jeudi 5 mars 2015

Assemblée de Dieu la Borne

Introduction.
Travailler sur les nouveaux groupes ou mouvements religieux n’est pas une entreprise aisée, à cause de son sens équivoque de leurs doctrines. Ainsi, dans ce travail, nous aimerons saisir et situer les nouveaux mouvements religieux et leur influence dans la vie spirituelle des habitants de Kinshasa, en République Démocratique de Congo (RDC) : Le cas de l’Assemblée de Dieu la Borne.
Nous allons non seulement relever les méthodes de séduction de ses mouvements religieux, mais aussi et surtout indiquer en quoi ils interpellent l’Eglise catholique dans son action pastorale et dans sa manière de présenter la foi aujourd’hui.
1-Les mouvements religieux comme signes de temps.
La ville de Kinshasa fait partie des villes qui abritent un grand nombre de mouvements religieux. Et le professeur MWENE BATENDE affirme : « La ville de Kinshasa est un foyer de concentration d’une multitude d’églises spirituelles disséminées pratiquement dans toutes les communes »[1]. Et comme les jeunes d’aujourd’hui semblent se déraciner de leurs anciennes unités sociales de vie collective, nombreux sont ceux qui manquent de repère, de base référentielle, facilement les « Kinois » sont projetés et obligés de s’affronter et de se laisser conduire à  un nouveau monde qui ne leur présente aucun lien où peuvent s’accrocher à de nouveaux modèles, aucun cadre de référence pour trouver solution aux multiples problèmes posés par leur nouvelle situation. Les gens connaissent une carence d’être qui les fait vivre dans la surface, le refus de limites et une tendance vers la facilité.
Voila un tel contexte auquel les sectes ou nouveaux mouvements religieux prétendent apporter une solution. Ils semblent offrir des orientations nouvelles aux personnes désemparées, angoissées, déracinées, désespérées…, leur permettant un recommencement d’une ère nouvelle.
En bref, ces nouveaux mouvements religieux semblent s’emparer de l’intégralité du salut chrétien qu’ils réinterprètent et administrent leur propre prospective.
Autant, ces sectes constitue un signe de temps autant elles sont un véritable défit permanant dans la pastorale aujourd’hui.
2-L’enseignement de l’Assemblée de Dieu la Borne.
Dans les nouveaux mouvements religieux, les éléments qui sortent dans les expressions de leurs célébrations sont : la prédication, la prière et la louange. Visiblement, tout semble fonctionnel et il n’y a rien de métaphysique, de transcendantal ni d’abstrait. La proximité avec le Christ se déploie en fonction des besoins vitaux essentiels des fidèles, qui ont une notion vague du christianisme.

a-      La christologie.
        Le Seigneur et Fils de Dieu n’est confessé dans  ces nouveaux mouvements religieux qu’en fonction de ses actions et de sa relation avec les hommes. Nous avons noté la mention du Fils de Dieu des la première salutation par le pasteur. Et d’amblée, il proclame haut et fort que le Fils de Dieu est Amour et de Bonté. Ensuite, est annoncé l’horizon vers lequel doivent s’orienter les attentes de chacun à savoir la réussite. On exclue toute spiritualité de la croix et du combat quotidien. Enfin le pasteur doit convaincre les fideles que le Christ a déjà accompli toutes les demandes faites.
b-     La pneumatologie.
      A l’instar de la christologie, il n’y a pas de spéculation abstraite à propos de la doctrine de Saint-Esprit. Là, on note que le Saint-Esprit parle dans la bouche du pasteur, pour aider les fideles à discerner et à lire les signes de dieu dans les événements de chacun et leur assurer la protection contre le démon.
3- Critique.
      Dans cette brève présentation du message chrétien dans l’assemblée de Dieu la Bonne, il en ressort clairement que les fideles vont vraiment à la recherche de Dieu. Toutefois, le contenu de leur assemblée est limité. Cette assemblée de Dieu la Bonne exclut toute spiritualité de la croix et prône une certaine diabolisation du monde. Leur message central peut se résumer en la recherche d’une intervention immédiate de l’Esprit en vue du bien des fideles. Il suffit d’entendre les différents témoignages pour s’en rendre compte.
     Du point de vue dogmatique, il n’y a rien à mentionner ; et l’interprétation de la Bible n’est faite qu’en liaison avec les besoins actuels des fideles.
      En général, les prédications sont puisées dans la Bible, mais les pasteurs recourent souvent, sans  que l’auditoire s’en aperçoive, à l’enseignement des églises missionnaires. C’est dans cette perspective que le professeur NTEDIKA affirme que « leur but final est d’apporter d’abord des solutions immédiates et concrètes aux problèmes de leur vie et de leur situation familiale »[2].
Conclusion.
     A Kinshasa, la complexité des réalités auxquelles les catholiques font face mérite un réexamen profond en vue d’ « une évangélisation en profondeur ».[3] 
Déracinés par rapport aux valeurs traditionnelles, les citadins Kinois ont du mal à s’enraciner dans la vraie foi. Cette carence au niveau profond rend les personnes indécises et instables quand il s’agit d’approfondir la foi reçu des apôtres.
      Mais cette malaise est plus accentuée lorsque’ les nouveaux mouvements religieux, prétendent apporter solution aux problèmes vitaux en projetant une foule innombrable dans une spiritualité basée sur l’avoir plutôt que sur l’être.
    Somme toute,  il y a là, un vrai problème pastoral en face duquel les catholiques doivent réfléchir et tenter de donner les réponses en présentant de manière actuelle et crédible de nouvelles voies par lesquelles elle peut enraciner l’Evangile de Jésus dans la régénération de la vie des hommes et des femmes aujourd’hui. Faut-il une autre théologie de la régénération ?



[1]MWENE BATENDE, Les sectes : un signe de temps ? in C.E.R.A. numéro spécial, vol 27-28, n*53-56,1993-1994,P35.  
[2] NTENDIKA KONDE, « La théologie au service des églises d’Afrique », in R.T.A, n*5, 1997, P.23.
[3] Sœur Josée NGALULA, Evangélisation en profondeur. Défis pastoraux à l’aube de l’année de la foi, ed Mediaspaul, 2012, P.51.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire