mardi 15 janvier 2013

La virginité


Introduction
En parcourant les évangiles, nous nous rendons compte que la Vierge Marie est très peu mentionnée. La Vierge Marie qui tient une grande place dans la fois et la piété chrétienne n’apparaît que discrètement dans les récits évangéliques, mais l’essentiel y est dit : elle est la mère du Sauveur. Or si l’on supprime ces quelques présences mariales, l’évangile tout entier sera incomplet. Car si Dieu a fait participer Marie à son œuvre de rédemption de l’humanité, Il veut que celle-ci reste pour toujours le signe de l’amour donné et reçu dans la pure gratuité. Donc, comme le dit si bien le pape Jean Paul II « La Mère du Rédempteur a une place bien définie dans le plan du salut » (Jean Paul II, Lettre Encyclique. La Mère du Rédempteur. N°1).
La foi chrétienne n’est pas statique mais dynamique ; elle est une réalité. Et comme tout ce qui est vivant, la foi grandit, se transforme, s’adapte, se colore différemment, tout étant fidèle à elle-même. Il en est de même pour la pensée mariale. A partir du noyau fondamental que sont les évangiles, elle va se développer, s’enrichir, se colorer au gré des cultures qui accueillent la foi chrétienne, cherchent à la comprendre et la célèbrent dans la liturgie. C’est ce que dit aussi Bernard SESBOÜE quand il affirme : « La conception virginale de Jésus est une donnée de la foi qui demeure ouverte mais qui n’est pas libre. Comme tout point de la foi, elle demeure ouverte à une recherche exégétique et théologique ultérieure. »[1]
C’est dans cette perspective qu’il nous est demandé,  dans ce cadre de séminaire sur la virginité de Marie, de réfléchir sur la virginité dans la culture Banda. Ainsi situer, notre travail va s’articuler de la manière suivante : d’abord nous allons définir la virginité. Ensuite, nous aborderons la conception de la virginité chez les Banda. Puis nous traiterons de la virginité perpétuelle de Marie. Une conclusion mettra un terme à ce travail.
1-Qu’est ce que la virginité ?
Selon le dictionnaire Le Robert, la virginité est « l’état de quelqu’un qui n’a jamais eu de rapport sexuels avec pénétration »[2].Autrement dit, la virginité est l’état d’une fille qui n’a pas encore fait le rapport sexuel : elle est pucelle. Cet état de virginité se mesure par  la présence de l’hymen chez la fille. L’hymen se rompt lors du premier rapport sexuel. Il est important de noter que l’hymen peut se rompre en l’absence de rapport sexuel par la pratique de sports ou le port des objets très lourds par la fille.
La notion de la virginité peut-être compris sous, du moins, deux angles : la virginité physique et la virginité morale, certains diront spirituelle. Pour les chrétiens, la virginité est un état d’esprit, « un état de vie », une manière de suivre le Christ, qui a beaucoup de valeurs. Saint Augustin l’a si bien perçue quand il disait : « Etant donné que l’Eglise universelle est une vierge unie à un unique époux, le Christ, comme dit l’apôtre (2Co 11, 2), de quel honneur ne sont ils pas dignes ceux de ses membres qui observent jusque dans  leur choix ce que tout entière elle observe dans sa foi : elle qui prend pour modèle son époux et Seigneur ? … Par suite, si l’Eglise universelle est sainte de corps et d’esprit, sans être cependant universellement vierge de corps, mais seulement d’esprit, combien est-elle plus sainte en ceux de ses membres en qui elle est vierge de corps et d’esprit »[3].
De ce qui précède, la perte de la virginité ne peut se faire sans le consentement de la personne. Dès lors, la virginité se revêt d’un caractère moral tout particulier, puisqu’un viol, même s’il y a défloraison physique, n’aurait plus pour conséquence la perte de la virginité, seulement le déchirement de l’hymen. Cela dit, une fille qui a perdu son hymen sans rapport sexuel, surtout dans une circonstance non voulue, peut dire : « je suis vierge mais pas une vierge ». Donc une fille peut être vierge sans être une vierge.
Dans le sens opposé, une provocation sexuelle extrême ou des pratiques sexuelles intenses évitant la pénétration, tels les rapports sexuels bucco-génitaux, la sodomie, la masturbation, provoqueraient une perte fictive de la virginité ;  cette perte de la virginité qu’on appelle la conscience de sa sexualité. Donc dans une dimension morale et spirituelle, la virginité se définit à la fois comme une réserve du corps et de l’âme, elle se détache du corporel pur pour le surpasser.

2-La conception de la virginité chez les Banda
A/ Qui sont les Banda ?
Située au cœur de l’Afrique, la République Centrafricaine est un pays qui regorge une multitude d’ethnies parmi lesquelles l’ethnie Banda. Selon les études historiques, les Banda seraient venus de l’Egypte, depuis le Haut Nil, fuyant la razzia esclavagiste. C’est un peuple pacifique qui n’aime pas la guerre ; à force de quitter une région pour une autre à cause de la guerre qu’ils se seraient retrouvés en Centrafrique. Ils se trouvent sur la quasi-totalité de l’étendue du territoire. En terme d’effectif, les Banda occupent le premier rang parmi les ethnies de la Centrafrique. Enfin il faut noter qu’au sein de l’ethnie Banda il y a encore de sous groupes.
B/ La virginité
Au sein de l’ethnie Banda la virginité est très valorisée. Perdre la virginité dans un contexte non désiré pose problème. L’amour a besoin de virginité, de fraîcheur. La virginité est une valeur négociable au capital précaire  mais au revenu parfois très rémunérateur. Nous nous référons au premier rapport sexuel des filles qui, parfois, fait « couler » de l’argent aux parents des garçons. D’aucuns diront que les parents de la fille cherchent de l’argent où veulent décider pour le mariage de leur fille. Certes, il y a des problèmes économiques mais les parents réclament de l’argent parce que la fille est déviergée, ils sont choqués : la fille a perdu ce qu’elle a de plus chère, le sang a coulé ; le premier acte sexuel provoque la rupture de l’hymen et donc la saignée de la fille ; elle ne serait plus désirée comme auparavant par d’autres. C’est pour quoi les parents répètent sans cesse à leurs filles que l’honneur, c’est comme la virginité, cela ne sert qu’une fois : la virginité est le plus riche trésor.
A cette dernière raison, les parents, parfois, obligent les deux à se marier pour préserver la fille de la honte. Car une fille déflorée dans une condition « impropre » reçoit aussitôt un cachet : « sakpa nzéndé » (sac à ordure). La fille est vue comme quelqu’un d’impur, donc il faut l’éviter.
Chez les Banda, la virginité de la fille avant le mariage est capitale. Elle est toujours exigée des filles. C’est même une des conditions de validation du mariage. La fille est donc tenue de préserver sa virginité, de la défendre. Pour cela, elle doit porter un vêtement décent et adopter une attitude réservée pour ne pas susciter le désir de viol chez les hommes. Aussi dans le souci de préserver et défendre leur virginité, une fille vierge ne peut aller au champ ou à la rivière toue seule, mais toujours en groupe pour se défendre en cas d’intrus ou d’un délinquant.
Pour l’homme-Banda, la virginité  garantit une certaine confiance que l’on peut faire à une fille, à l’occurrence, à sa future épouse. De coté de la fille, la virginité est une question de respect et d’honneur. Donc sortir avec une fille qui est encore vierge suscite du respect pour cette dernière.
C/ Le sommet de la virginité, le mariage
Même si la virginité est très valorisée chez les Banda, il est cependant difficile de parler de celle-ci comme état de vie ; elle n’est pas prévue pour toute la vie. Même si la virginité est vue comme un trésor très précieux, il est malaisé de garder un trésor dont tous possèdent la clé.
Chez les Banda, la virginité atteint son paroxysme au mariage. C’est un succès et un orgueil pour la famille quand la fille se marie encore vierge, et cela continue jusqu’aujourd’hui. Le fait d’arriver au mariage vierge est une grande valeur. La virginité se culmine dans le mariage. Or la conséquence immédiate du mariage c’est la procréation. Ne pas avoir d’enfants, c’est la plus grande des pauvretés. L’enfant comme don venant de plus loin, est signe palpable d’un surcroît d’être ; pour l’homme ou la femme, il est plus valeureux d’être père ou mère que de ne pas l’être. La stérilité est considérée comme une malédiction des ancêtres. Donc l’enfant est en quelque sorte le garant du statut d’être homme ou femme.
Les Banda ont fait de la virginité une sorte de sacre et un rite de passage : de l’enfance à une femme. La perte de la virginité dans le mariage, bien sûr, est précédée d’une initiation spéciale. La fille vierge doit passer nécessairement dans un « bâbâ » (camp d’initiation) pour sortir véritablement femme. Le rite initiatique a deux fonctions. Premièrement, la fille passe, après initiation, au statut de femme, dans le sens plein du mot, reconnue de tous. De façon générale, l’adolescente ne vit plus sous la tutelle parentale. Deuxièmement l’apprentissage sexuel se fait à travers des rites initiatiques ou cérémonies traditionnelles, qui peuvent aller jusqu’à la simulation de l’acte sexuel. L’initiation se fait en trois étapes. D’abord la fille perd sa ceinture abdominale de perles, signe de l’enfance. Ensuite elle apprend, par des paroles explicites, ce qu’est la perte de la virginité et ce qui l’attend dans le lit conjugal. Enfin, les « matrones » l’apprennent la toilette intime, nécessaire pour le rapport sexuel. Ainsi s’achève la virginité de la fille Banda.

3- La virginité perpétuelle de Marie
« L’Eglise a donc toujours enseigné, toujours inclus dans sa foi, toujours confessé à l’encontre des hérésies que Marie a conçu son fils sans la coopération d’aucun père humain et qu’elle est restée vierge même après l’enfantement de Jésus. »[4]. Cependant, la virginité de Marie a-t-elle un fondement scripturaire ? Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encres dans le passée et qui continue de nos jours. Car il est inconcevable, humainement parlant, une femme, après avoir enfantée, garde sa virginité physique, même si avec l’ hymenoplastie aujourd’hui on peut « refaire » l’hymen. Les premiers chrétiens croyaient en la conception virginale de Jésus. « La tradition chrétienne atteste que Marie, restée vierge dans la conception de Jésus, a toujours gardé cette virginité. »[5]. La foi à la virginité perpétuelle de Marie fait son chemin jusqu’à nos jours même dans le milieu protestant car Luther et Calvin, eux aussi en a enseignée ; c’est ce que dit aussi Madore : « Mêmes les grands réformateurs protestants, Luther, Calvin, Zwingli ne la niaient pas. ».[6] Le concile de Latran, 649, consacre même l’expression Marie « toujours vierge ».
La virginité perpétuelle, vue aujourd’hui comme un mythe ou une légende justifie de notre part une analyse détaillée et approfondie de la question.
A/ La virginité ante partum
Les évangiles montrent clairement que Jésus est né d’une vierge et cela sans intervention d’un homme, hors du processus génétique habituel. Cette affirmation nous est présentée par saint Luc et saint Matthieu (Lc 1, 27 ; Mt 1, 18). Rappelons que les pères de l’Eglise admettaient la conception virginale sans difficulté à l’exception de  Tertullien[7] qui prenait à la lettre les textes de l’évangile parlant des frères de Jésus(Mc 6, 3).
Ils ont employé plusieurs images pour justifier la conception virginale. Or, pour beaucoup d’intellectuels, mêmes les chrétiens, de notre temps, certains récits évangéliques ne peuvent pas être historiques en raison de leur contenu car ils rapportent ou prétendent rapporter des faits contraires aux lois de la nature. Il en est de même pour le récit de la conception virginale. Beaucoup remettent en cause  la réalité historique de ladite conception car ils voient dans ce récit qu’une manière imagée de parler qu’on trouve  beaucoup dans l’Ecriture Sainte. C’est ce même constat qu’a fait Mc HUGH quand il dit : « on dit parfois que les récits de l’Ancien Testaments concernant Isaac, Samson et Samuel, tous trois nés de femmes stériles et avancées en âge, ont bien pu inspirer cette idée que Jésus, lui, était né d’une mère vierge. Le Baptiste, en effet, serait né dans les mêmes circonstances que ces personnages du passé ; et, d’autre part, le dessein de Luc était de montrer la supériorité de Jésus sur le Baptiste. Celle-ci devait donc se manifester dans sa naissance elle-même et, si le précurseur était né des parents âgés, à la suite d’un miracle peu ordinaire, il fallait que Jésus, lui, dût sa naissance à un miracle plus étonnant encore, excluant cette fois toute paternité humaine. »[8].
De ce qui précède, l’idée de conception virginale serait alors qu’un symbole dont le message serait : Jésus est le don que Dieu nous a fait de sa propre personne et non une simple créature née de rapport humain. Autrement dit, la conception virginale serait un theologoumenon c'est-à-dire  une expression de la foi chrétienne, et non le rappel  d’un évènement historique.
Certes, dans la Bible il y a des mythes et des légendes. Mais le récit de la conception virginale raconté par saint Luc et saint Matthieu n’est pas de cet ordre. Il est sûr que les auteurs bibliques puisaient leurs mythes et symboles dans l’univers où ils vivaient. Dans le monde juif, toutes les filles rêvaient de se marier et d’avoir une famille nombreuse.
Matthieu admet comme un fait la conception virginale. Or, dans le judaïsme, le rôle du père  était de tout premier plan. C’est ce que souligne Madore en ces termes : « …dans toute la Bible la descendance d’un homme s’établit d’après la lignée des mâles. Matthieu aurait eu la tâche plus facile s’il avait pu écrire que Jésus descendait de David par son père Joseph qui l’avait engendré. »  [9]. Notons que comme tout bon Juif, Matthieu ne pouvait pas admettre ce qui pouvait diminuer ou compromettre la transcendance divine.
Donc la conception virginale est le résultat d’une action créatrice de Dieu, comme une œuvre semblable à la création de l’homme et de la femme  au jardin d’Eden. Concluons avec Mc HUGH  que « l’essentiel, pour Luc, ce n’est pas d’affirmer la virginité de Marie, mais d’insister sur l’origine divine de l’enfant qu’elle va concevoir »[10].
B/ La virginité in partum
Nous venons de voir que la conception virginale est d’abord un évènement qui concerne Jésus. Intéressons nous maintenant à la virginité in partum. En parcourant l’Ecriture Sainte, il n’est nullement mentionné de façon explicite la virginité perpétuelle de Marie. Au contraire les évangiles nous font mention des frères et sœurs de Jésus (Mc 6, 3 ; Jn 6, 42 ; 7, 5).
L’affirmation de la virginité perpétuelle de Marie est aussi vieille que l’Eglise. Dès le début du christianisme, les pères ont tenté d’expliquer la mention des frères de Jésus dans les évangiles. Dans le proto-évangile de Jacques, il est écrit que Joseph était veuf et père de plusieurs enfants lors qu’il a épousé Marie.
Pour saint Jérôme, les évangélistes peuvent parler des frères de Jésus comme ils parlent dans certains passages de son père Joseph, dont ils savent qu’il n’est pas le père véritable (Lc 2, 33.48.50 ; Mt 13, 55). Il donne aussi d’autres explications. Dans la culture sémite, on appelle frères les parents en général, neveux, cousins etc… L’Ancien Testament renferme plusieurs exemples : Abraham et Loth (Gn 13, 8) dans le livre de Tobie (Tb 6, 19 ; 7, 1.15 ; 8, 4). Tout cela justifie que Joseph n’a pas eut de relation sexuelle avec Marie qui est restée vierge dans l’enfantement.
C/ La virginité post partum 
La virginité de Marie après l’enfantement est difficilement justifiable bibliquement même si déjà au IIe  siècle les évangiles apocryphes racontaient que Marie est restée vierge après l’enfantement, aucune lésion physique ne s’est produite dans l’accouchement.
Les pères, en se référant au texte d’Ezéchiel 44, 2, disaient du sein de Marie qu’il était la « porte close » et « parce que le Seigneur est entré par cette porte, elle restera close »[11]. Il compare ce phénomène à celui du Christ ressuscité qui s’est rendu présent au Cénacle « toute porte close ».
Le concile Vatican II à la suite du concile de Latran dira que la naissance de Jésus « était non la perte, mais la consécration de l’intégrité virginale de Marie »[12].
Parlant de la virginité perpétuelle de Marie, saint Maxime de Turin, en s’appuyant sur ICo 15, 42-49,  il compare le point de départ de la naissance de d’Adam et de Jésus : « Il a voulu naître d’une manière absolument semblable à celle d’Adam …Adam est né d’une terre vierge ; le Christ a été procréé de la vierge Marie : le sol maternel dont l’un a été tiré n’avait jamais été déchiré par la houe ; le sein de la mère de l’autre n’avait pas été violé. Adam avait été formé d’une glaise modelée par les mains de Dieu ; le Christ a été formé dans le sein  par l’Esprit de Dieu. Tous deux, donc, ont eu Dieu pour père, une vierge pour mère ; tous deux sont, comme dit l’évangéliste, fils de Dieu. »[13].
Terminons avec Origène, le premier théologien à déclarer la virginité de Marie : « C’est le rapport conjugal et non la naissance qui détruit la virginité. »[14]

3-La signification religieuse de la conception virginale
La conception virginale est trop souvent vue comme un point de doctrine visant premièrement à l’exaltation de Marie ou la mariologie. Or, telle n’est pas la perspective de la profession de foi. Pour celle-ci, au contraire, il s’agit de la christologie ; Marie ne vient qu’en seconde position, c’est ce que dit aussi Mc HUGH en ces mots : « le dogme de la conception virginale est essentiellement christologique et ne relève qu’incidemment de la mariologie. »[15].
Le symbole des apôtres s’exprime ainsi : « Il a été conçu du Saint Esprit, est né de la vierge Marie », cela veut dire que si la conception virginale est devenue l’un de nos dogmes fondamentaux, ce n’est pas en raison de ce qu’elle nous apprend au sujet de Marie, ou parce qu’elle exalte la virginité ; mais c’est parce qu’elle définit la naissance terrestre de Jésus comme exclusivement à une intervention directe de Dieu.
Donc « le dogme de la conception virginale est donc un signe, un sacrement, du mystère de l’Incarnation. Il implique d’abord et avant tout cette vérité que la vie terrestre de Jésus doit son origine à Dieu seul, non pas à l’homme ; en second lieu, que Jésus est vraiment un homme ; enfin, que la seule contribution de l’homme à l’Incarnation a été d’accepter le don que Dieu lui faisait de Jésus. »[16].

Conclusion
Beaucoup de personne de nos jours sont mal à l’aise avec l’affirmation concernant la virginité perpétuelle de Marie. Ils voient en celle-ci, le mépris de la sexualité. Cependant, pour quoi l’Eglise a beaucoup d’estimes pour la virginité ?
La virginité que prône l’Eglise trouve sa valeur, non dans le renoncement au mariage ni dans une abstention purement matérielle, ni dans la maîtrise de soi qu’elle suppose, mais uniquement dans le motif qui la fait choisir et dans l’utilisation qu’on en fait. C’est ce que dit saint Augustin, la virginité « est honorée, non parce qu’elle est virginité, mais parce qu’elle est vouée à Dieu »[17].
De ce qui précède, il convient de souligner que Marie est vénérée non à cause de la discipline qu’elle aurait exercée sur elle-même,  car  alors sa virginité n’aurait pas été différente de n’importe autre femme célibataire vivant dans la chasteté, qu’elle soit chrétienne on non ; telle n’est pas la raison pour la quelle l’Eglise décerne à Marie le titre de Vierge des vierges. Cela dit, si l’on s’en tient au fait biologique de la conception virginale, on ne découvrira jamais la raison pour laquelle l’Eglise  devrait honorer Marie.
Aussi, la vie de virginité choisie par Marie et Joseph n’avait pas pour motif un manque d’estime pour la vie conjugale ni même de considérer la continence comme un idéal plus élevé que la consommation du mariage.
L’Eglise exalte Marie à cause de sa virginité totale, physique et spirituelle et l’Eglise souligne fortement la dernière. C’est ce qu’affirme aussi Madore quand il dit : « sa virginité est un signe, et un signe infiniment précieux, de son amour ; mais celui-ci qu’il faut souligner avant tout. Ce n’est pas assurément pas tellement à cause de sa virginité physique, mais parce qu’elle  a donné à Jésus un amour sans partage, que l’Eglise lui décerne les titres de Virgo veneranda … »[18]. Cela revient à dire que le titre de « toujours vierge » à chez Marie le premier pas sur celui de « vierge mère ». Car la maternité virginale ne saurait être bien comprise entendue que si on la met en relation avec sa virginité perpétuelle.
La maternité physique de Marie est unique en son genre ; elle ne saurait donc être imitée. Mais il n’en va pas de son amour, sa donation totale. Ainsi la femme Banda peut imiter son amour et sa donation au service de l’Enfant Jésus, même dans le mariage. Donc le message concernant la virginité peut passer chez les Banda si et seulement si on montre clairement les deux dimensions de la virginité, physique et spirituelle. Car, ne pas avoir d’enfants reste une grande souffrance chez les Banda.  




Bibliographie
-Bible de Jérusalem
-Dictionnaire encyclopédique Théo
-Jean PAUL II, Lettre Encyclique. La mère du Rédempteur, Kinshasa, Saint Paul Afrique, 1987, 132p
-MADORE Georges, Marie. Un nouveau regard, Québec, Fides, 1997, 168p
-Mc HUGH John, La mère de Jésus dans le Nouveau Testament, Paris, Cerf, collection Lectio Divina n° 90, 1977, 489p
-RAHNER Karl, Marie mère du Seigneur, Paris, L’Orante, 1960, 132p
-WITWICKI Robert, L’Angélus. Marie, porte de la Trinité, Kinshasa, Lidonge, collection « Rayon Marial » n°5, 1999, 160p


[1] SESBOÜE Bernard, La pédagogie de Christ, p. 228-229 in  MADORE Georges, « Marie. Un nouveau regard. » «Quebèc, Fides, 1997, p. 84
[2] Le dictionnaire ne donne pas le genre, il emploie « quelqu’un ». Mais dans notre travail nous allons parler de la virginité surtout de la femme
[3] Saint Augustin, « Un éloge de la virginité consacrée » in Dictionnaire encyclopédique Théo, p.114c
[4] RAHNER Karl, Marie mère du Seigneur,  Paris, Edition de l’Orante,  1960, p. 79
[5] Dictionnaire encyclopédique Théo, p. 270 c
[6] MADORE Georges, op.cit, p.73
[7] Witwick Robert, L’Angélus. Marie, porte de la Trinité, Kinshasa, Lindonge, collection  Rayon Marial, 1999
[8] Mc HUGH John, La mère de Jésus dans le Nouveau Testament, Paris, Cerf, collection Lectio Divina n° 90, 1997, p. 323
[9] MADORE Georges, op.cit, p. 74
[10] Mc HUGH John, op.cit, p. 355
[11]  Pour plus de détailles, Cf : GALOT Jean, Marie dans l’Evangile, Paris-Louvain, Desclée De Brouwer, 1958, p. 109-113
[12] LG n° 57
[13] Saint Maxime de Turin, Sermo 19 : PL 50, 500 in Mc HUGH John, op.cit, p.377
[14] Origène, Homélie sur Lévitique, VIII, 2 in Mc HUGH John op.cit, p. 376
[15] Mc HUGH John, op.cit, p.384
[16] Mc HUGH John, op.cit, p. 381
[17] Saint Augustin, De sacra virginitate, 8 : PL 40, 400 in Mc HUGH John, op.cit, p. 385
[18] MADORE Georges, op.cit, p. 69

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire