samedi 17 novembre 2012

De praescriptorum haereticorum deTertullen


O. Introduction
Notre investigation consiste à analyser le texte de Quintus Septimus Florens Tertullianus intitulé : « De praescriptorum  haereticorum » ou les prescriptions contre les hérétiques. Ce travail cherche à répondre aux objectifs que notre cours de Patrologie se propose pour nous étudiants de la première année de théologie à savoir : - La connaissance des pasteurs des communautés qui se sont engagés spirituellement et intellectuellement pour enseigner la vraie doctrine reçue de Jésus et transmise par les apôtres.  - Ce cours veut nous amener ensuite de gouter la sagesse des Pères, qui ont géré les communautés à une époque très difficile de l’histoire de l’Eglise où la religion catholique était interdite.  - En outre, ce cours se propose de nous exposer l’authenticité de la foi des Pères car ils ont été proches de la source qui est les apôtres. Enfin,  ce cours veut nous amener à nous approprier du patrimoine du christianisme. En d’autres termes,  nous aider à acquérir une connaissance sur nos origines chrétiennes, nos racines.
            Ce travail porte sur cinq points dans lesquels nous tacherons de situer l’auteur, son ouvrage, son environnement théologique et sa raison de composition. Nous veillerons de dégager le thème central de ce texte, le commenter et l’approfondir par notre appréciation personnelle. Sans tarder, nous passons au premier point.
I. L’auteur, contexte et le thème de l’ouvrage
            Tertullien[1]est né à Carthage  vers 155 des parents païens. A cette époque Carthage  est la ville principale de la province d’Afrique et soumise à la domination romaine. Tertullien fut d’excellentes études, reçut surtout une formation juridique, ce qui sera du reste très remarquable dans ses grandes œuvres théologiques. Il est probable que ce fut l’héroïsme des chrétiens persécutés qui fut à l’origine de sa conversion déçu par ailleurs devant le scepticisme et les fluctuations des philosophes païens. Dans sa lettre Ad scapulam    il est dit : « Chacun en face  de la constance des (martyrs)  se sent pour ainsi dire saisi par une inquiétude. Il désire ardemment en chercher la cause et, dès qu’il a connu la vérité, il l’embrasse lui-même aussitôt ». Sa conversion, donc son baptême, date des environs de l’an 193. Tertullien aurait eu alors 38ans. Il se fixa à partir  de ce moment là à Carthage après avoir fait sans doute nombreux séjours à Rome pour le métier d’avocat, où il avait un grande renommé.  Il était certainement marié car ses œuvres en font foi. Tertullien en l’an 207 il passa au montanisme.
            En effet, le contexte dans lequel l’Eglise évolue dans cette période, c’est un contexte très difficile. D’une part, l’Eglise est soumise aux persécutions  par les empereurs romains  Marc  Aurèle, Commode, Septime Sévère, etc.  Ces persécutions sont dues par le fait que l’Eglise, à cette période, était considérée comme une secte des personnes qui sèment le dérangement et troublent l’ordre public.  D’autre part, l’Eglise est confrontée aux hérétiques, aux personnes qui propagent un enseignement contraire à sa foi, à sa doctrine ; bref, aux saintes Ecritures. Parmi les protagonistes de ses hérésies  nous avons :
  - Marcion ce dernier était fils d’un évêque,  retranché de la communion de l’Eglise pour avoir déshonoré une vierge. Il passa le reste de son temps à propager l’hérésie de Cerdon qui admettait l’existence de deux dieux : l’un bon et l’autre cruel ; le bon est le dieu supérieur et le cruel c’est le créateur du monde ou le dieu inférieur. Il rejeta la Loi et les prophètes et renonça à Dieu comme créateur  etc.                                                                        
-Valentin, pour lui, la création  du ciel et de la terre n’est pas l’œuvre de Dieu mais d’un dieu qu’il nomma Bythos avec sa femme Silence. Jésus Christ a été envoyé par Bythos sur la terre avec un corps comme le notre, il traversa le sein de la Vierge Marie comme l’eau passe par un canal, sans en rien recevoir ; venant du ciel, il apporta avec lui un corps spirituel. Valentin a aussi un autre évangile contraire à celui des apôtres.  
          - Apelle, lui, partage la même doctrine avec Marcion sur la personne du Christ. Il nie aussi la résurrection, etc. C’est dans ce contexte que s’inscrit le texte de notre auteur Tertullien qui constitue un ensemble d’enseignements, des prescriptions contre ces ennemis de l’Eglise et de sa doctrine.
