Introduction
En parcourant
les évangiles, nous nous rendons compte que la Vierge Marie est très peu
mentionnée. La Vierge Marie qui tient une grande place dans la fois et la piété
chrétienne n’apparaît que discrètement dans les récits évangéliques, mais
l’essentiel y est dit : elle est la mère du Sauveur. Or si l’on supprime
ces quelques présences mariales, l’évangile tout entier sera incomplet. Car si
Dieu a fait participer Marie à son œuvre de rédemption de l’humanité, Il veut
que celle-ci reste pour toujours le signe de l’amour donné et reçu dans la pure
gratuité. Donc, comme le dit si bien le pape Jean Paul II « La Mère du Rédempteur a une place bien
définie dans le plan du salut » (Jean Paul II, Lettre Encyclique. La Mère du Rédempteur. N°1).
La foi
chrétienne n’est pas statique mais dynamique ; elle est une réalité. Et
comme tout ce qui est vivant, la foi grandit, se transforme, s’adapte, se
colore différemment, tout étant fidèle à elle-même. Il en est de même pour la
pensée mariale. A partir du noyau fondamental que sont les évangiles, elle va
se développer, s’enrichir, se colorer au gré des cultures qui accueillent la
foi chrétienne, cherchent à la comprendre et la célèbrent dans la liturgie. C’est
ce que dit aussi Bernard SESBOÜE quand il affirme : « La conception virginale de Jésus est une donnée de la foi qui
demeure ouverte mais qui n’est pas libre. Comme tout point de la foi, elle
demeure ouverte à une recherche exégétique et théologique ultérieure. »[1]
C’est dans
cette perspective qu’il nous est demandé,
dans ce cadre de séminaire sur la virginité de Marie, de réfléchir sur
la virginité dans la culture Banda. Ainsi situer, notre travail va s’articuler
de la manière suivante : d’abord nous allons définir la virginité.
Ensuite, nous aborderons la conception de la virginité chez les Banda. Puis
nous traiterons de la virginité perpétuelle de Marie. Une conclusion mettra un
terme à ce travail.
1-Qu’est ce que la virginité ?
Selon le
dictionnaire Le Robert, la virginité
est « l’état de quelqu’un qui n’a
jamais eu de rapport sexuels avec pénétration »[2].Autrement
dit, la virginité est l’état d’une fille qui n’a pas encore fait le rapport
sexuel : elle est pucelle. Cet état de virginité se mesure par la présence de l’hymen chez la fille. L’hymen
se rompt lors du premier rapport sexuel. Il est important de noter que l’hymen
peut se rompre en l’absence de rapport sexuel par la pratique de sports ou le
port des objets très lourds par la fille.
La notion de
la virginité peut-être compris sous, du moins, deux angles : la virginité
physique et la virginité morale, certains diront spirituelle. Pour les
chrétiens, la virginité est un état d’esprit, « un état de vie », une manière de suivre le Christ, qui
a beaucoup de valeurs. Saint Augustin l’a si
bien perçue quand il disait :
« Etant donné que l’Eglise universelle est une vierge unie à un unique
époux, le Christ, comme dit l’apôtre (2Co 11, 2), de quel honneur ne sont ils pas
dignes ceux de ses membres qui observent jusque dans leur choix ce que tout entière elle observe
dans sa foi : elle qui prend pour modèle son époux et Seigneur ? …
Par suite, si l’Eglise universelle est sainte de corps et d’esprit, sans être
cependant universellement vierge de corps, mais seulement d’esprit, combien
est-elle plus sainte en ceux de ses membres en qui elle est vierge de corps et
d’esprit »[3].
De ce qui
précède, la perte de la virginité ne peut se faire sans le consentement de la
personne. Dès lors, la virginité se revêt d’un caractère moral tout
particulier, puisqu’un viol, même s’il y a défloraison physique, n’aurait plus
pour conséquence la perte de la virginité, seulement le déchirement de l’hymen.
Cela dit, une fille qui a perdu son hymen sans rapport sexuel, surtout dans une
circonstance non voulue, peut dire : « je suis vierge mais pas une
vierge ». Donc une fille peut être vierge sans être une vierge.
Dans le sens
opposé, une provocation sexuelle extrême ou des pratiques sexuelles intenses
évitant la pénétration, tels les rapports sexuels bucco-génitaux, la sodomie,
la masturbation, provoqueraient une perte fictive de la virginité ; cette perte de la virginité qu’on appelle la
conscience de sa sexualité. Donc dans une dimension morale et spirituelle, la
virginité se définit à la fois comme une réserve du corps et de l’âme, elle se
détache du corporel pur pour le surpasser.
2-La conception de la virginité chez les
Banda
A/ Qui sont les Banda ?
Située au cœur
de l’Afrique, la République Centrafricaine est un pays qui regorge une
multitude d’ethnies parmi lesquelles l’ethnie Banda. Selon les études
historiques, les Banda seraient venus de l’Egypte, depuis le Haut Nil, fuyant
la razzia esclavagiste. C’est un peuple pacifique qui n’aime pas la
guerre ; à force de quitter une région pour une autre à cause de la guerre
qu’ils se seraient retrouvés en Centrafrique. Ils se trouvent sur la
quasi-totalité de l’étendue du territoire. En terme d’effectif, les Banda
occupent le premier rang parmi les ethnies de la Centrafrique. Enfin il faut
noter qu’au sein de l’ethnie Banda il y a encore de sous groupes.
B/ La virginité
Au sein de
l’ethnie Banda la virginité est très valorisée. Perdre la virginité dans un
contexte non désiré pose problème. L’amour a besoin de virginité, de fraîcheur.
La virginité est une valeur négociable au capital précaire mais au revenu parfois très rémunérateur.
Nous nous référons au premier rapport sexuel des filles qui, parfois, fait
« couler » de l’argent aux parents des garçons. D’aucuns diront que
les parents de la fille cherchent de l’argent où veulent décider pour le
mariage de leur fille. Certes, il y a des problèmes économiques mais les
parents réclament de l’argent parce que la fille est déviergée, ils sont
choqués : la fille a perdu ce qu’elle a de plus chère, le sang a
coulé ; le premier acte sexuel provoque la rupture de l’hymen et donc la
saignée de la fille ; elle ne serait plus désirée comme auparavant par
d’autres. C’est pour quoi les parents répètent sans cesse à leurs filles que
l’honneur, c’est comme la virginité, cela ne sert qu’une fois : la
virginité est le plus riche trésor.
A cette
dernière raison, les parents, parfois, obligent les deux à se marier pour
préserver la fille de la honte. Car une fille déflorée dans une condition
« impropre » reçoit aussitôt un cachet : « sakpa
nzéndé » (sac à ordure). La fille est vue comme quelqu’un d’impur, donc il
faut l’éviter.
Chez les
Banda, la virginité de la fille avant le mariage est capitale. Elle est
toujours exigée des filles. C’est même une des conditions de validation du
mariage. La fille est donc tenue de préserver sa virginité, de la défendre.
Pour cela, elle doit porter un vêtement décent et adopter une attitude réservée
pour ne pas susciter le désir de viol chez les hommes. Aussi dans le souci de
préserver et défendre leur virginité, une fille vierge ne peut aller au champ
ou à la rivière toue seule, mais toujours en groupe pour se défendre en cas
d’intrus ou d’un délinquant.
Pour
l’homme-Banda, la virginité garantit une
certaine confiance que l’on peut faire à une fille, à l’occurrence, à sa future
épouse. De coté de la fille, la virginité est une question de respect et
d’honneur. Donc sortir avec une fille qui est encore vierge suscite du respect
pour cette dernière.
C/ Le sommet de la virginité, le mariage
Même si la
virginité est très valorisée chez les Banda, il est cependant difficile de
parler de celle-ci comme état de vie ; elle n’est pas prévue pour toute la
vie. Même si la virginité est vue comme un trésor très précieux, il est malaisé
de garder un trésor dont tous possèdent la clé.
Chez les
Banda, la virginité atteint son paroxysme au mariage. C’est un succès et un
orgueil pour la famille quand la fille se marie encore vierge, et cela continue
jusqu’aujourd’hui. Le fait d’arriver au mariage vierge est une grande valeur.
La virginité se culmine dans le mariage. Or la conséquence immédiate du mariage
c’est la procréation. Ne pas avoir d’enfants, c’est la plus grande des
pauvretés. L’enfant comme don venant de plus loin, est signe palpable d’un
surcroît d’être ; pour l’homme ou la femme, il est plus valeureux d’être
père ou mère que de ne pas l’être. La stérilité est considérée comme une
malédiction des ancêtres. Donc l’enfant est en quelque sorte le garant du
statut d’être homme ou femme.
Les Banda ont
fait de la virginité une sorte de sacre et un rite de passage : de
l’enfance à une femme. La perte de la virginité dans le mariage, bien sûr, est
précédée d’une initiation spéciale. La fille vierge doit passer nécessairement
dans un « bâbâ » (camp d’initiation) pour sortir véritablement femme.
Le rite initiatique a deux fonctions. Premièrement, la fille passe, après
initiation, au statut de femme, dans le sens plein du mot, reconnue de tous. De
façon générale, l’adolescente ne vit plus sous la tutelle parentale.
Deuxièmement l’apprentissage sexuel se fait à travers des rites initiatiques ou
cérémonies traditionnelles, qui peuvent aller jusqu’à la simulation de l’acte
sexuel. L’initiation se fait en trois étapes. D’abord la fille perd sa ceinture
abdominale de perles, signe de l’enfance. Ensuite elle apprend, par des paroles
explicites, ce qu’est la perte de la virginité et ce qui l’attend dans le lit
conjugal. Enfin, les « matrones » l’apprennent la toilette intime,
nécessaire pour le rapport sexuel. Ainsi s’achève la virginité de la fille
Banda.
3- La virginité perpétuelle de Marie
« L’Eglise a donc toujours enseigné, toujours
inclus dans sa foi, toujours confessé à l’encontre des hérésies que Marie a
conçu son fils sans la coopération d’aucun père humain et qu’elle est restée
vierge même après l’enfantement de Jésus. »[4].
Cependant, la virginité de Marie a-t-elle un fondement scripturaire ?
Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encres dans le passée et qui
continue de nos jours. Car il est inconcevable, humainement parlant, une femme,
après avoir enfantée, garde sa virginité physique, même si avec l’
hymenoplastie aujourd’hui on peut « refaire » l’hymen. Les premiers
chrétiens croyaient en la conception virginale de Jésus. « La tradition chrétienne atteste que Marie, restée vierge dans la
conception de Jésus, a toujours gardé cette virginité. »[5].
La foi à la virginité perpétuelle de Marie fait son chemin jusqu’à nos jours
même dans le milieu protestant car Luther et Calvin, eux aussi en a enseignée ;
c’est ce que dit aussi Madore : « Mêmes
les grands réformateurs protestants, Luther, Calvin, Zwingli ne la niaient pas. ».[6]
Le concile de Latran, 649, consacre même l’expression
Marie « toujours vierge ».
La virginité
perpétuelle, vue aujourd’hui comme un mythe ou une légende justifie de notre
part une analyse détaillée et approfondie de la question.
A/ La virginité ante partum
Les évangiles
montrent clairement que Jésus est né d’une vierge et cela sans intervention
d’un homme, hors du processus génétique habituel. Cette affirmation nous est
présentée par saint Luc et saint Matthieu (Lc 1, 27 ; Mt 1, 18). Rappelons
que les pères de l’Eglise admettaient la conception virginale sans difficulté à
l’exception de Tertullien[7]
qui prenait à la lettre les textes de l’évangile parlant des frères de Jésus(Mc
6, 3).
Ils ont
employé plusieurs images pour justifier la conception virginale. Or, pour
beaucoup d’intellectuels, mêmes les chrétiens, de notre temps, certains récits
évangéliques ne peuvent pas être historiques en raison de leur contenu car ils
rapportent ou prétendent rapporter des faits contraires aux lois de la nature.
Il en est de même pour le récit de la conception virginale. Beaucoup remettent
en cause la réalité historique de ladite
conception car ils voient dans ce récit qu’une manière imagée de parler qu’on
trouve beaucoup dans l’Ecriture Sainte.
