samedi 1 mars 2014

Défi de la contextualisation

Le défi de la contextualisation
1. A.NGINDU Mushete, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012.
2. J.M.ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, Paris, Karthala, 2003.
3. L.SANTEDI, Dogme et inculturation en Afrique. Perspective d’une théologie de l’invention, Paris, Karthala, 2003.
4.Kä Mana, La nouvelle évangélisation en Afrique, Paris, Karthala, 2000.
5. A.RAMAZANI, Eglise famille de Dieu. Esquisse d’ecclésiologie africaine, Paris, Lharmattan, 2001.
6. E.NTAKARUTIMANA, Vers une théologie africaine. La théologie et les théologiens au Congo : Projets et défis dans la période de l’après indépendance(1960), Fribourg, Editions Universitaires de Fribourg Suisse, 2002.
7. D.MAFUTA, Double appartenance des chrétiens africains ? Inculturation et pluralité religieuse, Paris, L’Harmattan, 2010.
8. V.NTUMBA, Trois clés pour une lecture africaine du Nouveau Testament, Kinshasa, Carmel Afrique, 2009.
9. A.KABASELE, Lire la Bible dans une société en crise. Etudes d’herméneutique interculturelle, Kinshasa, Médiaspaul, 2007.
10. V.MULAGO, Un visage africain du christianisme, Paris, Présence Africaine, 1962.


Parmi ces dix théologiens, mon choix est porté sur :
 A.NGINDU Mushete, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012.
Mon champ de réflexion porte sur :
Le défi de la contextualisation
J'ai choisi cet auteur pour deux raisons : d’une part, il est très actuel et concret dans sa manière d’aborder la question. D’autre part, il répond à deux questions fondamentales et incontournables de l’homme africain : l’inculturation et la reconstruction. Etant aussi africain, je me sens confronté par ce défi (le mépris de l’homme noir). C’est une question qui demeure tant qu’il y a un noir et un blanc. Permettez que je dise : c’est un perpétuel combat. Par conséquent, le noir doit s’affirmer.
J'ai choisi de réfléchir sur ce chapitre parce qu’il me donne des pistes de solution sur mon identité entant qu’elle est niée par l’occident. Je me rends compte que la libération de l’homme africain ne dépend pas de l’occident, mais de lui-même avec son Dieu.

Le défi de la contextualisation
L’Eglise qui a toujours pensé globalement, doit désormais agir localement pour répondre aux exigences du temps présent. Par suite, le défi de la contextualisation s’inscrit justement dans cet agir local. Ceci dit, notre résumé peut s’ouvrir par une question comme celle-ci : N’est-il pas évident et urgent de fonder localement cette Eglise en lui dotant de tous ses moyens d’action sur le plan culturel, éthique, disciplinaire et théologique ?[1] Cette question, nous renvoie en effet à une nécessité de reconnaitre la théologie africaine. L’initiative de créer une église locale, est un effort d’inculturation. C’est cet effort qui sera sérieusement combattu par les non africains. D’où, nécessité de se défendre ou mieux de répondre à ce défi.

Le défi majeur est celui de nier ou de mépriser toute initiative d’inculturation de l’évangile en Afrique. C’est une façon d’illégitimer la théologie africaine. L’idée essentielle de ce chapitre est celle ci : La théologie africaine existe et doit exister. Car, toute théologie est historiquement située, sociologiquement déterminée et culturellement  définie. D’ailleurs, toute pensée n’est que culturelle parce que l’homme est un être en situation, c’est-à-dire qu’il appartient toujours à une race, à une nation, à une tribu, à une culture, à une famille, etc. Ainsi, son agir ne peut pas se passer du contexte culturel. Par suite, la thèse de la contextualisation peut être soutenue par les propos éloquents du feu Cardinal Malula qui disait : « Les missionnaires européens ont jadis christianisé l’Afrique, aujourd’hui les chrétiens africains vont africaniser le christianisme ».Il ne s’agit plus de faire des discours, très peu suivis d’effets, sur le paradigme dominant de cette seconde étape de l’évangélisation qu’est L’INCULTURATION, mais de poser des actions concrètes[2] (ajouta Joseph NDOUM). Il s’agit donc d’interpréter l’évangile à la manière africaine pour répondre aux exigences
En effet, que veut dire évangéliser ? L’auteur nous fait voir que l’évangélisation n’est pas une imposition de model, de discours, de manière de penser, de culture, etc. Mais plutôt la transmission du message tenant compte des valeurs humaines retrouvées dans une culture donnée. Notons que si le message de l’évangile n’est pas inculturé, il ne peut pas toucher le cœur de l’homme. Par conséquent, il sera difficile de parler de la conversion qui est le but même de l’évangélisation. Bien entendu, l’interprétation doit nécessairement être culturelle au risque de prêcher au désert. Ainsi donc, l’évangélisation devient une manière de rendre un peuple capable d’interpréter le message dans sa propre culture. Un message bien interprété, reste toujours susceptible d’être intériorisé et de porter des fruits concrets. Il revient donc aux peuples de se découvrir à partir du message de l’évangile.
En effet, l’auteur pense que c’est aux peuples de se construire eux-mêmes comme une société, une nation et une église. L’évangile contient justement une dimension qui est celle de rendre les peuples responsables de leur situation pour qu’ils s’en sortent. Car, il y a plus de joie de trouver soi-même la solution au problème que de la recevoir d’ailleurs. Un bon missionnaire ne peut jamais se prétendre être la solution pour les peuples. Il est par contre appelé à guider le peuple vers Dieu. Conduire le peuple vers Dieu, c’est dire à tout homme « Voici l’agneau de Dieu » (Cf Jn1, 35), et le peuple est libre d’aller vers cet agneau. La mission qui lui est confiée, est celle d’aider les peuples à prendre conscience de leur état de péché. Certes, quand l’homme se rend compte qu’il se détruit, il cesse de le faire. Le sens de l’évangélisation est de rendre l’homme responsable de sa propre vie pour l’inviter à un effort personnel de se libérer.  Car évangéliser quelqu’un, c’est le libérer de son esclavage. L’Evangile nous rend libre ; cette libération n’est pas en de hors de la culture. Ainsi, il n’y a d’inculturation que libératrice, et il n’y a de libération qu’enracinée dans une culture donnée[3].
En outre, l’essentiel est d’amener l’homme à se découvrir et à devenir soi-même pour qu’il  sente en lui, une nécessité de se libérer. Car il est difficile de sauver l’homme sans qu’il le veule. Dieu, pour nous sauver, il a pris notre condition, c’est-à-dire il s’est fait homme. Peut-on devenir homme sans être incorporé dans une culture donnée ? En effet, nul n’ignore que Dieu s’est inscrit dans l’histoire d’un peuple, même dans sa manière de penser et de vivre, pour le sauver. C’est dans ce contexte là que le message de l’évangile nous est parvenu.
Notons que l’évangile, avant d’être un message universel, il est d’abord une parole adressée directement à un peuple pour son salut. D’où, le véritable problème comme celui de salut, de développement, ne se pose que dans une perspective culturelle. Il faut donc souligner que l’interprétation culturelle d’une question fondamentale ne se négocie pas ; elle s’impose. Nous ne pouvons comprendre un message que s’il nous est adressé, c’est-à-dire s’il est transmis dans une langue que nous comprenons et dans un contexte culturel qui est le notre. Certes, si le message du Christ n’était pas contextualisé, il resterait un discours oiseux, sans être compris par qui que ce soit. Ne peut être compris et accueilli que ce qui est transmis dans un contexte culturel. En effet, J.MELA le dit mieux en ce terme : « Nous ne savons pas ce que nous croyons si nous ne le disons pas dans notre propre langage »[4]. Il s’ensuit que toute réalité humaine ne peut être exprimée que dans un langage aussi humain. C’est ainsi que le Christ s’est servi même du langage de son peuple pour lui expliquer la réalité d’en haut. Ainsi, toute parabole ne peut pas ne pas faire allusion à la réalité juive quand il faut lui transmettre le message. Disons par exemple que « le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ… » (Cf Mt 13,31)[5]. Si le peuple juif n’avait pas une culture du grain de sénevé, le Christ ne l’évoquerait pas dans cette parabole ; il parlerait d’une autre chose. Nous pouvons donc dire que le Christ a posé un geste de la contextualisation.


Pour conclure, l’inculturation est une exigence de l’évangélisation. Ceci dit, on ne peut pas ne pas parler de la théologie africaine puis qu’elle s’impose de soi. Il n’ya aucune raison de dire non à l’inculturation parce que la parole de Dieu est toujours et déjà située dans un contexte. En outre, le principe d’incarnation correspond même à ce geste d’inculturation. Dieu s’est contextualisé dans une situation bien déterminée en vue de sauver le genre humain. Etant Dieu, il pouvait sauver l’homme autrement qu’être inscrit dans une culture. Mais il ne l’a pas fait ; peut être pour montrer l’importance de se situer dans un contexte. Vue cela, disons donc que l’inculturation est importante comme une étape de l’évangélisation.  






[1] Cf A.NGINDU.Mushete, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012. P 7.
[2] J.NDOUM, L’INCULTURATION A TOUT PRIX ? Essai sur le christianisme post-missionnaire en Afrique noire, Limena (Italie), Imprimenda, 2005. P 5.
[3] Cf J.M.ELA, identité propre d’une théologie africaine, in C.GEFFRE (éd.), théologie et choc des cultures. Colloque de l’institut Catholique de Paris, Paris, p23-54. Cité par A.NGINDU, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012. P 8.
[4] Op.cit. p 10.
[5] Notons que c’est une version de la Bible de Jérusalem.

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