mardi 1 janvier 2013

L’IDENTITE DE LA COMMUNAUTE CHRETIENNE DANS APOLOGETIQUE 45-50 DE TERTULLIEN


INTRODUCTION
            Lorsque nous jetons un regard rétrospectif sur l’histoire de l’Eglise au mieux sur celle du Christianisme, nous nous rendons bien compte que cette religion nouvelle a traversé au cours de son histoire des moments sombres durant lesquels les chrétiens au nom de leur foi, et du simple fait de porter ce nom de « chrétien », étaient persécutés sous la domination romaine, et n’avaient pas la liberté d’expression, c’est-à-dire qu’ils ne devraient pas s’exprimer en public, ni la liberté de culte. C’est ce qu’on a appelé la période des persécutions ; celles-ci avaient plusieurs formes selon les périodes, les empereurs, la classe chrétienne visée. C’est ainsi que sous Septime Sévère et Antonin Caracalla, l’Eglise fut violemment persécutée. Ces persécutions avaient comme origines : l’hostilité de la masse populaire qui manifestait de l’antipathie envers les chrétiens en les identifiant aux juifs, et répandait à leur endroit des calomnies, d’une pat. C’est dans cet ordre d’idées que Jacques Leclercq présente cette hostilité en ces termes : « les persécutions trouvent leur origine dans une hostilité populaire qui se soulève contre le Christianisme…De quoi vient cette antipathie ? De ce que les chrétiens ne vivent pas comme tout le monde,… Ajoutons à cela que, probablement plus d’un chrétien dans l’enthousiasme de la foi, laisse s’extérioriser le mépris qu’il éprouve pour les rites païens et pour la vie païenne,… Les chrétiens soulèvent donc l’antipathie du public ».[1] Et d’autre part, ces persécutions viennent de l’hostilité des empereurs pour des raisons politiques dont l’objectif était de supprimer le christianisme, car les chrétiens se prévalaient d’une religion qui les dérangeait. C’est donc dans ce cadre que s’inscrit l’œuvre de Tertullien « Apologétique » sur laquelle porte notre analyse. Mais nous ne saurons analyser ce texte sans pour autant dire quelque chose sur ce qu’on entend par « apologétique ».
En effet, le concept apologétique peut être considéré comme une partie de la théologie qui se consacre à justifier la foi et à la défendre contre les attaques dont elle est l’objet. Le mot vient du grec (apologestai) et signifie se justifier ou justifier pour l’autre. Ainsi, les chrétiens sont-ils invités à se justifier de ce qu’ils sont censés connaître. Cependant, les non-croyants doivent être convaincus de ce qu’ils ne connaissent  pas. Dès lors, l’apologétique chrétienne au sens classique du terme est l’exposé théorique et méthodique des raisons de croire au christianisme. De ce fait, son objet propre n’est pas de décrire les cheminements divers des âmes en marche vers la foi, mais de dire les raisons de croire. Dans ce sens, elle doit être de l’avis d’Henri BOUILLARD : « les exposer sous forme des théories générales passant en revue sous un ordre méthodique toutes les questions essentielles, et donnant à ce développement une portée aussi universelle que possible »[2].
L’on pourrait alors se demander qui est Tertullien et dans quel environnement théologique a-t-il écrit cette apologétique ? Ensuite, quels sont les thèmes dégagés ? Par ailleurs, nous essaierons de commenter le thème le plus important, enfin, nous montrerons la pertinence de l’œuvre de Tertullien. Telle est l’architecture de notre travail.

1.      L’AUTEUR ET SON OUVRAGE
« La vie de Tertullien nous est mal connue, et presqu’exclusivement par ses ouvrages, qui en jalonnent les principales étapes. De son vrai nom Quintus Septimius Florens Tertullianus avait dû naître à Carthage aux environs de l’an 160  après J.-C »[3]. Fils d'un centurion proconsulaire, c'est-à-dire que son père commandait la garde militaire du gouverneur d'Afrique. Les écoles de Carthage étaient alors florissantes et Tertullien y reçut une forte éducation littéraire. Il étudia à fond les poètes grecs et latins, les philosophes et les historiens. Il s'adonna particulièrement au droit romain et devint peut-être avocat ou rhéteur. On a supposé que les fragments empruntés par le Digeste à un jurisconsulte nommé Tertullianus sont de lui, mais on n'a pu le prouver. Si saint Jérôme et saint Vincent de Lérins, qui étaient mieux placés que nous pour en juger, parce qu'ils avaient sous les yeux toute la littérature antique, ne vantaient pas son érudition immense, il nous suffirait de lire ses ouvrages pour la constater. Tertullien resta païen jusqu'à l'âge mûr et il avoue que sa jeunesse ne fut pas exempte de désordres. Païen passionné, il se moquait du christianisme, dont les adeptes s'étaient rapidement multipliés en Afrique. Après avoir ri des chrétiens qu'il voyait livrés au supplice, il fut frappé de leur héroïque constance; il comprit que plus on les persécutait, plus leur nombre augmentait: Semen est sanguis christianorum! , disait-il .Et quand il se mit à regarder de plus près la religion nouvelle, il y trouva une conception de la vie, qui dut séduire son âme noble et généreuse : « J'étais aveugle, dira-t-il plus tard, sans la lumière de Dieu, n'ayant pour guide que la nature ».[4]
Il se convertit quelques années avant l'an 197, car l'Apologétique, qui vit le jour cette année-là, n'est pas l'œuvre d'un nouveau converti.  Et cette conversion fut complète et profonde. Sa parole éloquente dut le faire remarquer tout de suite dans la communauté de Carthage; il fut élu prêtre et il remplit ses fonctions jusque vers le milieu de sa vie, dit saint Jérôme. Son élection eut lieu vers l'an 200; car, en 197, dans sa lettre Aux Martyrs  et dans ses deux Apologies, il parle encore en simple fidèle. Sa renommée fut grande dans toutes les églises jusqu'à l'an 210, dit encore saint Jérôme. En effet, il mit son talent d'écrivain au service de la foi, qu'il défendit contre tous ses ennemis, les païens, les hérétiques et les juifs. Avec une grande audace, il lança deux brochures contre les païens (197), l'une adressée au public (Ad nationes), l'autre aux gouverneurs des provinces (Apologeticum). On ne sait comment il échappa aux persécuteurs. En même temps, le prêtre de Carthage écrivait une série de traités pour l'instruction des fidèles. Au fur et mesure que les années passent, on voit Tertullien se désaffectionner davantage de l’Eglise Catholique. C’est ainsi qu’après avoir pris sa défense contre les juifs, les païens et les hérétiques, il se tourna contre elle, parce qu'il la trouvait trop indulgente, trop conciliatrice. Il était de ceux qui vont toujours jusqu'au bout de leurs idées. La rupture devint définitive en 213,  et désormais aucun de ses nombreux écrits  n'est exempt d'erreurs. Le dernier de ses ouvrages paraît avoir été le De Poenitentia, écrit pour railler l'indulgence du pape Calliste (217-222) dans son édit sur la pénitence. Saint Augustin rapporte que Tertullien finit par se brouiller avec les montanistes et qu'il fonda la secte des tertullianistes. Il va disparaître de façon brusque de l’histoire vers les années 217, et ne va mourir que vers 240 ou 250.
