vendredi 11 octobre 2013

La Vie Consacrée, Donatien


INTRODUCTION
On appelle médias, tout support qui consiste à diffuser une information ; par contre la vie religieuse, c’est une vie à la suite du Christ par la profession des conseils évangéliques. De ce fait, vous conviendrez avec nous que parler des medias et de la vie religieuse aujourd’hui,  c’est réfléchir sans doute, déjà et nécessairement sur l’évolution de la société actuelle et son impact sur la vie religieuse. C’est aussi parler de la culture de l’heure, de la mentalité du moment, de la foi et de la marche de l’Eglise dans la société ; afin de prendre les précautions pour faire face aux problèmes du temps avec les armes du moment.               En effet, les moyens de communication sociale et la vie religieuse, ont comme points de rencontre : l’homme et la société, sans lesquels vie religieuse et médias ne peuvent exister. Car, l’homme est à la fois sujet de la société, consommateur de l’information et image du Christ à la suite de qui se trouve le religieux aujourd’hui. C’est ainsi  que le Christ  dira que ce que vous aviez fait à ce petit, c’est à moi que vous l’aviez fait (Mt 25, 40).  Par ailleurs, le Bienheureux Jean-Paul II, s’adressant aux journalistes à l’occasion de la dix-huitième journée mondiale  des moyens de communication sociale, déclarait en ces termes : «  Ne donnez pas de l’homme une représentation mutilée, gauchie, fermée aux valeurs authentiques.  Donnez une place au transcendant, qui  rend l’homme plus homme. Ne tournez pas en dérisions les valeurs religieuses. Que votre information soit toujours inspirée des critères de vérités et de justice, reconnaissant le devoir de rectifier et de réparer, s’il vous est arrivé de vous tromper »[1].  Face aux  programmes hybrides et le langage pluridimensionnel  que nous offrent des médias, la vie religieuse doit être le sel de la terre et la lumière du monde ; de telle sorte que ceux qui opèrent dans le domaine de médias arrivent à proposer à l’homme des produits, non seulement qui l’immunisent contre les répercussions destructrices, mais surtout qui lui redonnent son image d’enfant de Dieu. Toutefois, sachant que la société médiatique est un domaine vaste, nous parlerons de quelques médias vis-à-vis de leurs avantages et inconvénients avec la vie religieuse. 


Ceci étant, outre l’introduction et la conclusion, notre démarche se fera de la manière suivante : 1) Considération historique et finalités médiatiques ; 2) La vie religieuse et le livre ; 3) La vie religieuse et la télévision ; 4) La vie religieuse et le téléphone ; 5) la vie religieuse et l’internet ; 6) Orientations du magistère.

1. CONSIDERATIONS HISTORIQUES ET FINALITES MEDIATIQUES
L’histoire laisse entendre que tout est parti du XVe siècle, avec l’invention de l’imprimerie, par l’européen Johannes Gutenberg.  C’est là même ; « la reproduction exacte devient possible, la diffusion suit, le texte biblique pouvait circuler et faire l’objet d’une lecture individuelle. L’accessibilité aux textes s’en trouve multipliée et son contrôle échappe désormais aux élites traditionnelles »[2].                                                                                    