mardi 18 mars 2014

Nouvelle naissance en Esprit Saint


L'appel à la Nouvelle Naissance (Jn 3,1-21)
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Jésus n'apporte pas un petit surplus : il appelle à un renouveau radical
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Plan :

I - Nicodème se positionne devant Dieu
     - Médiocrité comme Eglise
     - Médiocrité dans la vie consacrée
II - Jésus invite à une vie tout autre
III - Le salut dans la Foi en un Dieu crucifié
IV - Sommés de choisir, "les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière"

I - Nicodème se positionne devant Dieu

            Nicodème a un sentiment de médiocrité : il veut passer à l'excellence. Il croit que Jésus est "un maître qui vient de la part de Dieu", à cause des signes qu'il opère.

            Médiocrité d'une religion faite de prières, de sacrifices d'animaux, de préceptes et d'interdits, de pratiques vestimentaires, et alimentaires ; une religion qui pratique l'exclusion.

            On a parfois reproché à notre Eglise d'être une Eglise de piété, de célébrations liturgiques, de relations hiérarchiques, mais trop peu une Eglise de l'option préférentielle pour les Pauvres, une Eglise de promotion sociale et de promotion de la justice. C'est parfois vrai, parfois exagéré.

            Dans l'oraison, rejoignant Nicodème, qui s'inquiète de la pauvre qualité de sa vie de fidèle de Yahvé, interrogeons-nous sur notre éventuelle médiocrité

*  Médiocrité comme Eglise : L'exhortation synodale invite à vivre l'Evangile, de manière particulièrement fervente là où règne l'injustice :

"Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume de Dieu est à eux" (Mt 5,9-10), dit le Seigneur (EA 105)

"L'Eglise doit continuer à jouer son rôle prophétique et à être la voix des sans-voix" (EA 106)

" Mais pour réaliser cela de manière efficace, l'Eglise, en tant que communauté de foi, doit être un témoin énergique de justice et de paix dans ses structures et dans les relations entre ses membres. Le Message du Synode déclare avec courage : "Les Eglise d'Afrique ont aussi reconnu qu'en leur propre sein la justice n'est pas toujours respectée à l'égard de ceux et celles qui sont à leur service. Si l'Eglise doit témoigner de la justice, elle reconnaît que quiconque ose parler aux hommes de justice doit aussi s'efforcer d'être juste à leurs yeux. Il faut donc examiner avec soin les procédures, les biens et le style de vie de l'Eglise" (EA 106).

* Médiocrité de la vie religieuse

            La vie consacrée instituée, comme toute institution, a rapidement tendance, si elle n'y fait pas attention, à vivre de son passé. C'est le sens de l'"Aggiornamento" demandé à toutes les Congrégations par le Concile Vatican II, il y a un peu plus de 50 ans. Notre société change de plus en plus vite. La vie religieuse comme réponse aux besoins de notre temps doit aussi accélérer son effort pour adapter ses réponses

            Aujourd'hui,
            * Formes de prières,  notre prière et celle des sectes. S.Dominique et le chapelet nous donnera peut-être des idées.
            * La principale raison d'être de la vie consacrée est le témoignage prophétique, rendu dans le monde, aux valeurs évangéliques, particulièrement par la pratique des conseils évangéliques. Rappelons-nous Mgr Danneels au Synode V.C. :

"Nous, les évêques, nous devons dire aux consacrés que nous les admirons et que nous les aimons. Mais aussi qu'ils ne sont pas assez radicaux dans leur pauvreté, leur chasteté, et leur obéissance, qu'ils doivent donner une image plus conforme à leur engagement et au langage qu'ils utilisent. Il faut que nous osions dire aussi les déceptions que de temps à autre le peuple de Dieu éprouve à leur égard".

            C’est une réflexion qu’on peut sans doute faire à toute époque. Une question qu’il faut toujours nous poser, c’est : “Quel message de Jésus apportons-nous ? quelle image de Jésus présentons-nous, comme personnes et comme communauté ?
           
