LA CRISE DU SACREMENT DE PENITENCE
DANS « RECONCILIATIO ET PAENITENTIA » DE JEAN PAUL II
Introduction
« En
1943, dans l’encyclique Mystici corporis, le Pape Pie XII déplorait déjà que
les chrétiens d’aujourd’hui fassent trop peu de cas du sacrement de pénitence».
[1]
Depuis lors, le phénomène n’a fait que s’accentuer. Face à la confusion
actuelle, plusieurs voix s’étaient élevées au Synode de 1983 pour réclamer un
enseignement clair, ferme et libérateur sur le sens chrétien du péché. Jean
Paul II honora cette demande en écrivant l’Exhortation apostolique
post-synodale « Réconciliatio et paenitentia » de décembre 1984. Dans ce chapitre, on va démontrer comment le
Pape Jean Paul II a confronté ce problème. En première lieu, on va donner une
présentation générale de ce document et après, on va exposer les causes en
questions.
I.
L’analyse et présentation générale du
document
Le 2 décembre 1984, à la suite du
Synode des évêques sur La pénitence et la réconciliation dans la mission de
l’Église, paraissait l’Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia. Le
document ne conclut pas seulement les travaux d’un Synode. Il est le point
d’aboutissement de quelque vingt années de recherche doctrinale et pastorale
sur le sacrement de pénitence.
Certains ont vite exprimé leur
déception à la lecture du document. On n’y trouvait pas un certain nombre de
propositions énoncées dans l’enceinte du Synode, tout particulièrement en ce
qui regarde l’absolution collective. C’était oublier qu’une exhortation
apostolique n’est pas un simple rapport de synthèse et qu’un synode n’est pas
un concile. Un Synode met l’évêque de Rome au contact direct des Eglises, de
leur vie, de leurs difficultés et de leurs attentes. Dans son souci pastoral,
il formule des hypothèses, transmet des propositions. Il vient ainsi en aide au
ministère du pape dans l’exercice de sa charge. C’est au Pape qu’il revient en
dernière instance de faire œuvre de discernement, en vertu de la charge qui lui
est personnellement confiée. Dans ce document Jean Paul II transmet ce qui,
dans le trésor doctrinal et pastoral du Synode, lui parait « providentiel »
pour notre époque (1,13). Il prend position et se fait ainsi le porte parole
authentique de ses frères dans l’épiscopat. [2]
Ce document est divisé en trois
parties, il s’agit d’abord de la réconciliation que l’Eglise apporte au
monde. Il aborde ensuite le problème du
péché, cause ultime de toutes les divisions dans le monde. En fin, passant au
plan pratique et proprement pastoral, il traite des moyens concrets dont
l’Église dispose pour promouvoir la pénitence et la réconciliation dans notre
monde d’aujourd’hui.[3]
C’est dans la conclusion de la
seconde partie que Jean Paul II traite du sens du péché. C’est à ce niveau
qu’il aborde directement les causes de la crise spirituelle de notre époque et
exprime du coup quelques unes des préoccupations majeures de son pontificat.
Tout au long du document, la
confession du péché est liée à l’absolution
sacerdotale, non en termes de rapport entre les deux mais en tant que la
confession du péché est nécessaire pour obtenir le pardon. L’Exhortation (32)
déclare que la première forme du rite de la pénitence (confession et
réconciliation individuelles) est normative et qu’elle est le mode ordinaire de
la célébration du sacrement. Le document énumère les avantages de la confession
individuelle : elle pourvoit au pardon personnel et à la réconciliation
avec Dieu en restituant la grâce perdue par le péché ; elle offre une
possibilité de progrès spirituel ; c’est un moyen de discernement de sa
vocation et une voie pour se libérer de l’apathie spirituelle et de la crise
religieuse. Le document recommande aussi la confession sacramentelle des péchés
véniels parce que la grâce propre au sacrement a un pouvoir thérapeutique et
arrache les racines du péché. L’Exhortation se soucie de la dimension
« horizontale »(7). Cette section du document semble réduire le
sacrement à la confession du péché et renforce une conception privatisée de la
relation avec Dieu[4].
II.
Les différentes causes de la crise
Pour parler de la crise de la
pénitence, il faut d’abord comprendre comment Jean Paul II l’a expliqué dans ce
document : la pénitence est le changement qui s’opère au plus profond du
cœur sous l’influence de la parole de Dieu et dans la perspective du Royaume. Pénitence
veut dire aussi changer la vie en même temps que le cœur, et en ce sens,
l’action de faire pénitence se complète par celle de produire des fruits qui
témoignent de la pénitence : c’est toute l’existence qui devient pénitentielle,
c’est-à-dire, tendue vers dans une progression continuelle pour le mieux.
Cependant, faire pénitence n’est quelque chose d’authentique et d’efficace que
si cela se traduit en actes et en gestes de pénitence. De ce point de vue,
pénitence signifie, la conversion qui passe du cœur aux œuvres et par
conséquent à toute la vie du chrétien. La pénitence est étroitement lié à la
réconciliation, car se réconcilier avec Dieu, avec soi-même et avec les autres
suppose que l’on remporte la victoire sur la rupture radicale qu’est le péché,
ce qui se réalise seulement à travers la transformation intérieure ou
conversion, qui porte des fruits dans la vie grâce aux actes de pénitence (4,4).
L’autre terme à comprendre avant de
parler de causes de la crise est ‘le sens
du péché’ : le sens du péché est cette fine sensibilité et une
capacité de perception qui permettent aussi de déceler ces ferments dans les
mille formes que revêt le péché, dans les mille visages sous lesquels il se
présente (18,1). Cette sensibilité, acquise par la conscience chrétienne au
long des générations, va de pair, précise le pape, avec le sens de Dieu :
Elle « provient du rapport conscient de l’homme avec Dieu comme son
créateur, son seigneur et père » (18,2). Enracinée dans la conscience de
l’homme, elle en est en quelque sorte l’instrument de mesure. C’est pourquoi,
de même que l’on ne peut effacer complètement le sens de Dieu ni éteindre la
conscience, de même le sens du péché n’est jamais complètement effacé.
Le sacrement de la confession est en
butte à de nombreuses menaces : d’un coté, l’obscurcissement de la
conscience morale et religieuse, la diminution du sens du péché, la déformation
de la notion de repentir, l’élan insuffisant vers une vie authentiquement
chrétienne ; d’un autre coté, la mentalité répandue ici ou là selon
laquelle on pourrait obtenir le pardon directement de Dieu, même de façon
ordinaire, sans s’approcher du sacrement de la réconciliation, et aussi la
routine d’une pratique sacramentelle qui manque parfois de ferveur et de
spontanéité spirituelle, cette routine étant due peut-être à une conception erronée
et détournée de son vrai sens en ce qui concerne les effets du sacrement
(28,3).
Les raisons qui expliquent cette
crise sont diverses. Il y en a qui ne concernent pas la validité fondamentale
de la confession individuelle comme par exemple : l’aversion du
confessionnal pour certains pénitents, la répugnance de devoir s’agenouiller
devant un interlocuteur que l’on ne voit pas, la critique de certains
confesseurs incapable d’accueillir et d’écouter les pénitents, le formalisme
routinier et l’infantilisme de certains aveux, l’humilité et l’inefficacité de
certains schémas d’examen de conscience proposés par les prêtres, insistance
unilatérale des confesseurs sur certains péchés notamment contre le sixième
commandement, sur le contrôle des naissances et sur les rapports sexuels.
D’autres motivations sont plus
profondes et touchent à la nature même du sacrement. Certains fidèles engagés
trouvent que la confession est inutile, insensée. D’autres prétendent se
confesser directement à Dieu, d’autres encore réfutent la confession et surtout
l’exigence de l’aveu détaillé de tous les péchés mortels : Ainsi beaucoup
préféreraient l’absolution collective sans aveu individuel dans une célébration
communautaire[5].