            Quant à ce qui est de l’époque, de l’environnement théologique et de la raison de la composition, nous pouvons dire que cet ouvrage se situe à l’époque où les chrétiens sont persécutés du simple fait qu’ils portent ce nom de « chrétien », et parce qu’ils forment bandes à part, c’étaient des non-conformistes, ils refusaient de s’associer aux cultes officiels, ce qui les obligeait à être plus ou moins à la marge de la vie collective. Mais aussi faudra-t-il souligner que Tertullien prend la plume, parce qu’on ne permet pas aux chrétiens de parler en public pour se défendre, et il montre ensuite l’iniquité du traitement dont les chrétiens sont l’objet devant le tribunal du gouverneur en disant que :
- il est inique de condamner une cause sans l’instruire, de haïr ce qu’on ignore, ce qu’on veut ignorer.
-il est à la fois inique et absurde de poursuivre le seul nom de « chrétien », sans dire et sans rechercher ce que ce nom contient de criminel.


2. ATTITUDE EN FACE DE LA PHILOSOPHIE
            De deux thèmes contenus dans ce texte soumis à notre analyse : le christianisme et la philosophie, et la résurrection des corps et la vie future, nous avons jugé bon d’aborder le premier, c’est-à-dire le rapport entre le christianisme et la philosophie. Au fait dans ce rapport, Tertullien montre que le christianisme n’est pas une philosophie parmi tant d’autres, mais que c’est une affaire divine. Il le montre clairement lorsqu’il stipule que : «vous, au contraire, c’est une autorité humaine qui vous a enseigné l’innocence, c’est une puissance humaine qui vous l’a imposée ; voilà pourquoi votre discipline n’est ni complète ni capable d’inspirer autant de crainte en ce qui concerne la véritable innocence. Les lumières de l’homme pour enseigner le bien ne valent pas plus que son autorité pour l’exiger : il est aussi facile de tromper l’une que de braver l’autre ».[5] Et quand il faut  comparer la doctrine des chrétiens à celle des philosophes, l’on se rend bien compte d’une part que les philosophes sont traités autrement que les chrétiens, car dit-il : « pourquoi donc, si l’on compare aux philosophes au point de vue de la doctrine, pourquoi ne nous met-on pas sur le même pied qu’eux au point de la liberté et de l’impunité de la doctrine ? Ou bien encore, pourquoi les philosophes, étant semblables à nous, ne sont-ils pas forcés de remplir ces devoirs auxquels nous ne pouvons nous soustraire sans danger pour la vie ?»[6]. Dans le même ordre d’idée, ajoute-t-il encore que : «  et, en effet, qui force un philosophe à sacrifier, ou à jurer ou à mettre devant sa maison, en plein midi, des lampes inutiles ? Loin de là, ils démolissent vos dieux publiquement, ils attaquent aussi les superstitions publiques dans leurs écrits, et vous les louez ! La plupart même aboient contre les princes, et vous les approuvez, vous les récompensez, bien loin de les condamner aux bêtes… »[7]. Nous voyons bien là jusqu’à quel niveau tous ces païens, hérétiques et gouverneurs étaient injuste ; raison pour laquelle Tertullien fustige cette injustice qu’il y a entre les chrétiens et les philosophes, qui eux aussi enseignent et professent les vertus, critiquent parfois les princes et même en branle leurs divinités, mais ne sont nullement condamner ni ne subissent les persécutions parce qu’ils portent le surnom de « philosophes » et celui de « chrétiens ».
            Par ailleurs, Tertullien fait voir que seuls les chrétiens et jusqu’au moindre d’entre eux connaissent la vérité, car dit-il : « Dieu, le dernier des artisans chrétiens le connaît, le fait connaître aux autres, et, par sa vie même, il affirme tout ce qui, pour les philosophes, n’est qu’un objet de recherches sur Dieu. Libre à Platon de déclarer qu’il n’est pas facile de connaître l’architecte de l’univers… »[8]. C’est cette vérité finalement qui devient une menace pour les autres et qui les pousse à développer de la haine contre les chrétiens. Aussi montre-t-il que les vérités connues par les philosophes et des païens ont été puisées dans l’écriture, qui leur est antérieure, allusion faite à Moise et qu’ils ont souvent défigurée. De la même manière, les hérétiques ont défiguré le Nouveau Testament en mêlant à la vérité les théories des philosophes. Mais qu’en est-il de la pertinence de cette œuvre de Tertullien considérée comme une défense des chrétiens ?
