dimanche 1 juin 2014

Abbé Alphonse NGINDU Mushete qui s’intitule : Pertinence et originalité de la théologie politique en Afrique subsaharienne. Un requestionnement.

Notre investigation consiste à analyser ensuite résumer l’article du Professeur ordinaire Abbé Alphonse NGINDU Mushete qui s’intitule : Pertinence et originalité de la théologie politique en Afrique subsaharienne. Un requestionnement. Cet article est publié dans les Actes de quatorzièmes journées scientifiques de l’Université Saint Augustin de Kinshasa du 15 au 18 décembre 2010 avec comme thème : Politique et Morale. Enjeux et Stratégies pour une Afrique nouvelle. Il sied d’indiquer que ce travail s’inscrit dans le cadre de l’approfondissement de notre cours de  Théologie Africaine, dispensé par l’éminent Professeur Docteur, l’auteur même de cet article. A travers ce travail pratique nous voulons bien saisir la pensée de notre auteur telle qu’elle est exprimée à travers cet article.
En effet, la grande Révolution théologique du XXe siècle comme l’auteur de cet article le souligne a pour noms : Théologie politique, Théologie de l’Esperance, Théologie sociale, Théologie de la Création, Théologie de la Culture ou de l’Inculturation, Théologie de Reconstruction, Théologie de la Paix, Théologie de la Solidarité et de la Paix ou Théologie de la Promotion humaine, ou de la Libération. Ces expressions sont courantes en Afrique, en Asie, en Amérique Latine mais aussi parmi les minorités noires aux Etats-Unis.
Pour mener à bien cette étude scientifique, nous voulons signifier avec les mots de notre auteur que toute théologie est historiquement située, socialement déterminée, culturellement et épistémologiquement définie. Notre travail sera subdivisé en cinq parties hormis l’introduction et la conclusion. Dans la première partie nous allons présenter l’apport des sciences humaines dans le domaine de la théologie africaine, ensuite, présenter l’analyse marxiste qui sera suivie par les caractéristiques des théologies africaines de Libération : poids de l’histoire sur la Race Noire. La quatrième partie sera consacrée sur le langage théologique : la pauvreté anthropologique et structurelle, le langage théologique et l’appel des béatitudes et enfin, la cinquième partie sera focalisée autour de  la Recommandation sur le rôle des Laïcs.
I. L’apport des sciences humaines : Une question de fond
Jadis les sciences dites humaines et sociales étaient regardée d’un mauvais œil par les théologiens. Aujourd’hui, l’on est presque unanime et convaincu que ces sciences constituent un instrument d’analyse indispensable pour le théologien africain que nous sommes. Pour le théologien, ces sciences nous aident à bien présenter non seulement  la Culture africaine, son anthropologie et sa cosmologie mais aussi nous aident à aborder valablement le contexte de vie des sociétés africaines. Cette exigence est reconnue même devant les institutions de formation théologique. D’où l’insertion des certains cours comme : Philosophie, histoire, géographie, sociologie, art, psychologie, psychanalyse, etc. Bref, sans une bonne base en sciences humaines, la théologie Africaine est désarmée devant l’analyse complexe de la société africaine ainsi que de son environnement spatio-temporel. Actuellement grâce à l’apport des  sciences humaines, l’on est convaincu que l’approche de la Vérité passe par des voies innombrables, autres que la logique aristotélico-thomiste ou la dialectique hégélienne.
En effet, comme dit l’auteur de cet article, « le contexte africain est un univers complexe, profondément enraciné dans son passé, tragiquement écartelé dans son présent et vertigineusement tendu vers son passé ».
Ceci veut dire que si l’on doit chercher à approfondir une réalité africaine, celle-ci doit être considérée dans sa totalité en évitant de ne rien sacrifier dans ses aspects même les plus minimes. Il est vrai que la nouvelle génération africaine face à son propre univers, est souvent désorientée car tournée vers l’Occident. Dans l’approche du contexte africain, du point de vue théologique, il est important de s’arrêter sur l’analyse marxiste ; ainsi la problématique des sciences humaines dans le discours théologique africain peut se trouver éclairée.
2. Analyse marxiste
            En effet, la théologie africaine fait partie des théologies du Tiers-Monde. Ces théologies dites « contextuelles » partent de l’analyse du monde de vie selon JM. Ela. La théologie africaine a souvent été taxée d’employer l’analyse marxiste chose au vue de notre auteur qu’on ne peut pas acceptée car cela n’est vrai que pour les théologies latino-américaines car cette analyse s’applique à la société bourgeoise et capitaliste de l’Occident, société à laquelle appartiennent les protagonistes de la théologie de libération.
            En fait, les théologiens africains insistent beaucoup sur le dilemme aliénation ou annihilation culturelle. Les catégories de l’aliénation marxiste s’appliquent imparfaitement à la société et à l’homme africain. Les peuples africains, à travers la traite négrière, l’esclavage, la domination coloniale et le racisme institutionnalisé ont été réduits à une situation sans commune mesure avec les classes prolétaires les plus exploitées des autres continents. Il est important de signifier que pour l’Afrique le concept d’aliénation ne rend pas compte de cette situation. Le concept qui pourrait être utilisé est celui d’annihilation pour essayer de cerner ce qui a été réellement la visée de la domination et de l’exploitation de l’Afrique. Il est important de dire que l’Afrique avait été niée dans son identité d’hommes et de cultures. Point n’est besoin de rappeler ici. Sinon la littérature anticolonialisme et anti-impérialisme est assez abondante. Ces situations que nous venons à peine d’évoquer à savoir : le colonialisme, l’esclavagisme, la traite négrière et autres sont actuellement encore visible sur le continent mais sous autres formes. L’Occident se montre toujours comme modèle pour l’Afrique, elle pense avoir à proposer à ce continent. Certes, un défi  est lancé à nous la jeune génération africaine face à cette situation de négligence, de paternalisme et de donneur des leçons de la part de l’occident.
3. Les caractéristiques des théologies africaines de libération :
                  Poids de l’Histoire      sur la Race Noire.
Comme nous l’avons signifié, les théologies du Tiers Monde sont souvent désignées comme des Théologies de Libération. Certes, il est important de spécifier ce qui spécifie les Théologies latino-américaine de Libération. Ces dernières sont récentes, elles sont nées vers les années 1960 et elles procèdent de deux sources. La première est la triple réaction contre de décollage économique, contre la domination du capitalisme et de l’impérialisme nord-américain qui engendrent le cercle vicieux du sous-développement et enfin contre l’impérialisme et l’arrogance des écoles théologiques occidentales totalement étrangères  aux réalités latino-américaine. La deuxième source est la lecture latino-américaine de la bible, et particulièrement de l’Evangile, dans les perspectives de le Libération.
En effet, contrairement à la théologie de Libération de l’Amérique latine, les théologies de libération africaines sont très anciennes. La plupart ont donnée naissance à ce que l’on appelle les  Eglises Indépendantes. En Afrique du sud, nous avons la fondation des Eglises Ethiopiennes, au Congo- Kinshasa comme au Brazzaville nous avons eu les Kimbanguismes et les Mutsutanisme voient le jour après la Première Guerre mondiale. Bref, un peu partout en Afrique de nouvelles sectes n’ont cessé de se multiplié. Pour désigner les mouvements qui ont donné naissances aux Eglises indépendantes africaines, les auteurs emploient les termes comme les Messianismes, les Prophétismes, les Millénaristes etc. Tous ces mouvements en effet, recouvrent une même réalité qui est l’effort de Libération et la recherche du salut des  peuples qui se sentent en danger de perdition.
En suite la problématique de la libération est une exigence réelle de l’Afrique d’hier et d’aujourd’hui. Elle se pose comme une réaction contre le racisme et l’apartheid sud-africains. Il est important de signifier que ce système qui se réclame de la bible constitue la négation même de l’Evangile. Fort malheureusement Les Eglises officielles ont pu s’accommoder à ce système. C’est important de faire savoir que les messianismes et les Eglises indépendantes en Afrique du sud  ne constituent pas le sous-produit d’une mentalité nègre sorcelleresque, capable seulement de syncrétismes grossiers. Il s’agit, au contraire, d’une lecture et d’une praxis africaines de l’Evangile, les seules possibles à des hommes bafoués, opprimés par les Occident qui se croyaient peuple élu. Ceci constitue à notre avis un défi pour le Christianisme, une interpellation adressée aux Eglises qui ont prophétisaient de ne pas trahir l’Evangile dans n’importe quelle circonstance.  Certes, l’expérience sud-africaine continue aujourd’hui sous des formes sans doute subtiles.
Comme on le voit bien, le contexte latino-américain est différent de celle de l’Afrique. En effet, en Afrique ce sont des masses des opprimés qui poussent leur clameur vers Dieu alors qu’En Amérique latine, le porte-parole de la théologie de Libération ne sont pas les autochtones moins encore les anciens esclaves noirs mais plutôt une élite intellectuelle issue des Occidentaux de la Diaspora.
En effet, comme l’affirme l’auteur de cet article, la problématique de la société africaine de la Libération se pose, en second lieu, en réaction contre la situation coloniale. C’est justement le cas des Eglises indépendantes et des sectes dans les anciennes colonies. La colonisation se présente en fait comme un système de domination politique, économique et culturelle. Dans un tel système, la réflexion théologique est inséparable d’une remise en question politique. Elle est une réaction contre toute entreprise d’annihilation culturelle des valeurs africaines.
En outre, la dimension politique de la théologie africaine peut se définir comme un effort de Libération de l’homme opprimé par les systèmes de domination. Cette dimension continue même après la colonisation, à l’intérieur  des systèmes politiques de l’Afrique indépendante. La mission prophétique de la théologie continue la mission prophétique de l’Evangile. Il est à noter que cette observation est d’une importance capitale par le fait que le système de paupérisation a été et demeure encore un affront plus grave porté contre l’Homme africain.
En effet, par la colonisation, la traite de l’homme noir, l’esclavagisme et autres, l’Africains a été nié non seulement à travers sa langue, son art méconnus et détruits mais aussi ses sociétés  avec leurs institutions politiques, économiques et culturelles. Ainsi donc, sauver l’Homme africain, c’est d’abord le tirer de son anéantissement culturel. La crédibilité même de l’Evangile est à ce prix. Et l’une des valeurs africaines que le Christianisme doit sauver c’est l’art africain[1]. En effet, l’Evangélisation de la Culture africaine doit veiller à ce que l’art africain puisse devenir un nouveau langage de créativité du peuple chrétien africain. On ne peut que se réjouir quand on constate le progrès en liturgie qui tient compte de l’africain.

4. Le langage théologique
a). La pauvreté anthropologique et structurelle.
            En effet, le concept « pauvreté » est beaucoup employé dans l’Eglise à partir du Vatican II. Certes, il n’a pas la même signification partout. Pour les théologiens africains le pauvre est celui qui ne possède pas les valeurs reconnues par la société en place, telle que l’honneur au Moyen-âge, l’argent de la société capitaliste, la technologie dans la société de demain. La pauvreté de la société africaine est liée au sous-développement que le continent connait. Mais aussi cette pauvreté se justifie d’autre part par la volonté expresse du colonisateur qui à travers son système politique, économique et  social mis sur pied n’a pas tenu compte des facteurs de développement. Cette approche de la pauvreté peut s’appliquer également en Amérique-latine. Là, la pauvreté se pose en termes de possession et non d’être. Dans un tel contexte, la lutte contre la pauvreté rejoint la lutte des classes. Comme nous venons de l’affirmer, la pauvreté latino-américaine peut s’exprimer en termes de possession et de non-possession ; celle de l’Afrique il faut le dire va plus loin. Elle s’exprime en termes d’être et de non être. En d’autres mots, la pauvreté que subit la société africaine n’est pas seulement le fruit du sous-développement structurel, elle est aussi et profondément comme l’auteur  l’affirme le résultat de processus d’annihilation que nous avons évoqué. Donc, la pauvreté pour l’homme d’Afrique et d’aujourd’hui, est d’abord au-delà du sous-développement, la négation de l’humanité négro-africaine par les forces d’oppression.[2]
En fait, l’homme africain a été dépouillé de son être, il a même été nié jusque dans sa propre culture par les forces d’oppressions. Ce qui est encore dure, l’éducation coloniale ne l’a pas vidé dans sa substance, elle lui a appris à se nier  et à se détruire lui-même. L’africain s’est donc trouvé étranger chez lui. Comme le souligne Fabien Eboussi Boulaga, la négation de l’homme africain avait atteint les racines éthiques et intellectuelles, ses facultés de créativité, son sens de l’histoire.

b). Le langage théologique et l’appel des béatitudes
En effet, le pauvre de la bible, est présenté comme un homme faible, chétif, sans ressources et sans appui humains. Il se reconnait pécheur et implore le secours de Dieu pour sa libération de son état de péché et de misère. Le pauvre dans ce contexte ici ne s’installe ni dans le péché moins encore dans la misère. Bien au contraire, c’est parce qu’il refuse qu’il s’adresse à Dieu. Les béatitudes pour notre auteur ne sont ni une canonisation, ni une institutionnalisation de la misère plutôt une mobilisation, un message d’espérance et de Libération pour les pauvres de Dieu.
En outre, grâce  à une lecture africaine des Saintes Ecritures le thème Libération, l’africain parvient à conclure que le Message du salut n’est pas seulement un refus et une condamnation de la paupérisation anthropologique mais encore un vaste programme de restauration de l’humanité à la suite du Christ. En fait, l’appel des béatitudes s’adresse aujourd’hui de façon particulière aux Eglises d’Afrique, terre des pauvres, du mépris de l’homme mais aussi terre de Vie et d’Espérance où l’Evangile annonce la restauration de l’Homme nouveau. L’humanité en siècle de l’épouvante et de la mort a plus besoin d’un Message de Survie et de l’Espérance. Voilà donc la signification profonde et peu remarquée de  la théologie africaine de Libération. En bref, il est question de libérer l’Eglise du Christ de la « captivité babylonienne », et cette libération  concerne les pauvres, les faibles, les opprimés, politiquement, économiquement, religieusement. Certes, nous savons théologiquement, que la libération est avant d’abord et avant tout Libération des enfants de Dieu que nous sommes, du péché et de l’oppression du Malin. Libération est aussi Libération de l’Evangile, prisonnier, des millénaires, des puissances de ce monde, qui, de message du Salut  et de Libération, en ont fait un outil de domination et d’oppression.
En suite, la théologie africaine de Libération se présente comme une réforme spirituelle des individus ainsi que des communautés à tous les niveaux, sur la base des Béatitudes. Cette réforme se présente sous une forme de remise en question en tout premier lieu, de l’Humanité moderne en tant qu’elle est divisée sur tous les plans : politique, économique, sociale, culturelle et religieux. Elle soumet ensuite à la critique les anthropologies modernes, dites capitalistes ou socialistes, parce qu’elles sont fondées sur la division du genre humain et la lutte pour le pouvoir et la domination. La théologie de libération est en aussi une remise en question du Christianisme venu dans les pays du nord en tant qu’il est divisé et ferment de division. Pour notre auteur, l’Evangile doit être libéré de ses captivités historiques, et tous les hommes sans distinction de race, de couleur, de race, de pays, de culture, d’origine doivent se mettre en jugement devant Dieu  et y trouver la Bonne nouvelle du Salut et de la Libération.
5. Recommandation sur le rôle des Laïcs
La fonction de la Promotion de l’homme est un devoir de tout chrétien. Les laïcs en effet, trouvent à travers cette tache le domaine le plus crucial et le plus enthousiasmant de leur participation à la vocation à la mission de l’Eglise. Dans ce domaine précis, il est important de souligner que le rôle des laïcs est irremplaçable.
Tel est l’enseignement de l’Eglise à travers le Concile Vatican II : «  Les chrétiens venus de tous les pays, et rassemblés dans l’Eglise, ne se distinguent des autres hommes, ni par leur pays ni par leur langue, ni par leur faconde se comporter dans la cité, aussi, doivent-ils vivre pour Dieu et le Christ selon les usages et le comportement de leur pays, pour cultiver vraiment et efficacement en bons citoyens, l’amour de la patrie, pour éviter cependant de manière absolue le mépris à l’égard des races étrangères, le nationalisme exacerbé, et promouvoir l’Amour universel des hommes … Dans l’obtention de ces résultats, ont une très grande importance et sont digne d’un intérêt particulier, les Laïcs autrement dit, ces chrétiens qui, incorporés par le baptême, vivent dans le monde. C’est leur rôle propre quand ils sont pénétrés de l’Esprit du Christ, d’animer de l’intérieur, à la façon d’un ferment, les réalités temporelles et les disposer pour qu’elles soient toujours selon le Christ ».
Nous voici au terme de notre investigation où il a été question de résumer l’article Pertinence et originalité de la théologie politique en Afrique subsaharienne. Un requestionnement. Cet article est publié dans les Actes de quatorzièmes journées scientifiques de l’Université Saint Augustin de Kinshasa du 15 au 18 décembre 2010 avec comme thème : Politique et Morale. Enjeux et Stratégies pour une Afrique nouvelle. Il est maintenant temps de justifier le choix  de l’ouvrage, de l’auteur et si il y éventuellement les difficultés rencontrés. Il est nécessaire de dire que le choix de ce sujet provient d’une inquiétude si pas d’un doute nous avons manifesté depuis longtemps. En effet, nous étions perplexe sur ce qu’est la Théologie Africaine ainsi que son contenu. C’est sur ce fond que nous nous sommes permis d’étudier cet article pour bien comprendre la pertinence, mieux l’intelligence et l’originalité de cette théologie. Après avoir rencontré le Professeur Alphonse NGINDU Mushiete à travers, ces conférences, ses livres, ses explications données au cours, nous sommes sure que toute notre inquiétude a été éclairée. Nous avons porté le choix sur l’article du Professeur Alphonse NGINDU car, d’aucuns n’ignore que ce dernier fait partie des défenseurs acharnés de la Théologie Africaine. Il est parmi les pionniers qui ont travaillé pour que la théologie Africaine puisse être reconnue et enseignée. Il est parmi les chercheurs qui font avancer cette science. Nombreux de ses ouvrages et articles en témoignent.


           




1.       E. MVENG, L’art d’Africain noire. Liturgie cosmique et langage religieux, in bulletin de Théologie Africain, 1979, vol.1, p.99-102.
2.       Sur la problématique africaine de la pauvreté. Cfr E. MVENG et J-M. ELA : Eglise et Solidarité des pauvres en Afrique.

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