            Mgr Kasanda (Luiza), Carême 1999, dans son excellente lettre aux religieux de son diocèse, rappelait la “Spécificité de la vie religieuse” :

“Ce qui est spécifique à la vie religieuse, c’est l’obligation librement consentie d’observer les 3 vœux de religion, de virginité, pauvreté et obéissance et de mener la vie commune (canons 573, §2 et 607, §2). Le premier témoignage des religieux et religieuses n’est pas le travail qu’ils fournissent ni les réalisations matérielles dont ils sont capables. Il ne réside pas non plus dans la force du nombre des membres. Le premier témoignage est leur vie commune comme vie totalement donnée à Dieu “aimé par dessus tout” (canon 573, §1) et aux frères et sœurs comme “témoins de l’amour de Dieu” (VC. n° 25-72). Ce faisant, ils deviennent des signes d’un monde nouveau où se manifestent l’absolu de Dieu et la fraternité universelle (LG 44, PC.1) qui sont les signes spécifiques du Royaume e Dieu.  Ce Royaume, selon Jésus, est le monde qui règne l’unique loi, celle de l’amour de Dieu et des frères et sœurs, un amour qui pousse les appelés à être totalement pauvres d’eux-mêmes (Heureux les pauvres !) pour se donner entièrement à Dieu et aux autres. Etre témoins du Royaume de Dieu c’est se mettre à sa vraie place face à Dieu et créer des relations d’un nouvel ordre avec ses frères et sœurs, relations de fraternité, de vérité et de respect mutuel. (Père Evêque Kasanda, 2.2, §3).

            C’est l’idéal, le but, mais ...
                       
II - Jésus invite à une vie tout autre

            "En vérité, je te le dis, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu"
            "En vérité je te le dis, nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu".

            La naissance, c'est l'entrée dans le monde, le commencement de l'affrontement de notre monde. Une nouvelle naissance, c'est une nouvelle évaluation de notre monde, un autre affrontement de notre monde. C'est le partage désormais de la manière de Jésus d'évaluer et d'affronter notre monde.

            L'ancienne manière :
            > en un premier temps (anarchie égoïste) : le monde, les autres, pour en profiter
            > en un second temps : le monde, les autres, pour rendre gloire à Dieu, et la Loi pour régler selon Dieu les rapports entre hommes. Et l'exclusion de ceux qui ne respectent pas assez la loi.
            Donc, certaines vertus, certaines pratiques, et l'exclusion.

            > La nouvelle évaluation, le nouvel affrontement, celui de Jésus :
            - Jésus montrera l'exemple de l'humilité et du service
            - il accueillera avec bonté les pécheurs en tous genres
            - il veut libérer des condamnations mutuelles
            - il donne comme premier commandement l'amour, l'amour du prochain étant la forme privilégiée de l'amour de Dieu. L'amour c'est le don de sa vie pour ceux qu'on aime, un don qui se vit dans toutes les formes du service.
            - l'idéal de justice, forme institutionnalisable de l'amour,
est complété par l'idéal de charité : aimer avec Dieu, comme il aime, gratuitement.

            A la fin du Mémorandum de 1990 au Président, les Evêques de la Conférence Episcopale du Zaïre disaient :

"Les maux dont souffre notre pays s'expliquent, certes, par des structures et des systèmes inadéquats qui favorisent et entretiennent l'effritement des valeurs morales, le renversement des critères de moralité et les autres maux que nous déplorons tous. Face à cette situation, nous serions tentés de croire que le seul changement des structures et des systèmes politique et économique nous redonnerait la santé morale et la prospérité matérielle. Ce changement est certes nécessaire, mais ce qui est encore beaucoup plus nécessaire, c'est la conversion et le renouvellement du cœur et de l'esprit des fils et filles du Zaïre, car c'est du cœur et de l'esprit des hommes et des femmes que sortent les désirs et aspirations qui inspirent les systèmes politiques et économiques.

"L'environnement social et moral dans lequel nous vivons nous a tous, en quelque sorte, contaminés. Aussi, le renouvellement du Zaïre et les changements nécessaires exigent-ils que nous devenions des hommes nouveaux. C'est pourquoi dans ce contexte, il s'avère nécessaire de soutenir l'action de personnes physiques et morales, notamment les Eglises et confessions religieuses, qui s'efforcent de former les consciences et de les inciter à la poursuite des valeurs transcendantes" (Memorandum, n° 15).
           
            A Mbandaka, pendant des années, on “montait sur le bateau”.

III - Le salut dans la Foi en un Dieu crucifié (14-18) (LIRE)

            - le grand signe du renouveau, c'est la foi dans le crucifié. Accepter que Dieu m'ait aimé jusqu'à la Croix, et être prêt à partager cette croix. Pour affirmer ce qui est valeur aux yeux de Dieu, et pour ne pas renoncer à cette affirmation, Jésus a subi la Croix.

            - Non plus une religion dans laquelle on espère participer à la puissance de Dieu, à la "gloire" (temporelle) de Dieu, (costumes, titres, préséances...) mais une religion dans laquelle on donne sa vie comme Dieu le Bon Pasteur) la donne.

            - Au niveau de l'Eglise ("Eglise servante et Pauvre...)
            - Au niveau des Instituts religieux (Le Général des SJ : 3 sortes de Jésuites : Extraordinaires, médiocres, mauvais)
            - Au niveau des personnes consacrées
           
            Elles doivent donner un témoignage prophétique dans le domaine de l'avoir, du pouvoir, et de l'amour chaste. Elles doivent aussi témoigner qu'elles savent que Jésus nous sauve par la Croix, et qu'on ne peut pas le suivre en cherchant une autre voie.

"Seigneur, tu demandes à ton Eglise d'être le lieu où l'Evangile est annoncé en contradiction avec l'esprit du monde. Donne à tes enfants assez de foi pour ne pas déserter mais témoigner de toi devant les hommes en prenant appui sur Ta Parole." (Laudes du Vendredi I).

IV - Sommés de choisir : les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière (19-21)

            * Par le refus de la Loi naturelle, et donc du Créateur qui l’a inscrite dans notre cœur (violation des Droits de l'Homme), “mondialisation au profit du Capital et marginalisation des peuples pauvres”, refus d’une sexualité soumise à la raison et au respect mutuel entre hommes et femmes (L’abbé Pierre, et l’archevêque Desmond Tutu, chahutés parce qu’ils parlent d’un changement de comportement),
            Et, dans une Communauté : tribalisme, marginalisation de certaines personnes,

            * Par le refus du pardon. Et dans une communauté des personnes qui ne se parlent pas.

            * Par un ordre économique injuste, une ignorance délibérée de la "Dignité humaine", et un refus de la "Doctrine sociale de l'Eglise". Et dans telle communauté des salaires de travailleurs, pour nourrir toute une famille, inférieurs à ce qu’on dépense pour une seule personne de la Communauté.

            * Par l'abus du pouvoir par beaucoup de ceux qui en ont.

            C'est ici que se trouvent les critères d'évaluation de Jésus: "Ce que vous faites à l'un de ces petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" : voilà la "lumière". Voila la référence première, qu'on ne peut pas gommer : trouver Dieu dans ses frères et sœurs. Aimer et servir Dieu en servant les hommes. C'est cela la lumière. Et les "ténèbres", c'est tout ce qui est de l'ordre du "moi d'abord" et du "chacun pour soi".


Idées principales

1. Nicodème reconnaît la médiocrité de son judaïsme, et peut-être la sienne. Acceptons de reconnaitre la médiocrité là où nous la voyons, dans notre Eglise, dans la vie chrétienne et/ou consacrée telle que nous la vivons, dans notre vie propre.

2. Jésus invite à une vie tout autre que celle qui se vit dans les sociétés de toute époque, et en particulier dans la nôtre : une vie de service mutuel et de don mutuel, une vie d'affrontement du mal pour s'y opposer, une vie de promotion mutuelle dans l'oubli de soi.

3. Nos évêques nous invitent à trouver dans l'esprit et la pratique évangélique d'abord les remèdes aux maux de notre société.

4. Nous ne participerons pas à la guérison de noter société sans accepter la Croix avec Jésus. La Croix, c'est l'affrontement du monde hostile aux valeurs évangéliques.

5. Les hommes "préfèrent les ténèbres à la lumière" : ils préfèrent le "chacun pour soi" et le "moi d'abord" à l'esprit de service et d'oubli de soi.


Références bibliques
Jn 3,1-21 : Rencontre de Jésus avec Nicodème

Suggestion pour l'oraison
- La rencontre de Jésus avec Nicodème Jn 3,1-21
- Un des textes cités ci-dessous


Textes cités

1. L'Eglise doit donner l'exemple de ce qu'elle enseigne au nom de Jésus

"Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume de Dieu est à eux" (Mt 5,9-10), dit le Seigneur (EA 105)

"L'Eglise doit continuer à jouer son rôle prophétique et à être la voix des sans-voix" (EA 106)

" Mais pour réaliser cela de manière efficace, l'Eglise, en tant que communauté de foi, doit être un témoin énergique de justice et de paix dans ses structures et dans les relations entre ses membres. Le Message du Synode déclare avec courage : "Les Eglise d'Afrique ont aussi reconnu qu'en leur propre sein la justice n'est pas toujours respectée à l'égard de ceux et celles qui sont à leur service. Si l'Eglise doit témoigner de la justice, elle reconnaît que quiconque ose parler aux hommes de justice doit aussi s'efforcer d'être juste à leurs yeux. Il faut donc examiner avec soin les procédures, les biens et le style de vie de l'Eglise" (EA 106).

2. Jugement d'un pasteur sur les religieux

"Nous, les évêques, nous devons dire aux consacrés que nous les admirons et que nous les aimons. Mais aussi qu'ils ne sont pas assez radicaux dans leur pauvreté, leur chasteté, et leur obéissance, qu'ils doivent donner une image plus conforme à leur engagement et au langage qu'ils utilisent. Il faut que nous osions dire aussi les déceptions que de temps à autre le peuple de Dieu éprouve à leur égard".

3. Rappel aux religieux de leur raison d’être

“Ce qui est spécifique à la vie religieuse, c’est l’obligation librement consentie d’observer les 3 vœux de religion, de virginité, pauvreté et obéissance et de mener la vie commune (canons 573, §2 et 607, §2). Le premier témoignage des religieux et religieuses n’est pas le travail qu’ils fournissent ni les réalisations matérielles dont ils sont capables. Il ne réside pas non plus dans la force du nombre des membres. Le premier témoignage est leur vie commune comme vie totalement donnée à Dieu “aimé par dessus tout” (canon 573, §1) et aux frères et sœurs comme “témoins de l’amour de Dieu” (VC. n° 25-72). Ce faisant, ils deviennent des signes d’un monde nouveau où se manifestent l’absolu de Dieu et la fraternité universelle (LG 44, PC.1) qui sont les signes spécifiques du Royaume e Dieu.  Ce Royaume, selon Jésus, est le monde qui règne l’unique loi, celle de l’amour de Dieu et des frères et sœurs, un amour qui pousse les appelés à être totalement pauvres d’eux-mêmes (Heureux les pauvres !) pour se donner entièrement à Dieu et aux autres. Etre témoins du Royaume de Dieu c’est se mettre à sa vraie place face à Dieu et créer des relations d’un nouvel ordre avec ses frères et sœurs, relations de fraternité, de vérité et de respect mutuel. (Père Evêque Kasanda, 2.2, §3).


3. L'Evangile, voie de salut pour notre pays

"Les maux dont souffre notre pays s'expliquent, certes, par des structures et des systèmes inadéquats qui favorisent et entretiennent l'effritement des valeurs morales, le renversement des critères de moralité et les autres maux que nous déplorons tous. Face à cette situation, nous serions tentés de croire que le seul changement des structures et des systèmes politique et économique nous redonnerait la santé morale et la prospérité matérielle. Ce changement est certes nécessaire, mais ce qui est encore beaucoup plus nécessaire, c'est la conversion et le renouvellement du cœur et de l'esprit des fils et filles du Zaïre, car c'est du cœur et de l'esprit des hommes et des femmes que sortent les désirs et aspirations qui inspirent les systèmes politiques et économiques.

"L'environnement social et moral dans lequel nous vivons nous a tous, en quelque sorte, contaminés. Aussi, le renouvellement du Zaïre et les changements nécessaires exigent-ils que nous devenions des hommes nouveaux. C'est pourquoi dans ce contexte, il s'avère nécessaire de soutenir l'action de personnes physiques et morales, notamment les Eglises et confessions religieuses, qui s'efforcent de former les consciences et de les inciter à la poursuite des valeurs transcendantes" (Memorandum, n° 15).


4. Suivre Jésus qui affronte le monde

"Seigneur, tu demandes à ton Eglise d'être le lieu où l'Evangile est annoncé en contradiction avec l'esprit du monde. Donne à tes enfants assez de foi pour ne pas déserter mais témoigner de toi devant les hommes en prenant appui sur Ta Parole." (Laudes du Vendredi I).

Questions pour la réflexion

  1. Le message de Mgr Danneels au Synode du la Vie Consacrée (voir texte) me paraît-il me concerner ? En quoi ?

  1. Ai-je le sentiment d’être animé, inspiré par l’Esprit-Saint ? Ou alors qu’est-ce qui m’inspire et m’anime ?


  1. Est-ce que j’accepte pleinement comma maître Jésus humble, serviteur de plus petit que soi, renonçant à lui-même, ne faisant pas sa volonté mais celle du Père, donnant sa vie ?

  1. Aux yeux de mes frères religieux, des autres religieux, des laïcs qui nous voient vivre, quel est mon témoignage ? Est-il prophétique ?



samedi 1 mars 2014

Défi de la contextualisation

Le défi de la contextualisation
1. A.NGINDU Mushete, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012.
2. J.M.ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, Paris, Karthala, 2003.
3. L.SANTEDI, Dogme et inculturation en Afrique. Perspective d’une théologie de l’invention, Paris, Karthala, 2003.
4.Kä Mana, La nouvelle évangélisation en Afrique, Paris, Karthala, 2000.
5. A.RAMAZANI, Eglise famille de Dieu. Esquisse d’ecclésiologie africaine, Paris, Lharmattan, 2001.
6. E.NTAKARUTIMANA, Vers une théologie africaine. La théologie et les théologiens au Congo : Projets et défis dans la période de l’après indépendance(1960), Fribourg, Editions Universitaires de Fribourg Suisse, 2002.
7. D.MAFUTA, Double appartenance des chrétiens africains ? Inculturation et pluralité religieuse, Paris, L’Harmattan, 2010.
8. V.NTUMBA, Trois clés pour une lecture africaine du Nouveau Testament, Kinshasa, Carmel Afrique, 2009.
9. A.KABASELE, Lire la Bible dans une société en crise. Etudes d’herméneutique interculturelle, Kinshasa, Médiaspaul, 2007.
10. V.MULAGO, Un visage africain du christianisme, Paris, Présence Africaine, 1962.


Parmi ces dix théologiens, mon choix est porté sur :
 A.NGINDU Mushete, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012.
Mon champ de réflexion porte sur :
Le défi de la contextualisation
J'ai choisi cet auteur pour deux raisons : d’une part, il est très actuel et concret dans sa manière d’aborder la question. D’autre part, il répond à deux questions fondamentales et incontournables de l’homme africain : l’inculturation et la reconstruction. Etant aussi africain, je me sens confronté par ce défi (le mépris de l’homme noir). C’est une question qui demeure tant qu’il y a un noir et un blanc. Permettez que je dise : c’est un perpétuel combat. Par conséquent, le noir doit s’affirmer.
J'ai choisi de réfléchir sur ce chapitre parce qu’il me donne des pistes de solution sur mon identité entant qu’elle est niée par l’occident. Je me rends compte que la libération de l’homme africain ne dépend pas de l’occident, mais de lui-même avec son Dieu.

Le défi de la contextualisation
L’Eglise qui a toujours pensé globalement, doit désormais agir localement pour répondre aux exigences du temps présent. Par suite, le défi de la contextualisation s’inscrit justement dans cet agir local. Ceci dit, notre résumé peut s’ouvrir par une question comme celle-ci : N’est-il pas évident et urgent de fonder localement cette Eglise en lui dotant de tous ses moyens d’action sur le plan culturel, éthique, disciplinaire et théologique ?[1] Cette question, nous renvoie en effet à une nécessité de reconnaitre la théologie africaine. L’initiative de créer une église locale, est un effort d’inculturation. C’est cet effort qui sera sérieusement combattu par les non africains. D’où, nécessité de se défendre ou mieux de répondre à ce défi.

Le défi majeur est celui de nier ou de mépriser toute initiative d’inculturation de l’évangile en Afrique. C’est une façon d’illégitimer la théologie africaine. L’idée essentielle de ce chapitre est celle ci : La théologie africaine existe et doit exister. Car, toute théologie est historiquement située, sociologiquement déterminée et culturellement  définie. D’ailleurs, toute pensée n’est que culturelle parce que l’homme est un être en situation, c’est-à-dire qu’il appartient toujours à une race, à une nation, à une tribu, à une culture, à une famille, etc. Ainsi, son agir ne peut pas se passer du contexte culturel. Par suite, la thèse de la contextualisation peut être soutenue par les propos éloquents du feu Cardinal Malula qui disait : « Les missionnaires européens ont jadis christianisé l’Afrique, aujourd’hui les chrétiens africains vont africaniser le christianisme ».Il ne s’agit plus de faire des discours, très peu suivis d’effets, sur le paradigme dominant de cette seconde étape de l’évangélisation qu’est L’INCULTURATION, mais de poser des actions concrètes[2] (ajouta Joseph NDOUM). Il s’agit donc d’interpréter l’évangile à la manière africaine pour répondre aux exigences
En effet, que veut dire évangéliser ? L’auteur nous fait voir que l’évangélisation n’est pas une imposition de model, de discours, de manière de penser, de culture, etc. Mais plutôt la transmission du message tenant compte des valeurs humaines retrouvées dans une culture donnée. Notons que si le message de l’évangile n’est pas inculturé, il ne peut pas toucher le cœur de l’homme. Par conséquent, il sera difficile de parler de la conversion qui est le but même de l’évangélisation. Bien entendu, l’interprétation doit nécessairement être culturelle au risque de prêcher au désert. Ainsi donc, l’évangélisation devient une manière de rendre un peuple capable d’interpréter le message dans sa propre culture. Un message bien interprété, reste toujours susceptible d’être intériorisé et de porter des fruits concrets. Il revient donc aux peuples de se découvrir à partir du message de l’évangile.
En effet, l’auteur pense que c’est aux peuples de se construire eux-mêmes comme une société, une nation et une église. L’évangile contient justement une dimension qui est celle de rendre les peuples responsables de leur situation pour qu’ils s’en sortent. Car, il y a plus de joie de trouver soi-même la solution au problème que de la recevoir d’ailleurs. Un bon missionnaire ne peut jamais se prétendre être la solution pour les peuples. Il est par contre appelé à guider le peuple vers Dieu. Conduire le peuple vers Dieu, c’est dire à tout homme « Voici l’agneau de Dieu » (Cf Jn1, 35), et le peuple est libre d’aller vers cet agneau. La mission qui lui est confiée, est celle d’aider les peuples à prendre conscience de leur état de péché. Certes, quand l’homme se rend compte qu’il se détruit, il cesse de le faire. Le sens de l’évangélisation est de rendre l’homme responsable de sa propre vie pour l’inviter à un effort personnel de se libérer.  Car évangéliser quelqu’un, c’est le libérer de son esclavage. L’Evangile nous rend libre ; cette libération n’est pas en de hors de la culture. Ainsi, il n’y a d’inculturation que libératrice, et il n’y a de libération qu’enracinée dans une culture donnée[3].
En outre, l’essentiel est d’amener l’homme à se découvrir et à devenir soi-même pour qu’il  sente en lui, une nécessité de se libérer. Car il est difficile de sauver l’homme sans qu’il le veule. Dieu, pour nous sauver, il a pris notre condition, c’est-à-dire il s’est fait homme. Peut-on devenir homme sans être incorporé dans une culture donnée ? En effet, nul n’ignore que Dieu s’est inscrit dans l’histoire d’un peuple, même dans sa manière de penser et de vivre, pour le sauver. C’est dans ce contexte là que le message de l’évangile nous est parvenu.
Notons que l’évangile, avant d’être un message universel, il est d’abord une parole adressée directement à un peuple pour son salut. D’où, le véritable problème comme celui de salut, de développement, ne se pose que dans une perspective culturelle. Il faut donc souligner que l’interprétation culturelle d’une question fondamentale ne se négocie pas ; elle s’impose. Nous ne pouvons comprendre un message que s’il nous est adressé, c’est-à-dire s’il est transmis dans une langue que nous comprenons et dans un contexte culturel qui est le notre. Certes, si le message du Christ n’était pas contextualisé, il resterait un discours oiseux, sans être compris par qui que ce soit. Ne peut être compris et accueilli que ce qui est transmis dans un contexte culturel. En effet, J.MELA le dit mieux en ce terme : « Nous ne savons pas ce que nous croyons si nous ne le disons pas dans notre propre langage »[4]. Il s’ensuit que toute réalité humaine ne peut être exprimée que dans un langage aussi humain. C’est ainsi que le Christ s’est servi même du langage de son peuple pour lui expliquer la réalité d’en haut. Ainsi, toute parabole ne peut pas ne pas faire allusion à la réalité juive quand il faut lui transmettre le message. Disons par exemple que « le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ… » (Cf Mt 13,31)[5]. Si le peuple juif n’avait pas une culture du grain de sénevé, le Christ ne l’évoquerait pas dans cette parabole ; il parlerait d’une autre chose. Nous pouvons donc dire que le Christ a posé un geste de la contextualisation.


Pour conclure, l’inculturation est une exigence de l’évangélisation. Ceci dit, on ne peut pas ne pas parler de la théologie africaine puis qu’elle s’impose de soi. Il n’ya aucune raison de dire non à l’inculturation parce que la parole de Dieu est toujours et déjà située dans un contexte. En outre, le principe d’incarnation correspond même à ce geste d’inculturation. Dieu s’est contextualisé dans une situation bien déterminée en vue de sauver le genre humain. Etant Dieu, il pouvait sauver l’homme autrement qu’être inscrit dans une culture. Mais il ne l’a pas fait ; peut être pour montrer l’importance de se situer dans un contexte. Vue cela, disons donc que l’inculturation est importante comme une étape de l’évangélisation.  






[1] Cf A.NGINDU.Mushete, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012. P 7.
[2] J.NDOUM, L’INCULTURATION A TOUT PRIX ? Essai sur le christianisme post-missionnaire en Afrique noire, Limena (Italie), Imprimenda, 2005. P 5.
[3] Cf J.M.ELA, identité propre d’une théologie africaine, in C.GEFFRE (éd.), théologie et choc des cultures. Colloque de l’institut Catholique de Paris, Paris, p23-54. Cité par A.NGINDU, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012. P 8.
[4] Op.cit. p 10.
[5] Notons que c’est une version de la Bible de Jérusalem.