vendredi 18 mars 2016

Le mariage traditionnel au Nord du Cameroun

INTRODUCTION
On peut situer le peuple Moudang dans la région du Nord Cameroun, précisément dans le département du Mayo Kany qui a pour chef lieu Kaélé et, dans la région du Sud Est du Tchad, dans le département de Mayo Dallah ayant pour chef lieu la ville de Léré. C’est un peuple à la fois pasteur et agriculteur. Le peuple Moudang est foncièrement attaché à la tradition des ancêtres en ce qui concerne : le legs des terres aux descendants, les rites ou coutumes, la célébration du mariage de leurs enfants[1], etc. Et, c’est à cette dernière pratique de la tradition à savoir  la célébration du mariage que nous allons le plus nous intéresser  dans le cadre de notre travail sur le mariage traditionnel chez le peuple Moudang du nord-Cameroun et du Sud Est du Tchad.
Pour bien aborder ce thème, nous allons nous évertuer à présenter dans un premier temps la conception du mariage traditionnel et ses contours et enfin nous parlerons du mariage dans le sens que revêt le mariage coutumier. Pour réaliser ce travail, certains documents consultés nous ont été d’un grand apport. On peut citer par exemple : Une source orale, la Bible, et bien d’autres ouvrages relatant l’histoire de ce peuple. Vis-à-vis de toutes ces recherches, l’on peut alors se rendre compte que le modernisme a altéré le mariage traditionnel sans le vider complètement de sa substance.
Ainsi, l’on peut remarquer que le mariage traditionnel tel que pratiqué par les ancêtres ont fait ses preuves et doit par conséquent demeurer une source d’inspiration pour les générations futures. C’est pourquoi nous pouvons maintenant nous lancer à l’étude du mariage traditionnel et ses contours.
I.                   Le mariage traditionnel et ses contours
I. 1.  Les fondements du mariage dans les temps anciens
Il est important de souligner de prime à bord que le mariage  chez les Moudang n’est pas un contrat entre deux personnes, mais entre deux familles, entre deux sociétés, entre deux peuples, avec pour exécutants un homme et une femme qui ne sont pas consultés au préalable[2]. Donc une femme épouse une famille et non un homme, mais elle vivra maritalement avec un seul membre de cette famille. Mentionnons aussi en passant qu’un homme épouse en effet la famille qui lui a donné la femme, mais sans toute fois oublier qu’il ne vivra maritalement qu’avec sa femme.
Ainsi, la famille se comprend ici au sens de la large famille africaine contrairement  l’assertion biblique qui stipule que : «  l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme » (Gn 2, 34). Chez le peuple Moudang, c’est la femme qui quitte ses parents pour rejoindre la famille de son époux. Raison pour laquelle que c’est l’homme qui prend l’initiative d’aller dans une famille quelconque pour y demander la main de la fille qu’il désire avoir pour épouse et non le contraire. Par contre, même s’il arrivait qu’une femme tombe amoureuse d’un homme, elle est sensée maitriser ses sentiments et non l’extérioriser. Cependant, force est de signaler que, il n’est pas impératif aux futures époux de se connaitre au préalable à savoir l’expérimentation de leur vie conjugale avant le mariage. Tout de même, ils le feront le moment venu de manière légale. Par ailleurs, la fille peut se familiariser afin d’apprécier sa future belle famille bien avant le mariage.  


I.1.2. Le but du mariage
Le but du mariage est aussi d’avoir un compagnon attentionné et agréable à vivre, avec pour caractère une « femme docile et généreuse, et par ailleurs un ami fort et respecté »[3]
La fécondité et le caractère sont les deux critères principaux des fiancés. Et pour ce, la base de l’information reste et demeure la mère de la fille à marier et sa famille. Prenons un exemple pour expliciter nos propos : si elle (c’est-à-dire la belle mère) a fait beaucoup d’enfants, sa fille sera considérée autant.  Si elle a un bon caractère, si elle est travailleuse, l’on n’a pas intérêt à tergiverser. On peut se donner le luxe de choisir ses filles les yeux fermés, parce que quelqu’un la connait bien, espérant qu’elles ressembleront à leur mère.  Et la conséquence d’une telle pratique, résidera dans la difficulté d’accepter une fille dont les origines sont douteuses, bref une fille dont on ne connait pas les parents. Faisons remarquer ici que le physique n’est pas un critère de choix (l’on remarque alors que le mariage dans l’Afrique traditionnelle ne fait pas mention de la beauté. Les critères saillants, sont ceux que nous avons énumérés plus haut).


I.1.3. La cérémonie de la dot[4]
Nous aimerions ici présenter un squelette de la cérémonie de la dot chez le peuple Moudang. C’est une cérémonie assez détendue où l’on s’exprime en parabole pour faire passer un message assez chargé de sens et de signification.
C’est le père de la future mariée qui commence la conversation en demandant par exemple :
·         « Que venez-vous faire ici » ?
Et au représentant qu’on nomme (Pâfâyé) = les pieds qu’on envoie = l’envoyer/ le messager) du groupe de ceux qui demandent la main de la fille de répondre :
·         « Nous avons faim et nous venons chercher un épi de mil que nous pourrons semer et entretenir ».
Le père de la jeune fille peut donner alors une réponse défavorable comme celle-ci pour décourager ce dernier et sa suite :
·         «  Nous n’avons pas d’épi de mil ».
Alors l’envoyé essaie à sa manière d’expliciter sa demande en ces termes :
·         « Au fait, nous venons chercher quelqu’un qui peut nous préparer à manger ».
Le père de la jeune fille reste rigide sur ses propos en rétorquant :
·         « Cette personne n’est pas ici ».
Mais l’envoyé insiste :
·         « Nous savons que celle que nous cherchons est ici ».
Alors le père de la jeune fille contrarié, donne l’ordre de vérifier si réellement la personne recherchée est dans sa concession. Il dira :
·         « Allez voir si la personne qu’ils cherchent est dans la maison »
Puis, il envoie une fille. Elle part et revient avec une jeune fille, mais pas celle que l’on cherche. Et il pose la question :
·         «  C’est elle que vous voulez ? »
L’envoyé répond :
·         « Non »
La fille envoyée ramène la fille qu’elle était partie chercher et revient seule.
Et le porte-parole demande de nouveau :
·         « Où est-elle ? »
La fille répond :
·         « La voiture n’a plus d’essence ».
Et le père de la jeune fille ajoute :
·         « Il faut de l’essence dans la voiture »
Puis, on donna une enveloppe pour l’essence, mais elle revint bredouille car dit-elle, la voiture s’est embourbée et il faut pousser. On donna encore une enveloppe et elle revint avec une autre fille, qui n’est pas celle recherchée.
·         « Voilà celle que vous cherchiez », dit le père de la mariée.
·         « Ce n’est pas elle », répond le porte-parole en précisant que : « celle que nous cherchons s’appelle Esther ».
·         « Va chercher Clarisse ! », dit alors le père de la future mariée.
·         « Il faut ajouter l’essence », insista la jeune fille

L’on avança en donnant des enveloppes à plusieurs reprises pour mettre le carburant ou encore pousser une voiture embourbée dans une maison voisine. C’est ainsi qu’en fin de compte la vraie Clarisse fera son entrée sous les ovations de l’assistance. L’on peut alors constater que la cérémonie du mariage traditionnel chez les Moudang se passe dans un véritable concours de patience.
Après cette étape qu’on appelle « le droit du sol foulé »[5], les parents des deux cotés se retirent pour s’entretenir à huis clos. A près cette étape, c’est le retentissement des tam-tams synonyme d’un début de fête où la bière des mil coule à flot et la danse bat son plein. C’est vraiment la fête au vrai sens du mot. Ceci dit, nous passons à la préparation du mariage coutumier.
II. LE MARIAGE COUTUMIER
II.1. La préparation au mariage
La préparation au mariage dans la culture Moudang diffère selon qu’on est garçon ou fille. Nous prendrons chaque cas pour élucider cette vie commune.


