lundi 2 juillet 2012

LA CROIX : TRIOMPHE DU MISSIONNAIRE


LA CROIX : TRIOMPHE DU MISSIONNAIRE

Notre monde d’aujourd’hui  a besoin de modèles authentiques et dignes de foi, des héros pour l’annonce de l’Evangile, de bon  pasteurs et pères des plus pauvres et abandonnés. Car les hommes de Dieu ne meurent jamais, ils sont toujours présents dans le cœur et la pensé des peuples dans lesquels ils ont travaillé et ils sont vénérés  par  ces peuples à cause du Message de l’Evangile qu’ils ont transmis et qui continue à fleurir tous les jours dans la vie de ces peuples. Ceci est le cas de chacun de nos fondateurs et fondatrices.
Dans la spiritualité de notre fondateur Saint Daniel Comboni, nous découvrons beaucoup d’éléments qui font de nous des religieux missionnaires (comboniens). Ces éléments ont été pour Saint Daniel Comboni la force ou la nourriture spirituelle qui le soutenait dans ses moments forts. Saint Daniel Comboni nous propose ces éléments suivants : l’espérance, la charité, la confiance en Dieu, l’esprit de sacrifice, l’amour de la croix, etc. Tous ces éléments font parti des aspects de notre spiritualité missionnaire (combonienne). Mais aujourd’hui, je voudrais partager avec vous un  aspect qui, pour moi (combonien) renferme tous les autres ; c’est l’aspect de l’amour de la croix ; un aspect que saint Daniel Comboni a développé tout au long de sa vie jusqu’à sa mort.  Saint Daniel Comboni lui-même l’a dit: « Toutes les œuvres de Dieu, et surtout celles de l’Apostolat Catholique… doivent naître et croître  au pied du Calvaire et doivent être marquées par la Croix. »[1]
C’est pourquoi la solennité de la croix glorieuse (14 septembre) est une occasion pour tout religieux (combonien surtout) de réaffirmer son amour infini de vivre plus profondément les engagements de son baptême. Si quelqu’un veut marcher à la suite du Christ, qu’il porte sa croix derrière lui. La vie religieuse ne peut nullement larguer la croix dans l’oubli. Elle est une vie de perpétuel sacrifice pour le Christ. Saint Daniel Comboni revient souvent sur la croix comme dimension importante de la vie du missionnaire. Tentons de faire quelque rapprochement entre la croix et les conseils évangéliques (de pauvreté, chasteté et obéissance) dans la pensée de Daniel Comboni.
Il faut tout de suite dire qu’à la suite de leurs fondateurs, les membres des familles religieuses, en vertu des vœux qu’ils professent, choisissent de suivre le destin du Christ[2] ; qui s’est humilié lui-même jusqu’à accepter la croix (Ph 2, 8). Ils cheminent avec lui et avec le peuple qu’ils évangélisent, prenant chaque jour la croix, faisant l’expérience et donnant le témoignage de la présence du seigneur ressuscité (Ac 2, 32). Daniel Comboni vit une spiritualité de la croix tellement profonde qu’il ne cessa de dire : « La voie que Dieu m’a tracée est la croix (…). Je suis heureux avec la croix : portée de bon cœur pour l’amour de Dieu, elle engendre le triomphe et la vie éternelle. »[3]
Dans sa pratique aujourd’hui, l’obéissance comme croix peut être comprise comme renoncement et limitation  de l’initiative personnelle. Celui qui s’engage, en acceptant dans la foi des événements souvent douloureux, s’identifie avec le Christ et fait l’expérience d’une manière singulière du mystère de la vie qui naît de la mort.
Somme toute, dans son articulation avec la croix, l’obéissance d’après Daniel Comboni doit être comprise comme un « renoncement à soi-même pour se jeter dans les bras de l’obéissance et de Dieu, qui ne peut s’obtenir sans l’aide extraordinaire de la grâce »[4]. Et tout missionnaire en mission, caractérisé par cette obéissance filiale par amour de Dieu[5], travaille confiant dans la Parole de Dieu et en celle de ses représentants comme « un instrument docile de sa volonté adorable »[6].
La sequela Christi demande aussi une chasteté. L’articulation de la croix et du vœu de chasteté est plus manifeste dans l’acceptation de la solitude qui dérive de la vie de chasteté. Renoncer à la vie conjugale peut déjà être une croix supportée pour un amour plus grand: le don de soi-même qui découle d’un choix fait par amour du Christ. Certes la solitude pèse «douloureusement sur le missionnaire, mais il ne regrette pas de l’avoir généreusement choisi », notait le pape Paul VI. En effet, on est un homme seul, une femme seule mais sa solitude n’est pas un vide, car elle est remplie de Dieu et de la richesse surabondante de son Règne.
Que dire de la pauvreté ? Le rapport entre le vœu de pauvreté et la croix peut se comprendre plus facilement si l’on regarde le vécu quotidien des missionnaires ; vivre la pauvreté dans une dimension de dépendance totale de la communauté et dans le partage des biens. Dans ce sens, on insiste sur une culture de la communion, qui est fruit d’une ouverture à l’interculturalité et sur l’éducation à la sobriété, à la simplicité volontaire, à l’éthique de la limite, qui est un signe visible de l’option pour la radicalité et l’austérité. Faire cause commune avec les plus pauvres et les plus abandonnés : l’accepter c’est accepter la croix.
C’est en fonction de cette option préférentielle pour les pauvres et pour vivre concrètement l’articulation de la croix et du vœu de pauvreté que, à la suite de nos fondateurs, nous  menons nos pastorales dans les milieux défavorisés (les périphéries), parmi les plus pauvres et les plus abandonnés (comme les pygmées, les enfants de la rue, les immigrés, les hôpitaux, etc.). C’est là une façon de répondre à l’amour du Christ, la vivre envers les autres humains. C’est pourquoi Comboni veut que ses missionnaires soient «enflammés de charité, d’une charité qui ait sa source en Dieu, et dans l’amour du Christ…»[7].
Ainsi :« Les vœux deviennent pour nous l’unique expression adéquate en réponse à tant d’amour. Une réponse personnelle, unique et totale à un appel unique et total, donc moins expression des liens juridiques, lois, devoirs moraux, et plus conscience joyeuse d’être admis par grâce à participer au dynamisme de l’amour du Cœur de Dieu pour le monde. On devrait bannir de notre pensée pour toujours l’idée que la consécration religieuse est une limitation, une source de conflit ou que c’est simplement un instrument efficace ajouté à la mission. La consécration se situe au cœur même de la mission, parce que c’est dans la consécration que les missionnaires sont constitués par grâce expression personnelle du don, le plus gratuit, libre, désintéressé, tenace, dans la mesure où il prend la forme et l’être du Cœur du Christ et de la croix. C’est dans les motivations les plus profondes de la personne qu’il y a le don qui sauve et donc c’est dans les trois vœux que tout est reconduit à l’unicité de la personne »[8].
Chacun de nous a sa croix personnelle: ses propres limites physiques, morales et spirituelles qui l’accompagnent, la maladie ou la vieillesse qui nous empêche d’agir, le péché qui exige une lutte et une conversion continuelle. Le missionnaire porte cela chaque jour et, en plus, le poids de trois vœux pour le perfectionnement desquels il faut toujours lutter. Ce qui pèse le plus à l’un, c’est la solitude, à l’autre le partage des biens. Pour un autre la dépendance absolue brime ce qui lui semble le meilleur de lui-même et le maintient dans une sorte d’inaction. Chaque missionnaire rencontre une de ces croix ou une autre encore et doit la porter seul avec Dieu. En tout cela, il apprend davantage à renoncer à soi-même pour l’amour du christ, pour lui être configuré et ressembler à son saint fondateur. En effet, pour Daniel Comboni, «une mission ardue et laborieuse (…) ne peut pas vivre d’apparence, ni avec des bigots remplis d’égoïsme et imbus d’eux-mêmes»[9].
Une autre dimension est celle de la croix communautaire. Les confrères  et consœurs sont notre joie et notre tourment. Les différences d’âge, de condition sociale, de nationalité et de culture sont des richesses. Nul n’en doute. Dans les faits, ces différences peuvent constituer autant de lances qui nous déchirent le cœur. La vie communautaire ne va pas de soi. Elle exige un grand esprit d’adaptation et de partage, une lutte sans merci contre l’individualisme et une capacité illimitée de pardonner et de recevoir le pardon d’autrui. Cette exigence de l’amour reste la condition sine qua non de vivre la solidarité et de goûter la communion fraternelle.