Dès lors, le savoir ou la connaissance n’était plus le fait de quelques privilégiés : chacun pouvait s’instruire et s’informer par le biais du livre. Mais plus tard, avec le XIXe siècle, une nouvelle face apparait sur l’échiquier mondial ; il s’agit  de l’électronique : «  la découverte de l’électricité et l’invention des machines performantes, voient le jour avec les éléments ci-après : la photographie en 1827, le cinéma en 1875, la téléphonie en 1876, le phonographe en 1877, la radiophonie en 1906, la télévision en 1925, l’aventure spatiale en 1926, l’ordinateur en 1937 et enfin l’internet en 1968 »[3].                                                             Il s’agit là de la phase de l’intercommunication avec une large diffusion des informations et une nouvelle pression  médiatique sur le plan social. Tous ces médias ou moyens de communication sociale  sont sincèrement salués par la vie religieuse en particulier, et l’Eglise en général ; car, l’Evangile du Christ trouve par là des moyens de communication très efficaces et indispensables, à travers lesquels il doit être bien annoncé.
Cette idée sera soutenue aussi par le bienheureux Jean-Paul II, à l’occasion de la 35e journée mondiale des moyens de communication sociale, en disant : « l’Eglise ne peut pas renoncer à être profondément impliquée dans le monde en plein développement des communications ; il se réjouit par conséquent, des transmissions par satellite en mondovision des cérémonies religieuses qui souvent atteignent une audience globale »[4]. Ainsi, le pape considérait les médias comme : «  les dispensateurs d’un potentiel spirituel qui appartient au patrimoine de l’humanité et qui est destiné à enrichir l’ensemble de la communauté humaine »[5].  L’Eglise voyait en ce sens des médias qui auraient pour rôle essentiel d’informer, de former et de transformer l’homme et la société dans un grand souci de justice, de vérité, de paix, et de développement. Mais contrairement à ces intérêts et valeurs attendues, du coup les médias se font accompagner d’un langage pluriel et des programmes multiformes qui, parfois, remettent en cause les valeurs morales et religieuses.                            De là, l’urgence d’utiliser les médias avec discernement et esprit critique s’impose à tous les chrétiens en général, et aux religieux en particulier. Le bienheureux  Jean-Paul II nous le rappelle en ces termes : « les médias donnent l’impression d’ignorer le rôle vital de la religion dans la vie humaine ou traitent la croyance religieuse de manière négative et antipathique. Il prie les parents pour que, face aux messages contradictoires à une hiérarchie des valeurs, ils soient  les premiers à former leurs enfants dans l’utilisation modérée, critique, vigilante et prudente des moyens de communication sociale »[6].                                                          Il faut noter néanmoins que, malgré leurs faiblesses, leurs exagérations, et leurs déformations, les médias sont actuellement une nécessité. Par conséquent, la vie religieuse ne peut s’en passer, ni rester à l’écart de la société médiatique. Ceci peut être le cas du livre, de la télévision, du téléphone, et de l’internet ; pour ne citer que cela.  Sur ce, nous allons à présent faire un point sur la vie religieuse et le livre.



2. LA VIE RELIGIEUSE ET LE LIVRE

Parmi les médias salués par l’Eglise et préférés par les religieux et les religieuses, il  sied de citer surtout la presse écrite ou le livre. L’histoire révèle même que les premiers manuscrits trouvent leur origine dans la vie consacrée, notamment avec la vie monastique. En effet, « par le livre, l’on peut transmettre les valeurs scientifiques, culturelles, philosophiques, religieuses, dogmatiques, morales et idéologiques »[7]. La presse écrite est un média parmi tant d’autres, son objectif est  de communiquer, d’informer et de former. Toutefois, c’est un média fait par des hommes et des femmes qui ont leurs faiblesses, et leurs limites.                                                                                                                                       C’est ainsi que par l’information qu’ils nous proposent, il faut aussi et continuellement savoir faire un choix ; car, certaines informations peuvent aider à l’objectif visé, d’autres peuvent s’y opposer, distraire l’esprit et le cœur, divertir au sens néfaste. De ce fait,   l’on soutient que « dès sa naissance l’imprimerie a été bien sûr saluée par l’Eglise et considérée comme l’auxiliatrice de l’Eglise, mais en même temps, le nonce du pape à Venise exerce une surveillance sur les activités de cette technique nouvelle, et les évêques allemands interviennent contre l’impression des brochures et des livres contraires à la religion »[8].                 A cet effet, le droit canonique n’est pas du reste quand il exige aux pasteurs des âmes de veiller sur les écrits à publier par leurs fidèles. Il s’agit en effet du canon 823, paragraphe 1, dont le texte intégral se présente de la manière suivante : « pour préserver l’intégrité de la foi et des mœurs, les pasteurs de l’Eglise ont le devoir et le droit de veiller à ce qu’il ne soit pas porté de dommage à la foi et aux mœurs des fidèles par des écrits ou par l’usage des moyens de communication sociale, d’exiger aussi que les écrits touchant à la foi ou aux mœurs, que les fidèles se proposent de publier, soient soumis à leur jugement, et même de reprouver les écrits qui nuisent à la foi droite et aux bonnes mœurs »[9].                                            Par ailleurs, les religieux et les religieuses, pour mieux connaitre le Christ et bien transmettre  leurs messages, devraient régulièrement scruter les livres, tant spirituels que profanes pour se cultiver et s’informer sur des questions de l’heure et des valeurs de la société humaine. Ceci leur permettra de guider le troupeau du christ avec une foi solide et une intelligence suffisante.                                                                                                                    Il s’agit là, « de parfaire leur formation, de faire valoir l’enrichissement qu’apportent les médias, de mettre en garde leurs effets éventuellement pervers au point de vue moral ou doctrinal, de former la conscience, d’affiner le sens critique, afin de choisir les bons médias, d’éviter les mauvais…et donc de savoir se renseigner avant de choisir, pendant et après l’usage, de garder la maitrise de soi et l’esprit critique »[10]. En conséquence, les religieux prêtres ou non, qui sont spécialistes en rédactions  ou en publications des manuels, prendront soin d’aider les autres à cultiver le goût de la lecture et d’écrire, de développer les immenses valeurs de progrès humain et chrétien, et d’utiliser correctement les médias.     Mais aussi, les consacrés qualifiés en ce domaine donneront aux autres une culture religieuse nécessaire au sujet des médias, pour qu’ils soient en même temps sensibilisés et incités à transmettre respectueusement le message du Christ.  Néanmoins, certaines sources affirment que, contrairement aux aînés, la quasi-totalité des jeunes religieux et religieuses d’aujourd’hui, non seulement n’écrivent pas, mais surtout  ne lisent pas. S’ils lisent, ils lisent peu, et souvent ce qui est distrayant.                                                                                           Dans le  passé, les séminaires et  maisons de formation religieuse étaient des producteurs de brochures de valeurs morales et d’articles de réflexions. Une autre source soutient cette thèse en précisant en ces termes : « la génération des années quatre-vingt (80), est une génération du regard, de l’instant et de l’émotion, du subjectif et de l’affectivité, du plaisir et de la distraction »[11].                                                                                                  En revanche, le pape Jean XXIII, dans sa première lettre encyclique Vérité, Unité et Paix, encourageait les écrivains et les rédacteurs en ces termes : « nous ne pouvons nous empêcher d’exhorter à l’exactitude, à la prudence et à la discrétion dans la présentation de la vérité, ceux qui, par leurs livres, leurs revues, et leurs journaux, aujourd’hui en si grande partie, exercent une telle influence sur l’esprit de leurs lecteurs, surtout des jeunes,  et sur la formation de l’opinion et des mœurs. C’est à eux qu’incombe le devoir de propager non le mensonge…mais  bien le vrai et tout ce qui porte au bien et à la vertu »[12].                             Cet encouragement est à la fois une reconnaissance à ceux qui éditent  et rédigent déjà, et une invitation à tous les religieux d’être en mesure d’écrire quelque chose ; car, poursuit le même pape, «  à la presse du mal et du mensonge, il faut opposer celle du bien et de la vérité. Aux émissions de radio et aux spectacles de cinéma et de télévision qui font aimer l’erreur et le vice, il faut opposer d’autres qui défendent la vérité et les bonnes mœurs… le remède, ajoute-t-il, surgira de la source qui souvent distille le poison »[13].                   Voilà l’invitation que le pape nous lance au sujet de la presse écrite. Mais pour le moment, nous allons un peu réfléchir sur la vie religieuse et la télévision.

3. LA VIE RELIGIEUSE ET LA TELEVISION
L’un des moyens de communication sociale, la télévision est un outil véritablement apostolique et universel, devant permettre  aux religieux et  religieuses de répandre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Mais, « combien de fois, le soir certains religieux et religieuses, restent collés devant l’écran par faiblesse, pour voir ce qui viendrait après, seulement parce qu’ils se laissent prendre par une histoire simpliste ou des images racoleuses. A la fin ils se sentent vides de l’esprit et déçus d’eux-mêmes. Le jour suivant ils n’arrivent plus à bien prier à cause de la fatigue, et à la longue ils commencent à perdre leur contact intérieur avec le Christ »[14].                                                                              De là, il a été aussi constaté que souvent les communautés religieuses les plus dynamiques, regardent moins la télévision, et toujours des programmes sélectionnés et bien discernés.  L’information avec le journal télévisé est, pour la majorité de ces communautés,  le programme le plus regardé et suivi. Une information riche et abondante, par laquelle on cherche à connaître ce qui est neuf et nous met en contact avec le progrès humain et chrétien.                                                                                                                                              Mais une source affirme que dans certaines communautés religieuses aujourd’hui, leur programme préféré et qui occupe le maximum de leur temps, c’est le film ou carrément le distractif plutôt que des émissions culturelles.  Or, « contrairement à la presse écrite qui est dominée par les valeurs, la télévision, elle, se distingue par l’affectif, le subjectif, l’imaginaire, la séduction-spectacle, le look, le plaisir, l’instant et le distractif »[15]. On se trouve par là, devant des programmes ambivalents et multiformes à l’écran. Aux esprits faibles et fragiles, ces programmes peuvent diriger leur vie, au risque de remettre en cause leur foi et leurs mœurs.                                                                                                                       Sur ce, les religieux et les religieuses, tâcheront  d’utiliser les moyens de communication sociale avec une certaine souplesse et sagesse, en tenant compte des normes d’ascèse et de prudence, souvent rappelées par l’Eglise en cette matière. Pour  éviter   des abus, à l’instar «  de perte de temps, dispersion, superficialité, vision matérialiste, plaisir et  imaginaire  de l’existence, il faudra adopter une discipline équilibrée, individuelle, et communautaire ; pratiquer l’étude, la lecture, le silence et la méditation ; enfin, accomplir des sacrifices personnels et pratiquer l’obéissance et la pauvreté évangélique »[16].                    Pour certains membres des communautés religieuses, la télévision est devenue même un prétexte pour éviter les autres, un refuge pour s’enfouter de la vie communautaire et une fuite des responsabilités pour se réfugier dans une multitude des programmes proposés par la télévision. Par ailleurs, le bienheureux Jean-Paul II, s’exprimant au sujet de la télévision à l’occasion de la 28ème journée des moyens de communication sociale, disait que  « la télévision peut proposer des valeurs et des modèles dégradants de comportements, en transmettant des émissions pornographiques et des descriptions graphiques de violence brutale, en inculquant le relativisme moral et le sceptisme religieux ; en répandant des exposés déformés et manipulés des problèmes courants »[17].
En réalité, il faut reconnaitre que ce n’est pas la télévision en tant que telle, qui est mauvaise, mais l’usage que les religieux et religieuses font de la télévision ou des médias en général. La télévision propose ses programmes, quitte aux religieux et religieuses de choisir ce qui peut construire et contribuer à leur épanouissement et leur état de vie. Le mal, c’est que, parfois, certains cherchent à rester devant la télévision même quand il est temps de travailler, de lire, de dormir, de prier ou de méditer.                                                                   Et puisqu’on cherche à y rester longtemps, on se propose la paresse, on devient déconcentré et on tombe dans l’incapacité de réfléchir, de faire la lecture et d’écrire ne fût-ce qu’un article. L’expérience montre que, souvent quand on reste longtemps devant la télévision, la tendance est de commencer par changer beaucoup de positions, de bailler, de zapper, et de somnoler. La psychologie s’affaiblit et l’élévation devient difficile sur tous les plans.                                                                                                                                                      Ainsi, il sera difficile à un religieux ou une religieuse  de vivre en harmonie avec le règlement de sa communauté et d’obtenir l’élévation sur le plan spirituel ou intellectuel, parce que son esprit étant envahi par la liturgie de la télécommande. Et même quand il est avec les autres devant l’écran, il aimerait détenir en sa main la télécommande pour dicter les images de son choix. D’où l’importance de chercher à utiliser les médias avec sagesse, sinon  au lieu que nous puissions les évangéliser, ils risquent de nous évangéliser. Mais à présent nous allons voir ce qu’est le téléphone vis-à-vis de la vie religieuse.

4. LA VIE RELIGIEUSE ET LE TELEPHONE
L’Eglise a été toujours convaincue que les médias sont des dons de Dieu, et cette liste des dons continue à s’allonger. Mais « l’objectif est toujours de nous rendre plus proches dans la fraternité et dans la compréhension mutuelle et nous aider d’aller de l’avant dans la réalisation de notre destinée humaine comme des fils de Dieu »[18]. Tel est aussi le cas du téléphone mobile. En effet, il y a plusieurs décennies, il était difficile d’entrer en contact avec nos frères et sœurs qui se trouvent dans les fins fonds du continent ou du monde entier. Aujourd’hui, nous sommes tous heureux du fait qu’à la minute, on peut joindre celui qui est loin de nous et nous informer de ce qui se passe ailleurs sans faire beaucoup d’efforts. Mais puisque ce média est une nouveauté dans certains coins du monde et que certaines personnes ne savent pas suffisamment  l’utiliser, il importe à l’Eglise et aux communautés religieuses, d’aider leurs membres à faire un bon usage de ce moyen de communication sociale. Dans l’usage du téléphone, « le grand défi du témoignage religieux au sein du dialogue public est celui de l’authenticité des messages et des échanges… »[19].      
Chez certains religieux et religieuses,  éteindre le téléphone est devenu un exercice difficile, même quand ils savent qu’on part à la chapelle, à la messe ou à une conférence qui réunit des catégories confondues.  Et la qualité de certaines sonneries  de leurs téléphones  pousse à réfléchir ; parfois ce sont des chansons qui reprennent des paroles qui portent atteinte à la vie religieuse.                                                                                                              Du coup, on tombe ans le relativisme. Ce qui était mauvais devient normal, parce que tout le monde le fait. Pour cela, le religieux ou la religieuse doit montrer que tout en étant dans le monde, il n’est pas du monde. Par un usage discret et respectueux des moyens de communication sociale, le témoignage peut être rendu et la vie religieuse honorée. Ainsi, le religieux pourra être le sel de la terre et la lumière du monde.                                                 Car, le mauvais usage peut amener le religieux à déstabiliser la caisse de la communauté, la megestion de sa propre poche et la mendicité. Ce qui serait incompatible avec la vie religieuse ; et les conséquences peuvent être imaginables. Souvent, même quand on sait qu’on est fatigué et qu’on doit dormir la nuit, on est incapable de fermer le téléphone afin de se faire déranger.                                                                                    Ainsi donc, « les instituts religieux doivent être attentifs aux taches multiples et primordiales de l’Eglise dans le domaine de la communication sociale ; Ils examineront ce qu’ils peuvent faire pour apporter leur coopération et remplir certaines charges en harmonie avec leurs constitutions »[20]. Cela étant, nous allons cependant analyser la question de la vie religieuse et l’Internet.
5. LA VIE RELIGIEUSE ET L’INTERNET
L’internet n’est autre chose que l’interconnexion des réseaux informatiques. Ainsi, il est un nouveau carrefour pour l’annonce de la Bonne Nouvelle, et il offre à la vie religieuse de larges possibilités d’évangélisations s’il est utilisé avec compétence.  Avec cet outil, le monde est réduit à un petit village, et cela facilite la tâche aux personnes consacrées  pour annoncer  l’Evangile partout et en tout lieu.                                                                                    Avec l’internet, tout est déjà là, il suffit d’y entrer pour prendre ce qu’on veut, si l’on est initié en la matière, bien sûr. Ce qui fait que la vie religieuse ne peut pas se passer de ce moyen de communication au moment actuel. Les supérieurs des communautés doivent former leurs sujets à être capables de faire face à ce nouveau monde planétaire, à connaître ses avantages et ses inconvénients pour mieux l’utiliser.                                                       L’internet peut aussi favoriser le dialogue, la solidarité et la culture. Toutefois, il convient de signaler qu’à l’internet il n’y a pas qu’à boire et à manger, mais aussi il y a à vomir.  Le fait que tout y est, le religieux qui en est fréquent peut affaiblir sa capacité de réfléchir, parce qu’on prend ce dont on a besoin sans faire un effort.  Par conséquent, l’internet propose   tous genres de programmes : le bon comme le mauvais. Les religieux et religieuses qui y sont réguliers doivent faire très attention  pour sauvegarder leur état de vie.      C’est ainsi que, le canon 666 précise en termes : « les religieux, dans l’usage des moyens de communication sociale, garderont le discernement nécessaire et éviteront ce qui est nuisible à leur vocation et qui est dangereux pour la chasteté d’une personne consacrée à Dieu »[21]. Certains religieux, n’étant pas suffisamment initiés à cet outil, endommagent leurs vœux de religion et se laissent escroquer par son biais. C’est pourquoi il faut se référer à ce que dit le magistère de l’Eglise.

6. ORIENTATIONS DU MAGISTERE 

Le magistère de l’Eglise a été toujours attentif aux réalités sociales qui sont des réalités humaines pour lesquelles l’Eglise a reçu la mission du Christ. Non seulement il en est attentif, mais aussi il en donne les orientations et les instructions nécessaires qu’il faut pour un usage commode.  Tel est aussi le cas des moyens de communication sociale.                                C’est pourquoi le pape Jean XXIII, s’exprimant au sujet des médias, disait ce qui suit : « les moyens de communication sociale peuvent constituer une invitation et une exhortation au bien et même à la vertu chrétienne ; mais souvent hélas, ils peuvent être spécialement pour les jeunes, la source des mœurs dépravées, de malhonnêteté, d’erreur et de dévergondage. Pour neutraliser la mauvaise influence toujours croissante de ces moyens dangereux, il faut leur opposer les armes du vrai et du bien ».[22]                                                    Le concile Vatican II, poursuivant dans la même ligne dans son décret Inter Mirifica, au sujet des moyens de communication sociale, déclarait en ces termes : « l’Eglise a parfaitement conscience que ces instruments employés de juste façon, apportent au genre humain de précieux concours, car ils peuvent contribuer au délassement aussi bien qu’à l’instruction des esprits, ainsi qu’à l’extension et à la consolidation du règne de Dieu. Mais elle sait aussi que les hommes peuvent les utiliser contre le dessein du divin créateur et les faire tourner ainsi à leur propre perte…Aux pasteurs revient la charge d’instruire et de diriger les fidèles de telle façon que l’usage de ces instruments les aide eux aussi à faire leur propre salut  et contribuer au bien et au progrès de toute la famille humaine »[23]. Pour le pape Paul VI, « les promoteurs de la presse catholique doivent rendre témoignage de leurs convictions religieuses, ainsi que leur mode de vie »[24]. Pour le pape Benoit XVI, il s’ensuit qu’il « faut considérer avec intérêt les divers sites d’applications et des réseaux sociaux, qui peuvent aider l’homme d’aujourd’hui à vivre des moments de réflexion et d’interrogation authentique, mais qui peuvent aussi l’aider à trouver des espaces de silence, d’occasions de prière, de méditation ou de partage de la parole de Dieu »[25]. A cela, il ajoutait en disant que « lorsque les personnes s’échangent des informations, déjà elles partagent d’elles-mêmes, leur vision du monde, leurs espoirs, leurs idéaux »[26].




CONCLUSION

En définitive, il sied de rappeler que notre analyse reposait sur les médias et la vie religieuse. Nous sommes partis de la considération historique et des finalités; nous avons donné par là une chronologie de certains médias et leur mission vis-à-vis de la société dans laquelle vit le religieux. Quant aux médias dont nous avons parlé, il s’agissait du livre, la télévision, le téléphone et l’internet. Tout en indiquant leur importance comme outils d’évangélisation, d’information, de formation et de transformation, nous avons dit que ces médias se font accompagner aujourd’hui des programmes multiformes et d’un langage pluriel. Ainsi, les religieux et les religieuses, doivent  les utiliser avec discernement   pour ne pas compromettre leur identité ; car, ce ne sont  pas les médias en tant que tels qui sont mauvais, mais l’usage que les religieux et les religieuses peuvent faire des médias. Enfin, nous avons également donné les orientations du magistère de l’Eglise.





[1] MABIALA, Philippe, Editorial dans la presse chrétienne. Analyse des hebdomadaires « La semaine africaine et Vie », L’Harmattan, Paris, 2007, P. 242.
[2] Idem, P. 17.
[3] Idem.
[4] Idem, P. 268.
[5] Idem.
[6] Idem, P. 270.
[7] J. ARRAGAIN, C.J.M., Futurs prêtres et médias. Orientations utiles à tous les consacrés, Dans « Vie consacrée », Namur, Bruxelles, 1989, P. 382.
[8] BERNARD Jouanno, A. A., La société médiatique une inculturation nécessaire, Dans « Vie consacrée », Namur, Bruxelles, 1989, P. 365.
[9] Canon 823, Paragraph 1.
[10] J. ARRAGAIN, C.J.M., Op.Cit. P. 383.
[11] BERNARD Jouanno, A.A., Op.Cit, P. 367.
[12] JEAN XXIII (Pape), Lettre encyclique Vérité, Unité et Paix, Rome, 29 juin 1959, N° 7.
[13] Idem, N° 9.
[14] GUY MARTINOT, S.J., La vie religieuse et la télévision, Dans « Op.cit. », P. 370.
[15] BERNARD Jouanno, A.A., Op.Cit, P. 367.
[16] J. ARRAGAIN, C. J. M., Op. Cit.
[17] MABIALA, Philippe, Op.cit., P. 272.
[18] Ibid., P. 274.
[19] Ibid., P. 275.
[20] Commission pontificale des moyens communications sociale, Instruction pastorale Communion et Progrès, 23/Mai/ 1971, N° 177.
[21] CANON 666.
[22] JEAN XXIII, Op. Cit., N°9.
[23] Vatican II, Décret sur les moyens de communication sociale Inter Mirifiça, N°s 2-3.
[24] Paul VI cité par MABIALA Philippe, Op. Cit., P. 283.
[25] Benoit XVI (pape), message pour la journée mondiale des communications sociales (20/Mai/2012), Rome, 24/janvier 2012.
[26] Benoit XVI, Message pour la journée mondiale des communications sociales 2011.

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