Un regard sur certaines composantes
de la culture contemporaine peut nous aider à comprendre l’atténuation
progressive du sens du péché, précisément à cause de la crise de la conscience
et du sens du péché. Multiples en sont les causes :
1. Certains résultants des sciences humaines.
Le sens du péché disparaît dans la
société contemporaine à cause des équivoques où l’on tombe en accueillant certains
résultants des sciences humaines :
(a)
La Psychologie
En partant de quelques-unes des affirmations
de la psychologie, la préoccupation est de ne pas culpabiliser ou de ne pas
mettre un frein à la liberté porte à ne jamais reconnaître aucun manquement (18,5).
Aujourd’hui on fait recours au psychologue pour recouvrer la paix, la sérénité
et se libérer du sens de la faute après un désordre dans la vie. Dans ce sens
on ne voit rien de spécifique dans la pratique de la confession. La psychologie
moderne parle volontiers de l’expérience de la faute commune à tout
homme ; elle cherche d’en découvrir le dynamisme intérieur et de déceler
les facteurs qui en sont à l’origine. Dans cette recherche, il y a certes des
extrapolations, mais cela ne doit pas amener à récuser la valeur de ces recherches.
En effet, il y a un certain psychologisme qui ne laisse pas la place à la
responsabilité de la personne lorsque l’on prétend expliquer tous les actes et
les attitudes des hommes partant des conditionnements biologiques, du
subconscient ou du milieu ambiant. Ainsi l’on arrive facilement à parler des
malades plutôt que des pécheurs, et même pour les personnes normales, des
maladies plutôt que des péchés.[6]
(b)
Science sociologique
A cause d’une extrapolation indue des
critères de la science sociologique, on en vient, à reporter sur la société
toutes les fautes dont l’individu est déclaré innocent. Il y a un déplacement que la notion de péché
est en train de traverser. En réaction contre une morale par trop
individualiste et finalement stérile, on en est arrivé ces dernières années à
une compréhension éthique de l’homme qui situe les responsabilités d’abord et
avant tout dans les sphères du social, de l’économique et du politique. D’où l’accent
mis sur la dimension sociale de la faute, au détriment bien souvent de son
caractère proprement personnel[7].
(c)
Anthropologie culturelle
Egalement, une certaine anthropologie culturelle, à
son tour, à force de grossir les conditionnements indéniables et l’influence du
milieu et des conditions historiques sur l’homme, limite sa responsabilité au
point de ne pas lui reconnaitre la capacité d’accomplir de véritables actes
humains et, par conséquent, la possibilité de pécher (18,6). Dans nos jours il
y a une morale qui a une inspiration anthropocentrique : « Elle ne repose plus sur le sens de Dieu,
elle procède du sens de l’homme : ‘ne fais pas à autrui ce que tu ne veux
pas qu’on te fasse à toi-même’».[8]
L’accent s’est déplacé, à la place de baser nos actions sur Dieu, nous mettons
l’homme au centre.
2. Relativisme historique
Le sens du péché disparaît facilement aussi sous
l’influence d’une éthique dérivée d’un certain relativisme historique. Il peut s’agir
de l’éthique qui relativise la norme morale, niant sa valeur absolue et
inconditionnelle, et niant par conséquent qu’il puisse exister des actes
intrinsèquement illicites, indépendamment des circonstances où ils sont posés
par le sujet. Il s’agit aussi d’un véritable ébranlement et (d’une)
baisse des valeurs morales », et le problème, ce n’est pas tellement l’ignorance
de l’éthique chrétienne, mais plutôt celui du sens, des fondements et des
critères de l’attitude morale. L’effet de cet ébranlement éthique est toujours
aussi d’étouffer à ce point la notion du péché qu’on finit presque par affirmer
que le péché existe mais qu’on ne sait pas qui le commet(18,7).
3. Exclusion de Dieu
La perte du sens du péché est donc
une forme ou un résultat de la négation de Dieu : non seulement celle de
l’athéisme, mais aussi celle de la sécularisation (vivre comme Dieu n’existait pas, l’effacer de sa vie quotidienne).
Par définition, le sécularisme est un mouvement d’idées et de mœurs qui impose
un humanisme qui fait totalement abstraction de Dieu, concentré uniquement sur
le culte de l’agir et de la production, emporté par l’ivresse de la
consommation et du plaisir, sans se préoccuper du danger de « perdre son
âme » ; il ne peut qu’amoindrir les sens du péché(18,5).
Dans une telle situation, l’obscurcissement ou
l’affaiblissement du sens du péché découle du refus de toute référence à la
transcendance, au nom de l’aspiration à l’autonomie personnelle ; de
l’assujettissement à des modèles éthiques imposés par un consensus et une
attitude générale, même si la conscience individuelle les condamne ; des
conditions socio-économiques dramatiques qui oppriment une très grande part de
l’humanité, faisant naître la tendance à ne voir les erreurs et les fautes que
dans le domaine social ; enfin et surtout de l’effacement de l’idée de la
paternité de Dieu et de sa seigneurie sur l’homme (18,9).
Exclusion de Dieu, rupture avec Dieu, désobéissance à Dieu : c’est ce qui a été
et ce qu’est le péché tout au long de l’histoire humaine, sous des formes
diverses qui peuvent aller jusqu'à la négation de Dieu et de son
existence : c’est le phénomène de l’athéisme. La désobéissance de l’homme
qui par un acte de sa liberté ne reconnait pas la prédominance de Dieu dans sa
vie, au moins au moment précis où il viole sa loi (14, 3,4). Du fait que par le péché, l’homme refuse de
se soumettre à Dieu, son équilibre intérieur est détruit et c’est au fond même
de son être qu’éclatent les contradictions et les conflits. Ainsi, déchiré,
l’homme provoque de manière presque inévitable un déchirement dans la trame de
ses rapports avec les autres hommes et le monde créé (15,4).
4. Déformation de la conscience
Le Pape Jean Paul II se
demandait : « si l’homme contemporain ne vit-il pas sous la menace d’une
éclipse de la conscience, d’une
déformation de la conscience, d’un engourdissement ou
d’une « anesthésie » des consciences ? » Trop de
signes indiquent qu’à notre époque se produit une telle éclipse, ce qui est
d’autant plus inquiétant que cette conscience, définie par le concile comme
« le centre le plus secret et le sanctuaire de l’homme », est
« étroitement liée à la liberté de l’homme… C’est pour cela que la
conscience constitue un élément essentiel qui fonde la dignité intérieure de
l’homme et, en même temps, son rapport avec
Dieu ». Il est donc inévitable dans cette situation que le sens du
péché soit lui aussi obscurci, car il est étroitement lié à la conscience
morale, à la recherche de la vérité, à la volonté de faire un usage responsable
de sa liberté. Avec la conscience, le sens de Dieu lui aussi se trouve
obscurci, et alors, si cette référence intérieure décisive est perdue, ce sens
du péché disparaît (18,3).
5. L’enseignement dans les médias
Le sens du péché disparaît aussi à
travers l’enseignement donné aux jeunes, dans les médias et dans l’éducation
familiale elle-même (18,8). Un modèle de société mutilé ou déséquilibré dans
l’un ou l’autre sens, souvent présenté par les moyens de communication sociale,
favorise considérablement la perte progressive du sens du péché.
Le Pape Jean Paul II dans son message
pour la journée mondiale des communications sociales en 1996 a dit que « les moyens de communication, y
compris la presse, le cinéma, la radio et la télévision, l’industrie de la
musique et les réseaux informatiques, représentent l’aréopage international
dans lequel l’information est reçue et transmise rapidement a un public mondial,
où les idées sont échangées, où les attitudes sont formées et où une nouvelle
culture est créée ».[9] Ces
moyens sont très utiles pour former avec droiture la conscience. Il est évident
que les moyens de communication ont la possibilité d’influencer la pensée et le
comportement de millions de personnes, autant dans le bien que dans le mal. Ils
peuvent modifier les critères de jugement et soutenir tout et le contraire de
tout. Ils peuvent raconter des mensonges ou révéler la vérité. Ils peuvent
faire espérer en Dieu ou désespérer sur terre.
6. Les tendances de la
pensé et de la vie ecclésiales
Et même dans le domaine des tendances
de la pensée et de la vie ecclésiales, il y a des tendances qui favorisent
inévitablement le déclin du sens du péché. Certains, par exemple, tendent à
remplacer des attitudes excessives du passé par d’autres excès : au lieu
de voir le péché partout, on le distingue plus nulle part ; au lieu de
trop mettre l’accent sur la peur des peines éternelles, on prêche l’amour de Dieu qui exclurait toute peine
provoqué par le péché ; au lieu de la sévérité avec laquelle on s’efforce
de corriger les consciences erronées, on prône un tel respect de la conscience qu’il supprime le
devoir de dire la vérité. Et pourquoi ne pas ajouter que la confusion créée
dans la conscience de nombreux fidèles par les divergences d’opinions et
d’enseignements dans la théologie, dans la prédication, dans la catéchèse, dans
la direction spirituelle au sujet de questions graves et délicats de la morale
chrétienne, finit par amoindrir, presque au point de l’effacer, le véritable
sens du péché. Et il ne faut pas taire certains défauts dans la pratique de la
pénitence sacramentelle : ainsi la tendance à obscurcir le sens ecclésial
du péché et de la conversion, en les réduisant à des réalités seulement
individuelles, ou, inversement, la tendance à supprimer la valeur personnelle
du bien et du mal pour en considérer exclusivement la dimension communautaire :
ou encore le danger, pas encore entièrement conjuré, du ritualisme routinier
qui enlève au sacrement son plein sens et son efficacité éducative(18,10).
7. L’Incapacité de se reconnaitre Pécheur
L’homme d’aujourd’hui semble avoir
plus de peine que jamais à reconnaitre ses
propres erreurs et à décider de revenir sur ses pas pour reprendre le
chemin après avoir rectifié sa marche. Il semble très réticent à dire :
« Je me repens » ou « je regrette » ; il semble
refuser instinctivement, et souvent de manière irrésistible, tout ce qui est
pénitence au sens du sacrifice accepté et pratiqué pour se corriger du péché (26,5).
Le refus de se laisser pardonner a des racines plus profondes, l’être humain ne
veut pas renoncer à avoir raison. Se laisser pardonner revient à reconnaitre
son propre péché. Il est difficile de se laisser pardonner parce que beaucoup
de gens aiment justifier leurs péchés.[10]
Le principe indispensable du retour à
Dieu est de se reconnaitre pécheur, capable de péché et porté au péché. C’est l’expérience
exemplaire de David qui, « après avoir fait ce qui est mal aux yeux du
seigneur », réprimandé par le prophète Nathan, s’écria : « oui,
je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi
seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait » (Ps 51(50)5-6). Se
réconcilier avec Dieu suppose et inclut que l’on se détache avec lucidité et
détermination du péché dans laquelle on est tombé. Dans la situation concrète de l’homme
pécheur, où il ne peut y avoir de conversion sans reconnaissance de son péché,
le ministère de réconciliation de l’Eglise intervient en toute hypothèse avec
une finalité ouvertement pénitentielle, c’est-à-dire visant à ramener l’homme à la « connaissance de
soi »(13,2). « Il est difficile
et humiliant d’avouer nos fautes en allant jusqu’aux racines (…) l’acte de se
confesser en avouant réellement nos péchés est souvent accablant. Mais c’est
précisément cette peine qui a une grande valeur. Cette souffrance, cette peine
d’avouer que nous sommes orgueilleux, impurs, jaloux, égoïstes ; cette
humiliation d’avouer devant un autre notre misère nous porte à regretter notre
passé».[11]
Conclusion
Ceux qui espéraient du synode et de
cette exhortation apostolique la solution de la « crise de la
confession » se sont trouvés devant les mêmes questions et problèmes
qu’avant. Le Pape Jean Paul II en 2002 à
travers sa lettre apostolique en forme de motu proprio, Misericordia Dei, a
confirmé que « les motifs qui
étaient à l’origine de cette crise n’ont pas disparu (…)».[12]
Nous sommes tous invités pour faire face à la crise du « sens du
péché » qui est à la base de la crise du sacrement de pénitence.
Malgré des problèmes que traverse ce
sacrement, ce qui est clair est que la discipline pénitentielle de l’Eglise ne
peut être abandonnée sans grave dommage pour la vie intérieure des chrétiens et
de la communauté ecclésiale, comme pour leur capacité de rayonnement
missionnaire.
Un des défis majeurs de notre temps
est la formation de la conscience droite qui implique une redécouverte du sens
du péché et un rétablissement d’un juste sens du péché. C’est la première façon
d’affronter la grave crise spirituelle qui pèse sur l’homme de notre temps.
Mais le sens du péché ne se rétablira que par un recours aux principes inaliénables de la raison et de la foi que
la doctrine morale de l’Eglise a toujours soutenus (18,11). Il est permis
d’espérer que sera ravivé, surtout dans le monde chrétien et ecclésial, un sens
salutaire du péché.
Dans le troisième chapitre, on va
donner de moyens concrets dont l’Eglise dispose pour promouvoir la pénitence et
la réconciliation dans notre monde d’aujourd’hui. Des causes présentées
ici ne touchent pas seulement l’Afrique
mais tous les continents. Dans le deuxième chapitre c’est où on va focaliser
des causes qui touchent l’Afrique.
[1]
RENDET Henri, Pourquoi se confesser. Le
Sacrement de pénitence et le Sacrement des Malades, Paris, 1971, p.7.
[2]GERVAIS
P., L’exhortation apostolique
Reconciliatio et Paenitentia, Nouvelle Revue Théologique de Louvain, n°
108, 1986, p.192.
[3]
Ibid. p.193.
[4] DOOLEY Catherine,
In Concilium, Le Synode Episcopal de 1983
et La crise de la confession, n° 210, 1987, p31-32.
[5]
Se reporter à CHAVET et Alli, L’aveu et le pardon. Expérience et réflexion chrétiennes, Ed Chalet 1979, (Cité par MWANAMA
Félicien, Notes de Théologie Sacramentaire. Pénitence
et Onction, à Institut Saint Eugene de Mazenod, Kinshasa, année académique
2010-2011 p.5.)
[6]MWANAMA
Félicien, Notes de Théologie Sacramentaire. Pénitence
et Onction, à Institut Saint Eugene de Mazenod, Kinshasa, année académique
2010-2011. p.4.
[7] GERVAIS
P., L’exhortation apostolique
Reconciliatio et Paenitentia n° 108, p.202.
[8]
RENDET Henri, p.100.
[9]JEAN
Paul II, Message pour la 30éme Journée
Mondiale des communications Sociale, 1996, Texte sur
htt://www.pccs.it/Documenti/HTML/Fra/GMCS/30_GMCS_Fra.htm
[10] SOBBRINO Jon, Le Pardon, trois réflexions depuis le Salvador, In Spiritus n°. 162, mars
2001, p.22.
[11]
DAIGNEAULT André, Le prêtre du IIIème millénaire. Un homme au cœur transpercé,
Paris, s.d, p.58.
[12]
Jean Paul II, Lettre apostolique en forme de motu proprio,
Misericordia Dei, 2002, 5éme paragraphe.
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