O. Introduction
Notre
investigation consiste à analyser le texte de Quintus Septimus Florens Tertullianus intitulé : « De
praescriptorum haereticorum » ou
les prescriptions contre les hérétiques. Ce travail cherche à répondre aux
objectifs que notre cours de Patrologie se propose pour nous étudiants de la
première année de théologie à savoir : - La connaissance des pasteurs
des communautés qui se sont engagés spirituellement et intellectuellement pour
enseigner la vraie doctrine reçue de Jésus et transmise par les apôtres. - Ce cours veut nous amener ensuite de gouter
la sagesse des Pères, qui ont géré les communautés à une époque très difficile
de l’histoire de l’Eglise où la religion catholique était interdite. - En outre, ce cours se propose de nous
exposer l’authenticité de la foi des Pères car ils ont été proches de la source
qui est les apôtres. Enfin, ce cours
veut nous amener à nous approprier du patrimoine du christianisme. En d’autres
termes, nous aider à acquérir une
connaissance sur nos origines chrétiennes, nos racines.
Ce travail porte sur cinq points
dans lesquels nous tacherons de situer l’auteur, son ouvrage, son environnement
théologique et sa raison de composition. Nous veillerons de dégager le thème central
de ce texte, le commenter et l’approfondir par notre appréciation personnelle. Sans
tarder, nous passons au premier point.
I. L’auteur, contexte et le thème
de l’ouvrage
Tertullien[1]est
né à Carthage vers 155 des parents païens.
A cette époque Carthage est la ville
principale de la province d’Afrique et soumise à la domination romaine.
Tertullien fut d’excellentes études, reçut surtout une formation juridique, ce
qui sera du reste très remarquable dans ses grandes œuvres théologiques. Il est
probable que ce fut l’héroïsme des chrétiens persécutés qui fut à l’origine de
sa conversion déçu par ailleurs devant le scepticisme et les fluctuations des
philosophes païens. Dans sa lettre Ad
scapulam il est dit : « Chacun en face de
la constance des (martyrs) se sent pour
ainsi dire saisi par une inquiétude. Il désire ardemment en chercher la cause
et, dès qu’il a connu la vérité, il l’embrasse lui-même aussitôt ». Sa
conversion, donc son baptême, date des environs de l’an 193. Tertullien aurait
eu alors 38ans. Il se fixa à partir de
ce moment là à Carthage après avoir fait sans doute nombreux séjours à Rome
pour le métier d’avocat, où il avait un grande renommé. Il était certainement marié car ses œuvres en
font foi. Tertullien en l’an 207 il passa au montanisme.
En effet, le contexte dans lequel
l’Eglise évolue dans cette période, c’est un contexte très difficile. D’une
part, l’Eglise est soumise aux persécutions par les empereurs romains Marc
Aurèle, Commode, Septime Sévère, etc. Ces persécutions sont dues par le fait que
l’Eglise, à cette période, était considérée comme une secte des personnes qui
sèment le dérangement et troublent l’ordre public. D’autre part, l’Eglise est confrontée aux
hérétiques, aux personnes qui propagent un enseignement contraire à sa foi, à
sa doctrine ; bref, aux saintes Ecritures. Parmi les protagonistes de ses
hérésies nous avons :
- Marcion
ce dernier était fils d’un évêque,
retranché de la communion de l’Eglise pour avoir déshonoré une vierge.
Il passa le reste de son temps à propager l’hérésie de Cerdon qui admettait
l’existence de deux dieux : l’un bon et l’autre cruel ; le bon est le
dieu supérieur et le cruel c’est le créateur du monde ou le dieu inférieur. Il
rejeta la Loi et les prophètes et renonça à Dieu comme créateur etc.
-Valentin,
pour lui, la création du ciel et de la
terre n’est pas l’œuvre de Dieu mais d’un dieu qu’il nomma Bythos avec sa femme
Silence. Jésus Christ a été envoyé par Bythos sur la terre avec un corps comme
le notre, il traversa le sein de la Vierge Marie comme l’eau passe par un
canal, sans en rien recevoir ; venant du ciel, il apporta avec lui un
corps spirituel. Valentin a aussi un autre évangile contraire à celui des
apôtres.
- Apelle, lui, partage la même
doctrine avec Marcion sur la personne du Christ. Il nie aussi la résurrection,
etc. C’est dans ce contexte que s’inscrit le texte de notre auteur Tertullien
qui constitue un ensemble d’enseignements, des prescriptions contre ces ennemis
de l’Eglise et de sa doctrine.
Comme cela ressort aux yeux, le
thème de notre texte est intitulé « les
prescriptions contre les hérétiques ». Comme nous venons de le dire
tantôt, ces prescriptions forment un ensemble d’enseignements contre les
hérétiques. Tertullien est un croyant passionné de la vérité et amoureux de son
Eglise ne pouvait pas se contenir face à
ces erreurs. Il écrit ses prescriptions pour défendre la vérité même avec des
armes cruelles : celle de l’ironie la plus sanglante. La vigueur de sa
rhétorique est agressive. Il est croyant qui veut une Eglise sainte voire
jusqu’à l’héroïsme. Dans le livre : Lire les Pères de l’Eglise, il est dit
que Tertullien s’indignait avec véhémence devant toute lâcheté, il préconisait
un christianisme de combat qui affronte le monde païen sans nouer des liens,
sans volonté de dialogue. Ce livre demeure un de plus actuel puisqu’il s’efforce
de préciser le rôle de la tradition dans
la vie de l’Eglise et développe les rapports entre Ecriture et la tradition.
II. Le monde des hérétiques et les
Chrétiens
Les
hérésies, comme nous le disions, constituent un faux enseignement de la
doctrine chrétienne. L’hérésie vient du mot grec haeresis qui signifie choix. Ceci parce que l’hérétique choisit
effectivement la doctrine qu’il invente ou qu’il adopte. Alors que la théologie est la tentative qui
consiste à saisir les vérités révélées par le moyen de la raison sous la
conduite de l’Eglise, et après avoir affirmé
le principe d’une foi révélée , à juger toutes les conclusions à la
mesure de ce principe enfin, tenir compte de toutes les données de la
foi ; l’hérésie, elle, s’écarte de cette position de deux manières :
elle veut expliquer, faire passer le
jugement personnel devant la foi objective de l’Eglise ; aussi, faire un choix dans l’assemble de la
révélation et reste unilatérale au lieu de présenter, comme l’Eglise, une
véritable synthèse.
Pour
Tertullien, les hérésies ont leur source dans les philosophies païennes qui les
apprennent à mettre en doute toutes les données de la foi chrétienne comme le
mystère de l’incarnation de notre Sauveur, les mystères de sa mort et de sa
résurrection, etc. Les philosophies païennes, pour notre auteur, constituent la
doctrine des démons, née d’une sagesse profane pour charmer les oreilles
curieuses.
Cependant, notre auteur pense que
l’on ne doit s’étonner des hérésies moins encore se demander sur leur raison d’être puisque les
circonstances présentes les permettent et surtout puisqu’elles avaient déjà été
préméditées par le Seigneur à ses apôtres en leur avertissant qu’il viendrait
un grand nombre des loups ravisseurs sous les peaux de brebis. Les loups
ravisseurs n’étaient rien d’autres que les trompeurs, les faux prophètes, les
corrupteurs de l’Evangile ; bref, les
hérésies. Paul de même avait deviné les hérésies quand il appelait les chrétiens
de Corinthe à maintenir l’union et éteindre toutes divisions pour éviter le
schisme et les dissensions qui sont les fruits des hérésies. Ainsi donc, leur
présence au milieu des chrétiens doit détruire la foi des quelques uns, car
l’hérésie n’a d’autre fin que d’éprouver la foi en le soumettant à la tentation
et comme conséquence l’affaiblissement et l’extinction de cette foi. Donc, on
ne doit pas se laisser effrayer ; moins encore se scandaliser.
Tertullien
affirme qu’il ne serait pas aussi étonnant de constater la chute des âmes
faibles soient entrainées par la chute des certaines personnes que la
communauté jugeait dignes de foi comme l’évêque, diacre, docteur, vierge, etc. et
que par la suite ils soient pervertis par l’hérésie. Bien que cette situation
se présente, les hérésies ne deviendront pas la vérité, car on ne juge pas la
foi d’après les personnes, mais ce sont des personnes qu’on juge d’après la
foi.
Les hérétiques, comme ils propagent
un enseignement contraire à la doctrine et à la foi chrétienne, on peut dire
qu’ils ne sont pas chrétiens. Ils sont
par conséquent des ennemis de la vérité, et donc les chrétiens à leur tour doivent les savoir et les fuir. Tertullien nous fait entendre que
les hérétiques ne sont pas en plus chrétiens puisqu’ils ne croient pas ;
ils sont des sceptiques. Ils placent leur doute en tout. Ils se disent qu’ils
cherchent encore et en cherchant ils mettent même en doute ce qu’ils croient et
ne trouvent alors rien de certain. En
avouant qu’ils cherchent, cela veut dire qu’ils ne possèdent rien de certain et
tant qu’ils cherchent, ils traduisent leur incertitude. Comme ils n’ont rien en
mains, ils n’ont donc jamais cru et n’ayant jamais cru, ils ne sont pas des chrétiens.
Aucune discussion ne doit avoir lieu
avec eux.
Le chrétien, selon Tertullien, ne peut aller
trouver l’hérétique que pour le réprimander
une fois seulement pour la raison qui interdit de discuter avec lui. Aussi,
dans le monde des hérétiques, nie-t-on tout ce que le monde chrétien affirme et
affirme-t-on tout ce que le monde chrétien nie. Conséquence, tout débat avec
l’hérétique ne peut qu’emporter fatigue et indignation.
Contrairement aux hérétiques, les chrétiens
qui cherchent, doivent savoir auprès de qui ils doivent chercher, ce qu’ils
doivent chercher et à quel moment ils doivent chercher. Car recherche
des chrétiens doit se tourner
vers un sujet, être situé
dans les temps et enfin avoir les limites ou la
mesure. Les chrétiens qui cherchent la
doctrine du Christ, ne doivent la chercher que dans les Eglises apostoliques,
car celles-ci ont les apôtres comme
fondateurs. Une fois que les chrétiens la trouvent, ils doivent croire à
celle-ci et mettre fin à la recherche, à toute prolongation d’enquête. Ici
c’est le terme de la recherche chrétienne. Si
donc on croit ce qu’on devrait croire et après quoi on cherche autre
chose, c’est donc l’on compte trouver autre chose. Cela conduit la foi dans un
doute, une incertitude. Comme conséquence, on commence la recherche qui n’aura pas des limites et qui
n’aboutira à rien comme résultat puisqu’on cherche là où il n’y a rien et ce
qu’on ne sait pas. Les chrétiens dans
leur recherche ne doivent pas aller auprès des
hérétiques parce que chez ces derniers tout est étrange, tout est opposé
à la vérité chrétienne et avec eux, il nous est défendu de communiquer.
Ils
ne doivent chercher qu’auprès des siens. « Cherchons donc chez nous
et parmi les nôtres, mais seulement ce qui peut tomber en question, sans
blesser la règle de foi », disait Tertullien.
III. La règle de la foi et les
Prescriptions contre les hérétiques
Cette partie constitue l’objet principal de notre texte. Elle est
donc la partie essentielle de l’ouvrage parce que c’est dans cette partie que
Tertullien expose les prescriptions pour attaquer ses adversaires dans le poste
même où ils défient les chrétiens.
Tertullien attaque les hérétiques par les saintes Ecritures car grâce à
celle-ci l’Eglise a formulé la règle de foi pour les chrétiens. Cette règle de
foi renferme des vérités qui ne peuvent pas être mises en doute par les chrétiens
qui n’ont pas à choisir comme les hérétiques, mais reçoivent cette vérité
transmise dans l’Eglise par les apôtres. La garantie de la vérité de cette règle
de foi est la communion avec les Eglises apostoliques. Les chrétiens doivent professer publiquement, sans peur et
sans honte, la règle de foi. Il formule cette règle de foi de cette
façon :
« Nous croyons qu’il n’y a qu’un seul
Dieu, auteur du monde qu’il a tiré du
néant par son verbe engendré avant toutes les créatures, nous croyons que ce
verbe, qui est son fils, est apparu plusieurs fois aux patriarches sous le nom
de dieu, qu’il a toujours parlé par les prophètes ; qu’il est descendu,
par l’opération de l’Esprit de Dieu le Père, dans les seins de la vierge Marie,
où il s’est fait chair ; qu’il est né d’elle ; que c’es notre
Seigneur Jésus Christ qui a prêché la loi nouvelle et la promesse nouvelle du
royaume des cieux.
Nous croyons qu’il a fait plusieurs
miracles, qu’il a été crucifié, qu’il est ressuscité le troisième jour après sa mort ; qu’il
est monté aux cieux, où il est assis à la droite de son Père; qu’il a envoyé à
sa place la vertu du Saint Esprit pour conduire ceux qui croient ; enfin
qu’il viendra avec un grand appareil pour mettre les saints en possession de la
vie éternelle et de la béatitude céleste, et pour condamner les méchants aux
feu éternel, après les avoir ressuscités les uns et les autres en leur rendant
leur chair ». C’est de cette façon que Tertullien
rédige la règle de foi. Cette règle de foi sera suivie par les deux
prescriptions.
En effet, comme nous venons de le
dire tantôt les saintes Ecritures sont
très importantes pour notre auteur, puisque c’est auprès d’elles qu’il va
puiser pour formuler les règles ou les prescriptions contre les
hérétiques. Les hérésies rejettent
certains livres des Ecritures. Et ceux
qu’ils reçoivent comme canoniques, elles ne les reçoivent pas en entiers. Des
ces livres, les hérétiques retranchent ou ajoutent d’autres matières pour les
plier à leur système. Les livres qu’ils reçoivent en entier, ils les
pervertissent encore par leur interprétation qu’ils imaginent. Ils ne doivent
donc pas être admis à discuter sur les Ecritures, car ils sont étrangers à
celles-ci. Ils n’ont donc pas selon notre auteur, aucun droit sur les Saintes
Ecritures car celles-ci sont chrétiennes
alors qu’ils sont des ennemis des chrétiens et par conséquent ennemis des
apôtres. Des ces Ecritures, Tertullien
tire deux prescriptions contre les hérétiques :
La première stipule de du moment que
le Seigneur Jésus Christ a envoyé ses apôtres pour prêcher, il ne faut donc pas
recevoir d’autres prédicateurs que ceux qu’il a établis parce que personne ne
connait le Père que le Fils et ceux à qui le Fils l’a révélé ; et le
Christ ne l’a révélé qu’aux apôtres. Ceux-ci sont envoyés pour prêcher ce que
le Christ leur a révélé.
La deuxième prescription concerne la doctrine.
Ici il est question de savoir qu’est-ce que les apôtres ont enseignée ? Qu’est-ce
que le Christ leur a révélé ? La doctrine que le Christ a enseignée à ses
apôtres ne peut être connue que par les Eglises que ses apôtres ont fondées et
qu’ils ont instruites à vive voix et
ensuite par leurs lettres. Il est donc
incontestable d’affirmer la doctrine des Eglises apostoliques est mères, aussi
anciennes que la foi parce que ces Eglises l’ont reçue des apôtres et ces
derniers du Christ et le Christ de Dieu le Père. Par conséquent, toute autre
doctrine ne peut être que fausse puisqu’elle est opposée à la foi des Eglises,
des Apôtres, de Jésus Christ et enfin de Dieu. Bref, contre les hérétiques, Tertullien lance
deux affirmations : Le Christ à chargé les apôtres et personne d’autre de
prêcher sa doctrine et les apôtres n’ont confié cette tache qu’aux communautés
qu’ils avaient fondées. L’Eglise seule est en légitime possession de la foi et
de l’Ecriture.
IV. Les Eglises
dépositaires de la foi
Pendant son séjour sur la terre, Jésus
soit dans ses discours au peuple, soit dans ses instructions particulières à ses disciples, il a enseigné ce qu’il était, ce qu’il était venu faire sur
la terre en accomplissant la volonté de son Père dont il était chargé et ce qu’il exigeait aux hommes. Pour bien
accomplir sa mission, Il choisit douze parmi ses disciples à qui Il donna le
nom d’apôtre et pour devenir dans la suite les docteurs des nations. Lorsqu’il
retourna vers son Père après sa mort et sa résurrection, Jésus avait commandé à
ses apôtres d’aller enseigner toutes les nations et de les baptiser au nom du
Père et du Fils et du Saint Esprit. Les apôtres à leur tour après avoir reçu le
Saint-Esprit que Jésus leur avait promis, ils prêchèrent la foi de Jésus-Christ
et ils établissent des Eglises d’abord en Judée, en suite s’étant partagé
l’univers, ils annoncent la même foi et
la même doctrine aux nations.
Notre auteur, à travers ceci veut nous
montrer que les Eglises ont emprunté la
semence de la doctrine, et qu’elles l’empruntent encore tous les jours à mesure
qu’elles se forment. C’est pour cette raison qu’on les compte aussi parmi les
Eglises apostoliques dont elles sont filles. Tout donc se rapporte à l’origine.
Les Eglises si nombreuses et si grandes soient elles, ne sont que cette
primitive Eglise apostolique dont elles procèdent toutes. Elles sont donc une
et apostoliques car, toutes ensemble ne
font qu’une seule Eglise par la communication de la paix, la dénomination des
frères et les liens d’hospitalité.
Les
Eglises sont donc des dépositaires de la
foi qui vient des apôtres du Christ et
du Christ de Dieu le Père lui-même qui avait envoyé son fils Jésus Christ pour
nous révéler sa volonté. C’est dans ces Eglises apostoliques que l’on trouve le
dépôt de foi chrétienne. L’on ne saurait trouver cette foi auprès des
hérétiques par le fait qu’ils sont étrangers à la foi chrétienne qui vient des
apôtres de Jésus Christ.
V. Conclusion et appréciation
personnelle
Nous
voici au terme de notre investigation, laquelle consistait à présenter la
pensée de Tertullien se trouvant dans le livre « Des prescriptions contre les
hérétiques».Comme nous le sommes montré, il s’agit des enseignements de Tertullien contre les hérétiques lesquels
propageaient un enseignement contraire à
celui des apôtres. Notre travail à
travers toutes ces différentes parties ne
cherchait rien autre que de présenter le contexte dans lequel notre auteur a pu
rédiger ce texte, le monde des
hérétiques et les chrétiens, leurs différences, le contenu de la règle de foi
des chrétiens et l’importance des Saintes Ecritures qui ont permis à Tertullien
de composer les prescriptions contre les ennemis de la foi chrétienne. Cette
foi nous l’avons démontré elle vient de Jésus qui l’a enseignée à son tour à
ses apôtres et à leur tour ils l’ont confiée aux communautés qu’ils avaient fondées
pour qu’elle soit transmise de génération en génération aux Eglises
apostoliques.
En
effet, notre auteur, il sied de le présenter est un homme d’un caractère fort
et souvent qui va même jusqu’à l’extrême. Sa vision sur l’Eglise a sa source dans une conviction personnelle, mais
il s’inspire aussi des Ecrits pauliniens
quand il affirme que l’Eglise doit être sans tache, sans ride. Pour A. Hamman [2] «
Tertullien est un homme dur et farouche, romain d’Afrique par tempérament, avec
toutes les tendances à une excessive réaction à un rigorisme vigilant qu’ont la
plupart des convertis, spécialement ceux qui sortirent de la corruption du
paganisme tardif il peut sembler peut être par certains de ses aspects esclave
de la légalité, mais il y a autour de cela tellement plus : tout
l’ensemble fait partie d’une personnalité pleine d’une véhémence exubérance
d’une personnalité qui bien qu’elle puisse éclater en injuste reproches et en
arrogance apparente, est pathétique».
En outre, ce qui nous émerveille chez
Tertullien c’est aussi son courage, son ardeur avec lesquels il combattait non
seulement les hérétiques, mais aussi avec lesquels il s’adressait aux hauts
fonctionnaires de l’Empire romain qui persécutaient les chrétiens. Dans sa
lettre in Apologeticum, Tertullien s’adresse aux gouverneurs de cette
façon : « Allons, bons
gouverneurs, plus estimés encore des foules si vous leur immolez les chrétiens,
tourmentez-nous, mettez- nous à la torture, condamnez-nous, écrasez-nous :
votre iniquité est la preuve de notre innocence. Tous vos raffinements ne
servent à rien, ils redoublent plutôt l’attrait de notre secte, nous devenons
plus nombreux toutes les fois que nous sommes moissonnés par vous : le
sang des chrétiens est une semence ». En d’autres termes : « Semen est sanguis christianarum ».
Enfin, Tertullien à travers ce texte
veut nous apprendre comment nous devons défendre notre foi, mais aussi comment défendre notre Eglise malgré les
difficultés voire accepter la mort pour ne pas être compté parmi ces chrétiens
qui n’ont retenu de la Bible que la seule phrase : « Fuyez de villes
en villes ». A travers ces
prescriptions, notre auteur nous offre un enseignement qui vaut la peine même
aujourd’hui malgré ses positions souvent extrêmes qui l’ont poussé même à
partir chez les montanistes. Une chose qui nous semble aussi importante chez
Tertullien est la reconnaissance des ses faiblesses. Il nous émeut quand il reconnait
que la vertu de la patience lui faisait défaut et pour remédier à
cela il composa tout un traité sur la patience. Il disait : Malheureux, je
suis toujours dominé par la fièvre de l’impatience ».
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