samedi 14 décembre 2013

LE MARIAGE CHRÉTIEN DON DE DIEU CHEMIN DE SANCTIFICATION

LE MARIAGE CHRÉTIEN
DON DE DIEU
CHEMIN DE SANCTIFICATION

  
1.     Le Mariage Chrétien est un don de Dieu

1)    Le mariage est une alliance entre Dieu et le couple
«Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne» (Jn 15,16).

2)    La pensée de Dieu dès le commencement
Ø  «Dieu dit: "Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre." Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa» (Gn 1,26-27).
Ø  «Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria: "Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair!  Celle-ci sera appelée "femme", car elle fut tirée de l'homme. C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre» (Gn 2,22-25)
Ø  «Heureux l'époux dont la femme est excellente, le nombre de ses jours sera doublé.
 Une femme parfaite est la joie de son mari, il passera dans la paix toutes les années de sa vie.
 Une femme excellente est une part de choix, attribuée à ceux qui craignent le Seigneur…
 La grâce d'une épouse fait la joie de son mari et sa science est pour lui une force» (Sira 26,1-3.13).

3)    Jésus confirme cette pensée de Dieu – Le Sacrement du Mariage
Ø  «Dès l'origine de la création Dieu les fit homme et femme. Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère,  et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.   Eh bien! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer» (Mc 10, 6-8) ; (cf Ep 5,21-33).
Ø   «Père, Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée,  pour qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité, et que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé » (Jn 17,20-23)

4)      Vivre greffés au Christ
«Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron.
Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, Il l'enlève (cf Mt 25, 31-47), et tout sarment qui porte du fruit, Il l'émonde, pour qu'il porte encore plus de fruit… (cf He 12, 4-13).
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Je suis la vigne; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit…  (cf Jn 16, 7-15 ; Gl 5,22-23 ; Is 11, 1-2).
Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l'aurez…  (cf. Jn 14, 12-14 ; Mc 11, 20-26) Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour.
Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète.
Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés.
Nul n'a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis» (Jn 15, 1-15).

5)    L’image de la Trinité
ü  «L'Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous» (Jn 14, 17).
ü  «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui» (Jn 14,23).
ü  «Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous?  Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, celui-là, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous» (1 Co 3,16-17).

2.     Le Mariage Chrétien est un chemin de sanctification

A.   La nécessité de la fréquence des  Sacrements :
1)      L’Eucharistie : Jn 6, 48-54
2)      La Réconciliation : Jn 20, 19-23

B.   La force de la Parole de Dieu
la «lectio divina», le partage de la Parole

C.   La prière en famille
le chapelet ou autre type de prière
– le jeune (la renonce) adapté aux gens

3.     Le diable veut détruire le Mariage
La Vierge Marie à Medjugorje nous demande d’être attentifs à ne pas nous laisser entrainer par lui.
La magie, la sorcellerie, toute espèce d’occultisme, pour empêcher le mariage, pour provoquer le divorce, pour empêcher d’avoir des enfants, etc.
Les malédictions,  les consécrations au démon…

4.     Le RCC une chance pour la famille
L’infusion et l’effusion de l’Esprit


vendredi 11 octobre 2013

Discernement de l'Esprit Saint

DISCERNEMENT DES ESPRITS
1 – Le don du discernement des esprits
Le discernement des esprits est le don de discerner l’origine des phénomènes charismatiques : Dieu, la nature, le Malin. Il y a trois façons de discerner :
1)      Don naturel. Rom. 1, 18-32 : «Dieu, le leur a manifesté».
2)      Vertu : Heb. 5,14 : «Les parfaits ont par habitude le sens moral exercé au discernement du bien et du mal»; Ph. 1, 9-11 : «Discerner ce qui est important»
3)      Discernement communautaire dans l’Esprit. On le fait en priant au même temps.
4)      Discernement individuel dans l’Esprit, par la prière personnelle.

5)      Charisme du discernement des esprits :

Ä    1 Cor. 12, 10 : «A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commum. […] à l’un les dons de guérisons, dans l'unique Esprit; à tel autre la puissance d'opérer des miracles; à tel autre la prophétie; à tel autre le discernement des esprits»

Ä    Act. 16, 16-18. Paul donne l’exemple du discernement des esprits : « Un jour que nous nous rendions à la prière, nous rencontrâmes une servante qui avait un esprit divinateur; elle faisait gagner beaucoup d'argent à ses maîtres en rendant des oracles. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant: "Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très-Haut; ils vous annoncent la voie du salut."Elle fit ainsi pendant bien des jours. A la fin Paul, excédé, se retourna et dit à l'esprit: "Je t'ordonne au nom de Jésus Christ de sortir de cette femme." Et l'esprit sortit à l'instant même».

2       – Quel Esprit parle ou agit dans une personne?

1)     Jn. 14, 16 : «Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, l'Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous».
2)      Jn. 14, 25-27 : «Le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.»

3)     1 Jn. 4, 1-6 : «Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chaire est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu; c'est là l'esprit de l'Antichrist. Maintenant, il est déjà dans le monde. Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. Eux, ils sont du monde; c'est pourquoi ils parlent d'après le monde et le monde les écoute. Nous, nous sommes de Dieu. Qui connaît Dieu nous écoute, qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas. C'est à quoi nous reconnaissons l'esprit de la vérité et l'esprit de l'erreur».

4)    Mt. 7, 15…20 : «Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez»

5)    Ac. 19, 18-19 : Les sorciers si convertirent : «Bon nombre de ceux qui s'étaient adonnés à la magie apportaient leurs livres et les brûlaient en présence de tous. On en estima la valeur: cela faisait 50.000 pièces d'argent».

6)    Act. 11, 27 : «Le prophète Agabus, se leva et, sous l'action de l'Esprit, se mit à annoncer qu'il y aurait une grande famine dans tout l'univers. C'est celle qui se produisit sous Claude. 
Act. 21, 10-11 : «Agabus descendit de Judée. Il vint nous trouver et, prenant la ceinture de Paul, il s'en lia les pieds et les mains en disant: "Voici ce que dit l'Esprit Saint: L'homme auquel appartient cette ceinture, les Juifs le lieront comme ceci à Jérusalem».

3       – Les gens peuvent agir et faire des miracles par le pouvoir de Satan

1)     2 Th. 2, 3…12 : «Alors l'Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l'anéantira par la manifestation de sa Venue. Sa venue à lui, l'Impie, aura été marquée, par l'influence de Satan, de toute espèce d'œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers»

2)     1 Tim. 4, 1…5 : «L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s'attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience»

3)     Dans le monde nous assistons à la lutte de l'Ennemi contre le Royaume de Dieu, et donc contre les hommes, notamment les chrétiens. «Allez loin de moi, maudits, dans le feu eternel qui a été préparé pour   le Diable et ses anges » (Mt 25, 41)

4        – Marchez selon l’Esprit :

1)                                Galates 5, 16…25: «Écoutez-moi: marchez sous l'impulsion de l'Esprit et vous n'accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s'oppose à l'Esprit, et l'Esprit à la chair; ce que produit la chair: fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d'envie, orgies, ripailles et choses semblables - et je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n'hériteront pas du Royaume de Dieu. Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi».

2)                              Rom 7, 14…25:« Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui accomplis l'action, mais le péché qui habite en moi. Je trouve donc une loi s'imposant à moi, quand je veux faire le bien; le mal seul se présente à moi».
3)                             Rom. 12, 1-2 : «Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait ».

4)                             Ep. 5, 10-11 : «Discernez ce qui plaît au Seigneur, et ne prenez aucune part aux œuvres stériles des ténèbres; dénoncez-les plutôt»
5)    1 Th. 5, 19 -22 :«N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie; mais vérifiez tout: ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal».


5 – La pratique du discernement

1)      Comment peut-on savoir si une personne est possédée par le démon ?
R). Par sa façon d’agir et de parler (voir trois types de possession diabolique)
   2) Obsessions diaboliques : Homicide, suicide, obsession sexuel, adultère systématique, vol, etc.
   3) La présence du démon dans les maisons, les objets…
   4) La présence de la sorcellerie, magie, fétiches, nkisi… Dans les maisons, les objets, les    personnes.
   5) Comment reconnaître se une maladie provient de l’occultisme ou s’elle est une maladie physique ou psychosomatique ?  R). Douleur qui se déplace ou les médecins ne trouvent rien.
  NB : Nous pouvons faire ce discernement individuellement ou, meilleur encore en communauté, en nous demandant : pourquoi cette personne si comporte ainsi ? Ce que succède dans cette famille ou dans cette maison vient d’où ?  
6 - Qui est le démon ?

1)      Nature des démons

    Des indications de l'Écriture, on déduit trois traits majeurs des esprits mauvais.
1. Les démons sont des êtres personnels: on les voit doués d'intelligence et de vouloir, capables d'une activité intentionnelle, aptes à un dialogue avec l'homme et entre eux. Ils n'apparaissent pas comme des personnifications du mal, du moins daris les stades plus avancés de la Révélation.
2. Ils se présentent comme des énergies, pensantes et oppressives, ainsi qu'en témoignent divers noms qu'on leur donne: vertus, puissances, esprits, régisseurs, principautés, trônes, seigneuries, princes, dieux. Leur être est celui d'une volonté intelligente munie d'un ardent dynamisme et visant au pouvoir; ils sont des êtres de puissance personnelle, des personnes-puissances, des « pneumata » vivants.

3. Bien qu'ils appartiennent aux « choses invisibles » (Col 1,16), les démons (comme les bons anges) entretiennent une relation intime avec notre univers.
Ils habitent les  « cieux », « l'empire de l'air », les « espaces célestes » (Ep 1, 20; 2, 2; 6, 12); à cause de leur prévarication, le diable et ses anges furent « jetés sur la terre », ils « descendirent chez la terre et la mer » (Ap 12, 9; 12, 13); Jésus les a vus  «tomber du ciel comme l'éclair» (Lc 10,18). Ces «cieux», qui ne sont pas le ciel de Dieu, environnent, touchent, mesurent et contiennent le monde matériel; ils sont la sphère cosmique. Voilà « 1'empire de Satan » (Ac 26, 18), car le diable dispose de la puissance et de la gloire de tous les royaumes de l'univers   (Lc 4,6).
Il a pouvoir sur les « éléments du monde » (Ga 4, 3), sur le cosmos auquel nous sommes intérieurs et dont nous tirons nos expériences, notre image du monde, notre conception de la vie. 
Les démons sont donc des agents dont les menées atteignent l'universalité du réel: ils influencent le monde et les hommes, en produisant des maladies physiques ou spirituelles (Lc 13, 11-16 : «une femme que Satan a liée depuis 18 ans» ; Mt 12, 22 : «Un démoniaque aveugle et muet»), en exploitant les astres pour une fausse religion (Ga 4, 8; Col 2, 10-15, 18), en intervenant dans les situations humaines, dans les cadres sociaux, dans l'histoire : 1 Th 2, 18 «Nous avons voulu venir jusqu’à vous, mais Satan nous en a empêché»; Rm 8, 35, 38; Ap 2, 10 : «Le diable va jeter les vôtres en prison pour vous tenter»; Ap. 13, 12-17 ; en s'appropriant des domaines religieux: les dieux païens, la Loi mosaïque, les hérésies chrétiennes (1 Co 10, 19; Ap 9,20; Rm 7, 12; Jn 8,44; Ap 2,9; 2 Co Il, 13-15; 1 Tm 2,26; 1 Jn 4, 1; Jc 3, 15).
Ils cachent leur présence dans des hommes, des doctrines, des éléments, des institutions. Ils ont prise sur la création où vivent et dont vivent les hommes. Aussi l'être humain est-il exposé à Satan; en sont la proie « ceux qui résistent » à Dieu (Ep 2, 2) ; 1'homme « de chair et de sang » est polarisé par cet Invisible qui à la fois le transcende et l'atteint dans sa dynamique vivante. On peut «être du diable » (1 Jn 3,8).

2)    Psychologie des démons


1.                Le péché de Satan (et de ses anges) fut une revendication d'autonomie par laquelle il se  rebellait contre Dieu « au ciel » (Ap 12, 3). Le diable « ne s'est pas maintenu dans la vérité », le mensonge religieux constitue « son propre fonds » (Jn 8, 44). S'étant mis radicalement dans son tort, il a pris en haine « le Véritable » qui avait raison contre lui. 
Tout ensemble, il veut être faussé et il s'élève contre Celui dont l'être même accuse sa  perversion inamissible. Alors, il est « furieux de dépit » (Ap 12, 17), une insatiable agression le soulève; il devient éternelle hostilité, comme il est éternel échec. Une fureur inexpiable le possède et l'emporte contre le projet de gloire du Seigneur.
Cet être raté et ce vivant détruit ne se trouve à lui-même une justification que dans l'assaut contre les merveilles d’existence qu'il rencontre dans la Création et la Rédemption. Il se fait « le destructeur » (1 Co 10, 10); son entreprise est d'altérer l'univers de Dieu et d'engloutir le salut du Christ. Le goût du néant, la passion des ténèbres et la hantise du meurtre le dévorent. « Celui qui a la puissance de la mort » (He 2, 14) fut « dès l'origine un tueur d'hommes » (Jn 8,44).

2.                Mais ce fauve a peur. « Tous les êtres épris de leur volonté propre ont au cœur même la peur de Dieu" (Schlier). Les démons « tremblent», parce qu'ils affrontent le seul Dieu auquel «eux aussi croient» (Jc 2, 19) et le Lion de Juda contre qui « les portes de l'enfer ne prévaudront point » (Mt 16, 18).
De son vivant, Jésus les jetait dans l'effroi par sa présence messianique: « Que nous veux-tu, Jésus le Nazarénien ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu » (Mc 1, 24). Ils suppliaient Jésus « de ne pas leur ordonner de partir pour l'abîme » (Lc 8, 31), et quand, sous la pression de sa parole, ils quittaient leur possédé, c'était en « poussant un grand cri » (Mc 1, 26). Comble d'ironie, leur rage est aussi absurde qu'irrépressible; en machinant la mort du Christ, ils ne s'avisent pas qu'ils s'engouffrent dans leur propre défaite: « Si les princes de ce monde avaient connu la sagesse de Dieu, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de la Gloire » (1 Co 2, 8), car la sagesse de Dieu décrétait leur mort en celle même de Jésus. Ils se sont pris au piège de la haine.
Par sa Passion et sa Résurrection, le Christ a « dépouillé les principautés et les pouvoirs, Il les a donnés en spectacle à la face du monde, en triomphant d'eux »  sur la croix (Col 2, 15). Depuis lors, ils sont « gardés dans des liens éternels au fond des ténèbres » (Jude 6; cf. 2 p 2, 4). Leur frénésie est celle des enchaînés, d'autant plus violente et amère qu'ils se sont assujettis eux-mêmes. La révolte éclairée contre Dieu et son Oint ne peut être le fait que d'âmes insensées.

3.                  Là cependant n'est pas le tout de la tragédie de Satan, ni, par conséquent, de la psychologie qui le torture. Les démons sont ahuris par la peur de Dieu et du Seigneur Jésus, mais leur effarement tient encore à ce qu'ils sont obsédés par la prévision de leur propre destin. « Le Fils de Dieu est apparu pour détruire les œuvres du diable» (Jn 3, 8) et pour « jeter bas le prince de ce monde » (Jn 12, 31); cette victoire initiale de Jésus se consommera lors de la Parousie, dans le « feu éternel préparé pour Satan et ses anges » (Mt 25, 41).
Les démons se savent « voués à la destruction » (1 Co 2, 6), «réservés pour le Jugement » (2 P 2, 4; cf. Jn 16, II). Leur crainte est donc salée de désespoir. Ils se voient avancer toujours plus vers leur perte finale, dans le Tartare; ils courent vers leur ruine assurée: « Le diable frémit de colère, sachant que ses jours sont comptés » (Ap 12, 12).
Dès la vie terrestre de Jésus, ils ont senti le sort qui les attendait: « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? » (Mt 8, 29). Ils sont traqués par la sentence déjà portée contre eux, et leur hâte de perdre le monde atteste leur précipitation vers les abîmes. À la fin des siècles, leur fureur redoublera: « Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s'en ira séduire les nations des quatre coins de la terre " (Ap 20, 7; cf. Mt 24, 23s). 

4.                Tombé du ciel et rejeté sur la terre, Satan est enchaîné au temps humain, il est rivé à « l'éon de ce monde » (Ep 2, 2) dont il est lui-même l'auteur. En s'acharnant à ligoter les hommes, il se ligote lui-même toujours davantage. Il est un déchu ici-bas, autant dominé par la course du temps mauvais qu'il le domine lui-même; il s'est assimilé à « figure de ce monde qui passe » (1 Co 7, 31) et il passe avec elle, sans pouvoir périr  dans le néant dont il éprouve le vertige.
Les anges vivent par nature en relation avec notre cosmos, et leur destinée va de pair avec celle des hommes. Autant le bon ange veut l'achèvement de l'univers chrétien et y trouve son propre accomplissement, autant le mauvais esprit a soif de la catastrophe des pervers et y rencontre sa propre calamité définitive. « Ce sera la fin, quand le Christ remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance » (1 Co 15, 24).

3)    La manière des démons


1.      Satan n'affiche pas, de coutume, son visage de forcené en panique. Du reste, il ne se montre pas, ou alors bien rarement; à la faveur de sa relation au monde, il cache sa présence dans les réalités qui constituent notre habitat et dans celles où plonge notre personnalité. « Le plus rusé de tous les animaux des champs » (Gn 3, 1) recourt à la tromperie plutôt qu'à l'attaque ouverte. Il est le  « séducteur » (Gn 3, 13; Rm 7,11; Ap 12, 9; 20, 8, 10).
Sa tendance est de revêtir le créé d'un sortilège qui envoûte la convoitise ou la crédulité humaines. Il transmue à nos yeux les merveilles d'ici-bas en fascination, il couvre l'univers et l'existence d'une qualité faussement numineuse qui les tourne en idoles ou bien en vaines menaces, il présente le donné terrestre comme un absolu, soit de félicité, soit de grandeur, soit de confusion.
Il nous grise, ou nous abat, ou nous endort. C'est la « tentation », la supercherie dont s'arme le «père du mensonge» (Jn 8, 44), qui va jusqu'à « se déguiser en ange de lumière » (2 Co 11, 14). Il nous investit d'illusions; il trame notre égarement au sein du « mystère d'iniquité » (2 Th 2, 7). Il a le génie des apparences. Et, quelle que soit sa tactique en chaque cas, il entend nous « faire périr », car la mort est son milieu et sa visée propres; tout au moins, il désire nous masquer l'Évangile, en émousser les lumières divines, et nous retenir de compter parmi les violents.
En regard des procédés fallacieux du démon, rien d'étonnant à ce que le Christ ait béatifié les cœurs « purs », nous ait demandé d’avoir un « œil sain », et ait prévenu les Apôtres qu’il leur fallait être  « simples comme les colombes ».
Et Pierre, précisément à propos du diable, nous incite à nous faire « mesurés et vigilants » (1 P 5, 8).
De son côté, Paul, ayant en vue aussi le Mauvais, donnera la même monition, en songeant, lui, aux luttes athlétiques: « Tenez-vous debout » (Ep 6, 14). Satan use de prestiges, en sachant qu'ils nous attirent; il nous encourage, comme il l'a fait pour les Sadducéens et les Pharisiens, à souhaiter « voir des signes » terrestres; et son action joue, dans notre connivence, à la façon d'un levain dans une pâte: « Méfiez-vous, dit Jésus, du levain des Pharisiens et des Sadducéens! » (Mt 16,6), « ouvrez l’œil ! ».

2.      La pire complicité en nous qui puisse nous aveugler sur l'action du diable dans le monde et dans notre vie personnelle, c'est notre penchant à le nier. Voilà peut-être le plus insidieux des « filets » de Satan, sa fumisterie suprême: se camoufler si bien qu’il passe inaperçu, voire même qu’il se confonde avec de la gloire.
Saint Pierre nous paraît bien hyperbolique dans sa mise en garde: Attention, « le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer » (1 P 5, 8). Pourtant, il est inspiré et il rejoint d'autres enseignements de l'Écriture, présentés sans image, par exemple: « Il ne faut pas donner prise au diable » (Ep 4, 27) ; « Il ne s'agit pas d'être dupes de Satan; nous n'ignorons pas ses desseins » (2 Co 2, 11);
« Le Seigneur est fidèle: il vous affermira et vous gardera du Mauvais » (2 Th 3, 3), « il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces » (1 Co 10, 13); le Dragon « s'en alla guerroyer contre ceux qui obéissent aux ordres de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17).
« Ne nous laisse pas succomber à la tentation », nous fait demander le Christ dans son Pater. Faire peu de cas de Satan, c'est contredire la Révélation et nous avérer spirituels à courtes vues. On ne peut vivre avec le Christ sans se heurter à l'Adversaire; on ne peut être chrétien sans savoir discerner les manœuvres du démon, les voix du  « monde » en son cœur, la présence en soi des « deux hommes » de saint Paul.

4)      Le chrétien face au démon

1. La croyance à Satan et à ses manœuvres est chrétienne, la hantise de Satan ne l'est pas. Le monde satanique est d'un autre ordre que les fantasmagories que l'homme peut inventer et les tremblements émotifs qu'il peut ressentir. Il relève d'une métaphysique spirituelle, d'une vision empruntée à Dieu, où l'imaginaire mythologique n'a pas de place, mais seulement la grandeur religieuse. Reconnaître Satan, c'est se hausser au niveau du Christ, apparu pour « détruire les œuvres du diable » (1 Jn 3, 8); ne pas le reconnaître, c'est réduire le péché et la convoitise autonome à une pure dimension humaine. D'autre part, à le voir partout, on encourt le risque de ne pas le reconnaître là où il se trouve effectivement.
2. Dès le début de sa carrière messianique, Jésus affronte Satan en une scène qui condense à la fois sa situation de porteur du péché et son attitude vécue de rédempteur : la tentation au désert (Mt 4, 1-11) Puis, durant sa vie publique, il apparaît comme un être tenté: « Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes tentations » (Lc 22, 28) - remarquer ici qu' on est tenté par Satan sans doute, mais aussi par ceux qui épousent ses vues) .
Et enfin sa Passion amènera le moment de sa tentation radicale, le « temps marqué » pour le retour du Tentateur auprès de lui (Lc 4, 13). Ce fait de la tentation au cœur de l'existence du Christ est doublement exemplaire: il nous assure qu'il doit en être ainsi dans notre destinée à nous et il nous révèle la juste conduite à tenir devant l'Ennemi. Les expériences du Christ récapitulent les nôtres et se destinent à les modeler.
3.      En toutes ses tentations, Jésus est mû par l'Esprit selon trois mouvements conjoints: la référence à son Père, l'anéantissement de lui-même, l'amour envers les hommes.
En contrepartie de Lucifer qui s'est révolté contre Dieu, qui s'est constitué une gloire d'orgueil et qui brûle de haine envers les humains, le Fils de l'homme a choisi le vouloir de son Père, l'humiliation de la croix et l'extrême de l'amour.
Le chrétien ne saurait envisager une autre victoire que celle-là sur Satan. Dieu l'invite à  l’obéissance de la foi, qui fait adopter la pensée du Père et donc l'enseignement de Jésus; au renoncement, qui le dépossède de ce qu'il veut retenir comme une «  proie »; à l'agapè, qui le voue au service des hommes. Toute inspiration contraire à ces démarches ne peut provenir que de Satan; mais l'amour obéissant l'emporte sur le Fort armé (cf. Lc 11, 21s).
C'est la spiritualité de la croix, avec ses trois composantes mentionnées ci-dessus, qui nous permet de repérer en nous l'influence du diable et de la repousser par la force du Christ dont le mystère rédempteur est devenu notre milieu de vie depuis notre baptême. "Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde, et telle est la victoire qui a triomphé du monde: notre foi" (1 Jn 5, 4). La foi nous insère dans la parole de Jésus à laquelle les démons obéissaient. L'Évangile demeure la lumière de notre discernement et la terreur du vaincu qui nous assaille.
« Résistez-lui, fermes dans la foi » (1 P 5, 9)
« Le renom de votre obéissance s'est répandu partout et vous faites ma joie mais je veux que vous soyez avisés pour le bien et candides pour le mal. Le Dieu de la paix écrasera bien vite Satan sous vos pieds », (Rm 16, 19s).
« Ayez toujours en main le bouclier de la foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais » (Ep 6, 16).
 « Il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons » (Mc 3, 14s).