            Comme cela ressort aux yeux, le thème de notre texte est intitulé « les prescriptions contre les hérétiques ». Comme nous venons de le dire tantôt, ces prescriptions forment un ensemble d’enseignements contre les hérétiques. Tertullien est un croyant passionné de la vérité et amoureux de son Eglise  ne pouvait pas se contenir face à ces erreurs. Il écrit ses prescriptions pour défendre la vérité même avec des armes cruelles : celle de l’ironie la plus sanglante. La vigueur de sa rhétorique est agressive. Il est croyant qui veut une Eglise sainte voire jusqu’à l’héroïsme.  Dans le livre : Lire les Pères de l’Eglise, il est dit que Tertullien s’indignait avec véhémence devant toute lâcheté, il préconisait un christianisme de combat qui affronte le monde païen sans nouer des liens, sans volonté de dialogue. Ce livre demeure un de plus actuel puisqu’il s’efforce de préciser  le rôle de la tradition dans la vie de l’Eglise et développe les rapports entre Ecriture et la tradition.
II. Le monde des hérétiques et les Chrétiens
            Les hérésies, comme nous le disions, constituent un faux enseignement de la doctrine chrétienne. L’hérésie vient du mot grec haeresis qui signifie choix. Ceci parce que l’hérétique choisit effectivement la doctrine qu’il invente ou qu’il adopte.  Alors que la théologie est la tentative qui consiste à saisir les vérités révélées par le moyen de la raison sous la conduite de l’Eglise, et après avoir affirmé  le principe d’une foi révélée , à juger toutes les conclusions à la mesure de ce principe enfin, tenir compte de toutes les données de la foi ; l’hérésie, elle, s’écarte de cette position de deux manières : elle veut expliquer,  faire passer le jugement personnel devant la foi objective de l’Eglise ;  aussi,  faire un choix dans l’assemble de la révélation et reste unilatérale au lieu de présenter, comme l’Eglise, une véritable synthèse.
           Pour Tertullien, les hérésies ont leur source dans les philosophies païennes qui les apprennent à mettre en doute toutes les données de la foi chrétienne comme le mystère de l’incarnation de notre Sauveur, les mystères de sa mort et de sa résurrection, etc. Les philosophies païennes, pour notre auteur, constituent la doctrine des démons, née d’une sagesse profane pour charmer les oreilles curieuses.
            Cependant, notre auteur pense que l’on ne doit s’étonner des hérésies moins encore se demander  sur leur raison d’être puisque les circonstances présentes les permettent et surtout puisqu’elles avaient déjà été préméditées par le Seigneur à ses apôtres en leur avertissant qu’il viendrait un grand nombre des loups ravisseurs sous les peaux de brebis. Les loups ravisseurs n’étaient rien d’autres que les trompeurs, les faux prophètes, les corrupteurs de l’Evangile ;  bref, les hérésies. Paul de même avait deviné les hérésies quand il appelait les chrétiens de Corinthe à maintenir l’union et éteindre toutes divisions pour éviter le schisme et les dissensions qui sont les fruits des hérésies. Ainsi donc, leur présence au milieu des chrétiens doit détruire la foi des quelques uns, car l’hérésie n’a d’autre fin que d’éprouver la foi en le soumettant à la tentation et comme conséquence l’affaiblissement et l’extinction de cette foi. Donc, on ne doit pas se laisser effrayer ; moins encore se  scandaliser.
Tertullien affirme qu’il ne serait pas aussi étonnant de constater la chute des âmes faibles soient entrainées par la chute des certaines personnes que la communauté jugeait dignes de foi comme l’évêque, diacre, docteur, vierge, etc. et que par la suite ils soient pervertis par l’hérésie. Bien que cette situation se présente, les hérésies ne deviendront pas la vérité, car on ne juge pas la foi d’après les personnes, mais ce sont des personnes qu’on juge d’après la foi.
            Les hérétiques, comme ils propagent un enseignement contraire à la doctrine et à la foi chrétienne, on peut dire qu’ils ne sont pas chrétiens.  Ils sont par conséquent des ennemis de la vérité, et donc les chrétiens  à leur tour doivent les savoir et  les fuir. Tertullien nous fait entendre que les hérétiques ne sont pas en plus chrétiens puisqu’ils ne croient pas ; ils sont des sceptiques. Ils placent leur doute en tout. Ils se disent qu’ils cherchent encore et en cherchant ils mettent même en doute ce qu’ils croient et ne trouvent alors  rien de certain. En avouant qu’ils cherchent, cela veut dire qu’ils ne possèdent rien de certain et tant qu’ils cherchent, ils traduisent leur incertitude. Comme ils n’ont rien en mains, ils n’ont donc jamais cru et n’ayant jamais cru, ils ne sont pas des chrétiens. Aucune discussion  ne doit avoir lieu avec eux.  
 Le chrétien, selon Tertullien, ne peut aller trouver l’hérétique que  pour le réprimander une fois seulement pour la raison qui interdit de discuter avec lui. Aussi, dans le monde des hérétiques, nie-t-on tout ce que le monde chrétien affirme et affirme-t-on tout ce que le monde chrétien nie. Conséquence, tout débat avec l’hérétique ne peut qu’emporter fatigue et indignation.
            Contrairement aux hérétiques, les chrétiens qui cherchent, doivent savoir auprès de qui ils doivent chercher, ce qu’ils doivent chercher et à quel moment ils doivent chercher. Car  recherche  des chrétiens  doit se tourner vers un sujet,  être  situé  dans  les  temps et enfin avoir les limites ou la mesure.  Les chrétiens qui cherchent la doctrine du Christ, ne doivent la chercher que dans les Eglises apostoliques, car celles-ci ont les apôtres  comme fondateurs. Une fois que les chrétiens la trouvent, ils doivent croire à celle-ci et mettre fin à la recherche, à toute prolongation d’enquête. Ici c’est le terme de la recherche chrétienne. Si  donc on croit ce qu’on devrait croire et après quoi on cherche autre chose, c’est donc l’on compte trouver autre chose. Cela conduit la foi dans un doute, une incertitude. Comme conséquence, on commence la  recherche qui n’aura pas des limites et qui n’aboutira à rien comme résultat  puisqu’on cherche là où il n’y a rien et ce qu’on ne sait pas. Les chrétiens  dans leur recherche ne doivent pas aller auprès des  hérétiques parce que chez ces derniers tout est étrange, tout est opposé à la vérité chrétienne et avec eux, il nous est défendu de communiquer.
Ils ne doivent chercher qu’auprès des siens. « Cherchons donc chez nous et parmi les nôtres, mais seulement ce qui peut tomber en question, sans blesser la règle de foi », disait Tertullien.
III. La règle de la foi et les Prescriptions contre les hérétiques
            Cette partie constitue  l’objet principal de notre texte. Elle est donc la partie essentielle de l’ouvrage parce que c’est dans cette partie que Tertullien expose les prescriptions pour attaquer ses adversaires dans le poste même où ils  défient les chrétiens. Tertullien attaque les hérétiques par les saintes Ecritures car grâce à celle-ci l’Eglise a formulé la règle de foi pour les chrétiens. Cette règle de foi renferme des vérités qui ne peuvent pas être mises en doute par les chrétiens qui n’ont pas à choisir comme les hérétiques, mais reçoivent cette vérité transmise dans l’Eglise par les apôtres. La garantie de la vérité de cette règle de foi est la communion avec les Eglises apostoliques. Les chrétiens  doivent professer publiquement, sans peur et sans honte, la règle de foi. Il formule cette règle de foi de cette façon :                                                                                                 « Nous croyons qu’il n’y a qu’un seul Dieu, auteur  du monde qu’il a tiré du néant par son verbe engendré avant toutes les créatures, nous croyons que ce verbe, qui est son fils, est apparu plusieurs fois aux patriarches sous le nom de dieu, qu’il a toujours parlé par les prophètes ; qu’il est descendu, par l’opération de l’Esprit de Dieu le Père, dans les seins de la vierge Marie, où il s’est fait chair ; qu’il est né d’elle ; que c’es notre Seigneur Jésus Christ qui a prêché la loi nouvelle et la promesse nouvelle du royaume des cieux.
Nous croyons qu’il a fait plusieurs miracles, qu’il a été crucifié, qu’il est ressuscité  le troisième jour après sa mort ; qu’il est monté aux cieux, où il est assis à la droite de son Père; qu’il a envoyé à sa place la vertu du Saint Esprit pour conduire ceux qui croient ; enfin qu’il viendra avec un grand appareil pour mettre les saints en possession de la vie éternelle et de la béatitude céleste, et pour condamner les méchants aux feu éternel, après les avoir ressuscités les uns et les autres en leur rendant leur chair ». C’est de cette façon que Tertullien rédige la règle de foi. Cette règle de foi sera suivie par les deux prescriptions.
            En effet, comme nous venons de le dire tantôt les saintes  Ecritures sont très importantes pour notre auteur, puisque c’est auprès d’elles qu’il va puiser pour formuler les règles ou les prescriptions contre les hérétiques.  Les hérésies rejettent certains livres des Ecritures.  Et ceux qu’ils reçoivent comme canoniques, elles ne les reçoivent pas en entiers. Des ces livres, les hérétiques retranchent ou ajoutent d’autres matières pour les plier à leur système. Les livres qu’ils reçoivent en entier, ils les pervertissent encore par leur interprétation qu’ils imaginent. Ils ne doivent donc pas être admis à discuter sur les Ecritures, car ils sont étrangers à celles-ci. Ils n’ont donc pas selon notre auteur, aucun droit sur les Saintes Ecritures car  celles-ci sont chrétiennes alors qu’ils sont des ennemis des chrétiens et par conséquent ennemis des apôtres. Des ces Ecritures, Tertullien  tire deux prescriptions contre les hérétiques :   
              La première stipule de du moment que le Seigneur Jésus Christ a envoyé ses apôtres pour prêcher, il ne faut donc pas recevoir d’autres prédicateurs que ceux qu’il a établis parce que personne ne connait le Père que le Fils et ceux à qui le Fils l’a révélé ; et le Christ ne l’a révélé qu’aux apôtres. Ceux-ci sont envoyés pour prêcher ce que le Christ leur a révélé.  
 La deuxième prescription concerne la doctrine. Ici il est question de savoir qu’est-ce que les apôtres ont enseignée ? Qu’est-ce que le Christ leur a révélé ? La doctrine que le Christ a enseignée à ses apôtres ne peut être connue que par les Eglises que ses apôtres ont fondées et qu’ils ont instruites à vive voix  et ensuite par  leurs lettres. Il est donc incontestable d’affirmer la doctrine des Eglises apostoliques est mères, aussi anciennes que la foi parce que ces Eglises l’ont reçue des apôtres et ces derniers du Christ et le Christ de Dieu le Père. Par conséquent, toute autre doctrine ne peut être que fausse puisqu’elle est opposée à la foi des Eglises, des Apôtres, de Jésus Christ et enfin de Dieu.                                                                                                                                          Bref, contre les hérétiques, Tertullien lance deux affirmations : Le Christ à chargé les apôtres et personne d’autre de prêcher sa doctrine et les apôtres n’ont confié cette tache qu’aux communautés qu’ils avaient fondées. L’Eglise seule est en légitime possession de la foi et de l’Ecriture.
IV. Les Eglises dépositaires de la foi
            Pendant son séjour sur la terre, Jésus soit dans ses discours au peuple, soit dans ses instructions  particulières à ses disciples, il a enseigné  ce qu’il était, ce qu’il était venu faire sur la terre en accomplissant la volonté de son Père dont il était chargé  et ce qu’il exigeait aux hommes. Pour bien accomplir sa mission, Il choisit douze parmi ses disciples à qui Il donna le nom d’apôtre et pour devenir dans la suite les docteurs des nations. Lorsqu’il retourna vers son Père après sa mort et sa résurrection, Jésus avait commandé à ses apôtres d’aller enseigner toutes les nations et de les baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.   Les apôtres à leur tour après avoir reçu le Saint-Esprit que Jésus leur avait promis, ils prêchèrent la foi de Jésus-Christ et ils établissent des Eglises d’abord en Judée, en suite s’étant partagé l’univers, ils annoncent la  même foi et la même doctrine aux nations.
      Notre auteur, à travers ceci veut nous montrer que les Eglises  ont emprunté la semence de la doctrine, et qu’elles l’empruntent encore tous les jours à mesure qu’elles se forment. C’est pour cette raison qu’on les compte aussi parmi les Eglises apostoliques dont elles sont filles. Tout donc se rapporte à l’origine. Les Eglises si nombreuses et si grandes soient elles, ne sont que cette primitive Eglise apostolique dont elles procèdent toutes. Elles sont donc une et apostoliques  car, toutes ensemble ne font qu’une seule Eglise par la communication de la paix, la dénomination des frères et les liens d’hospitalité.
Les Eglises  sont donc des dépositaires de la foi qui vient  des apôtres du Christ et du Christ de Dieu le Père lui-même qui avait envoyé son fils Jésus Christ pour nous révéler sa volonté. C’est dans ces Eglises apostoliques que l’on trouve le dépôt de foi chrétienne. L’on ne saurait trouver cette foi auprès des hérétiques par le fait qu’ils sont étrangers à la foi chrétienne qui vient des apôtres de Jésus Christ.
V. Conclusion et appréciation personnelle
            Nous voici au terme de notre investigation, laquelle consistait à présenter la pensée de Tertullien se trouvant dans le livre « Des prescriptions contre les hérétiques».Comme nous le sommes montré, il s’agit des enseignements  de Tertullien contre les hérétiques lesquels propageaient un enseignement  contraire à celui des apôtres.  Notre travail à travers toutes ces différentes  parties ne cherchait rien autre que de présenter le contexte dans lequel notre auteur a pu rédiger ce texte,  le monde des hérétiques et les chrétiens, leurs différences, le contenu de la règle de foi des chrétiens et l’importance des Saintes Ecritures qui ont permis à Tertullien de composer les prescriptions contre les ennemis de la foi chrétienne. Cette foi nous l’avons démontré elle vient de Jésus qui l’a enseignée à son tour à ses apôtres et à leur tour ils l’ont confiée aux communautés qu’ils avaient fondées pour qu’elle soit transmise de génération en génération aux Eglises apostoliques.
En effet, notre auteur, il sied de le présenter est un homme d’un caractère fort et souvent qui va  même jusqu’à l’extrême.  Sa vision sur l’Eglise  a sa source dans une conviction personnelle, mais il s’inspire aussi des  Ecrits pauliniens quand il affirme que l’Eglise doit être sans tache, sans ride. Pour A. Hamman [2] «  Tertullien est un homme dur et farouche, romain d’Afrique par tempérament, avec toutes les tendances à une excessive réaction à un rigorisme vigilant qu’ont la plupart des convertis, spécialement ceux qui sortirent de la corruption du paganisme tardif il peut sembler peut être par certains de ses aspects esclave de la légalité, mais il y a autour de cela tellement plus : tout l’ensemble fait partie d’une personnalité pleine d’une véhémence exubérance d’une personnalité qui bien qu’elle puisse éclater en injuste reproches et en arrogance apparente, est pathétique».
            En outre, ce qui nous émerveille chez Tertullien c’est aussi son courage, son ardeur avec lesquels il combattait non seulement les hérétiques, mais aussi avec lesquels il s’adressait aux hauts fonctionnaires de l’Empire romain qui persécutaient les chrétiens. Dans sa lettre in Apologeticum, Tertullien s’adresse aux gouverneurs de cette façon : « Allons, bons gouverneurs, plus estimés encore des foules si vous leur immolez les chrétiens, tourmentez-nous, mettez- nous à la torture, condamnez-nous, écrasez-nous : votre iniquité est la preuve de notre innocence. Tous vos raffinements ne servent à rien, ils redoublent plutôt l’attrait de notre secte, nous devenons plus nombreux toutes les fois que nous sommes moissonnés par vous : le sang des chrétiens est une semence ».  En d’autres termes : «  Semen est sanguis christianarum ».
            Enfin, Tertullien à travers ce texte veut nous apprendre comment nous devons défendre notre foi, mais aussi  comment défendre notre Eglise malgré les difficultés voire accepter la mort pour ne pas être compté parmi ces chrétiens qui n’ont retenu de la Bible que la seule phrase : « Fuyez de villes en villes ».  A travers ces prescriptions, notre auteur nous offre un enseignement qui vaut la peine même aujourd’hui malgré ses positions souvent extrêmes qui l’ont poussé même à partir chez les montanistes. Une chose qui nous semble aussi importante chez Tertullien est la reconnaissance des ses faiblesses. Il nous émeut quand il reconnait  que la vertu de la  patience lui faisait défaut et pour remédier à cela il composa tout un traité sur la patience. Il disait : Malheureux, je suis toujours dominé par la fièvre de l’impatience ».
                                                                
           

                                                                 
                                                         


[1]Sœur Gabriel Peters ; Lire les Pères de l’Eglise, Ed. Desclée, P.330
[2]HAMMAN, A ; Dictionnaires des Pères de l’Eglise, Desclée. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire