vendredi 4 avril 2014

L'evangélisation en profondeur de la Sr Josée NGALULA

I.                   L’ordre de préférence des théologiens africains :

1.      Sœur Josée NGALULA

2.      Leonard SANTEDI

3.      Alfonse NGINDU MUSHETE

4.      Mgr. Tarcisse THIBANGU

5.       André KABASELE MUKENGE

6.      Gilbert SHIMBA Banza


7.      Engelbert MVENG

8.      Vincent MULAGO

9.      Barthelemy Adoukonou

10.  Benezet BUJO




II.                Parmi les 10 théologiens africains, nous avons choisi la Sœur Josée NGALULA comme la théologienne de notre première préférence et nous allons résumer son ouvrage intitule :« Evangélisation en profondeur ».


III.0. Introduction
Dans ces pages, nous présentons le résume du premier chapitre : Un éclatement interconfessionnel original et suscitant des défis particuliers du livre de la Sœurs Josée NGALULA intitulé Evangélisation en profondeur. Pour se faire, nous allons diviser ce résumé en trois points principaux à savoir : La  nouvelle donnée de l’éclatement confessionnel du christianisme sur le continent africain ; Le défi d’un christianisme populaire marqué par de nouveaux « dogmes » et enfin le christianisme marqué par la peur du monde invisible.
Notre auteur Josée NGALULA  commence ce chapitre en faisant un constat pertinent : «Bien que confessant un seul Dieu et se référant à la personne de Jésus-Christ, les chrétiens dans le monde sont actuellement divisés, à cause d’un certain nombre des conflits qui jalonnent l’histoire du ‘’Nord’’ »[1]. Pour elle, l’Afrique du Nord et l’Ethiopie ont accueilli l’Evangile aux 14-16e siècles marqués par les divisions entre les catholiques et les protestants. Ces querelles confessionnelles en trainaient aussi des divisions au sien des clans, des villages et même dans la famille et vite les africains ont eu une mauvaise impression du christianisme en disant « il est divisant par nature ».
A l’aube de l’Année de la Foi 2012-2013, la configuration du christianisme divisé est plus complexe, spécialement en Afrique subsaharienne marqué, depuis la fin du 19e siècle, par la multiplication des nouveaux mouvements religieux, ce qui suscite des défis spécifiques au christianisme catholique et une réflexion sérieux sur l’évangélisation en profondeur.

3.1.La « nouvelle donnée » de l’éclatement confessionnel du christianisme sur le continent africain
Ici, la Sœur Josée NGALULA, auteur du livre « Evangélisation en profondeur » fait voir la naissance et l’épanouissement de nouveaux mouvements religieux en Afrique et la division du christianisme dans l’histoire que se présente de la manière suivante : catholiques, orthodoxes, églises issues de la reformes et autres confessions chrétiennes. Quant à l’Afrique, nous trouvons les mouvements religieux suivant : « églises africaines indépendantes », et «églises de réveil » ; « pentecôtisme à visage africain ». On trouve aussi des institutions se disant « églises chrétiennes », qui tiennent à une certaine autonomie, mais qui ne rentrent pas dans ces trois catégories. Il s’agit de : « témoins de Jéhovah », « Adventistes du Septième jour (Mormons) », « Eglise néo-apostolique », « La science chrétienne », «Assemblée chrétienne » (Brahanam), « Eglise de la scientologie », etc.



3.1.1.      Les « églises africaines indépendantes » (EAI)
L’expression « églises africaines indépendantes » désigne, à l’origine, des mouvements religieux fondés en Afrique subsaharienne vers la fin du 19e siècle et surtout durant la période coloniale, par des africains et pour des africains, en rupture avec les institutions ecclésiales issues de l’activité des missionnaires chrétiens occidentaux.
Le monde très élevé des adeptes des EAI, au moins avant les indépendances des pays africains, a fortement marqué l’histoire et le visage du christianisme sur le continent, au point qu’à la subdivision traditionnelle « catholiques/orthodoxe/protestants/ », s’est ajouté un quatrième groupe : les « églises africaines indépendantes ».
La majorité des « EAI » a disparu avec les indépendances des pays africains, mais quelques-unes ont survécu jusqu’aujourd’hui, notamment : « Eglise africaine d’Israël » fondée au Kenya ; « Eglise africaine de l’intérieur » fondée au Soudan ; « Eglise de Jésus-Christ sur la terre par le prophète Simon Kimbangu » fondée en RDC ; « Eglise du Seigneur Aladura » fondée au Nigéria » ; « Eglise Harriste » fondée en Côte d’Ivoire ; « la société des chérubins et séraphins », « l’Eglise du christianisme céleste », etc.
Pour notre cher auteur et émiant théologienne, la situation de ces mouvements religieux a considérablement évolué, d’abord après les indépendances des pays africains, ensuite depuis les années 1980 – 1990, à cause de l’invasion, sur le continent africain par des mouvements de type évangélique et pentecôtiste.