3. ATTACHEMENT A LA FOI ET AUX VALEURS CHRETIENNES
            Il s’agira pour nous dans ce point de mettre en exergue certaines valeurs chrétiennes auxquelles Tertullien invite les chrétiens à un attachement solide. Il parle de la chasteté, de la modestie, de modération, de l’égalité de l’âme, de la bonté. Parlant de la chasteté par exemple, Tertullien dit que : « Diogène ne rougissait pas de ses rapports avec la courtisane Phyné ; Speusippe, disciple de Platon, fut surpris et tué dans un adultère. (Tandisque) un chrétien ne connaît de femme que la sienne ».[9]
            En plus parlant de la modestie, Tertullien souligne que le chrétien est humble même avec le pauvre, alors que le philosophe comme « Diogène foule de se pieds couverts de boue l’orgueil de Platon, par un orgueil plus insolent encore ».[10] Un chrétien rend grâce aux bourreaux qui l’ont condamné, mais les philosophes à l’instar de Lycurgue se laisse mourir de faim parce que les Lacédémoniens avaient changé quelque chose à ses lois. On voit bien qu’il met là à l’avant-plan, l’amour même de nos ennemis comme le souligne si bien Jésus en Mt 5.
Bref, nous pouvons dire qu’à travers ces valeurs chrétiennes et cet attachement à la foi chrétienne, Tertullien voudrait nous faire comprendre que les philosophes ne sont passionnés uniquement que de la gloire et de l’éloquence, tandis que les chrétiens ne s’occupent ou ne doivent s’occuper exclusivement de leur salut, raison pour laquelle ils devront s’attacher aux valeurs et à la foi exclusivement chrétiennes.



4. PERTINENCE DE L’ŒUVRE DE TERTULLIEN
            Il faut dire que dans son contexte, l’œuvre de Tertullien revêt une grande importance, car elle se présente comme une défense de la vie des chrétiens au mieux des chrétiens dans la communauté qui subissent les persécutions de tout genre et qui les amène jusqu’au martyre qui est l’épreuve suprême. Etre chrétien ou devenir chrétien est une affaire de choix qui a ses exigences qu’on ne peut pas négocier. Déjà par le baptême, le chrétien devient témoin du Christ même au prix de son sang. Et comme nous venons de le dire tantôt, le martyre est la forme suprême de ce témoignage. C’est grâce au témoignage des martyrs que beaucoup se sont convertis au christianisme à l’instar de Tertullien marqué par le courage des chrétiens. Mais déterminés à ne pas renier leur foi et leur identité, les chrétiens défièrent la haine et l’antipathie de la masse populaire ainsi que l’hostilité et les cruautés des empereurs et subirent le martyre avec un courage et une foi qui étonnèrent leurs persécuteurs. Et plus on les persécutait et plus leur nombre augmentait, car, comme l’écrit lui-même le juriste africain Quintus Septimius, le sang des martyrs était la semence des chrétiens. C’est ce qui fut à la base de sa conversion au christianisme comme dit si haut, et à défendre l’identité des chrétiens dans une société où les païens et les hérétiques ne voulaient presque pas entendre parler les chrétiens. Ce courage vaut encore pour nous aujourd’hui dans une société om le mensonge est vu comme la vérité et la vérité comme le mensonge. Bien sûr que la situation de l’Eglise a beaucoup évolué, les chrétiens jouissent de la liberté de culte au moins dans notre contexte congolais, même là encore, l’identité du chrétien se voit mise en exergue avec le phénomène du pluralisme religieux auquel nous assistons.
L’enseignement de Tertullien trouve un écho dans la mesure où on assiste aujourd’hui à des chrétiens qui ont une double identité. Il n’est pas rare de constater dans nos sociétés, des chrétiens qui fréquentent l’Eglise, mais dont la vie ordinaire et professionnelle adoptent un comportement contraire des idéologies qui vont à l’encontre de l’Evangile et de l’Eglise dans leurs fonctions sociales de peur parfois d’être mal vus sous ce nom de « chrétien ». Tertullien rappelle qu’en devenant chrétien, nous avons fait un choix qui a ses exigences et que nous devons défendre identité chrétienne même si elle doit nous conduire au martyre dans la société dans laquelle nous sommes.



CONCLUSION
            Notre travail portait sur l’analyse de l’œuvre de Tertullien Apologétique. Pour y parvenir, nous avons commencé par situer l’auteur et son œuvre dans un environnement historique et chrétien bien déterminés. Période pendant laquelle les chrétiens n’ont pas le droit de parler en public surtout devant le tribunal des gouverneurs qui nourrissaient de la haine contre eux, et les persécutaient de surcroît. C’est bel et bien dans ce contexte qu’a vécu Tertullien et publié cette apologétique qui est une défense contre le mauvais traitement dont les chrétiens étaient l’objet au sein de la communauté.
            Après le contexte historique de l’auteur et de son œuvre, notre attention s’est focalisée sur le contenu de l’œuvre qui nous a amené à parler d’un de deux thèmes que contenait l’œuvre à savoir ; le rapport entre le christianisme et la philosophie, et la résurrection des corps et la vie future. C’est donc le premier qui nous a semblé important, car là, Tertullien fustige l’attitude que les païens, les hérétiques et les gouverneurs adoptaient vis-à-vis des chrétiens par rapport aux philosophes qui eux aussi enseignaient et professaient les vertus et parfois critiquaient leurs divinités et princes, mais ils étaient récompensés, tandis que les chrétiens devraient subir les persécutions qui les conduisaient jusqu’au martyre simplement « propter nomen ».
            Après avoir saisi l’essentiel du message de Tertullien, nous avons de manière laconique parlé de l’attachement à la foi et aux valeurs chrétiennes auxquelles Tertullien invite les chrétiens qui ne s’occupent que de leur salut, contrairement aux philosophes qui sont passionnés exclusivement de la gloire et de l’éloquence. Après quoi avons-nous  constaté que cette défense des chrétiens valait bien la peine dans son contexte, et même dans le nôtre. D’abord dans un contexte des persécutions ; il s’avérait utile que Tertullien défende les chrétiens contre l’injustice, l’antipathie et la haine dont ils étaient objet. Mais malgré ces souffrances, ces tortures, les chrétiens étaient invités à tenir dans leur foi ; cela était visible du fait qu’ils devenaient toujours nombreux en dépit des persécutions subies. Enfin pour nous, nous devons savoir que le choix nous avons fait du Christ a des exigences et qui nous amène parfois au  martyre dans la mesure où il exige de marcher à contre courant envers l’esprit du monde. Nous devons donc opter pour le Christ et défendre notre identité chrétienne lorsqu’il y a contradiction entre les valeurs de l’Evangile et celles que la société nous propose.







[1] LECLERCQ Jacques, L’Eglise des premiers siècles et les persécutions, Liège, Pax, 1941, p. 20-21.
[2] Henri BOUILLARD, Vérité du Christianisme, DESCLEE de Brouer, Paris, 1989, p. 119.
[3] Gustave BARDY, « Tertullien », in Dictionnaire pratique des connaissances religieuses, dirigé par J. BRICOUT, Paris, T.VI, Librairie LETOUWEY ET ANE, 1928, p.601.
[4] Tertullien, De poenitentia, 1.
[5] Tertullien, Apologétique, XLV, 2.
[6] Idem, 3.
[7] Idem, 4-6.
[8] Idem, 9.
[9] Idem.
[10] Idem.

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