjà dans le monde. Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. Eux, ils sont du monde; c'est pourquoi ils parlent d'après le monde et le monde les écoute. Nous, nous sommes de Dieu. Qui connaît Dieu nous écoute, qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas. C'est à quoi nous reconnaissons l'esprit de la vérité et l'esprit de l'erreur».

4)    Mt. 7, 15…20 : «Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez»

5)    Ac. 19, 18-19 : Les sorciers si convertirent : «Bon nombre de ceux qui s'étaient adonnés à la magie apportaient leurs livres et les brûlaient en présence de tous. On en estima la valeur: cela faisait 50.000 pièces d'argent».

6)    Act. 11, 27 : «Le prophète Agabus, se leva et, sous l'action de l'Esprit, se mit à annoncer qu'il y aurait une grande famine dans tout l'univers. C'est celle qui se produisit sous Claude. 
Act. 21, 10-11 : «Agabus descendit de Judée. Il vint nous trouver et, prenant la ceinture de Paul, il s'en lia les pieds et les mains en disant: "Voici ce que dit l'Esprit Saint: L'homme auquel appartient cette ceinture, les Juifs le lieront comme ceci à Jérusalem».

3       – Les gens peuvent agir et faire des miracles par le pouvoir de Satan

1)     2 Th. 2, 3…12 : «Alors l'Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l'anéantira par la manifestation de sa Venue. Sa venue à lui, l'Impie, aura été marquée, par l'influence de Satan, de toute espèce d'œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers»

2)     1 Tim. 4, 1…5 : «L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s'attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience»

3)     Dans le monde nous assistons à la lutte de l'Ennemi contre le Royaume de Dieu, et donc contre les hommes, notamment les chrétiens. «Allez loin de moi, maudits, dans le feu eternel qui a été préparé pour   le Diable et ses anges » (Mt 25, 41)

4        – Marchez selon l’Esprit :

1)                                Galates 5, 16…25: «Écoutez-moi: marchez sous l'impulsion de l'Esprit et vous n'accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s'oppose à l'Esprit, et l'Esprit à la chair; ce que produit la chair: fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d'envie, orgies, ripailles et choses semblables - et je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n'hériteront pas du Royaume de Dieu. Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi».

2)                              Rom 7, 14…25:« Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui accomplis l'action, mais le péché qui habite en moi. Je trouve donc une loi s'imposant à moi, quand je veux faire le bien; le mal seul se présente à moi».
3)                             Rom. 12, 1-2 : «Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait ».

4)                             Ep. 5, 10-11 : «Discernez ce qui plaît au Seigneur, et ne prenez aucune part aux œuvres stériles des ténèbres; dénoncez-les plutôt»
5)    1 Th. 5, 19 -22 :«N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie; mais vérifiez tout: ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal».


5 – La pratique du discernement

1)      Comment peut-on savoir si une personne est possédée par le démon ?
R). Par sa façon d’agir et de parler (voir trois types de possession diabolique)
   2) Obsessions diaboliques : Homicide, suicide, obsession sexuel, adultère systématique, vol, etc.
   3) La présence du démon dans les maisons, les objets…
   4) La présence de la sorcellerie, magie, fétiches, nkisi… Dans les maisons, les objets, les    personnes.
   5) Comment reconnaître se une maladie provient de l’occultisme ou s’elle est une maladie physique ou psychosomatique ?  R). Douleur qui se déplace ou les médecins ne trouvent rien.
  NB : Nous pouvons faire ce discernement individuellement ou, meilleur encore en communauté, en nous demandant : pourquoi cette personne si comporte ainsi ? Ce que succède dans cette famille ou dans cette maison vient d’où ?  
6 - Qui est le démon ?

1)      Nature des démons

    Des indications de l'Écriture, on déduit trois traits majeurs des esprits mauvais.
1. Les démons sont des êtres personnels: on les voit doués d'intelligence et de vouloir, capables d'une activité intentionnelle, aptes à un dialogue avec l'homme et entre eux. Ils n'apparaissent pas comme des personnifications du mal, du moins daris les stades plus avancés de la Révélation.
2. Ils se présentent comme des énergies, pensantes et oppressives, ainsi qu'en témoignent divers noms qu'on leur donne: vertus, puissances, esprits, régisseurs, principautés, trônes, seigneuries, princes, dieux. Leur être est celui d'une volonté intelligente munie d'un ardent dynamisme et visant au pouvoir; ils sont des êtres de puissance personnelle, des personnes-puissances, des « pneumata » vivants.

3. Bien qu'ils appartiennent aux « choses invisibles » (Col 1,16), les démons (comme les bons anges) entretiennent une relation intime avec notre univers.
Ils habitent les  « cieux », « l'empire de l'air », les « espaces célestes » (Ep 1, 20; 2, 2; 6, 12); à cause de leur prévarication, le diable et ses anges furent « jetés sur la terre », ils « descendirent chez la terre et la mer » (Ap 12, 9; 12, 13); Jésus les a vus  «tomber du ciel comme l'éclair» (Lc 10,18). Ces «cieux», qui ne sont pas le ciel de Dieu, environnent, touchent, mesurent et contiennent le monde matériel; ils sont la sphère cosmique. Voilà « 1'empire de Satan » (Ac 26, 18), car le diable dispose de la puissance et de la gloire de tous les royaumes de l'univers   (Lc 4,6).
Il a pouvoir sur les « éléments du monde » (Ga 4, 3), sur le cosmos auquel nous sommes intérieurs et dont nous tirons nos expériences, notre image du monde, notre conception de la vie. 
Les démons sont donc des agents dont les menées atteignent l'universalité du réel: ils influencent le monde et les hommes, en produisant des maladies physiques ou spirituelles (Lc 13, 11-16 : «une femme que Satan a liée depuis 18 ans» ; Mt 12, 22 : «Un démoniaque aveugle et muet»), en exploitant les astres pour une fausse religion (Ga 4, 8; Col 2, 10-15, 18), en intervenant dans les situations humaines, dans les cadres sociaux, dans l'histoire : 1 Th 2, 18 «Nous avons voulu venir jusqu’à vous, mais Satan nous en a empêché»; Rm 8, 35, 38; Ap 2, 10 : «Le diable va jeter les vôtres en prison pour vous tenter»; Ap. 13, 12-17 ; en s'appropriant des domaines religieux: les dieux païens, la Loi mosaïque, les hérésies chrétiennes (1 Co 10, 19; Ap 9,20; Rm 7, 12; Jn 8,44; Ap 2,9; 2 Co Il, 13-15; 1 Tm 2,26; 1 Jn 4, 1; Jc 3, 15).
Ils cachent leur présence dans des hommes, des doctrines, des éléments, des institutions. Ils ont prise sur la création où vivent et dont vivent les hommes. Aussi l'être humain est-il exposé à Satan; en sont la proie « ceux qui résistent » à Dieu (Ep 2, 2) ; 1'homme « de chair et de sang » est polarisé par cet Invisible qui à la fois le transcende et l'atteint dans sa dynamique vivante. On peut «être du diable » (1 Jn 3,8).

2)    Psychologie des démons


1.                Le péché de Satan (et de ses anges) fut une revendication d'autonomie par laquelle il se  rebellait contre Dieu « au ciel » (Ap 12, 3). Le diable « ne s'est pas maintenu dans la vérité », le mensonge religieux constitue « son propre fonds » (Jn 8, 44). S'étant mis radicalement dans son tort, il a pris en haine « le Véritable » qui avait raison contre lui. 
Tout ensemble, il veut être faussé et il s'élève contre Celui dont l'être même accuse sa  perversion inamissible. Alors, il est « furieux de dépit » (Ap 12, 17), une insatiable agression le soulève; il devient éternelle hostilité, comme il est éternel échec. Une fureur inexpiable le possède et l'emporte contre le projet de gloire du Seigneur.
Cet être raté et ce vivant détruit ne se trouve à lui-même une justification que dans l'assaut contre les merveilles d’existence qu'il rencontre dans la Création et la Rédemption. Il se fait « le destructeur » (1 Co 10, 10); son entreprise est d'altérer l'univers de Dieu et d'engloutir le salut du Christ. Le goût du néant, la passion des ténèbres et la hantise du meurtre le dévorent. « Celui qui a la puissance de la mort » (He 2, 14) fut « dès l'origine un tueur d'hommes » (Jn 8,44).

2.                Mais ce fauve a peur. « Tous les êtres épris de leur volonté propre ont au cœur même la peur de Dieu" (Schlier). Les démons « tremblent», parce qu'ils affrontent le seul Dieu auquel «eux aussi croient» (Jc 2, 19) et le Lion de Juda contre qui « les portes de l'enfer ne prévaudront point » (Mt 16, 18).
De son vivant, Jésus les jetait dans l'effroi par sa présence messianique: « Que nous veux-tu, Jésus le Nazarénien ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu » (Mc 1, 24). Ils suppliaient Jésus « de ne pas leur ordonner de partir pour l'abîme » (Lc 8, 31), et quand, sous la pression de sa parole, ils quittaient leur possédé, c'était en « poussant un grand cri » (Mc 1, 26). Comble d'ironie, leur rage est aussi absurde qu'irrépressible; en machinant la mort du Christ, ils ne s'avisent pas qu'ils s'engouffrent dans leur propre défaite: « Si les princes de ce monde avaient connu la sagesse de Dieu, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de la Gloire » (1 Co 2, 8), car la sagesse de Dieu décrétait leur mort en celle même de Jésus. Ils se sont pris au piège de la haine.
Par sa Passion et sa Résurrection, le Christ a « dépouillé les principautés et les pouvoirs, Il les a donnés en spectacle à la face du monde, en triomphant d'eux »  sur la croix (Col 2, 15). Depuis lors, ils sont « gardés dans des liens éternels au fond des ténèbres » (Jude 6; cf. 2 p 2, 4). Leur frénésie est celle des enchaînés, d'autant plus violente et amère qu'ils se sont assujettis eux-mêmes. La révolte éclairée contre Dieu et son Oint ne peut être le fait que d'âmes insensées.

3.                  Là cependant n'est pas le tout de la tragédie de Satan, ni, par conséquent, de la psychologie qui le torture. Les démons sont ahuris par la peur de Dieu et du Seigneur Jésus, mais leur effarement tient encore à ce qu'ils sont obsédés par la prévision de leur propre destin. « Le Fils de Dieu est apparu pour détruire les œuvres du diable» (Jn 3, 8) et pour « jeter bas le prince de ce monde » (Jn 12, 31); cette victoire initiale de Jésus se consommera lors de la Parousie, dans le « feu éternel préparé pour Satan et ses anges » (Mt 25, 41).
Les démons se savent « voués à la destruction » (1 Co 2, 6), «réservés pour le Jugement » (2 P 2, 4; cf. Jn 16, II). Leur crainte est donc salée de désespoir. Ils se voient avancer toujours plus vers leur perte finale, dans le Tartare; ils courent vers leur ruine assurée: « Le diable frémit de colère, sachant que ses jours sont comptés » (Ap 12, 12).
Dès la vie terrestre de Jésus, ils ont senti le sort qui les attendait: « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? » (Mt 8, 29). Ils sont traqués par la sentence déjà portée contre eux, et leur hâte de perdre le monde atteste leur précipitation vers les abîmes. À la fin des siècles, leur fureur redoublera: « Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s'en ira séduire les nations des quatre coins de la terre " (Ap 20, 7; cf. Mt 24, 23s). 

4.                Tombé du ciel et rejeté sur la terre, Satan est enchaîné au temps humain, il est rivé à « l'éon de ce monde » (Ep 2, 2) dont il est lui-même l'auteur. En s'acharnant à ligoter les hommes, il se ligote lui-même toujours davantage. Il est un déchu ici-bas, autant dominé par la course du temps mauvais qu'il le domine lui-même; il s'est assimilé à « figure de ce monde qui passe » (1 Co 7, 31) et il passe avec elle, sans pouvoir périr  dans le néant dont il éprouve le vertige.
Les anges vivent par nature en relation avec notre cosmos, et leur destinée va de pair avec celle des hommes. Autant le bon ange veut l'achèvement de l'univers chrétien et y trouve son propre accomplissement, autant le mauvais esprit a soif de la catastrophe des pervers et y rencontre sa propre calamité définitive. « Ce sera la fin, quand le Christ remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance » (1 Co 15, 24).

3)    La manière des démons


1.      Satan n'affiche pas, de coutume, son visage de forcené en panique. Du reste, il ne se montre pas, ou alors bien rarement; à la faveur de sa relation au monde, il cache sa présence dans les réalités qui constituent notre habitat et dans celles où plonge notre personnalité. « Le plus rusé de tous les animaux des champs » (Gn 3, 1) recourt à la tromperie plutôt qu'à l'attaque ouverte. Il est le  « séducteur » (Gn 3, 13; Rm 7,11; Ap 12, 9; 20, 8, 10).
Sa tendance est de revêtir le créé d'un sortilège qui envoûte la convoitise ou la crédulité humaines. Il transmue à nos yeux les merveilles d'ici-bas en fascination, il couvre l'univers et l'existence d'une qualité faussement numineuse qui les tourne en idoles ou bien en vaines menaces, il présente le donné terrestre comme un absolu, soit de félicité, soit de grandeur, soit de confusion.
Il nous grise, ou nous abat, ou nous endort. C'est la « tentation », la supercherie dont s'arme le «père du mensonge» (Jn 8, 44), qui va jusqu'à « se déguiser en ange de lumière » (2 Co 11, 14). Il nous investit d'illusions; il trame notre égarement au sein du « mystère d'iniquité » (2 Th 2, 7). Il a le génie des apparences. Et, quelle que soit sa tactique en chaque cas, il entend nous « faire périr », car la mort est son milieu et sa visée propres; tout au moins, il désire nous masquer l'Évangile, en émousser les lumières divines, et nous retenir de compter parmi les violents.
En regard des procédés fallacieux du démon, rien d'étonnant à ce que le Christ ait béatifié les cœurs « purs », nous ait demandé d’avoir un « œil sain », et ait prévenu les Apôtres qu’il leur fallait être  « simples comme les colombes ».
Et Pierre, précisément à propos du diable, nous incite à nous faire « mesurés et vigilants » (1 P 5, 8).
De son côté, Paul, ayant en vue aussi le Mauvais, donnera la même monition, en songeant, lui, aux luttes athlétiques: « Tenez-vous debout » (Ep 6, 14). Satan use de prestiges, en sachant qu'ils nous attirent; il nous encourage, comme il l'a fait pour les Sadducéens et les Pharisiens, à souhaiter « voir des signes » terrestres; et son action joue, dans notre connivence, à la façon d'un levain dans une pâte: « Méfiez-vous, dit Jésus, du levain des Pharisiens et des Sadducéens! » (Mt 16,6), « ouvrez l’œil ! ».

2.      La pire complicité en nous qui puisse nous aveugler sur l'action du diable dans le monde et dans notre vie personnelle, c'est notre penchant à le nier. Voilà peut-être le plus insidieux des « filets » de Satan, sa fumisterie suprême: se camoufler si bien qu’il passe inaperçu, voire même qu’il se confonde avec de la gloire.
Saint Pierre nous paraît bien hyperbolique dans sa mise en garde: Attention, « le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer » (1 P 5, 8). Pourtant, il est inspiré et il rejoint d'autres enseignements de l'Écriture, présentés sans image, par exemple: « Il ne faut pas donner prise au diable » (Ep 4, 27) ; « Il ne s'agit pas d'être dupes de Satan; nous n'ignorons pas ses desseins » (2 Co 2, 11);
« Le Seigneur est fidèle: il vous affermira et vous gardera du Mauvais » (2 Th 3, 3), « il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces » (1 Co 10, 13); le Dragon « s'en alla guerroyer contre ceux qui obéissent aux ordres de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17).
« Ne nous laisse pas succomber à la tentation », nous fait demander le Christ dans son Pater. Faire peu de cas de Satan, c'est contredire la Révélation et nous avérer spirituels à courtes vues. On ne peut vivre avec le Christ sans se heurter à l'Adversaire; on ne peut être chrétien sans savoir discerner les manœuvres du démon, les voix du  « monde » en son cœur, la présence en soi des « deux hommes » de saint Paul.

4)      Le chrétien face au démon

1. La croyance à Satan et à ses manœuvres est chrétienne, la hantise de Satan ne l'est pas. Le monde satanique est d'un autre ordre que les fantasmagories que l'homme peut inventer et les tremblements émotifs qu'il peut ressentir. Il relève d'une métaphysique spirituelle, d'une vision empruntée à Dieu, où l'imaginaire mythologique n'a pas de place, mais seulement la grandeur religieuse. Reconnaître Satan, c'est se hausser au niveau du Christ, apparu pour « détruire les œuvres du diable » (1 Jn 3, 8); ne pas le reconnaître, c'est réduire le péché et la convoitise autonome à une pure dimension humaine. D'autre part, à le voir partout, on encourt le risque de ne pas le reconnaître là où il se trouve effectivement.
2. Dès le début de sa carrière messianique, Jésus affronte Satan en une scène qui condense à la fois sa situation de porteur du péché et son attitude vécue de rédempteur : la tentation au désert (Mt 4, 1-11) Puis, durant sa vie publique, il apparaît comme un être tenté: « Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes tentations » (Lc 22, 28) - remarquer ici qu' on est tenté par Satan sans doute, mais aussi par ceux qui épousent ses vues) .
Et enfin sa Passion amènera le moment de sa tentation radicale, le « temps marqué » pour le retour du Tentateur auprès de lui (Lc 4, 13). Ce fait de la tentation au cœur de l'existence du Christ est doublement exemplaire: il nous assure qu'il doit en être ainsi dans notre destinée à nous et il nous révèle la juste conduite à tenir devant l'Ennemi. Les expériences du Christ récapitulent les nôtres et se destinent à les modeler.
3.      En toutes ses tentations, Jésus est mû par l'Esprit selon trois mouvements conjoints: la référence à son Père, l'anéantissement de lui-même, l'amour envers les hommes.
En contrepartie de Lucifer qui s'est révolté contre Dieu, qui s'est constitué une gloire d'orgueil et qui brûle de haine envers les humains, le Fils de l'homme a choisi le vouloir de son Père, l'humiliation de la croix et l'extrême de l'amour.
Le chrétien ne saurait envisager une autre victoire que celle-là sur Satan. Dieu l'invite à  l’obéissance de la foi, qui fait adopter la pensée du Père et donc l'enseignement de Jésus; au renoncement, qui le dépossède de ce qu'il veut retenir comme une «  proie »; à l'agapè, qui le voue au service des hommes. Toute inspiration contraire à ces démarches ne peut provenir que de Satan; mais l'amour obéissant l'emporte sur le Fort armé (cf. Lc 11, 21s).
C'est la spiritualité de la croix, avec ses trois composantes mentionnées ci-dessus, qui nous permet de repérer en nous l'influence du diable et de la repousser par la force du Christ dont le mystère rédempteur est devenu notre milieu de vie depuis notre baptême. "Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde, et telle est la victoire qui a triomphé du monde: notre foi" (1 Jn 5, 4). La foi nous insère dans la parole de Jésus à laquelle les démons obéissaient. L'Évangile demeure la lumière de notre discernement et la terreur du vaincu qui nous assaille.
« Résistez-lui, fermes dans la foi » (1 P 5, 9)
« Le renom de votre obéissance s'est répandu partout et vous faites ma joie mais je veux que vous soyez avisés pour le bien et candides pour le mal. Le Dieu de la paix écrasera bien vite Satan sous vos pieds », (Rm 16, 19s).
« Ayez toujours en main le bouclier de la foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais » (Ep 6, 16).
 « Il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons » (Mc 3, 14s). 

La Vie Consacrée, Donatien


INTRODUCTION
On appelle médias, tout support qui consiste à diffuser une information ; par contre la vie religieuse, c’est une vie à la suite du Christ par la profession des conseils évangéliques. De ce fait, vous conviendrez avec nous que parler des medias et de la vie religieuse aujourd’hui,  c’est réfléchir sans doute, déjà et nécessairement sur l’évolution de la société actuelle et son impact sur la vie religieuse. C’est aussi parler de la culture de l’heure, de la mentalité du moment, de la foi et de la marche de l’Eglise dans la société ; afin de prendre les précautions pour faire face aux problèmes du temps avec les armes du moment.               En effet, les moyens de communication sociale et la vie religieuse, ont comme points de rencontre : l’homme et la société, sans lesquels vie religieuse et médias ne peuvent exister. Car, l’homme est à la fois sujet de la société, consommateur de l’information et image du Christ à la suite de qui se trouve le religieux aujourd’hui. C’est ainsi  que le Christ  dira que ce que vous aviez fait à ce petit, c’est à moi que vous l’aviez fait (Mt 25, 40).  Par ailleurs, le Bienheureux Jean-Paul II, s’adressant aux journalistes à l’occasion de la dix-huitième journée mondiale  des moyens de communication sociale, déclarait en ces termes : «  Ne donnez pas de l’homme une représentation mutilée, gauchie, fermée aux valeurs authentiques.  Donnez une place au transcendant, qui  rend l’homme plus homme. Ne tournez pas en dérisions les valeurs religieuses. Que votre information soit toujours inspirée des critères de vérités et de justice, reconnaissant le devoir de rectifier et de réparer, s’il vous est arrivé de vous tromper »[1].  Face aux  programmes hybrides et le langage pluridimensionnel  que nous offrent des médias, la vie religieuse doit être le sel de la terre et la lumière du monde ; de telle sorte que ceux qui opèrent dans le domaine de médias arrivent à proposer à l’homme des produits, non seulement qui l’immunisent contre les répercussions destructrices, mais surtout qui lui redonnent son image d’enfant de Dieu. Toutefois, sachant que la société médiatique est un domaine vaste, nous parlerons de quelques médias vis-à-vis de leurs avantages et inconvénients avec la vie religieuse. 


Ceci étant, outre l’introduction et la conclusion, notre démarche se fera de la manière suivante : 1) Considération historique et finalités médiatiques ; 2) La vie religieuse et le livre ; 3) La vie religieuse et la télévision ; 4) La vie religieuse et le téléphone ; 5) la vie religieuse et l’internet ; 6) Orientations du magistère.

1. CONSIDERATIONS HISTORIQUES ET FINALITES MEDIATIQUES
L’histoire laisse entendre que tout est parti du XVe siècle, avec l’invention de l’imprimerie, par l’européen Johannes Gutenberg.  C’est là même ; « la reproduction exacte devient possible, la diffusion suit, le texte biblique pouvait circuler et faire l’objet d’une lecture individuelle. L’accessibilité aux textes s’en trouve multipliée et son contrôle échappe désormais aux élites traditionnelles »[2].                                                                                    Dès lors, le savoir ou la connaissance n’était plus le fait de quelques privilégiés : chacun pouvait s’instruire et s’informer par le biais du livre. Mais plus tard, avec le XIXe siècle, une nouvelle face apparait sur l’échiquier mondial ; il s’agit  de l’électronique : «  la découverte de l’électricité et l’invention des machines performantes, voient le jour avec les éléments ci-après : la photographie en 1827, le cinéma en 1875, la téléphonie en 1876, le phonographe en 1877, la radiophonie en 1906, la télévision en 1925, l’aventure spatiale en 1926, l’ordinateur en 1937 et enfin l’internet en 1968 »[3].                                                             Il s’agit là de la phase de l’intercommunication avec une large diffusion des informations et une nouvelle pression  médiatique sur le plan social. Tous ces médias ou moyens de communication sociale  sont sincèrement salués par la vie religieuse en particulier, et l’Eglise en général ; car, l’Evangile du Christ trouve par là des moyens de communication très efficaces et indispensables, à travers lesquels il doit être bien annoncé.
Cette idée sera soutenue aussi par le bienheureux Jean-Paul II, à l’occasion de la 35e journée mondiale des moyens de communication sociale, en disant : « l’Eglise ne peut pas renoncer à être profondément impliquée dans le monde en plein développement des communications ; il se réjouit par conséquent, des transmissions par satellite en mondovision des cérémonies religieuses qui souvent atteignent une audience globale »[4]. Ainsi, le pape considérait les médias comme : «  les dispensateurs d’un potentiel spirituel qui appartient au patrimoine de l’humanité et qui est destiné à enrichir l’ensemble de la communauté humaine »[5].  L’Eglise voyait en ce sens des médias qui auraient pour rôle essentiel d’informer, de former et de transformer l’homme et la société dans un grand souci de justice, de vérité, de paix, et de développement. Mais contrairement à ces intérêts et valeurs attendues, du coup les médias se font accompagner d’un langage pluriel et des programmes multiformes qui, parfois, remettent en cause les valeurs morales et religieuses.                            De là, l’urgence d’utiliser les médias avec discernement et esprit critique s’impose à tous les chrétiens en général, et aux religieux en particulier. Le bienheureux  Jean-Paul II nous le rappelle en ces termes : « les médias donnent l’impression d’ignorer le rôle vital de la religion dans la vie humaine ou traitent la croyance religieuse de manière négative et antipathique. Il prie les parents pour que, face aux messages contradictoires à une hiérarchie des valeurs, ils soient  les premiers à former leurs enfants dans l’utilisation modérée, critique, vigilante et prudente des moyens de communication sociale »[6].                                                          Il faut noter néanmoins que, malgré leurs faiblesses, leurs exagérations, et leurs déformations, les médias sont actuellement une nécessité. Par conséquent, la vie religieuse ne peut s’en passer, ni rester à l’écart de la société médiatique. Ceci peut être le cas du livre, de la télévision, du téléphone, et de l’internet ; pour ne citer que cela.  Sur ce, nous allons à présent faire un point sur la vie religieuse et le livre.



2. LA VIE RELIGIEUSE ET LE LIVRE

Parmi les médias salués par l’Eglise et préférés par les religieux et les religieuses, il  sied de citer surtout la presse écrite ou le livre. L’histoire révèle même que les premiers manuscrits trouvent leur origine dans la vie consacrée, notamment avec la vie monastique. En effet, « par le livre, l’on peut transmettre les valeurs scientifiques, culturelles, philosophiques, religieuses, dogmatiques, morales et idéologiques »[7]. La presse écrite est un média parmi tant d’autres, son objectif est  de communiquer, d’informer et de former. Toutefois, c’est un média fait par des hommes et des femmes qui ont leurs faiblesses, et leurs limites.                                                                                                                                       C’est ainsi que par l’information qu’ils nous proposent, il faut aussi et continuellement savoir faire un choix ; car, certaines informations peuvent aider à l’objectif visé, d’autres peuvent s’y opposer, distraire l’esprit et le cœur, divertir au sens néfaste. De ce fait,   l’on soutient que « dès sa naissance l’imprimerie a été bien sûr saluée par l’Eglise et considérée comme l’auxiliatrice de l’Eglise, mais en même temps, le nonce du pape à Venise exerce une surveillance sur les activités de cette technique nouvelle, et les évêques allemands interviennent contre l’impression des brochures et des livres contraires à la religion »[8].                 A cet effet, le droit canonique n’est pas du reste quand il exige aux pasteurs des âmes de veiller sur les écrits à publier par leurs fidèles. Il s’agit en effet du canon 823, paragraphe 1, dont le texte intégral se présente de la manière suivante : « pour préserver l’intégrité de la foi et des mœurs, les pasteurs de l’Eglise ont le devoir et le droit de veiller à ce qu’il ne soit pas porté de dommage à la foi et aux mœurs des fidèles par des écrits ou par l’usage des moyens de communication sociale, d’exiger aussi que les écrits touchant à la foi ou aux mœurs, que les fidèles se proposent de publier, soient soumis à leur jugement, et même de reprouver les écrits qui nuisent à la foi droite et aux bonnes mœurs »[9].                                            Par ailleurs, les religieux et les religieuses, pour mieux connaitre le Christ et bien transmettre  leurs messages, devraient régulièrement scruter les livres, tant spirituels que profanes pour se cultiver et s’informer sur des questions de l’heure et des valeurs de la société humaine. Ceci leur permettra de guider le troupeau du christ avec une foi solide et une intelligence suffisante.                                                                                                                    Il s’agit là, « de parfaire leur formation, de faire valoir l’enrichissement qu’apportent les médias, de mettre en garde leurs effets éventuellement pervers au point de vue moral ou doctrinal, de former la conscience, d’affiner le sens critique, afin de choisir les bons médias, d’éviter les mauvais…et donc de savoir se renseigner avant de choisir, pendant et après l’usage, de garder la maitrise de soi et l’esprit critique »[10]. En conséquence, les religieux prêtres ou non, qui sont spécialistes en rédactions  ou en publications des manuels, prendront soin d’aider les autres à cultiver le goût de la lecture et d’écrire, de développer les immenses valeurs de progrès humain et chrétien, et d’utiliser correctement les médias.     Mais aussi, les consacrés qualifiés en ce domaine donneront aux autres une culture religieuse nécessaire au sujet des médias, pour qu’ils soient en même temps sensibilisés et incités à transmettre respectueusement le message du Christ.  Néanmoins, certaines sources affirment que, contrairement aux aînés, la quasi-totalité des jeunes religieux et religieuses d’aujourd’hui, non seulement n’écrivent pas, mais surtout  ne lisent pas. S’ils lisent, ils lisent peu, et souvent ce qui est distrayant.                                                                                           Dans le  passé, les séminaires et  maisons de formation religieuse étaient des producteurs de brochures de valeurs morales et d’articles de réflexions. Une autre source soutient cette thèse en précisant en ces termes : « la génération des années quatre-vingt (80), est une génération du regard, de l’instant et de l’émotion, du subjectif et de l’affectivité, du plaisir et de la distraction »[11].                                                                                                  En revanche, le pape Jean XXIII, dans sa première lettre encyclique Vérité, Unité et Paix, encourageait les écrivains et les rédacteurs en ces termes : « nous ne pouvons nous empêcher d’exhorter à l’exactitude, à la prudence et à la discrétion dans la présentation de la vérité, ceux qui, par leurs livres, leurs revues, et leurs journaux, aujourd’hui en si grande partie, exercent une telle influence sur l’esprit de leurs lecteurs, surtout des jeunes,  et sur la formation de l’opinion et des mœurs. C’est à eux qu’incombe le devoir de propager non le mensonge…mais  bien le vrai et tout ce qui porte au bien et à la vertu »[12].                             Cet encouragement est à la fois une reconnaissance à ceux qui éditent  et rédigent déjà, et une invitation à tous les religieux d’être en mesure d’écrire quelque chose ; car, poursuit le même pape, «  à la presse du mal et du mensonge, il faut opposer celle du bien et de la vérité. Aux émissions de radio et aux spectacles de cinéma et de télévision qui font aimer l’erreur et le vice, il faut opposer d’autres qui défendent la vérité et les bonnes mœurs… le remède, ajoute-t-il, surgira de la source qui souvent distille le poison »[13].                   Voilà l’invitation que le pape nous lance au sujet de la presse écrite. Mais pour le moment, nous allons un peu réfléchir sur la vie religieuse et la télévision.

3. LA VIE RELIGIEUSE ET LA TELEVISION
L’un des moyens de communication sociale, la télévision est un outil véritablement apostolique et universel, devant permettre  aux religieux et  religieuses de répandre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Mais, « combien de fois, le soir certains religieux et religieuses, restent collés devant l’écran par faiblesse, pour voir ce qui viendrait après, seulement parce qu’ils se laissent prendre par une histoire simpliste ou des images racoleuses. A la fin ils se sentent vides de l’esprit et déçus d’eux-mêmes. Le jour suivant ils n’arrivent plus à bien prier à cause de la fatigue, et à la longue ils commencent à perdre leur contact intérieur avec le Christ »[14].                                                                              De là, il a été aussi constaté que souvent les communautés religieuses les plus dynamiques, regardent moins la télévision, et toujours des programmes sélectionnés et bien discernés.  L’information avec le journal télévisé est, pour la majorité de ces communautés,  le programme le plus regardé et suivi. Une information riche et abondante, par laquelle on cherche à connaître ce qui est neuf et nous met en contact avec le progrès humain et chrétien.                                                                                                                                              Mais une source affirme que dans certaines communautés religieuses aujourd’hui, leur programme préféré et qui occupe le maximum de leur temps, c’est le film ou carrément le distractif plutôt que des émissions culturelles.  Or, « contrairement à la presse écrite qui est dominée par les valeurs, la télévision, elle, se distingue par l’affectif, le subjectif, l’imaginaire, la séduction-spectacle, le look, le plaisir, l’instant et le distractif »[15]. On se trouve par là, devant des programmes ambivalents et multiformes à l’écran. Aux esprits faibles et fragiles, ces programmes peuvent diriger leur vie, au risque de remettre en cause leur foi et leurs mœurs.                                                                                                                       Sur ce, les religieux et les religieuses, tâcheront  d’utiliser les moyens de communication sociale avec une certaine souplesse et sagesse, en tenant compte des normes d’ascèse et de prudence, souvent rappelées par l’Eglise en cette matière. Pour  éviter   des abus, à l’instar «  de perte de temps, dispersion, superficialité, vision matérialiste, plaisir et  imaginaire  de l’existence, il faudra adopter une discipline équilibrée, individuelle, et communautaire ; pratiquer l’étude, la lecture, le silence et la méditation ; enfin, accomplir des sacrifices personnels et pratiquer l’obéissance et la pauvreté évangélique »[16].                    Pour certains membres des communautés religieuses, la télévision est devenue même un prétexte pour éviter les autres, un refuge pour s’enfouter de la vie communautaire et une fuite des responsabilités pour se réfugier dans une multitude des programmes proposés par la télévision. Par ailleurs, le bienheureux Jean-Paul II, s’exprimant au sujet de la télévision à l’occasion de la 28ème journée des moyens de communication sociale, disait que  « la télévision peut proposer des valeurs et des modèles dégradants de comportements, en transmettant des émissions pornographiques et des descriptions graphiques de violence brutale, en inculquant le relativisme moral et le sceptisme religieux ; en répandant des exposés déformés et manipulés des problèmes courants »[17].
En réalité, il faut reconnaitre que ce n’est pas la télévision en tant que telle, qui est mauvaise, mais l’usage que les religieux et religieuses font de la télévision ou des médias en général. La télévision propose ses programmes, quitte aux religieux et religieuses de choisir ce qui peut construire et contribuer à leur épanouissement et leur état de vie. Le mal, c’est que, parfois, certains cherchent à rester devant la télévision même quand il est temps de travailler, de lire, de dormir, de prier ou de méditer.                                                                   Et puisqu’on cherche à y rester longtemps, on se propose la paresse, on devient déconcentré et on tombe dans l’incapacité de réfléchir, de faire la lecture et d’écrire ne fût-ce qu’un article. L’expérience montre que, souvent quand on reste longtemps devant la télévision, la tendance est de commencer par changer beaucoup de positions, de bailler, de zapper, et de somnoler. La psychologie s’affaiblit et l’élévation devient difficile sur tous les plans.                                                                                                                                                      Ainsi, il sera difficile à un religieux ou une religieuse  de vivre en harmonie avec le règlement de sa communauté et d’obtenir l’élévation sur le plan spirituel ou intellectuel, parce que son esprit étant envahi par la liturgie de la télécommande. Et même quand il est avec les autres devant l’écran, il aimerait détenir en sa main la télécommande pour dicter les images de son choix. D’où l’importance de chercher à utiliser les médias avec sagesse, sinon  au lieu que nous puissions les évangéliser, ils risquent de nous évangéliser. Mais à présent nous allons voir ce qu’est le téléphone vis-à-vis de la vie religieuse.

4. LA VIE RELIGIEUSE ET LE TELEPHONE
L’Eglise a été toujours convaincue que les médias sont des dons de Dieu, et cette liste des dons continue à s’allonger. Mais « l’objectif est toujours de nous rendre plus proches dans la fraternité et dans la compréhension mutuelle et nous aider d’aller de l’avant dans la réalisation de notre destinée humaine comme des fils de Dieu »[18]. Tel est aussi le cas du téléphone mobile. En effet, il y a plusieurs décennies, il était difficile d’entrer en contact avec nos frères et sœurs qui se trouvent dans les fins fonds du continent ou du monde entier. Aujourd’hui, nous sommes tous heureux du fait qu’à la minute, on peut joindre celui qui est loin de nous et nous informer de ce qui se passe ailleurs sans faire beaucoup d’efforts. Mais puisque ce média est une nouveauté dans certains coins du monde et que certaines personnes ne savent pas suffisamment  l’utiliser, il importe à l’Eglise et aux communautés religieuses, d’aider leurs membres à faire un bon usage de ce moyen de communication sociale. Dans l’usage du téléphone, « le grand défi du témoignage religieux au sein du dialogue public est celui de l’authenticité des messages et des échanges… »[19].      
Chez certains religieux et religieuses,  éteindre le téléphone est devenu un exercice difficile, même quand ils savent qu’on part à la chapelle, à la messe ou à une conférence qui réunit des catégories confondues.  Et la qualité de certaines sonneries  de leurs téléphones  pousse à réfléchir ; parfois ce sont des chansons qui reprennent des paroles qui portent atteinte à la vie religieuse.                                                                                                              Du coup, on tombe ans le relativisme. Ce qui était mauvais devient normal, parce que tout le monde le fait. Pour cela, le religieux ou la religieuse doit montrer que tout en étant dans le monde, il n’est pas du monde. Par un usage discret et respectueux des moyens de communication sociale, le témoignage peut être rendu et la vie religieuse honorée. Ainsi, le religieux pourra être le sel de la terre et la lumière du monde.                                                 Car, le mauvais usage peut amener le religieux à déstabiliser la caisse de la communauté, la megestion de sa propre poche et la mendicité. Ce qui serait incompatible avec la vie religieuse ; et les conséquences peuvent être imaginables. Souvent, même quand on sait qu’on est fatigué et qu’on doit dormir la nuit, on est incapable de fermer le téléphone afin de se faire déranger.                                                                                    Ainsi donc, « les instituts religieux doivent être attentifs aux taches multiples et primordiales de l’Eglise dans le domaine de la communication sociale ; Ils examineront ce qu’ils peuvent faire pour apporter leur coopération et remplir certaines charges en harmonie avec leurs constitutions »[20]. Cela étant, nous allons cependant analyser la question de la vie religieuse et l’Internet.
5. LA VIE RELIGIEUSE ET L’INTERNET
L’internet n’est autre chose que l’interconnexion des réseaux informatiques. Ainsi, il est un nouveau carrefour pour l’annonce de la Bonne Nouvelle, et il offre à la vie religieuse de larges possibilités d’évangélisations s’il est utilisé avec compétence.  Avec cet outil, le monde est réduit à un petit village, et cela facilite la tâche aux personnes consacrées  pour annoncer  l’Evangile partout et en tout lieu.                                                                                    Avec l’internet, tout est déjà là, il suffit d’y entrer pour prendre ce qu’on veut, si l’on est initié en la matière, bien sûr. Ce qui fait que la vie religieuse ne peut pas se passer de ce moyen de communication au moment actuel. Les supérieurs des communautés doivent former leurs sujets à être capables de faire face à ce nouveau monde planétaire, à connaître ses avantages et ses inconvénients pour mieux l’utiliser.                                                       L’internet peut aussi favoriser le dialogue, la solidarité et la culture. Toutefois, il convient de signaler qu’à l’internet il n’y a pas qu’à boire et à manger, mais aussi il y a à vomir.  Le fait que tout y est, le religieux qui en est fréquent peut affaiblir sa capacité de réfléchir, parce qu’on prend ce dont on a besoin sans faire un effort.  Par conséquent, l’internet propose   tous genres de programmes : le bon comme le mauvais. Les religieux et religieuses qui y sont réguliers doivent faire très attention  pour sauvegarder leur état de vie.      C’est ainsi que, le canon 666 précise en termes : « les religieux, dans l’usage des moyens de communication sociale, garderont le discernement nécessaire et éviteront ce qui est nuisible à leur vocation et qui est dangereux pour la chasteté d’une personne consacrée à Dieu »[21]. Certains religieux, n’étant pas suffisamment initiés à cet outil, endommagent leurs vœux de religion et se laissent escroquer par son biais. C’est pourquoi il faut se référer à ce que dit le magistère de l’Eglise.

6. ORIENTATIONS DU MAGISTERE 

Le magistère de l’Eglise a été toujours attentif aux réalités sociales qui sont des réalités humaines pour lesquelles l’Eglise a reçu la mission du Christ. Non seulement il en est attentif, mais aussi il en donne les orientations et les instructions nécessaires qu’il faut pour un usage commode.  Tel est aussi le cas des moyens de communication sociale.                                C’est pourquoi le pape Jean XXIII, s’exprimant au sujet des médias, disait ce qui suit : « les moyens de communication sociale peuvent constituer une invitation et une exhortation au bien et même à la vertu chrétienne ; mais souvent hélas, ils peuvent être spécialement pour les jeunes, la source des mœurs dépravées, de malhonnêteté, d’erreur et de dévergondage. Pour neutraliser la mauvaise influence toujours croissante de ces moyens dangereux, il faut leur opposer les armes du vrai et du bien ».[22]                                                    Le concile Vatican II, poursuivant dans la même ligne dans son décret Inter Mirifica, au sujet des moyens de communication sociale, déclarait en ces termes : « l’Eglise a parfaitement conscience que ces instruments employés de juste façon, apportent au genre humain de précieux concours, car ils peuvent contribuer au délassement aussi bien qu’à l’instruction des esprits, ainsi qu’à l’extension et à la consolidation du règne de Dieu. Mais elle sait aussi que les hommes peuvent les utiliser contre le dessein du divin créateur et les faire tourner ainsi à leur propre perte…Aux pasteurs revient la charge d’instruire et de diriger les fidèles de telle façon que l’usage de ces instruments les aide eux aussi à faire leur propre salut  et contribuer au bien et au progrès de toute la famille humaine »[23]. Pour le pape Paul VI, « les promoteurs de la presse catholique doivent rendre témoignage de leurs convictions religieuses, ainsi que leur mode de vie »[24]. Pour le pape Benoit XVI, il s’ensuit qu’il « faut considérer avec intérêt les divers sites d’applications et des réseaux sociaux, qui peuvent aider l’homme d’aujourd’hui à vivre des moments de réflexion et d’interrogation authentique, mais qui peuvent aussi l’aider à trouver des espaces de silence, d’occasions de prière, de méditation ou de partage de la parole de Dieu »[25]. A cela, il ajoutait en disant que « lorsque les personnes s’échangent des informations, déjà elles partagent d’elles-mêmes, leur vision du monde, leurs espoirs, leurs idéaux »[26].




CONCLUSION

En définitive, il sied de rappeler que notre analyse reposait sur les médias et la vie religieuse. Nous sommes partis de la considération historique et des finalités; nous avons donné par là une chronologie de certains médias et leur mission vis-à-vis de la société dans laquelle vit le religieux. Quant aux médias dont nous avons parlé, il s’agissait du livre, la télévision, le téléphone et l’internet. Tout en indiquant leur importance comme outils d’évangélisation, d’information, de formation et de transformation, nous avons dit que ces médias se font accompagner aujourd’hui des programmes multiformes et d’un langage pluriel. Ainsi, les religieux et les religieuses, doivent  les utiliser avec discernement   pour ne pas compromettre leur identité ; car, ce ne sont  pas les médias en tant que tels qui sont mauvais, mais l’usage que les religieux et les religieuses peuvent faire des médias. Enfin, nous avons également donné les orientations du magistère de l’Eglise.





[1] MABIALA, Philippe, Editorial dans la presse chrétienne. Analyse des hebdomadaires « La semaine africaine et Vie », L’Harmattan, Paris, 2007, P. 242.
[2] Idem, P. 17.
[3] Idem.
[4] Idem, P. 268.
[5] Idem.
[6] Idem, P. 270.
[7] J. ARRAGAIN, C.J.M., Futurs prêtres et médias. Orientations utiles à tous les consacrés, Dans « Vie consacrée », Namur, Bruxelles, 1989, P. 382.
[8] BERNARD Jouanno, A. A., La société médiatique une inculturation nécessaire, Dans « Vie consacrée », Namur, Bruxelles, 1989, P. 365.
[9] Canon 823, Paragraph 1.
[10] J. ARRAGAIN, C.J.M., Op.Cit. P. 383.
[11] BERNARD Jouanno, A.A., Op.Cit, P. 367.
[12] JEAN XXIII (Pape), Lettre encyclique Vérité, Unité et Paix, Rome, 29 juin 1959, N° 7.
[13] Idem, N° 9.
[14] GUY MARTINOT, S.J., La vie religieuse et la télévision, Dans « Op.cit. », P. 370.
[15] BERNARD Jouanno, A.A., Op.Cit, P. 367.
[16] J. ARRAGAIN, C. J. M., Op. Cit.
[17] MABIALA, Philippe, Op.cit., P. 272.
[18] Ibid., P. 274.
[19] Ibid., P. 275.
[20] Commission pontificale des moyens communications sociale, Instruction pastorale Communion et Progrès, 23/Mai/ 1971, N° 177.
[21] CANON 666.
[22] JEAN XXIII, Op. Cit., N°9.
[23] Vatican II, Décret sur les moyens de communication sociale Inter Mirifiça, N°s 2-3.
[24] Paul VI cité par MABIALA Philippe, Op. Cit., P. 283.
[25] Benoit XVI (pape), message pour la journée mondiale des communications sociales (20/Mai/2012), Rome, 24/janvier 2012.
[26] Benoit XVI, Message pour la journée mondiale des communications sociales 2011.