lundi 2 juillet 2012

Ma première année d'expérience au Congo



C'est ma première fois d'aller à Mbudi nature, un lieu de recueillement et de réflexion, un lieu de loisir et d’épanouissement.                                                                             Kinshasa, 30Juin 2012
Ma première année d'expérience au Congo

Je m’appelle Jean-Nestor AMEGNAGLO, je suis scolastique combonien, et je suis en première année de théologie à l’institut supérieur saint Eugene de Mazenod situé à Kintambo sur l’avenue chrétien n°13. Je suis d’origine togolaise et je suis arrivé au Congo le 14août 2011. La République Démocratique du Congo est un pays ouvert aux autres. Les congolais partagent leur joie et leur peine. Cela m’a beaucoup impressionné. Parmi tant de choses et de réalités qui m’ont frappé, j’ai voulu vous partager une et j’ai pensé faire une réflexion sur le décès : comment se passent les funérailles dans la ville de Kinshasa et après je parlerai un peu des autres situations selon ma sensibilité.
En effet, mu par le souci de vous partager quelques aspects de notre vie en tant que Comboniens en RD Congo, permettez-moi d’abord, en ce jour où nous fêtons de ce coté-ci notre indépendance, de vous présenter brièvement la situation sociogéographique, politique et économique du pays, et le rapport qui existe entre l’Eglise catholique et l’Etat congolais.
          Pays d’Afrique centrale, la RD Congo est le 4e pays le plus peuplé d’Afrique, mais le plus peuplé parmi tous les pays francophones. Elle a une superficie totale de 2.345.000 km2, avec une population totale de 73.599.190hbts. Sa capitale politique Kinshasa est la plus grande ville avec 10.000.000 d’hbts. On y parle le Français comme langue officielle, et 4 langues bantus à savoir : le Lingala, le Swahili, le Kikongo et le Tchiluba, qui sont des langues nationales.  
          Pour ce qui est de son étendue, la RD Congo est le 2e pays le plus vaste d’Afrique. Elle est constituée de 11 Provinces, et partage ses frontières avec 9 pays que sont : la République Centrafricaine (Centrafrique) et le Soudan du Sud au Nord, la Zambie et l’Angola au Sud, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l’Est, la République du Congo (Congo-Brazzaville) à l’Ouest. Avant son accession à l’indépendance le 30 juin 1960, le royaume Kongo était appelé successivement Congo-Belge de 1908-1960. De 1960-1965, on l’a appelé Congo-Léopoldville, puis RD Congo de 1965-1971 sous Mobutu. Elle deviendra Zaïre de 1971-1997, toujours sous Mobutu à cause de sa politique de « l’authenticité ». Avec Laurent Désiré Kabila, elle reprend en 1997 son ancienne appellation de RD Congo jusqu’à nos jours. On y trouve plusieurs confessions religieuses : les sectes, communément appelées « églises de réveil » occupent la première place avec 35,4∕  de la population nationale ; suivent successivement les Protestants 28,7∕, les Catholiques 28,3∕, les Kimbanguistes 4,3∕, les Musulmans 1,2∕, les Animistes 0,5∕, l’armée du salut (secte indépendante) 0,3∕, et les sans religion 1,3∕. Son économie est essentiellement basée sur le secteur primaire, avec comme activités principales : l’agriculture et l’exploitation minière. Le pays possède un important potentiel de ressources naturelles et minières ; l’importante présence de la forêt et la grande variété des animaux en disent long. Ce n’est pas tout ; nous possédons en grande quantité le diamant, l’or, le cuivre, l’étain, le coltan, la bauxite, le fer, le manganèse, le charbon, le pétrole, le gaz méthane, le cobalt, pour ne citer que ce petit nombre. Ceci pour dire que notre pays la RD Congo constitue un énorme réservoir dans lequel Dieu a concentré une grande partie des richesses naturelles dont dispose l’humanité. Mais c’est justement à ce niveau que se situe son malheur. En effet, toutes les grandes puissances ont une parfaite conscience de son potentiel. « Et tant que dans mon poulailler, l’eau sucrée ne manquera pas, les pigeons du voisin ne manqueront pas non plus de me rendre visite ». Oui, vaste est notre pays, riche est notre sous-sol, et insurmontable sont les maux qui nous avilissent. Le plan sociopolitique est caractérisé par une insécurité qui se plait à crier son nom à haute voix. Ne parlons même plus des assauts intempestifs des