jeudi 13 décembre 2012

l’œuvre de Cyprien sur les lapsi


0. Introduction

Dans les études de l’histoire des pères de l’Eglise sur les grandes personnalités de l’Église antique, nous en avons cet éminent évêque africain du IIIesiècle qu’était saint Cyprien,  premier évêque à mériter la couronne du martyre en Afrique. Sa renommée tient également - comme en témoigne le diacre Pontius qui écrivit sa première biographie - à sa production littéraire et à son activité pastorale pendant les treize ans qui s’écoulèrent entre sa conversion et son martyre.

Dans cette travail pratique je vais présenter l’œuvre de Cyprien sur les lapsi, en commençant par la personne lui-même, son environnent, l’œuvre il a réalisé sur les lapsi et en fin, appréciation du terme.

1. L’auteur

Né à Carthage au sein d’une riche famille païenne, après une jeunesse dissipée, Cyprien se convertit au christianisme à l’âge de 35 ans. Il raconte lui-même son itinéraire spirituel. Immédiatement après sa conversion, Cyprien est élu, non sans jalousies et résistances, au service sacerdotal et à la dignité épiscopale. Pendant la brève période de son épiscopat, il doit affronter les deux premières persécutions prescrites par édit impérial, celle de Dèce (250) et celle de Valerius (257-258)[1]. Après la persécution, particulièrement cruelle, de Dèce, l’évêque eut à s’engager courageusement pour le rétablissement de la discipline au sein de la communauté chrétienne. De nombreux fidèles, en effet, avaient abjuré, ou au moins n’avaient pas eu devant l’épreuve le comportement qui aurait convenu. Ils constituaient ceux qu’on appelait les lapsi, c’est-à-dire ceux qui étaient « tombés », et qui désiraient ardemment réintégrer la communauté. Le débat sur leur réadmission en arriva à diviser les chrétiens de Carthage, en laxistes et en rigoristes. À cette difficulté, il se trouva s’en ajouter une autre : la grave peste qui frappa l’Afrique et posa d’angoissantes questions théologiques aussi bien à l’intérieur de la communauté que dans la confrontation avec les païens. Il faut rappeler enfin la controverse entre Cyprien et l’évêque de Rome, Étienne, à propos de la validité du baptême administré aux païens par des chrétiens hérétiques.

2. Le thème central

Tout individu suspect de ne pas honorer les dieux est convoqué ou arrêté: on lui demande d'offrir une victime et de renier le Christ. Cyprien estime qu'il aidera davantage son Église en se cachant un certain temps et en soutenant son peuple à distance. Quand il revient à Carthage (vers avril-mai 251), il doit régler la question des lapsi, c'est-à-dire des chrétiens "tombés" durant la persécution.

Il écrivit son livre des Lapsi[2]. Il a pris une attitude miséricordieuse en vers eux avec une pénitence très rigoriste. Il disait: Qu'il ne faut pas enlever aux lapsi toute espérance, pour ne pas les pousser, en les excluant de l'Église, à abandonner la foi, à retomber dans la vie païenne; que cependant il faut leur imposer une longue pénitence, et les punir proportionnellement à leur faute[3]. Ils ont sacrifié aux dieux pour pouvoir sauver leurs familles, leurs maisons et leurs vies. Il existe trois types de lapsi, chacun d’eux correspondant à une action que leurs persécuteurs leur demandaient d’effectuer à leurs croyances. Ils sont turificati quand ils ont brulé l’encens pour honorer des dieux pains, sacrificati quand ils ont fait un sacrifice aux dieux païen, et lilbellalici ceux qui, sans faire acte formel d'apostasie, avaient profité de la faiblesse des fonctionnaires romains, les avaient séduits et s’étaient fait donner de fausses attestations[4].

3. Raison de la composition

Ceux qui ont apostasié sont nombreux: ils ne sont plus dans la communion ecclésiale. Ils ne pourront participer à nouveau aux prières et à l'eucharistie que s'ils sont réintégrés dans l'Église. Cela suppose qu'ils fassent pénitence, confessent publiquement leur faute et soient relevés par l'imposition des mains de l'évêque et du clergé. Mais ces prescriptions sont loin d'être toujours respectées. L'évêque de Carthage multiplie ses instructions et en informe Rome. Le pape Corneille, que Cyprien soutient énergiquement contre le prêtre Novatien qui vient de créer un schisme en se faisant sacrer évêque de Rome, adopte la même conduite à l'égard des lapsi. Par contre, l'évêque de Carthage va s'opposer au pape Étienne au sujet du baptême des hérétiques. La question est de savoir si l'on doit rebaptiser les hérétiques ou les schismatiques lorsqu'ils reviennent à la vérité. Les pratiques sont différentes selon les Églises: ainsi à Rome et à Alexandrie, on se contente d'une simple réconciliation; en Afrique et en Asie Mineure, on exige qu'hérétiques et schismatiques soient rebaptisés. Cyprien prend nettement position dans ce sens: les lapsi ne peuvent conférer les sacrements parce qu'ils sont "dehors". Le baptême est "le baptême de l'Église"[5].

4. Appréciation personnelle

Cyprien aurait poussé les choses à l’extrême et la position de l’Eglise est de mettre le juste milieu entre les divergences de Cyprien et Etienne concernant de façon de réconcilié les lapsi dans l’Eglise. Donc, les problèmes sont doctrinal notamment la compréhension et la pratique des sacrements, celles du baptême et réconciliation. S. Cyprien reprit cependant l'argumentation de Tertullien, sans toutefois le nommer, et la résuma ainsi: De même qu'il n'y a qu'un Christ, il n’y a aussi qu'une Église; elle seule est la médiatrice du salut, elle seule peut administrer les sacrements, hors d'elle aucun sacrement ne peut être validement conféré[6] .

 

Celui qui baptise est un simple instrument, et le Christ peut se servir d'un instrument quelconque, pourvu que celui ici fasse ce que le christ veut qu’il fasse. Cet instrument ne fait qu’exécuter l’acte du baptême ; la grâce du baptême vient de Dieu.

 

Le baptême conféré par un lapsi ou hérétique sera donc valide, s’il a été  administré au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et avec 1'intention de faire ce que fait l’Eglise. Celui qui a été baptise vient-il, tombé, à reconnaitre son égarement et sa séparation de la vérité, il doit, pourvoir être admis dans cette Eglise, se soumettre à une pénitence mais il n’est pas nécessaire de le rebaptiser.

 



[1] HAMAN A., Guide pratique des pères de l’Eglise, Bruges (Belgique), Editions Desclee de Brouwer, 1967, p. 72-74
[2] Ibid., p. 76-77.
[3] HEFELE Charles-Joseph, Histoires des conciles, Paris, Adrien de Clere, 1969, p. 94
[4] Ibid., p. 95.
[5] Ibid., p. 114.
[6] Ibid., p. 114.

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