INTRODCTION
D’emblée, Vincent
de Lérins est, par excellence, le Père de la Tradition, l’un de ceux qui ont le
plus insisté sur le fait que l’Église « catholique », c’est-à-dire
universelle, ne saurait avoir d’autre critère de Vérité que celui de la
Tradition immuable et de l’antiquité. À une époque troublée, où l’Église est
attaquée par de nombreuses hérésies, dont les plus importantes sont le
pélagianisme, le monophysisme et le nestorianisme, saint Vincent rappelle dans
son Commonitorium, daté de 434, la règle d’or de la catholicité orthodoxe,
c’est-à-dire de ne croire et de n’enseigner que « ce qui été cru partout,
toujours et par tous » (« quod ubique, quod semper, quod ab omnibus
creditus est »). Car le IVè et
le Vè siècles sont des siècles qui posent le fondement christologique,
théologique et trinitaire.
Si la Vérité
ne saurait qu’être immuable, puisqu’elle est le Christ, Qui est « le même
hier, aujourd’hui et éternellement », il ne faudrait pas croire que
Vincent de Lérins soit partisan d’une sorte de sclérose, d’immobilisme, de
rabâchage perpétuel de lieux communs. Pour lui, la Tradition est vivante, et
peut « évoluer », non dans le sens que donnent à ce mot les
catholiques romains partisans de Newman, mais dans celui d’une croissance
organique. Vincent de Lérins exprime ainsi, en très peu de mots, toute la
doctrine traditionnelle de l’Église, conservée dans l’Orthodoxie. Cette
doctrine n’est paradoxale qu’en apparence : il n’y a pas de contradiction
entre l’immutabilité de la foi transmise par les Apôtres et les promulgations
dogmatiques, qui ne sont que des « développements organiques »
apportés pour combattre les fausses doctrines. Dans le chapitre XXIX de
l’Avertissement, Vincent de Lérins file cette métaphore de la croissance
organique, mettant toutefois en garde contre les fausses évolutions,
c’est-à-dire celles qui, sous couvert de développer la doctrine chrétienne,
l’altéreraient. De même, la doctrine de la religion chrétienne doit suivre
ces lois de perfectionnement, se consolider par les années, s’étendre avec le
temps, s’élever avec l’âge, mais demeurer cependant pure et intacte, se montrer
pleine et entière dans toutes les mesures de ses parties, comme dans ses sens
et ses membres en quelque sorte, n’admettre aucun changement, ne rien perdre de
ce qui lui est propre, et ne subir aucune variation dans les points définis.
On voit donc ainsi quelle est la
conception traditionnelle du progrès dogmatique, celle d’une précision
croissante de la formulation de la doctrine chrétienne, afin de répondre aux
hérésies, mais sans jamais contredire le consensus patrorum.
O.
L’HOMME ET SON
OUVRAGE[1]
Né à Toul, Vincent est issu d'une famille
illustre des Gaules, il exerce
d'abord le métier des armes puis se retire au monastère
de Lérins, sur une île en face de Cannes.
C'est le frère de Loup de Troyes.
Il rédige en 434 un Commonitorium où il énonce les critères qui permettent de savoir si une doctrine est orthodoxe ou hérétique. Les critères remarquablement présentés par saint Vincent sont justement ceux que l'Église orthodoxe continue à appliquer aujourd'hui. Vincent de Lérins est mort avant 450 (448 supposé).
Il rédige en 434 un Commonitorium où il énonce les critères qui permettent de savoir si une doctrine est orthodoxe ou hérétique. Les critères remarquablement présentés par saint Vincent sont justement ceux que l'Église orthodoxe continue à appliquer aujourd'hui. Vincent de Lérins est mort avant 450 (448 supposé).
Vincent est
le premier à définir les Pères de l'Église comme « ceux qui, vivant,
enseignant, et demeurant dans la foi et la communion avec sainteté, sagesse et
constance, ont mérité, soit de mourir dans le Christ en fidèles confesseurs de
la foi, soit d'être mis à mort pour le Christ en bienheureux». Il situe
l’Écriture dans la Tradition vivante de l’Église, alors que l’Écriture était
manipulée en tous sens par les hérétiques, en admettant cependant un
« progrès du Dogme », ou « progrès dans le Dogme », mais
dans l'expression et non dans l'objet. Sa pensée est claire et ferme: il
définit selon les termes du Concile d’Éphèse 431 « le Christ unique en
deux natures », et il justifie la maternité divine de Marie, la Théotokos.
« Dès
lors, que personne n'essaye de dérober à la Vierge Marie le privilège de la
grâce divine et sa gloire spéciale ; par un particulier bienfait du
Seigneur, notre Dieu et son fils, on doit la proclamer en toute vérité et pour
son plus grand bonheur Mère de Dieu ; Mère de Dieu, non pas dans le sens
où l'entend une erreur impie qui prétend que ce nom n'est qu'un simple titre,
dû à ce qu'elle a engendré un homme qui est devenu Dieu depuis lors. Mais en ce
sens que déjà dans son sein sacré ce mystère sacro-saint s'est accompli; en
raison de cette unité particulière et unique de la personne, le Verbe est chair
dans la chair, et l'homme est Dieu en Dieu »[2].
Il est reconnu saint par les Eglises Catholiques et Orthodoxes qui le
fêtent le 24 mai.
Le Commonitorium ou Aide-mémoire
fut écrit par saint Vincent de Lérins sous le
pseudonyme de Peregrinus, peut-être trois années avant le Concile d’Éphèse (431).
Vincent en définit ainsi l'objectif :
"Ici commence le traité de Peregrinus pour
l'antiquité et l'universalité de la foi catholique (comprendre catholique dans
le sens "exacte", ne pas confondre avec Eglise Catholique) contre les
nouveautés profanes de toutes les hérésies."
Vincent met en exergue trois critères : l’universalité, l’antiquité et
l’unanimité :
« Quod
ubique, quod semper, quod ab omnibus »
« Tenir
pour vérité de foi ce qui a été cru partout, toujours et par tous ».
Pour contrebalancer ce qu’ont de rigide ces trois repères, Vincent ajoute
qu’il existe un progrès dans les sciences théologiques, mais toujours
« selon leur nature particulière, c’est-à-dire dans le même dogme, dans le
même sens, et dans la même pensée. »
Disons que le Commonitorium est encore utilisé de nos jours par l’Eglise
Orthodoxe.
I.
LA PREFACE
D’entrée de
jeu, Vincent annonce ce qu’il va entreprendre c’est-à-dire transcrire ce qui a
été transmis par ses ancêtres et déposé auprès d’eux, avec la fidélité d’un
simple rapporteur plutôt qu’avec l’initiative d’un auteur, tout respectant la
règle qui dit : ne pas exposé tout, amis l’essentiel, de façon que la
plupart des points semblent indiqués que développés. IL le stipule lorsqu’il
dit : « quant à moi, afin de
suppléer à mes souvenirs ou plutôt à mes oublis, il me suffira d’avoir rédigé
pour moi-même ce Commonitorium, que je
m’efforcerai toutefois, en méditant à nouveau sur ce que je sais, de corriger
et de compléter peu à peu chaque jour, avec l’aide de Dieu »[3].
Disons que s’il fait cet
avertissement, c’est pour que, au cas où l’ouvrage viendrait à lui échapper et
à tomber être les mains de quelques saints personnages, ils ne se hâtent point
trop d’y blâmer certains passages qu’ils verraient encore possible de rectifier
par la correction qu’il avait promise.
Au
deuxième paragraphe, Vincent cherche comment distinguer la vérité de l’erreur.
Il l’exprime ainsi : « souvent
donc, quand j’enquêtais avec beaucoup d’application et la plus grande
attention, auprès de nombreux personnages éminents par leur sainteté et leur
savoir, comment je pourrais savoir une
méthode sûre, générale pour ainsi dire et constante, discerner la vérité de la
foi catholique d’avec les mensonges de la perversité hérétique, etc. »[4].
On le voit, pour parvenir à cette distinction entre la vérité et l’erreur, l’auteur
s’appuie sur certains personnages de haute culture et de vie exemplaire. Il
s’ensuit que s’il la réponse qu’il obtient est que s’il veut prendre sur le
fait les sophismes des hérétiques et éviter de tomber dans leurs pièges, et
demeurer ainsi dans la foi catholique, il faut avec l’aide de Dieu, entourer
cette foi d’un double rempart : d’abord l’autorité de la loi divine et la
tradition de l’Eglise Catholique. En outre, il dit que s’il faut joindre au
canon des Ecritures l’autorité de l’interprétation de l’Eglise, c’est parce que
l’Ecriture sacrée, en raison simplement de sa profondeur, tous ne l’entendent
pas de même manière, en ce sens que les mêmes énoncés sont interprétés de façon
différente par l’un ou l’autre. Raison pour laquelle il est nécessaire de faire
appel à la règle du sens ecclésiastique, en face d’un si grand nombre de replis
d’une erreur aux formes diverses. Il propose finalement qu’il faut suivre
l’universalité, si nous confessons comme uniquement vraie, la foi que confesse
l’Eglise entière répandue par tout l’univers ; l’antiquité si nous ne nous
écartons des sentiments partagés par nos saints aïeux et nos pères, le
consentement, si dans cette antiquité, nous adoptons les définitions et
doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques.
II.
APPLICATION
PRATIQUE DU CRITERE
La question qui mérite d’être posée
ici est celle de savoir ce que le chrétien catholique doit faire lorsque
quelque parcelle de l’église vient à se détacher de la communion de la foi
universelle ; Quel parti prendre, et aussi que faire si quelque contagion
nouvelle s’efforce d’empoisonner non seulement une partie de l’Eglise, mais
l’Eglise tout entière à la fois ? Dans ce cas aussi, il faut faire appel à
l’antiquité qui ne peut être séduite par n’importe quelle nouveauté mensongère,
quelle qu’elle soit. Et si là on rencontre une erreur qui soit celle de deux ou
trois, ou même de toute la province, on va préférer à la témérité ou à l
l’ignorance d’un petit nombre, les décrets si et seulement s’ils existent d’un
concile universel tenu anciennement de façon universelle.
Mais, afin que nos affirmations
soient plus claires, ajoute Vincent, il faut les illustrer successivement par
des exemples tels que : le donatisme et l’arianisme. Au temps de Donat par
exemple de qui viennent les Donatistes, alors qu’une grande partie de l’Afrique se précipitait
dans les déchainements de son erreur et oublieuse de son nom, de sa profession
de foi, faisait passer la témérité sacrilège d’un seul homme avant l’Eglise du
Christ. Et lorsque l’arianisme eut infecté non plus une faible partie, mais la
presque totalité de l’univers, si bien que tous les évêques de la langue latine
ses ont laissés séduire, les uns par la violence, les autres par la ruse, et
qu’une sorte de nuage avait caché aux esprits la véritable route à suivre,
alors qu’il y avait de vrais disciples et de vrais adorateurs du Christ,
préférant la foi antique à une nouvelle hérésie, ne furent pas tâchés par la contagion
du fléau. Avec ce nouveau dogme, beaucoup de choses ont été bouleversées pas
seulement de petites choses, mais aussi de
très grandes telles que les alliances, l’amitié, bref l’empire tout
entier furent agités et ébranlés jusque dans leurs fondements.
Enfin, en s’attachant aux décrets et
définitions de tous les évêques de la sainte Eglise, héritiers de la vérité
apostolique et catholique, ils aimèrent mieux se livrer eux-mêmes que de trahir
la foi de l’antique universalité. C’est à ce prix qu’ils ont mérité un tel
degré de gloire et qu’on les considère, non seulement comme des confesseurs,
mais comme les princes des confesseurs. Ces bienheureux sont un grand exemple
et qui doit être repris par tous les vrais catholiques dans une infatigable
méditation, car ils sont comme le chandelier à sept branches, et ils ont révélé
à la postérité le principe très lumineux grâce auquel, plus tard, dans les
vains propos des erreurs, l’audace d’une nouveauté profane serait laminée par
l’autorité de la sainte antiquité.
VII.
TACTIQUES DES HERETIQUES
Ici, Vincent nous montre comment
Paul a dénoncé tous ces hérétiques à l’avance. Il dit : « de fait, tout le monde sait avec quelle
sévérité, avec quelle force, le bienheureux apôtre Paul s’emporte contre
certains hommes qui, avec une étrange légèreté, s’étaient écartés trop vite de
celui qui les avait appelés à la grâce du Christ, pour passer à un autre
Evangile, quoiqu’il n’y en ait point d’autre… attirant la condamnation parce qu’ils avaient rendu vaine leur première
fois»[5].
Raison pour laquelle il est dit de ces hommes qu’ils ne feront pas d’autres
progrès, car leur folie sera connue de tout le monde, comme celle de ces hommes
le fut aussi.
C’est ainsi que commentant l’épitre
aux Galates, et voyant comment les Galates s’étaient détournés de l’Evangile
qui leur avait été annoncé par Paul, il leur dit que si quelqu’un même un ange
du ciel venait à tenter de modifier la foi transmise une fois pour toutes,
qu’il soit anathème ! C’est-à-dire séparé, rejeté du troupeau, exclu, afin
que la brebis n’infecte pas, par un mélange de son poison, l’innocent troupeau
du Christ.
IX. PORTEE
UNIVERSELLE ET PERMANENTE DES PRECEPTES DE SAINT PAUL
Comme son titre l’indique si bien,
ces prescriptions ne s’adressent pas seulement aux seuls galates, mais à tous
également. Et si tel le cas, il en résulte que les dispositions doctrinales
tout comme les préceptes purement moraux, doivent être adoptés par tous les
hommes, et, de même qu’il n’est permis à personne de provoquer ou de jalouser
autrui, de même qu’il ne soit permis à personne de recevoir un autre Evangile
que celui enseigné en tous lieux par l’Eglise Catholique. En ce sens, ces
préceptes doivent être observés à tous les âges ainsi les lois qui ont
été établies pour que rien ne soit changé
à la foi, s’imposent également à tous les âges. Ainsi, prêcher aux
chrétiens catholiques une autre doctrine que celle qu’ils ont reçue n’a donc
jamais été permis, n’est permis nulle part, et anathématiser ceux qui annoncent
autre chose que la doctrine reçue. L’on
se demande ainsi si dans ces conditions, est-il quelqu’un d’assez audacieux
pour prêcher autre que ce qui a été prêché dans l’Eglise, ou d’assez léger pour
accepter autre chose que ce qu’il est accepté de l’Eglise ?
Au-delà de tout, la question qui se
pose est celle de savoir pourquoi Dieu permet-il l’hérésie dans l’Eglise ?
Pour répondre à cette controverse, il vaut mieux recourir à l’autorité de la
loi divine et à l’enseignement du magistère de l‘Eglise. Disons simplement à la
suite de Moïse que si Dieu permet l’hérésie, c’est pour nous tenter, pour si
nous l’aimons ou non, de tout notre cœur, de toute notre âme. Vincent appuie
donc les affirmations du vénérable Moïse par des exemples ecclésiastiques des
faits récents et connus tels que Nestorius, Apollinaire qui causa des troubles
et angoisses dans les cœurs de ses chrétiens qui ne savaient que choisir ente
l’autorité de l’Eglise et ce qu’il enseignait ; et Photin qui causa le scandale en Pannonie, selon la
tradition dans l’Eglise de Sermium.
XII. DIGRESSION
SUR L’HERESIE DE NESTORIUS, APOLLINAIRE ET PHOTIN
Il
n’est pas question de combattre les hérésies particulières nous dit Vincent,
mais de présenter quelques exemples pour montrer de façon claire et évidente ce
qu’ a dit Moïse au sujet du mauvais prophète ou visionnaire. Il expose ainsi en
manière de digression, les opinions des hérétiques dont il a été question plus
haut, c’est-à-dire Photin, Nestorius et Apollinaire.
Pour Photin, Dieu est unique et
solitaire et qu’il le confesser à la manière des Juifs ; il nie donc la
plénitude de la Trinité, et pense qu’il n’y a ni personne du verbe ni personne
du saint esprit. Quant au Christ, il pense qu’il n’était qu’un homme purement
et simplement, à qui il attribue un commencement tiré de Marie, et soutien
enfin qu’il faut adorer seulement la personne de Dieu le Père et le Christ,
homme.
Apollinaire quant à lui, targue à
peu près d’être d’accord avec nous sur l’unité de la trinité quoique sur ce
point sa foi ne soit irréprochable, mais en ce qui concerne l’Incarnation du
Seigneur, il blasphème ouvertement, disant que dans la chair de notre Sauveur,
ou bien il n’y eut point du tout d’âme humaine, ou que, du moins, elle était
telle que ne s’y trouvait ni l’intelligence ni la raison d’un homme ; et
que la chair même de notre Seigneur n’avait pas été tirée de la vierge Marie,
mais était descendue du ciel.
Et Nestorius pour sa part, pris
d’une maladie tout opposée à celle d’Apollinaire, feint de distinguer dans le
Christ deux substances, et, soudain, il y introduit deux personnes, et par un
crime inouï, il veut qu’il y ait deux fils de Dieu, deux Christ l’un Dieu et
l’autre homme, l’un né du Père et l’autre de la mère. Il soutient enfin que la
Vierge Marie ne doit pas être appelée mère de Dieu, mais mère du Christ,
puisque ce n’est pas le Christ-Dieu, mais le Christ-Homme qui est n é
d’elle.
XIII. LA
VRAIE DOCTRINE CATHOLIQUE SUR LA PRSONNE DE LA TRINITE ET LA PERSINNE DU CHRIST
En
réponse à tous ces « chiens enragés » qui aboient contre la foi
catholique, qui possède sur Dieu et notre Sauveur la vraie doctrine, ne
blasphème ni contre le mystère de la Trinité ni contre l’Incarnation du Christ.
Elle vénère une divinité unique dans la plénitude de la Trinité, et l’égalité
de la Trinité dans une seule et même majesté, et elle confesse un seul
Jésus-Christ, non deux, tout à la fois Dieu et homme ; elle croit qu’il y
a en lui une seule personne, mais deux substances ; deux substances, mais
une seule personne. Et en Dieu, il y a une seule substance, mais trois
personnes, dans le Christ, deux substances, mais une seule personne ; dans
la Trinité, il y a des personnes différentes, et non des substances
différentes ; dans le Sauveur, il y a des substances différentes, non des
personnes différentes. Par rapport à la Trinité, Vincent dit que autre est la
personne du Père, autre est la personne du Christ, autre la personne du Saint
Esprit ; et pourtant le Père, le Fils et le Saint Esprit pas trois natures
différentes, mais une seule et même nature.
Ainsi donc, Dieu s’est fait homme en
prenant la nature humaine parfaite en soi, il a été chair lui-même, homme
lui-même et personne non simulée, mais véritable, non imitée, mais
substantielle ; personne qui ne point cesser d’être, une fois la pièce
jouée, mais qui devait demeurer intégralement dans sa substance. Et l’unité de la personne du Christ, ce n’est pas
au moment de l’enfantement de la Vierge, mais dès la conception virginale
qu’elle s’est réalisée et achevée.
Dès lors, que personne n’essaie de
dérober à la vierge Marie le privilège de la grâce divine et sa gloire
spéciale. On doit la proclamer mère de Dieu, non pas dans le sens où l’entend
une erreur impie, mais parce que c’est déjà en son sein sacré que ce mystère
très saint s’est accompli, vu qu’en raison de cette unité spéciale, unique, de
la personne, de même que le Verbe est chair dans la chair, de même que l’homme
est Dieu en Dieu.
CONCLUSION
Somme toute, nous disons que cette
œuvre mérite bien sa place, car elle est une sorte de réponse à une période des
eaux troubles où l’Eglise est attaquée par de nombreuses hérésies, notamment le
pélagianisme, l’arianisme et le nestorianisme pour ne citer que ceux là. Et
saint Vincent de Lérins nous invite donc à ne croire et de n’enseigner que ce
qui a été cru partout toujours et par tous. Et le Commonitorium, véritable
discours de la méthode, donne les règles fondamentales qui permettent de
discerner l’erreur de la foi catholique ; cela vaut pour tous les âges,
même jusqu’à nos jours.