II.1.1. Pour le garçon
On remarque chez ce peuple que le garçon, avant l’âge de la circoncision (5-10 ans), dort dans la case de sa mère, mais se forme à l’école de la vie auprès de son père qu’il accompagne dans ses tâches quotidiennes.[6] Il apprend en observant, en aidant à faire et en faisant. Ce qui ne le met pas aussi à l’abri de subir des tests d’intelligence. Par exemple quand on est entrain d’attacher quelque chose (la clôture,  le toit de la case, ou du bois) et qu’une liane se coupe, on l’envoie chez un parent prendre un sac où l’on met les bouts des lianes coupées. Et ce dernier peut l’envoyer chez un autre, ainsi de suite jusqu’à ce qu’il comprenne ou bien que quelqu’un lui dise que cette chose n’existe pas.
Le garçon devient un homme dès qu’il sait faire ce que son père fait. Mais le premier acte de préparation du garçon au mariage est la circoncision.[7] C’est là où il devient homme et commence à prendre distance des femmes car il entre désormais dans la classe des initiés, le rang des hommes (il ne pourra plus manger avec des femmes ni entrer dans la cuisine ni encore moins rester dans l’assemblée des femmes).
On ne lui parle pas des relations sexuelles c’est-à-dire il n’y a pas une période où on apprend au garçon l’exercice des relations sexuelles. Dès qu’il en prend conscience, il ne doit plus dormir chez sa mère. Il fait une extension de la case maternelle pour en faire son habitation. C’est la deuxième étape car c’est une malédiction d’avoir une relation sexuelle dans la maison parentale. Cette étape est « fonction de taille de l’enfant et de son degré d’intelligence et non de son âge. »[8]
Et une fois qu’il ait intégré sa case à coté de celle de sa mère, son père lui délimite une portion de terrain qui sera sa concession, ou l’envoie en demander au chef du quartier. L’enfant commence par y faire une clôture et le faire cultiver. Le père le presse de construire une case. Une fois la case terminée on peut lui trouver une femme, ce qui veut dire qu’il est apte à recevoir une femme et d’en prendre soin.
II. 2. Pour la fille
La fille se forme accompagnée de sa mère qui devient son professeur, « sa conseillère et sa confidente »[9] en quelque sorte. Elle apprend tous ce qu’une femme doit savoir et faire, particulièrement à s’occuper d’un enfant, à s’occuper du ménage à la maison. Ainsi, dès qu’elle peut préparer toute seule des mets comme les « nâh rifilî », on considère qu’elle acquiert déjà une certaine maturité à rendre un grand nombre de service à son mari en prenant soin de lui. C’est ainsi que la jeune fille en plus de cette capacité suscitée pourra se marier dès qu’elle aura vue ses premières menstruations « weu sangni » ce qui veut littéralement dire les  périodes de femmes.
Reste à régler le problème de corpulence. Une fille commence à devenir femme quand ses seins commencent à prendre forme. Cependant, s’il pousse trop vite alors qu’elle est toute petite de taille, on les masse pour freiner la croissance et lui laisser le temps de grandir un peu. S’il ya au contraire un retard de croissance, on recourt à une pratique traditionnelle pour donner autant que possible la forme d’une femme à la fille. La femme doit avoir une bonne forme (grasse pour la plupart des cas). Après cette étape, « les demandes en  mariage commencent à affluer »[10]  













CONCLUSION
En définitive, nous avons pu constater tout au long de notre analyse que, aller en mariage pour une fille c’est une fierté aussi bien pour elle que pour ses parents qui ont l’impression d’avoir réussi l’éducation de leur enfant. Car, on dit de la fille non mariée qu’elle est fanée « mungoro », donc plus il y en a beaucoup des filles non mariées au sein d’une même famille, plus cela donne une mauvaise impression à l’entourage.
Par ailleurs l’homme non marié (mungoro) est une hideur dans la société. Il est qualifié d’irresponsable, il est le type d’exemple à ne pas suivre. Car à la différence de la fille, qui a des circonstances atténuantes (d’autant plus que c’est l’homme qui doit faire les avances), c’est de lui que dépend son mariage.
Et nous avons aussi pu constater qu’en pays Moudang, l’objectif premier du mariage est avant toute chose la procréation.[11] Nous sommes donc de plein pied dans une société où la puissance d’un homme se mesure par le nombre de ses femmes et de ses enfants.


BIBLIOGRAPHIE
v  Bible
v  Jean-Pascal BENOIST, « kirdi au Nord du Monde », Julliard, 1957, p. 268.
v  Pierre BILLARD, Le Cameroun, Essai de géographie physique, Lyon Beaux-arts, 1968.
v  Yves PLUMEY, Mission Tchad-Cameroun « L’annonce de l’évangile au nord –Cameroun et au mayo kebbi (1946-1986), Italie, éd. Oblates, 1990.
REVUES
v  Yves JOCTEUR-MONROZIER, Revue Pole et tropiques, 1948, n. 5
v  Pole et Tropiques n. 1950.




[1] Yves PLUMEY, Mission Tchad-Cameroun, « L’annonce de l’évangile au Nord-Cameroun et au mayo kebbi (1946-1986) », Italie, éd. Oblates, 1990, p. 177.
[2] Cf. Idem, p. 182.
[3]  Yves PLUMEY, op-cit, p. 183.
[4] Ici l’intégralité de la procédure de cette cérémonie est d’une source orale. TEROSSE, Source orale, réalisée par le Père REMJEMO Christophe (omi), le 24 février 2012, Poli, 15h30.
[5] Yves PLUMEY, Op. cit., p. 187.
[6] Cf. Ibidem, p. 187.
[7] Cf. Yves PLUMEY, Idem, p. 188.
[8] Yves JOCTEUR /MONROZER, Revue Pole et tropique 1948, No 5, p.25.
[9] Yves PLUMEY, Idem, p. 188.
[10] Pole et tropique, n 8, 1950, p. 33.
[11] Jean-Pascal BENOIST, « kirdi au bord du Monde », Julliard, 1957, p. 268.

9 commentaires:

  1. Indépendamment de la réception quotidienne de traitements de dépôt injectables oraux ou futurs, ceux-ci nécessitent des visites de soins de santé pour le traitement et le suivi de la sécurité et des interventions. Si les patients sont traités suffisamment tôt, avant que le système immunitaire ne soit gravement endommagé, l'espérance de vie est proche de la normale tant que le traitement est réussi. Cependant, lorsque les patients arrêtent le traitement, le virus rebondit à des niveaux élevés chez la plupart des patients, parfois associés à une maladie grave parce que j’ai vécu cela et même à un risque accru de décès. Le but de «guérir» est en cours, mais je crois toujours que mon gouvernement a fabriqué des millions de médicaments antirétroviraux au lieu de trouver un traitement. pour le traitement et la surveillance en cours. Les ARV seuls ne peuvent pas guérir le VIH, car parmi les cellules infectées se trouvent des cellules de mémoire CD4 à très longue durée de vie et éventuellement d'autres cellules qui agissent comme des réservoirs à long terme. Le VIH peut se cacher dans ces cellules sans être détecté par le système immunitaire du corps. Par conséquent, même lorsque le TARV bloque complètement les infections ultérieures de cellules, les réservoirs qui ont été infectés avant le début du traitement persistent et le VIH rebondit si le traitement est interrompu. «Cure» pourrait signifier une guérison par éradication, ce qui signifie débarrasser complètement le corps du virus réservoir ou une guérison fonctionnelle du VIH, où le VIH peut rester dans les cellules du réservoir mais le rebond à des niveaux élevés est empêché après une interruption du traitement.Dr Itua Herbal Medicine me permet croit qu'il existe un espoir pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, de la schizophrénie, du cancer, de la scoliose, de la fibromyalgie, de la toxicité de la fluoroquinolone
    Syndrome Fibrodysplasia Ossificans Progressiva.Fatal Familial Insomnia Factor V Leiden Mutation, Maladie de Epilepsy Dupuytren, Desmoplastic, petite tumeur à cellules rondes, Diabète, Maladie de Creutzfeldt-Jakob carcinome.Asthme, Maladies allergiques.Hiv_Aids, Herpe, Copd, Diabete, Hépatite, j'ai lu en ligne à son sujet comment il a guéri Tasha et Tara, je l'ai donc contacté à drituaherbalcenter@gmail.com et a même parlé de whatsapps +2348149277967 alors croyez-moi que c'était facile J'ai bu son médicament à base de plantes pendant deux semaines et j'ai été guéri comme ça, le Dr Itua n'est-il pas un homme merveilleux? Oui il l'est! Je le remercie beaucoup et je vous conseillerai donc si vous souffrez de l'une de ces maladies. Veuillez le contacter, c'est un homme bien.

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  2. Curieusement, cette cérémonie de mariage coutumier ou dot est similaire chez les bamilékés de l'Ouest.

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    1. Jean Nestor, bonjour. Merci pour ce résumé. Il montre la richesse et l'originalité du mariage dans la culture africaine. Il serait utile que les jeunes africains en soient informés afin de préserver leur identité et mieux préparer leur mariage.

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  3. J'ai oublié de me présenter. Je suis Jean Pierre

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  4. Un mariage coutumier aussi simple, peu coûteux et surtout très vertueux car il appelle les jeunes à s'abstenir avant le mariage et aux futures épouses à se soumettre à leur mari et à bien prendre soin d'eux tandis que les futurs époux doivent rester attentionné envers leur femme. Merci de nous éclairer sur ce thème !

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  5. Un mariage coutumier aussi simple, peu coûteux et surtout très vertueux car il appelle les jeunes à s'abstenir avant le mariage et aux futures épouses à se soumettre à leur mari et à bien prendre soin d'eux tandis que les futurs époux doivent rester attentionné envers leur femme. Merci de nous éclairer sur ce thème !

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  6. Un mariage coutumier aussi simple, peu coûteux et surtout très vertueux car il appelle les jeunes à s'abstenir avant le mariage et aux futures épouses à se soumettre à leur mari et à bien prendre soin d'eux tandis que les futurs époux doivent rester attentionné envers leur femme. Merci de nous éclairer sur ce thème !

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