3.1.2.      Le pentecôtisme africain
Certains manuels, dit l’auteur, classent le pentecôtisme parmi les « églises issues de la réforme mais ils présentent des caractéristiques particulières. La mouvance pentecôtiste, née au début du 20e siècle, s’insère dans le grand ensemble de l’évangélisme, qui se distingue des formes plus traditionnelles de protestantisme par la centralité de la conversion individuelle et de l’expérience personnelle ( naître de nouveau) et l’importance accordée à l’œuvre prosélyte et aux activités visant à convertir le maximum de personnes (croisades d’évangélisation, télévangélisme, etc.). Cette mouvance pentecôtiste se différencie du reste du champ évangélique (église baptiste ou évangélique) par son insistance sur les manifestations  de l’Esprit-Saint (spécialement de parler en langue, miracles, prophéties, guérisons) ainsi que sur le « baptême dans l’Esprit ». Sa doctrine tourne autour de quatre piliers à savoir : « Jésus sauve, guérit, délivre, baptise et revient » ; le tout dans  un contexte de pratique religieuse devant être obligatoirement émotionnelle et expressive.
Le pentecôtisme n’est pas à confondre avec les groupes de « renouveau charismatique » qu’on trouve dans les paroisses protestantes ou catholiques, bien que ceux-ci aient copié une bonne partie du vocabulaire et des pratiques pentecôtistes.
Une grande partie des groupes pentecôtistes privilégie la dénomination « Assemblée de Dieu ». Sur le continent africain, des antennes locales «  des assemblées de Dieu américaines ou européennes se sont installées dès le 1er quart du 20e siècle (Afrique du Sud, Liberia, Burkina-Faso). Les spécialistes estiment que le Nigeria est la troisième plus importante communauté mondiale des « Assemblées de Dieu », après Brésil et les Etats-Unis, avec plus d’un million de convertis. Notons que le Sénégal et le Niger demeurent très faiblement pénétrés par le pentecôtisme.
En République Démocratique du Congo, par exemple, les antennes pentecôtistes occidentales ont été établies dans les années 1920, par les missionnaires suédois de la Mission Libre Suédoise. Elles se sont éclatées en plusieurs dénominations, telles que « Eglise de Dieu », « Vie chrétienne », etc. La plupart d’entre elles sont membre de l’association « Eglise du Christ au Congo » (ECC) ou de la « Communauté des églises de Pentecôte au Congo » (CEPCO). Leur liturgie insiste sur l’expérience de la ferveur émotionnelle, perceptible dans les chants, prières rythmées par des « alléluias », l’atmosphère joyeuse et exaltante. En plus de la prédication axée sur une appropriation personnelle de la parole de Dieu, les témoignages ainsi que les impositions des mains en vue de la guérison sont des élémentsconstitutifs du culte. Un « chrétien accomplit » est celui qui a vécu l’effusion de l’Esprit-Saint comme les Apôtres le jour de la Pentecôte et qui devient à son tour témoin du Christ par sa propre personnalité renouvelée et par l’évangélisation du prochain.
Auparavant, les pasteurs pentecôtistes ne recevaient pas de formation car l’effusion de l’Esprit-Saint était considérée comme suffisante. Aujourd’hui les choses ont changé, depuis 1955 ils reçoivent une formation théologique solide notamment à la « Faculté de Théologie Protestante » de Kinshasa. Le pentecôtisme à Kinshasa a gardé des structures pastorales traditionnelles du protestantisme : assemblées dominicales, sainte cène, évangélisation, œuvres de promotion humaine, etc.

3.1.3.      Les « églises de réveil » ou « pentecôtistes »
Les « églises deréveil » ne sont pas signalées dans les présentations officielles des confessions issues de la Réforme du 16e siècle. Elles ont surgit et se sont développées avec la vague des prédicateurs indépendants ayant des « ministres » transnationaux et appelés télévangélistes, car ils se servent largement des médias et des grandes stades pour convertir les foules. Certains élément de la doctrine sont puisés dans la mouvance évangélique et pentecôtistes (manifestations émotionnelles, conversion immédiate et « publicité », des miracles) d’où leur qualification « néo-pentecôtistes ». Les dénominations sont souvent tirées de textes bibliques (« église de Sion », « tabernacle », etc.). Des dissidences y sont très fréquentes, d’où le nombre toujours de plus en plus élevé des « églises de réveil » en Afrique subsaharienne. Le fond doctrinal commun de ces mouvements chrétiens tourne autour d’au moins quatre piliers :
a)      Une « théologie de la prospérité » - le confort matériel et leluxe sont des manifestations privilégiées de la bénédiction divine. La conséquence de cela est que les chrétiens pauvres sont complexés et recherchent à tout prix la richesse, pour « prouver » qu’ils sont du côté de Dieu qui bénit et non du côté de Satan qui maudit
b)      Une « théologie de la semence » enseignant que les bénédictions divines sont proportionnelles aux dons offerts dans la foi. Quiconque veut s’enrichir n’a qu’à donner largement aux serviteurs de Dieu et à l’église, de manière à récolter le centuple de ce qui a été semé.
c)      Une « théologie de la gloire » prêchant que Dieu ne contente pas de sauver que les âmes, mais qu’il a aussi le projet d’élever socialement ceux qui croient en lui. Les bénédictions divines doivent nécessairement inclure une ascension sociale.
d)     Une « théologie de la sacralité du livre de la Bible » enseignant que tout ce qui est écrit littéralement dans la Bible est la vérité inspirée par Dieu. La Bible est là pour donner des réponses immédiates aux questions pratiques de la vie courante et, cela est exprimé par cette formule : « la Bible a la solution pour tout ».
La plupart de ces caractéristiques sont puisées dans les comportements et méthodes des télévangélistes nord-américains, qui privilégie les médias et les techniques de charme/persuasion qui sont liées : les campagnes d’évangélisation, se servir de chaines de radio et télévision, des livres, vidéos, concerts des orchestres « chrétiens » polos, des sites internet, des blogs, Facebook, etc., pour véhiculer leurs idées.
L’ « église de réveil est entrée » en Afrique subsaharienne  à partir des années 1980 avec les prédicateurs transnationaux ou à travers des africains qui ont entré en contact avec eux. Dans sa configuration actuelle sur le continent Africain, le courant « église de réveil » se présenteà trois types :                            
1-      L’extension des « ministères » basés en Occident et créant des succursales en Afrique, quand elles ne se sont pas carrément déplacées ;
2-      Des représentations locales « déguisées », pour échapper à certaines contraintes de l’Etat : selon les apparences, c’est un (e) africain (e) qui a initié le « ministère », mais en réalité, ce n’est qu’une façade d’une organisation dirigé de l’extérieur ;
3-      Des créations locales et autonomes s’inspirant des grands mouvements de réveil internationaux, quand ce ne sont pas des dissidences. Les fondateurs, souvent entourés des membres de leurs familles, sont généralement appelés « prophètes », « apôtres », « évangélistes », « pasteurs », etc.
Grâce aux moyens de communication sociale atteignant les grandes masses, les doctrines, les spiritualités et les pratiques de nouveaux mouvements religieux font partie de la culture religieuse populaire. Ce caractère populaire provoque un certain nombre de défis, c’est-à-dire des obstacles que le christianisme en Afrique subsaharienne devrait surmonter, pour être plus fidèle à la foi reçue des Apôtres.




3.2.       Le défi d’un christianisme populaire marqué par de nouveaux « dogmes »
Ici, le mot « dogme » est compris dans un sens dérivé, c’est-à-dire, une opinion  émise comme une certitude, une vérité indiscutable. Ces dogmes populaires favorisent un esprit mercantile dans la relation au Dieu révélé en Jésus-Christ ainsi que la peur du monde invisible.
3.2.1.      « C’est biblique »
Il s’agit, d’après notre auteur, d’une conviction selon laquelle n’est « vrai », et doit être pris au sérieux sans remise en question, que ce qui se trouve littéralement écrit dans la Bible, même si il y a une erreur de frappe.
3.2.2.      « Dieu m’a béni »
Ici, on exploite la « théologie de la prospérité » selon laquelle la pauvreté est un signe de la malédiction divin. Et l’ascension sociale, accompagné des témoignages publiques et médiatisés, comme l’unique reflet de la bénédiction divine.
3.2.3.      « Dieu m’a parlé » ou « Dieu m’a oint »
Il s’agit de la prétention des responsables des églises de réveil de vouloir garder ses ouailles en les empêchant de se laisser attirer par d’autres groupes ecclésiaux. La Sœur NGALULA appelle cette prétention « pièces à conviction »[2], c’est-à-dire inventer  des véritables histoires imaginaires pour persuader qu’en allant ailleurs, ils ne trouveront pas mieux. Deux pièces sont à souligne :
a)      La légitimation : elle consiste à se présenter comme étant en relation direct et personnelle avec Dieu, de qui on a reçu une révélation, une onction et une vocation spéciale inexistante ailleurs. Tout ceci est « prouvé » par des citations bibliques.
b)      La manifestation d’une certaine « puissance » : ceci correspond aux attentes de la religiosité populaire ; parler d’une voix très forte et imposante comme signe « d’autorité », programmer régulièrement des miracles et exorcismes, avoir un type d’imposition des mains qui fait tomber les gens par terre et drainer des foules.


3.3.        Un christianisme marqué par la peur du monde invisible
Un des éléments de l’héritage traditionnel africain qui marque encore une bonne partie des africains aujourd’hui est « la peur du monde invisible », spécialement du pouvoir maléfique qui peuvent avoir certains défunts malveillants, les génies et les esprits mauvais, la peur de fétiche, de la malédiction et de l’envoutement, de « sorcier » ou « magicien ». Cette peur est paralysante au moins pour deux raisons :
a)      Elle aveugle carrément les personnes sur les éventuelles autres sources du problème (microbes provocant des maladies ; lois sociales de cause à effet, etc.) les empêchant ainsi de résoudre ces problèmes de la racine ;
b)      Elle met les personnes convaincues d’être face à «  un plus fort » (car invisible), dans une situation de fragilité psychologique qui les expose à la merci d’éventuels charlatans (pasteurs, prophète, apôtre, etc.) qui leur proposeraient la « voyance » et la protection.
La peur du monde invisible a plusieurs conséquences dans la vie du chrétien africain à tel point que la présentation du christianisme comme « pouvoir » du Christ et de ces disciples sur les forces du mal invisible (le monde démoniaque) peut faire attirer beaucoup de ces personnes vivant dans la peur des structures ecclésiales présentant un certain degré de protection contre ce monde invisible malveillante. C’est de cette manière que, de plus en plus, nous voyons dans nos Eglises une influence de cette mentalité fétichiste dans la relation au Dieu révélé en Jésus-Christ. Cette mentalité se manifeste de plusieurs manières dont nous citons quelques-unes :
-          Demandes interminables de l’eau bénite ; demande de bénédictions des huiles, de sel ; multiplications des neuvaines, des voyants ; usage de la Bible ou chapelet dans les étalages de commerçants, etc.
On croit que avec ces pratiques on  va neutraliser les forces invisibles du mal  car le Christ est force, on croit qu’on aurait plus de chances de réussir dans tout ce qu’on va faire même si on n’est pas capable pour tel travail ou tel domaine. Quand on ne réussit pas, c’est l’église ou le pasteur qui n’est pas efficace et il faut change de l’église – ce que la Sœur appelle « vagabondage spirituel »[3], c’est-à-dire le changement constante d’une église à une autre dans la recherche de solutions à ses problèmes : sociales, financière, familière, spirituelles, etc.

3.4.      Conclusion
Enfin, malgré tout ce que nous venons de décrire, selon notre auteur Sœur Josée NGALULA, il ne faut pas tomber dans le pessimisme, car les statistiques montrent que des milliers d’africaines et d’africains sont intéressés par Jésus-Christ, au point que le centre de gravité du christianisme est en train de se déplacer en partie vers l’Afrique subsaharienne. Même si cet intérêt pour le christianisme peut sociologiquement être expliqué, marqué par diverses raisons, il demeure un point de départ pour l’évangélisation en profondeur. Etant donné que notre réflexion s’axait sur ce point, nous n’allons pas aborder ce second chapitre sur l’Evangélisation en profondeur car le précédant fait l’objet de notre résumé.     




[1] NGALULA Josée, Evangélisation en profondeur, Défis pastoraux à l’aube de l’Année de la Foi, Kinshasa, Médiaspaul, 2012, p.5
[2] Ibidem, p. 18
[3]Ibedem, p. 25

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