C’est ce même constat qu’a fait Mc HUGH quand il dit : « on dit parfois que les récits de l’Ancien
Testaments concernant Isaac, Samson et Samuel, tous trois nés de femmes
stériles et avancées en âge, ont bien pu inspirer cette idée que Jésus, lui,
était né d’une mère vierge. Le Baptiste, en effet, serait né dans les mêmes
circonstances que ces personnages du passé ; et, d’autre part, le dessein
de Luc était de montrer la supériorité de Jésus sur le Baptiste. Celle-ci
devait donc se manifester dans sa naissance elle-même et, si le précurseur
était né des parents âgés, à la suite d’un miracle peu ordinaire, il fallait
que Jésus, lui, dût sa naissance à un miracle plus étonnant encore, excluant
cette fois toute paternité humaine. »[8].
De ce qui
précède, l’idée de conception virginale serait alors qu’un symbole dont le
message serait : Jésus est le don que Dieu nous a fait de sa propre
personne et non une simple créature née de rapport humain. Autrement dit, la
conception virginale serait un theologoumenon c'est-à-dire une expression de la foi chrétienne, et non
le rappel d’un évènement historique.
Certes, dans
la Bible il y a des mythes et des légendes. Mais le récit de la conception
virginale raconté par saint Luc et saint Matthieu n’est pas de cet ordre. Il
est sûr que les auteurs bibliques puisaient leurs mythes et symboles dans
l’univers où ils vivaient. Dans le monde juif, toutes les filles rêvaient de se
marier et d’avoir une famille nombreuse.
Matthieu admet
comme un fait la conception virginale. Or, dans le judaïsme, le rôle du père était de tout premier plan. C’est ce que
souligne Madore en ces termes : « …dans toute la Bible la descendance d’un homme s’établit d’après la
lignée des mâles. Matthieu aurait eu la tâche plus facile s’il avait pu écrire
que Jésus descendait de David par son père Joseph qui l’avait engendré. » [9].
Notons que comme tout bon Juif, Matthieu ne pouvait pas admettre ce qui pouvait
diminuer ou compromettre la transcendance divine.
Donc la
conception virginale est le résultat d’une action créatrice de Dieu, comme une
œuvre semblable à la création de l’homme et de la femme au jardin d’Eden. Concluons avec Mc HUGH que « l’essentiel,
pour Luc, ce n’est pas d’affirmer la virginité de Marie, mais d’insister sur
l’origine divine de l’enfant qu’elle va concevoir »[10].
B/ La virginité in partum
Nous venons de
voir que la conception virginale est d’abord un évènement qui concerne Jésus.
Intéressons nous maintenant à la virginité in partum. En parcourant l’Ecriture
Sainte, il n’est nullement mentionné de façon explicite la virginité
perpétuelle de Marie. Au contraire les évangiles nous font mention des frères
et sœurs de Jésus (Mc 6, 3 ; Jn 6, 42 ; 7, 5).
L’affirmation
de la virginité perpétuelle de Marie est aussi vieille que l’Eglise. Dès le début
du christianisme, les pères ont tenté d’expliquer la mention des frères de
Jésus dans les évangiles. Dans le proto-évangile de Jacques, il est écrit que
Joseph était veuf et père de plusieurs enfants lors qu’il a épousé Marie.
Pour saint
Jérôme, les évangélistes peuvent parler des frères de Jésus comme ils parlent
dans certains passages de son père Joseph, dont ils savent qu’il n’est pas le
père véritable (Lc 2, 33.48.50 ; Mt 13, 55). Il donne aussi d’autres
explications. Dans la culture sémite, on appelle frères les parents en général,
neveux, cousins etc… L’Ancien Testament renferme plusieurs exemples :
Abraham et Loth (Gn 13, 8) dans le livre de Tobie (Tb 6, 19 ; 7,
1.15 ; 8, 4). Tout cela justifie que Joseph n’a pas eut de relation
sexuelle avec Marie qui est restée vierge dans l’enfantement.
C/ La virginité post partum
La virginité
de Marie après l’enfantement est difficilement justifiable bibliquement même si
déjà au IIe siècle les évangiles apocryphes
racontaient que Marie est restée vierge après l’enfantement, aucune lésion
physique ne s’est produite dans l’accouchement.
Les pères, en
se référant au texte d’Ezéchiel 44, 2, disaient du sein de Marie qu’il était la
« porte close » et « parce que le Seigneur est entré par cette
porte, elle restera close »[11].
Il compare ce phénomène à celui du Christ ressuscité qui s’est rendu présent au
Cénacle « toute porte close ».
Le concile
Vatican II à la suite du concile de Latran dira que la naissance de Jésus « était non la perte, mais la
consécration de l’intégrité virginale de Marie »[12].
Parlant de la
virginité perpétuelle de Marie, saint Maxime de Turin, en s’appuyant sur ICo
15, 42-49, il compare le point de départ
de la naissance de d’Adam et de Jésus : « Il a voulu naître d’une manière absolument semblable à celle
d’Adam …Adam est né d’une terre vierge ; le Christ a été procréé de la
vierge Marie : le sol maternel dont l’un a été tiré n’avait jamais été
déchiré par la houe ; le sein de la mère de l’autre n’avait pas été violé.
Adam avait été formé d’une glaise modelée par les mains de Dieu ; le
Christ a été formé dans le sein par
l’Esprit de Dieu. Tous deux, donc, ont eu Dieu pour père, une vierge pour
mère ; tous deux sont, comme dit l’évangéliste, fils de Dieu. »[13].
Terminons avec
Origène, le premier théologien à déclarer la virginité de Marie : « C’est le rapport conjugal et non la
naissance qui détruit la virginité. »[14]
3-La signification religieuse de la
conception virginale
La conception
virginale est trop souvent vue comme un point de doctrine visant premièrement à
l’exaltation de Marie ou la mariologie. Or, telle n’est pas la perspective de
la profession de foi. Pour celle-ci, au contraire, il s’agit de la
christologie ; Marie ne vient qu’en seconde position, c’est ce que dit
aussi Mc HUGH en ces mots : « le
dogme de la conception virginale est essentiellement christologique et ne
relève qu’incidemment de la mariologie. »[15].
Le symbole des
apôtres s’exprime ainsi : « Il a été conçu du Saint Esprit, est né de
la vierge Marie », cela veut dire que si la conception virginale est
devenue l’un de nos dogmes fondamentaux, ce n’est pas en raison de ce qu’elle
nous apprend au sujet de Marie, ou parce qu’elle exalte la virginité ;
mais c’est parce qu’elle définit la naissance terrestre de Jésus comme
exclusivement à une intervention directe de Dieu.
Donc « le dogme de la conception virginale
est donc un signe, un sacrement, du mystère de l’Incarnation. Il implique
d’abord et avant tout cette vérité que la vie terrestre de Jésus doit son
origine à Dieu seul, non pas à l’homme ; en second lieu, que Jésus est
vraiment un homme ; enfin, que la seule contribution de l’homme à
l’Incarnation a été d’accepter le don que Dieu lui faisait de Jésus. »[16].
Conclusion
Beaucoup de
personne de nos jours sont mal à l’aise avec l’affirmation concernant la
virginité perpétuelle de Marie. Ils voient en celle-ci, le mépris de la
sexualité. Cependant, pour quoi l’Eglise a beaucoup d’estimes pour la
virginité ?
La virginité
que prône l’Eglise trouve sa valeur, non dans le renoncement au mariage ni dans
une abstention purement matérielle, ni dans la maîtrise de soi qu’elle suppose,
mais uniquement dans le motif qui la fait choisir et dans l’utilisation qu’on
en fait. C’est ce que dit saint Augustin, la virginité « est honorée, non parce qu’elle est
virginité, mais parce qu’elle est vouée à Dieu »[17].
De ce qui
précède, il convient de souligner que Marie est vénérée non à cause de la discipline
qu’elle aurait exercée sur elle-même, car alors sa virginité n’aurait pas été
différente de n’importe autre femme célibataire vivant dans la chasteté,
qu’elle soit chrétienne on non ; telle n’est pas la raison pour la quelle
l’Eglise décerne à Marie le titre de Vierge des vierges. Cela dit, si l’on s’en
tient au fait biologique de la conception virginale, on ne découvrira jamais la
raison pour laquelle l’Eglise devrait
honorer Marie.
Aussi, la vie
de virginité choisie par Marie et Joseph n’avait pas pour motif un manque
d’estime pour la vie conjugale ni même de considérer la continence comme un
idéal plus élevé que la consommation du mariage.
L’Eglise
exalte Marie à cause de sa virginité totale, physique et spirituelle et
l’Eglise souligne fortement la dernière. C’est ce qu’affirme aussi Madore quand
il dit : « sa virginité est un
signe, et un signe infiniment précieux, de son amour ; mais celui-ci qu’il
faut souligner avant tout. Ce n’est pas assurément pas tellement à cause de sa
virginité physique, mais parce qu’elle a
donné à Jésus un amour sans partage, que l’Eglise lui décerne les titres de
Virgo veneranda … »[18].
Cela revient à dire que le titre de « toujours vierge » à chez Marie
le premier pas sur celui de « vierge mère ». Car la maternité
virginale ne saurait être bien comprise entendue que si on la met en relation
avec sa virginité perpétuelle.
La maternité
physique de Marie est unique en son genre ; elle ne saurait donc être
imitée. Mais il n’en va pas de son amour, sa donation totale. Ainsi la femme
Banda peut imiter son amour et sa donation au service de l’Enfant Jésus, même
dans le mariage. Donc le message concernant la virginité peut passer chez les
Banda si et seulement si on montre clairement les deux dimensions de la
virginité, physique et spirituelle. Car, ne pas avoir d’enfants reste une
grande souffrance chez les Banda.
Bibliographie
-Bible de Jérusalem
-Dictionnaire
encyclopédique Théo
-Jean PAUL II,
Lettre Encyclique. La mère du Rédempteur,
Kinshasa, Saint Paul Afrique, 1987, 132p
-MADORE
Georges, Marie. Un nouveau regard,
Québec, Fides, 1997, 168p
-Mc HUGH John,
La mère de Jésus dans le Nouveau
Testament, Paris, Cerf, collection Lectio Divina n° 90, 1977, 489p
-RAHNER Karl, Marie mère du Seigneur, Paris, L’Orante,
1960, 132p
-WITWICKI
Robert, L’Angélus. Marie, porte de la
Trinité, Kinshasa, Lidonge, collection « Rayon Marial » n°5,
1999, 160p
[1] SESBOÜE
Bernard, La pédagogie de Christ, p.
228-229 in MADORE Georges, « Marie.
Un nouveau regard. » «Quebèc, Fides, 1997, p. 84
[2] Le dictionnaire
ne donne pas le genre, il emploie « quelqu’un ». Mais dans notre
travail nous allons parler de la virginité surtout de la femme
[3] Saint Augustin, « Un éloge de la virginité consacrée »
in Dictionnaire encyclopédique Théo, p.114c
[4] RAHNER Karl, Marie mère du Seigneur,
Paris, Edition de l’Orante, 1960,
p. 79
[5] Dictionnaire encyclopédique Théo, p.
270 c
[6] MADORE Georges, op.cit, p.73
[7] Witwick Robert, L’Angélus. Marie, porte de la Trinité, Kinshasa, Lindonge,
collection Rayon Marial, 1999
[8] Mc HUGH John, La mère de Jésus dans le
Nouveau Testament, Paris, Cerf, collection Lectio Divina n° 90, 1997, p.
323
[9] MADORE Georges, op.cit, p. 74
[10] Mc HUGH John, op.cit, p. 355
[11] Pour plus de détailles, Cf : GALOT Jean, Marie dans l’Evangile, Paris-Louvain,
Desclée De Brouwer, 1958, p. 109-113
[12] LG n° 57
[13] Saint Maxime de Turin, Sermo 19 : PL 50, 500 in Mc HUGH
John, op.cit, p.377
[14] Origène, Homélie sur Lévitique, VIII, 2 in Mc HUGH John op.cit, p. 376
[15] Mc HUGH John, op.cit, p.384
[16] Mc HUGH John, op.cit, p. 381
[17] Saint Augustin, De sacra virginitate, 8 : PL 40, 400
in Mc HUGH John, op.cit, p. 385
[18] MADORE Georges, op.cit, p. 69
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