rebelles ; le cas actuel du « Kivu », à la frontière avec le Rwanda, illustre bien cette réalité. Nous assistons à un pouvoir étatique qui s’est complètement désengagé. Les fonctionnaires impayés, les soldats restant les poches vides, le secteur de l’enseignement primaire et secondaire, en grande partie, pris en charge par l’Eglise catholique. La corruption déploie toute sa force pour occuper la première place parmi les maux dont souffre le pays. De surcroit, remarquons la mauvaise foi de l’Etat qui encourage la prolifération des sectes pour faire endormir la conscience populaire. Les pasteurs, quand à eux, provoquent l’émergence du phénomène « enfants sorciers ». En fait, dans leurs visions, ces pasteurs ne manquent généralement pas de trouver la cause des problèmes que traversent les foyers dans certains de leurs enfants. Ces derniers, chassés de la maison, car étant considérés comme sorciers, deviennent la proie de la rue. Ils sont donc ces « enfants de la rue » que, progressivement, la rue transforme en « KULUNA ». Ils deviennent alors de véritables instruments de destruction.
     Ce n’est pas tout. Mais tout le temps que nous passerons ici, dans le cadre de cette fête, ne suffira pas pour traverser tous les lieux ténébreux de l’histoire de la RD Congo. Cependant permettez-nous de nous poser ces questions que nous jugeons très importantes. Que faire alors ? En tant que Chrétiens, avons-nous le droit de rester les mains croisées devant une telle situation que connait notre pays ? Resterons-nous sans chercher où se trouve la lueur d’espérance ?
          Jusqu’à présent, et il n’existe aucune preuve contraire, l’Eglise catholique constitue l’ultime espoir, l’unique point de référence du peuple. En effet, ici en RD Congo, l’Eglise joue un rôle très important sur le plan sociopolitique en vue du respect des droits de l’homme. Nombreuses sont les actions menées par la Conférence Episcopale Nationale Congolaise (C.E.N.CO.) dans ce sens. Nous pouvons citer le rôle prépondérant joué par l’Eglise lors du scrutin jumelé  présidentiel et législatif tenu le 28 novembre 2011. Aussi, suite aux fraudes massives ayant permis à Joseph Désiré Kabila de reprendre le pouvoir selon des sources en place, elle a organisé en la date du 16 février dernier une marche pacifique qui devrait se dérouler dans tout Kinshasa, mais l’Etat s’y est opposé énergiquement. Rappelons qu’une pareille marche dénommée « la marche de l’espoir » a été tenue le 16 février 1992, et s’est soldée par une tuerie massive perpétrée par les soldats de Mobutu. Bref, depuis toujours, et pour être plus précis, à partir du jour de l’assassinat du 1er Ministre Patrice Emery Lumumba le 17 janvier 1961, la relation Eglise-Etat en RD Congo deviendra conflictuelle, et un tel état des faits restera sans grande amélioration jusqu’à nos jours.
     Mais au cœur de tout ceci, que peut-on dire de la présence combonienne en RD Congo ?
          La présence combonienne au Congo remonte au 08 décembre 1963, mais à titre de Délégation. Le Congo ne sera érigé en Province qu’en 1972. Actuellement les Comboniens, au nombre de 80 environ, sont présents dans 8 diocèses avec 16 communautés au total. Comme œuvres, la Province du Congo dispose de :
-8 Paroisses,
-2 Centres pastoraux chargés de la promotion des agents pastoraux,
-2 Hôpitaux,   
-2 Centres polyvalents pour les Sessions de formation : Kisangani (Maison St Joseph) et Magambé,
Des Ecoles,
          Ce n’est pas tout ; nous avons aussi la pastorale des Pygmées. Cette pastorale se déroule à 3 niveaux à savoir: la Scolarisation des enfants des Pygmées, la Défense et la promotion des droits des
Pygmées à travers l’amélioration de leurs habitats, le développement des activités agricoles et sanitaires, et la préservation de la dignité des pygmées dans le cadre de la justice et paix, l’Evangélisation des Pygmées.
  Soulignons que ce travail de pastorale des Pygmées se fait en collaboration avec des Laïcs appelés « Animateurs de camp ». Ces Animateurs sont un mélange de Bantus et de Pygmées ; ceci pour répondre au charisme combonien « Sauver l’Afrique par l’Afrique ». Ici, on pourra parler, à juste titre, de « Sauver les pygmées par les Pygmées ». 
          Nous n’allons pas nous limiter là. Par rapport aux activités d’Animation Missionnaire, nous avons :
-le Centre Afriquespoir,
-4 Centres officiels de Promotion Vocationnelle, avec des cellules sur chaque paroisse combonienne.
          Pour ce qui est de la formation, nous disposons dans la Province de :
-2 Propédeutiques : Kinshasa et Butimbo,
-2 Postulats : Kinshasa et Kisangani,
-1 Scolasticat à Kinshasa. Au nombre de ses apostolats, le Scolasticat s’engage au coté des prisonniers et des lépreux.C’est avec mes amis lepreux que je fais ma pastorale, cela n’est pas facile mais pas impossible nous avons besoin de vos prières et soutiens.
 Voilà un certain nombre d’activités auxquelles s’adonnent nos Confrères dans la Province du Congo, pour contribuer de leur mieux à la Régénération du pays. Comme Comboni, qui ne veut rien d’autre que consacrer ses « milles vies » à la « Régénération de l’Afrique » ; s’il les avait, ici chacun des Missionnaires essaie de mettre sa vie à la disposition de la mission afin qu’adviennent la gloire de Dieu et le salut de l’homme, de la femme, de la jeunesse et de l’enfant congolais.
Un autre aspect est que à Kinshasa, je pense qu’on préfère dépenser pour un mort plutôt que de venir en aide à un malade sur son lit de l’hôpital ou même s’il est coincé dans son lit dans son domicile faute de frais pour les soins médicaux. Un mort à Kinshasa semble avoir plusieurs soutiens qu’alors lorsqu’il était encore sur son lit de malade, la même personne était presque abandonnée dans son propre sort. Le décès d’un parent ou d’un ami constitue pour ses membres et ses proches une occasion de se lancer dans une sorte de concurrence. Juste avant les funérailles, tous tendent les enveloppes remplies d’argent, dont pour quelques uns peuvent dépasser parfois (1000$ US) milles dollars américains comme leur participation à l’organisation des obsèques. Pire encore, ils vont jusqu’à révéler la hauteur de leur contribution à la famille du défunt, pour se faire remarquer ou pour faire la différence avec les autres. Or, si cet acte de générosité avait été posé pendant que la personne souffrait sur son lit de malade, tout abandonnée à son propre sort, on aurait sans doute sauvé toute vie et donné à la personne la chance de vivre encore sur cette terre…
Alors, la question que je me pose est de savoir, comment peut-on avoir de la compassion vis-à-vis d’un cadavre ou d’un mort au lieu d’un malade ou d’un souffrant ? Comment peut-on venir au secours d’un cadavre et sacrifier un malade ou un souffrant qui a besoin d’une assistance ? Sommes-nous aujourd’hui dans quel monde ?
L’autre aspect qui m’a beaucoup impressionné, c’est de voir des belles des routes ou rues sont difficilement praticables. Le congolais aime bien la vie, la belle vie. Il veut être heureux, mais il n me semble que si chaque congolais se donne la peine de réparer du moins la route de sa maison, avec sa belle voiture, nous pouvons comprendre le bien fondé de ces luxes voitures qui roulent à toute vitesse sans tenir compte même des panneaux routiers. Voilà même les causes des plupart des accidents qui se produisent ici dans la ville de Kinshasa.
Toutefois, ce qui est plus remarquables, c’est de voir le bon accueil du peuple congolais. Je me suis senti comme chez moi, dès mon arrivé au Congo. L’accueil est chaleureux. Je me suis entré facilement en contact avec les gens. J’ai faits de chaque famille que j’ai rencontrée, ma famille et chaque m’accueille comme un de leurs.
 Voilà ce que, depuis ici en RD Congo, nous avons voulu partager avec vous. Soyez unis à nous, au cœur de nos multiples joies et difficultés, comme nous, en ce moment même, nous le sommes à vous pour partager votre joie.
-Nzambe abenissa biso banso, apesa biso motema pio ntina te biloko banso, toluka bolingi wa ye.
 ( Que Dieu nous bénisse, qu’il nous accorde la paix du cœur, afin qu’en tout, sa volonté soit recherchée).
- Natombeli biso eyenga ya baboti malamu !!! 
 (Je nous souhaite une bonne fête des parents!) 
- Natombeli biso eyenga ya lipanda malamu !!!
(Je nous souhaite une bonne fête de l’indépendance de la RD Congo!)


                                     

                                                                                                                 




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