mardi 6 mars 2012



Analyser Cyprien, Lettre 69

I.  Situation de Cyprien et sa lettre 69.
           
              Nous sommes au III° siècle avec Cyprien de Carthage. Né vers 210 d’une famille de l’aristocratie carthaginoise, Cyprien fait une très bonne étude et devient un brillant rhéteur. C’est un païen qui menait une vie désordonnée et dissolue comme ses contemporains. Grâce à l’influence de son ami Caecilianus, il se convertit au christianisme et reçoit le baptême vers 245/246. Cyprien renonce à la vie aristocratique et à la culture profane. Il n’y a plus pour lui désormais qu’une seule vérité : la Parole de Dieu ; qu’une seule autorité : l’Ecriture sainte ; qu’une seule sagesse : celle de Jésus Christ. Il est ordonné prêtre puis à la mort du primat de Carthage Donatus en 248, Cyprien malgré lui, est  élu par le peuple pour le remplacer. Cependant un parti d’opposition de cinq prêtres se dresse contre lui et ne cessera de le combattre. Cyprien passe l’exécution de son programme de réforme institutionnelle et ecclésiastique : ramener la communauté chrétienne à son identité et le clergé à sa mission spécifique.  A ce renouveau spirituel et disciplinaire à peine commencé, connaît un retentissement à travers toute l’Afrique. Collègues et Eglises voisines se mettent à le consulter sur des questions de discipline ecclésiastique. La valeur du baptême conféré par les hérétiques fut aussi une pomme de discorde entre l’évêque de Rome et Cyprien de Carthage.
         Faut-il, oui ou non, rebaptiser les hérétiques et les schismatiques pour leur réadmission ? Telle fut la question autour de laquelle va s’articuler la Lettre 69 de Cyprien à son fils Magnus. Connaitre  mieux Cyprien et son ouvrage, nous permet de comprendre la contribution que son œuvre apporte dans l’histoire du christianisme. La Lettre 69 de Cyprien est due à une circonstance particulière et sert à une fin pratique. Cette Lettre est écrite sous le pontificat d’Etienne Ier (254-257) traitant de la controverse baptismale. Homme d’action, Cyprien se souciait plus de diriger les âmes plutôt que des spéculations théologiques. Sa Théologie exerce une influence profonde sur la législation ecclésiastique. Son enseignement sur la nature de l’Eglise forme le centre de sa pensée théologique. A propos du baptême, Cyprien affirme qu’il faut rebaptiser les hérétiques, parce que leur premier baptême était invalide.  Face à cette demande de son fils Magnus, Cyprien essayera d’exprimer sa foi et sa conviction sur quelle ligne de conduite va s’inscrire l’affrontement entre les mœurs chrétiennes et les hérétiques ou schismatiques. Comme Pasteur, Cyprien sera le moraliste qui dégage les exigences chrétiennes. Il multiplie les avertissements pour ceux qui sont contre l’Eglise fondée sur les Apôtres.


II/ Les thèmes principaux

Ø  Le baptême : Pour Cyprien le baptême est valide s’il est administré et sanctifié dans l’Eglise Catholique, vrai et unique baptême de l’Eglise.
Ø  La foi : Pour Cyprien, les hérétiques et les schismatiques doivent revenir à l’Eglise du Christ.
Ø  L’Eglise Catholique : Pour Cyprien, l’Eglise seule a l’eau vivifiante et le pouvoir de baptiser et de purifier.
Ø  Grace divine et Salut : Pour Cyprien, quand il s’agit des sacrements du salut, Dieu se montre indulgent, et tout est conféré aux croyants dans des raccourcis divins.     



III / Commentaire du thème important de Cyprien dans sa lettre 69.
      
                  Dans l’exposé de Cyprien, nous constatons que la doctrine baptismale est le pivot de sa réflexion. En effet, le problème de la validité du baptême des hérétiques et des schismatiques est une des questions doctrinales que Cyprien va développer.  Cyprien confirme que les hérétiques et les schismatiques ne possèdent pas le baptême et qu’ils n’ont pas le droit de baptiser lorsqu’ ils désirent revenir à l’Eglise Catholique. Pour lui le problème de la validité du baptême est source du salut à l’intérieur de l’Eglise. Cyprien accuse les Novatiens d’être séparés de l’Eglise catholique et les successeurs des Apôtres, la véritable Eglise catholique. Pour Cyprien, la véritable Eglise est celle qui est restée en communion avec la tradition des Apôtres. Cette Eglise qui rassemble toute la famille, symbolisant l’union de l’Eglise. Pour Cyprien « l’arche de Noé était la figure d’une Eglise unique »  et les hérétiques et les schismatiques sont les « antichrists » dont parle Saint Jean. D’où le baptême des hérétiques n’est pas valide. Car, pour Cyprien, en dehors de la vraie foi, en dehors de la  vraie Eglise, le baptême  ne peut pas exister. Le baptême ne peut exister qu’à l’intérieur de l’Eglise. C’est de cette optique qu’il affirme que « hors de l’Eglise  point de salut ». Cyprien, tout en niant la validité du baptême des hérétiques, n’a pas rejeté le sacrement administré par un catholique pécheur.
              Pour ce qui concerne la grâce divine, Cyprien a conscient que personne n’a de jugement tout fait à recevoir de son humble et modeste autorité. Pour Cyprien, quand il s’agit des sacrements du salut, Dieu se montre indulgent, et tout est conféré aux croyants dans des raccourcis divins. Par conséquent, Cyprien est d’avis que quiconque dans l’Eglise a reçu la grâce en vertu de la foi, doit être considéré comme authentiquement chrétien.



IV /  Appréciation personnelle.
    
                 Cyprien a le mérite de sauvergarder l’unité de l’Eglise en défendant la validité du baptême à l’intérieur même de l’Eglise et en mettant à garde toute sorte de doctrine contraire à l’enseignement de l’Eglise catholique. Toutefois, le fait de rebaptiser les hérétiques et les schismatiques que prône Cyprien, semble nier la valeur du sacrement administré au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit comme le pense Saint Augustin en déclarant que « Tout baptême conféré au nom de la Trinité est valide, indépendamment de la foi du ministre du catéchumène ». Nous ne nions pas le rapport  étroit qui existe entre le baptême –la foi et l’Eglise comme le pense Cyprien. Nous trouvons en Cyprien, un Pasteur humble qui ne s’impose pas mais  qui  propose et se propose.
      Aujourd’hui avec le développement de l’œcuménisme  qui a commencé avec le concile Vatican II, nous sommes ouverts au baptême administré par nos églises sœurs séparés. D’où l’Eglise catholique reconnait ces baptêmes comme valide et cherche des moyens pour d’unité des chrétiens.


Conclusion
       Eu égard à tout ce qui précède, et surtout dans ses lettres en particulières, nous voyons Cyprien comme un Pasteur incontournable de son époque par ses qualités qui font de lui un administrateur pointu, clairvoyant et ferme dans sa foi. Par là, il a marqué la législation de l’Eglise latine.