Une dernière dimension est liée au caractère provisoire des Missionnaires qui sont comme des « serviteurs inutiles » (Lc 17,10). En effet, leur vie est caractérisée aussi par l’exode et la kénose. Etre toujours prête à partir. Souffrir à cause du détachement de famille, qui devient problématique dans certaines cultures quand les parents vieillissent ou si l’on est enfant unique. La mission est non seulement ad gentes, mais aussi ad extra, ad intra, ad pauperes et ad vitam. Quelle difficulté n’éprouve-t-on pas de sortir de son milieu socioculturel et ecclésial pour s’établir dans une terre inconnue où il est impérieux, selon Jean-Paul II, de « changer de mentalité  et de dépasser les conditionnements d’origine »[10]. L’exode n’est-il pas toujours une croix ? Il l’a été pour les Israélites qui passaient pourtant de la servitude à la liberté. Combien de missionnaires n’ont pas été tentés de regretter les poissons, les oignons, ou les vins de leurs pays?
Dans cette même perspective, il faut oublier bien de fois l’expérience acquise ailleurs et redevenir un petit enfant qui balbutie pour apprendre une langue autre que la sienne. Dans l’ecclésialité, il faut même « dépendre des autorités locales, qui peut-être dans notre domaine précis, savent moins que nous »[11]. Sans amour  vrai, sans accepter la croix comme le Fils de l’Homme, cette kénose paraît impossible. En ce sens, que nous pouvons estimer, le sens combonien de la croix a encore un long chemin à parcourir à travers tâtonnements et faisant tomber les craintes et les doutes.
De ce fait, on croit que « la mission chrétienne est encore à ses débuts ». Le Vénérable Jean-Paul II le disait déjà en ces termes : «La mission ad gentes a devant elle une tâche immense qui n’est certes pas près d’arrivé à son terme. Au contraire, tant du point de vue numérique, avec l’accroissement démographique, que du point de vue socioculturel, avec l’apparition de nouveaux types de relations et de nouveaux contacts comme avec les changements de situations, elle semble destinée à avoir des horizons encore plus étendus»[12].
A ce stade, cette spiritualité de la croix glorieuse demeure une interpellation pour nous aujourd’hui. Quel sens accorder à tant de souffrances, tant de fatigues dont la majeure partie de l’humanité porte encore le lourd fardeau ? Comment la proposer à l’Afrique, bénéficiaire du premier amour de nos fondateurs? C’est toute la question de l’actualité du sens missionnaire de la croix qui est ainsi posée. En faisant les vœux, c’est cette croix que nous  acceptons de vivre et de témoigner de l’amour du Christ pour son corps qui est l’Eglise et surtout pour les plus pauvres et les plus abandonnés.
Pour pouvoir vivre tout cela, il faut que le missionnaire soit un homme ou une femme de prière.  Saint Daniel Comboni insiste beaucoup sur ce point à ses candidats :
« Le missionnaire qui n'aurait pas un fort sentiment de Dieu ... manquerait d'aptitude pour son ministère, il finira par se trouver dans une espèce de vide et d’isolement intolérable ... Quand le missionnaire d’Afrique noire a le cœur réchauffé par le pur amour de Dieu ... en tout évènement il répète avec une conviction profonde et une vive joie : nous sommes des serviteurs inutiles ; nous n’avons fait que notre devoir»[13].
Daniel Comboni a vécu une spiritualité de la croix tellement profonde qu’il ne cessa de dire : « La voie que Dieu m’a tracée est la Croix. Mais le Christ qui par l’humaine injustice est mort en Croix, avait la tête haute ; c’est signe que la croix est une belle chose et une chose juste. Donc, portons-la et en avant ! »[14].
Dans un rapport à la Propagande de la Foi de Lyon, Daniel Comboni précise :
« Toutes les œuvres de Dieu, et surtout celles de l’Apostolat Catholique… doivent naître et croître  au pied du Calvaire et doivent être marquées par la Croix ».[15]
Nos fondateurs ont vu juste. Leurs  œuvres ne sont  pas mortes; au contraire, comme toutes les grandes œuvres qui «naissent aux pieds de la croix»[16], elles continuent à vivre grâce au don de leur propre vie que tant d'hommes et de femmes vivent, eux qui ont décidé de suivre leurs fondateurs et fondatrices sur le chemin de la mission ardue et enthousiasmante parmi les peuples qui n’ont pas encore reçu la foi chrétienne et catholique.



Message du Pape pour la Journée Mondiale des Missions 2011

 
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jn 20, 21).
La recommandation christique « Allez dans le monde entier, faites des disciples… » (Mt 28, 19), est d’une actualité telle qu’elle recèle toute la richesse et la complexité de l’activité missionnaire dans l’Eglise.
 En effet, l’annonce incessante de l’évangile vivifie l’Église, mais aussi sa ferveur, son esprit apostolique, renouvelle ses méthodes pastorales afin qu’elles soient toujours plus adaptées aux situations nouvelles – celles qui demandent aussi une nouvelle évangélisation – et animées de l’élan missionnaire : « En effet, la mission renouvelle l’Eglise, renforce la foi et l’identité chrétienne, donne un regain d’enthousiasme et des motivations nouvelles. La foi s’affermit lorsqu’on la donne ! La nouvelle évangélisation des peuples chrétiens trouvera inspiration et soutien dans l’engagement pour la mission universelle (JEAN-PAULII, Redemptoris missio,2).

Allez donc et annoncez
Cet objectif est continuellement ravivé par la célébration de la liturgie, spécialement de l’eucharistie, qui se termine toujours par l’évocation du mandat de Jésus ressuscité aux apôtres : « Allez donc… » (Mt 28,19). La liturgie est toujours un appel « du monde’ et un nouvel envoi ‘dans le monde’ pour rendre témoignage de ce que l’on a expérimenté : la puissance salvifique de la parole de Dieu, la puissance salvifique du mystère pascal du Christ. Tous ceux qui ont rencontré le Seigneur ressuscité ont ressenti le besoin d’en donner l’annonce aux autres, comme le firent les deux disciples d’Emmaüs. Après avoir reconnu le Seigneur à la fraction du pain, « à cette heure même, ils partirent et s’en retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons » et racontèrent ce qui était arrivé en chemin (Lc 24, 33-34)...

A tous
Tous les peuples sont destinataires de l’annonce de l’évangile. L’Église, « par nature est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père (Concile Vatican II, Ad Gentes, 2). Telle est « la grâce et la vocation de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser » (Paul VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 14).


La  coresponsabilité de tous
La mission universelle implique toutes les personnes, tout et toujours. L’évangile n’est pas un bien exclusif de celui qui l’a reçu, mais est un don à partager, une bonne nouvelle à communiquer. Et ce don-engagement est confié non seulement à certains, mais à tous les baptisés, qui sont « une race élue, …une nation sainte, un peuple acquis (par Dieu) » (1 P 2,9), afin de proclamer ses œuvres merveilleuses...

Évangélisation globale = évangéliser l’homme dans sa totalité (évangélisation intégrale).
L’évangélisation est un processus complexe, qui comprend différents éléments : l’animation missionnaire, qui a toujours accordé une attention particulière à la solidarité (soutenir  l’Église par les catéchistes, les séminaires, les prêtres, etc).
Le Serviteur de Dieu, Paul VI, affirmait que dans l’évangélisation, il n’était pas acceptable que l’on néglige les thèmes concernant la promotion humaine, la justice, la libération de toute forme d’oppression, tout en respectant, évidemment, l’autonomie de la sphère politique. Se désintéresser des problèmes temporels de l’humanité reviendrait à « oublier la leçon qui vient de l’évangile sur l’amour du prochain souffrant et nécessiteux » (Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 31.34),

Ainsi, par la participation coresponsable à la mission de l’Église, le chrétien devient constructeur de la communion, de la paix, de la solidarité que le Christ nous a donnée et collabore à la réalisation du plan salvifique de Dieu pour toute l’humanité. Les défis à relever appellent les chrétiens à cheminer avec les autres et la mission est une partie intégrante de ce cheminement avec tous...



[1] COMBONI Daniel, Les lettres et les écrits, (traduit en français de Delphine Burrato, Rome, Direction Générale des Missionnaires Comboniens, 2000,  n. 5448. Cf. MDC, n. 238.
[2]  Cf. Perfectae Caritatis, n. 1.
[3] COMBONI Daniel, Op., Cit., n. 6519.
[4]  Cf. EDC, n. 3392.
[5] COMBONI Daniel, Les lettres et les écrits, (traduit en français de Delphine Burrato, Rome, Direction Générale des Missionnaires Comboniens, 2000, n. 1860.
[6] COMBONI Daniel, Op., Cit., n. 2702.
[7] COMBONI Daniel, Les lettres et les écrits, (traduit en français de Delphine Burrato, Rome, Direction Générale des Missionnaires Comboniens, 2000, n. 6656.
[8] LETTRE de canonisation de Daniel Comboni, n. 35.
[9] COMBONI Daniel, Les lettres et les écrits, (traduit en français de Delphine Burrato, Rome, Direction Générale des Missionnaires Comboniens, 2000, n. 6656.
[10]JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris Missio , Limete-Kinshasa, Edition Saint Paul  Afrique, 1991, n. 49 ; 53.
[11] PIERLI Francesco, Nous les héritiers. Spiritualité missionnaire combonienne, Bibliotheca Comboniana, Rome, 1995,  p.136
[12] JEAN- PAUL II, Op., Cit., n.35
[13] CHIOCCHETTA P. GILLI A.,   Op., Cit., p. 111- 112.  Cf. Luc. 17, 10.
[14]  Cf. MDC, n. 242.
[15]  COMBONI Daniel, Op., Cit., n. 5448. Cf. MDC, n. 238.
[16]COMBONI Daniel, Op., Cit., n. 5181; 2474.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire