mardi 1 janvier 2013

La violence et la ruse comme stratégies politique antidémocratiques


Introduction

Aujourd’hui, nous constatons que beaucoup de nos sociétés, à l’instar de celles décrites par Nicolas Machiavel[1] dans « le Prince »[2]  ont deux camps antagonistes : d’un coté nous avons et voyons des gouvernants qui acquièrent de nouvelles techniques (méthodes) pour dominer et opprimer le peuple en utilisant tous les moyens possibles pour conserver leur pouvoir politique. De l’autre coté nous avons le peuple opprimé, dont les besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits et que les gouvernants exploitent pour leurs intérêts égoïstes et l’on remarque que le pouvoir politique dans ces sociétés n’est pas limité par le peuple mais limité et prolongé par les gouvernants à leur gré.
Face à la situation ci haute décrite tout esprit averti ne peut pas ne pas s’interroger. La violence et la ruse peuvent elles être de bonnes stratégies pour l’exercice du pouvoir ? N’est il pas plutôt urgent en Afrique de promouvoir la démocratie comme  stratégie de bonne gouvernance ?
            A titre d’hypothèse et en réponse à notre problématique, nous entendons promouvoir la vraie démocratie comme stratégie de bonne gouvernance en éliminant toute violence et toute ruse dans l’exécution du pouvoir politique.
            Notre étude porte sur la ruse et la violence comme stratégie politique antidémocratique à éliminer dans l’exercice du pouvoir en Afrique pour parvenir à la bonne gouvernance.
            Notre étude porte sur la ruse et la violence comme stratégies politiques antidémocratiques à éliminer dans l’exercice du pouvoir en Afrique pour parvenir à la bonne gouvernance.
            La pensée de Machiavel semble être d’actualité, car dans nos sociétés, nombre de gouvernants s’en inspirent pour l’acquisition et la conservation du pouvoir en consacrant la dictature, l’oppression du peuple, étouffant ainsi la vraie démocratie.  A ce titre, l’intérêt de notre travail se révèle pratique, car il favorise la promotion de la vraie démocratie pour le bien être de tous les africains en général et des congolais de la R.D.Congo en particulier.
            Au regard de la problématique ci-haut formulée, nous proposons d’adopter la méthode herméneutique. Cette méthode nous permet, en raison de ses trois phases essentielles, d’établir le contexte de surgissement de la pensée de Machiavel, d’analyser le texte même du « prince » pour expliciter la pertinence de la violence et de la ruse comme stratégies politiques ; et de nous approprier de cette philosophie politique, moyennant des considérations critiques, dans le contexte africain et congolais.     
            Pour mener à bon port notre réflexion et atteindre les objectifs assignés, nous retiendrons trois moments majeurs d’articulation de notre travail. Il s’agira tout d’abord, de parler du contexte d’émergence de la pensée politique de Machiavel ; ensuite viendra le moment de parler du pouvoir et des sujets. Et enfin, en vue d’actualiser notre pensée, nous aborderons la question de la démocratie en Afrique.
Le domaine de notre recherche est la politique, plus précisément la démocratie.



           








Chap. I. Contexte d’émergence de la pensée politique de  Machiavel

Section O. Introduction

            Notre préoccupation  tout au long de ce travail  est de promouvoir la vraie démocratie comme stratégie de bonne gouvernance en éliminant toute violence et toute ruse dans l’exécution du pouvoir politique.
Avant d’y arriver une étude importante de la pensée politique avant Machiavel semble indispensable. L’objectif qu’assigne ce chapitre, est de montrer les circonstances et les moments qui ont fortement marqué Machiavel et l’ont poussé à prendre la plume pour forger sa pensée politique à travers nombre de ses ouvrages mais surtout dans « le Prince » qui nous servira  de support tout au long de notre travail et aussi parlera de la problématique de sa pensée politique.
            En conséquence,  pour mieux cerner le contexte dans lequel est née la pensée de Machiavel, la relecture de la pensée politique avant lui nous semble utile et impérieux.
             
Section 1 : La science politique avant Machiavel  
Reconnaissons que tout ceux qui ont consacré une étude à Machiavel, qui ont examiné ce qu’était la science politique avant lui, soulignent plus volontiers la cassure entre ses prédécesseurs et lui, que la continuité de ses prédécesseurs à lui. Voyons dans lis lignes qui suivent ce qu’était la politique avant Machiavel en commençant par Platon

1. La politique chez Platon

La cité d’Athènes, à l’époque de Socrate et Platon était marquée par la présence des sophistes (qui étaient des marchands de la sagesse, aux  discours trompeurs. L’autre trait caractéristique des sophistes c’est le scepticisme). Socrate, le juste de son époque avait comme mission de faire connaître aux citoyens la vérité et de les aider à méconnaître les enseignements des sophistes. Malheureusement, il (Socrate) n’avait pas été compris par ses contemporains ; il fut injustement condamné à mort. Sa  condamnation à mort fut l’objet de scandale pour certains et le point de départ de la pensée philosophique de son disciple Platon.
            Par ailleurs, Platon comprit qu’aucune politique saine n’était possible dans un état de corruption des mœurs auquel était parvenu Athènes, et que la seule tâche féconde était de préparer une élite  d’homme probe et compétent. Et c’est de là qu’est née la fameuse thèse selon la quelle, il ne peut y avoir de salut pour la cité que dans le gouvernement des philosophes. Posons-nous alors la question de savoir : ce qui a poussé Platon à poser comme prémisses dans sa conception du pouvoir politique, les philosophes à la tête de la cité ? C’est-à-dire philosophe roi. L’idée que le philosophe soit roi constitue le fondement même de la politique chez Platon. Nonobstant le fait d’être frère d’une même cité, tous nous ne sommes pas capables de diriger. Il y a ceux qui sont capable de le faire et d’autres doivent les suivre. Les philosophes sont donc ceux dont l’or a été ajouté dans leur composition et par conséquent ce  sont eux qui doivent diriger.
Après l’étude de la pensée politique de Platon, nous avons constaté que malgré tant de théories et d’explications qu’il donne sur l’exercice du pouvoir politique dans son livre « la République »,  son apport dans ce domaine est moins louable pour le secrétaire florentin. Ce dernier condamne le disciple de Socrate d’avoir imaginé une république qui n’a jamais existé. Dans le quinzième chapitre du « prince », Machiavel condamne tous ceux qui « se sont imaginé de républiques ou monarchies qui n’ont jamais été vues ni connues pour vraies » [3]. Voila pourquoi il estime  qu’il ne serait pas juste de proposer la république de Platon comme idéale, quoique certains philosophes la vantent beaucoup.
            Quoi qu’il en soit,  l’analyse faite de la politique de Platon, nous montre que ce dernier a fait de la politique et son système éducatif n’est pas une pure utopie, mais comme toute éducation digne, elle est orientée vers un idéal qui est celui de former une élite. Machiavel lui non plus n’ignore pas la politique de Platon mais il le critique du fait qu’il a conçu et imaginé des républiques qui n’ont jamais existé réellement. Nous estimons que, même Platon est resté au niveau des idées, sa politique est pour nous un paradigme.
Néanmoins, si  Platon reste moins influent sous la plume du florentin, il nous semble en revanche qu’on peut y discerner l’influence d’Aristote et bien d’autres auteurs.

2. Aristote et la science politique

C’est surtout contre Aristote qu’on veut défendre une sorte de primauté de Machiavel en fait de science politique, contre l’auteur de « la Politique »[4]. Aristote comme Platon, a parlé de la politique, mais l’influence d’Aristote par rapport à Platon est d’une importance et mérite d’être souligné ici avec beaucoup plus d’attention. Aristote dans sa conception de la politique a voulu, à la différence de son maitre établir un régime idéal (démocratie) pour une cité juste.
Aristote reste pour le secrétaire florentin le fondateur d’une science politique empirique, mais une science par son souci de s’appuyer sur les faits.
C’est ainsi que nous retrouvons chez Machiavel une foule d’idées, des préceptes, de formules propres au Stagirite. Parmi ces idées et préceptes nous avons par exemple, l’idée selon laquelle dans une république, il y a de gouvernant et de gouvernés, prédestinés à cet état par leur nature, l’idée que le prince doit  paraître avoir certaines qualités … et enfin l’idée qu’il faut condamner les vieilles recettes maladroites de la tyrannie, mais au nom de recettes plus adroites quoique aussi parfaitement immorales.
Comme Aristote, Machiavel distingue  deux catégories sociales, qu’il nomme les grands  et le peuple. Quoique l’influence d’Aristote chez le secrétaire florentin soit d’une grande importance, la distance entre nos deux auteurs est immense.
            Toutefois,  il n’est pas possible, même pour rendre à Machiavel ce qui lui appartient, de minimiser l’apport d’Aristote, d’autant plus qu’il a beaucoup influencé le secrétaire florentin. Comme nous l’avions souligné ci-haut Aristote reste le fondateur, le créateur d’une science politique empirique malgré les reproches qu’on lui fait de recourir à l’histoire plus qu’à la raison et d’avoir en quelque sorte « laïciser » la politique dans sa fameuse affirmation l’homme est  «(ἄνθρωπος φύσει πολιτικὸν ζῷον/ anthropos phusei politikon zoon) », un animal politique. Pour Aristote, cette affirmation a sa raison d’être ; car l'homme est fait pour vivre en société qui est une communauté politique.  La cité est voulue par la nature et est donc inhérente à tout groupe humain. Par cette affirmation, certains auteurs condamnent  Aristote de vouloir faire de la politique un fait naturel. Rarement innée, la science du gouvernement (la politique) s'apprend ; si bien que, la politique apparaît comme un véritable métier.  Or pour le florentin, la politique/pouvoir ne doit pas être réduit à un simple fait naturel, mais c’est un exercice qu’on acquiert soit par les armes, soit par la forteresse, soit par le droit de succession (même si cette voie est restée moins exploitée par le florentin) et aussi par la fortuna (fortune) et la virtu (vertu)  ou par l’expérience et la compétence.
             Machiavel, comme le souligne Yves LEVY[5] fut un grand lecteur de Tite Live et de Polybe, et ces derniers lui  communiquent leur enthousiasme (…). Avec Polybe, il a jeté d’abord un coup d’œil général sur la constitution romaine (…). LEVY continue en disant, la fermeté,  l’orientation de sa réflexion, Machiavel les doit sans doute pour une grande part à Tite Live et  Polybe, tous deux historiens, qui ont retracé l’aventure de la république romaine[6].
Loin d’être exhaustif, nous ne prétendons pas avoir abordé toute la question de la science politique avant Nicolas Machiavel, mais au contraire, nous pensons avoir abordé deux auteurs qui ont été le plus influent dans la pensée politique de Machiavel et dans l’élaboration de certains de ses ouvrages.   « Machiavel nous dit Levy  fut un grand lecteur de ses prédécesseurs et s’inspirait de leurs œuvres, mais de telle façon que la comparaison de ce qu’il écrit avec le texte qu’il utilise fait beaucoup moins ressortir sa dépendance que sa profonde originalité »[7]. Machiavel, en effet, n’invente pas la science politique ; il la trouve chez ses prédécesseurs, surtout chez Aristote et Polybe. Mais il lui donne un accent tellement nouveau.
            Après cette analyse minutieuse de la politique avant Machiavel, nous voulons aborder dans ce point qui suit  la question de la problématique de la doctrine philosophique du secrétaire florentin.

Section 2 : La problématique de la doctrine philosophique de Machiavel  

Si sur le plan philosophique, la période médiévale a été considérée par certains philosophes comme une parenthèse philosophique, c’est-à-dire une période philosophiquement morte, il n’en demeure pas moins qu’à certains égards, cette même période a été le théâtre du surgissement  des pensées renouvelées. En témoigne l’ « insight » (intuition, l’inspiration) philosophico-politique qu’eut Machiavel : le machiavélisme.
Pendant que s’affirmaient certaines puissances unifiées (la France et l’Espagne), de plus en plus organisées, que se passait-il en Italie ? En effet, l’Italie à l’époque de Machiavel fut frappée et marquée par une forte crise politique et économique. Elle, qui était en avance pour les lettres et les arts par rapport aux autres pays de l’Europe, se trouvait politiquement mineure par rapport à eux. Cette crise politique entrainait l’Italie à la chute et à la désunion et ne lui permettait pas d’établir son équilibre politique et de garder son unité.
Il régnait en quelque sorte une contradiction entre une civilisation très avancée et une sorte d’incapacité congénitale à constituer un ou des Etats cohérents et forts. De cette opposition entre l’Italie riche et ses voisins va sortir la tragédie italienne, la grande péripétie du temps. Cette contradiction et tragédie, Machiavel les a senties et vécues.   
Ancien fonctionnaire d’une république qui a échoué,  Machiavel, nous dit Levy « se tourne vers l’histoire d’une république qui a réussi de façon plus éclatante que toutes les autres républiques, et même que tout autre régime : vers l’histoire de l’empire romaine »[8]. Il (Machiavel) fait une étude minutieuse des actions des grands hommes politique de son temps, et les avantages qu’apportaient à la cité les mœurs et les croyances. Bref, disons avec Levy que ce que Machiavel entreprend, c’est une manière de cours politique à l’usage des futurs dirigeants[9].  
En analysant en quelques lignes la situation politique de l’Italie, le florentin fut préoccupé par un problème : c’est celui d’unifier l’Italie. Parce que pour lui, « tous les malheurs que le pays a éprouvés depuis une quinzaine d’année viennent d’une sorte de décollage historique : la France et l’Espagne viennent d’achever leur unité, alors que l’Italie (divisée, non seulement est incapable d’opposer un front uni à l’étranger, mais ne cesse de l’attirer chez elle pour le mêler à ses querelles intestines) … oui, c’est là la tâche urgente, la tâche prioritaire : il faut unifier l’Italie »[10]. Cette unification de l’Italie nous dit Machiavel ne peut être possible et réalisable que sur l’autorité  d’un seul homme et non  de toute la république. Et cet homme doit être courageux,  fort et vertueux, c’est le prince. Car dit il « aucun pays ne fut jamais uni ou heureux s’il n’en vient à obéir tout entier  à un prince, comme il est arrivé à la France et à l’Espagne »[11]. Son ouvrage, « le Prince » constitue en quelque sorte une pédagogie pour le nouveau prince qui délivrerait  l’Italie de la main de barbares.
Alors que Platon et Aristote s’évertuent, respectivement dans la république et la politique, à définir l’Etat idéal, le meilleur et le plus juste gouvernement, la problématique de la doctrine philosophique de Nicolas Machiavel, dans « le prince », s’énonce en ces termes de l’unification de l’Italie, de la conquête, de la domination, du maintien de pouvoir par le prince.  Le florentin, à la fin du XVIème, est le maître incontesté de la politique et sa doctrine philosophique (le machiavélisme) fut développée (au moyen âge européen) au XVI et XVIIème  Siècle au point que Machiavel fut considéré d’immoraliste par certains philosophes, historiens et théologiens de cette période.

1.  Le machiavélisme comme maîtrise de l’urgence
Pour l’auteur du prince, la vie politique doit être envisagée moins en termes de vie bonne et heureuse qu’en termes d’équilibre des intérêts socio politique. Le prince à lui seul constituerait avec ses proches une force. Le vulgum pecus (le peuple) et les grands constitueraient les deux  forces principales dans l’arène politique d’une nation. Or l’affirme Machiavel, « on s’élève à la principauté (au pouvoir) par la faveur du peuple… (Ce qui s’apparenterait à une forme de démocratie) ou à la faveur des grands... »[12] Ce qui serait une oligarchie ou encore une gérontocratie. Ces deux principaux camps (le peuple et les grands) se constituent et s’opposent parce  que l’un, le peuple, cherche à jouir de sa  souveraineté et de la liberté, il ne désire ni être commandé ni être opprimé ;  alors que de l’autre  coté, les grands désirent commander et opprimer le peuple. La gestion  de cette divergence des intérêts constitue  la matière du gouvernement du prince.
Ayant accédé au pouvoir par le  soutien de l’un ou de l’autre de camp, le prince doit, nécessairement, s’il veut  bien conserver son pouvoir, pratiquer l’équilibrisme politique. Ce management politique constituerait d’une part à ne pas perdre le crédit de ses alliés et à maintenir son autorité sur  les non alliés sans pour autant se faire haïr d’eux. Dans tout le cas, estime le florentin, le prince devrait s’allier au plus fort sans cependant négliger le moins fort, étant donné que les forces sont dynamiques et donc que leur rapport peut changer à l’improviste.
Un tel gouvernement devient fondamentalement  une gestion et une recherche de la maîtrise de l’urgence quotidienne. Cette urgence étant, bien entendu l’évitement d’une crise fatale  au prince, dit autrement, la conservation du pouvoir du prince. Cela implique évidement de la part du prince la mise en place d’une stratégie politique, le déploiement des moyens conséquents.

2. Le machiavélisme comme absolu de l’efficacité  

De prime abord, disons que la politique est l’action et cette dernière tend à l’efficacité. Une lecture attentive du « prince » met suffisamment en lumière que Machiavel, dans le capharnaüm  des moyens politiques, jette son dévolu sur la force, la violence et la ruse comme moyens efficaces par excellence. 
La force sert à la contrainte  par le moyen de la loi, et de tout autre moyen coercitif. La ruse quant à elle, vaut plus  que la force des  armes tant pour sortir de la médiocrité et rejoindre la grandeur que pour maintenir l’ordre nous pouvons  nous demander, pourquoi un tel choix ? Quels en sont le ressort et le fondement ?
            Une caractéristique principielle du machiavélisme est que tous les moyens sont bons moyennant leur efficacité. Au point où nous sommes, il faudrait donc faire justice à Machiavel et reconnaître qu’il ne privilégie pas en soi le mal au détriment du bien. En effet la vision de Machiavel a souvent été interprétée comme suit : le mal est plus efficace que le bien. Cette distorsion de son point de vue a été considérée comme l’essence de la doctrine philosophique de Machiavel et a constitué ce  que les siècles suivants appelleront « Machiavélisme ». Il doit être entendu que Machiavel ne s’intéressait guère au bien ou au mal ; son souci était l’efficacité politique.  Ainsi le prince de Machiavel, se situerait au dessus du bien et du mal,  étant indifférent à l’un et à l’autre, il en use  dans la mesure où ils lui sont une aide pour la fin qu’il se propose : l’efficacité politique. L’homme d’Etat machiavélique, libre de toute moralité s’apparenterait ainsi au surhomme de Nietzsche. A ce sujet, Machiavel estime que « chaque fois que des hommes qui le peuvent se livreront à la conquête et au maintien du pouvoir, on les en louera ou du moins on ne les blâmera point ».   

Section 3 : La conclusion partielle

Tout au long de ce chapitre, nous avons eu comme préoccupation de retracer l’histoire de la politique, en vue de cerner les problèmes qui ont été à l’origine de la doctrine philosophique et surtout politique de Machiavel.
Cette étude de la pensée politique avant Machiavel, nous a permis de retenir quatre  figures importantes qui d’une manière directe ou indirecte ont influencé l’auteur du prince.
En premier lieu, nous avons étudié la politique de Platon, de là nous retenons qu’il a parlé de la politique dans son livre « la république », mais c’est une politique abstraite selon le florentin. Voila pourquoi, il a été moins influent sous sa plume. En second lieu, un accent particulier a été mis sur la politique d’Aristote, auteur de la « politique ». De lui, nous disons qu’il est le créateur d’une science politique empirique ; sa pensée a une grande influence sur la plume de Machiavel, qui tout de même fait  un dépassement par rapport à son prédécesseur. Pour terminer, l’étude de la pensée de l’historien Polybe et Tite Live nous a été utile, car les deux, à travers leurs écrits ont beaucoup influencé Machiavel.
            Pour tirer l’Italie de l’impasse, Machiavel établit donc sa doctrine, qu’elle fonde sur la violence, la force et la ruse comme maîtrise de l’urgence et aussi comme absolu de l’efficacité. Car la situation de l’Italie nécessitait la présence d’un homme, fort, réaliste  et vertueux pour sortir Italie de cette impasse et l’unir.


Chap. II. Le Pouvoir et les sujets

Section 0. Introduction

            Si le premier chapitre a eu comme tâche de décrire la situation politique avant machiavel et de parler de la problématique de sa doctrine philosophique, le second chapitre quant à lui consistera à montrer le type de relation que le prince de Machiavel entretient avec ses sujets.
            L’homme politique est un homme de pensée et d’action, de courage et d’initiative. Sa mission est de conduire le peuple, de leur assurer des conditions sociales et matérielles meilleures.  D’autant plus que le peuple représente une force et une source vive d’énergie pour une nation (un Etat). Ainsi le pouvoir s’appuiera surtout sur le peuple. Et non sur un quelconque moyen. Mais cela suppose avant tout que le pouvoir respecte les droits du peuple.
Par conséquent, Machiavel « voit la politique comme un jeu de passion et d’intérêt animant des forces opposées (...) et Le prince sage est un homme qui entend bien ses intérêts  »[13]. En ce sens ce n’est plus le bien être du peuple que cherche un prince mais ses intérêts propre qu’il cherche par tous les moyens.
Notre réflexion dans cette partie sera axée sur trois grands points. Le premier, se chargera de décrire les voies qui mènent au pouvoir selon l’auteur ; le second quant à elle abordera la question des actions des gouvernants et le troisième parlera des moyens de protection pour le prince.     

Section 1. Les voies qui mènent au pouvoir

            Bien des personnes aspirent à la gloire, au pouvoir mais toutes ne l’atteignent pas ; même celles qui y parviennent ne suivent pas toutes une seule/une même voie. Les unes par droits de successions, les autres par force, d’autres encore par les élections ou par la faveur des ses citoyens, accèdent au pouvoir politique et deviennent par conséquent gouvernant et y demeurent parfois sans beaucoup des difficultés.
            Attentif aux réalités politiques de son temps/époque, Machiavel, dans le « prince » énumère quelques voies qui ont fait élever certaines personnes sur le trône d’une monarchie, parmi lesquelles nous citons :
·          Droit de succession, Les armes
·         Fortuna et virtu, Faveur de citoyens
·         Scélérate
Notre attention sur ce point sera plus focalisée sur les trois premières voies, que nous analyserons tour à tour.

1. Droit de succession

Signalons de prime à bord que tous les Etats, toutes les puissances qui ont eu et ont autorité sur les hommes, ont été et sont soit des Républiques ou Monarchies. Ces dernières sont, selon Machiavel « ou héréditaires, si la lignée du souverain y a régnée longtemps, ou bien sont nouvelles »[14] (parce que le nouveau prince ne les héritent pas mais les acquièrent avec sa propre force ou avec l’aide d’autrui). L’accession au pouvoir dans une monarchie héréditaire ne pose pas de problème ; car le pouvoir est héréditaire. Il se transmet du père au fils,  des ascendants aux descendants, ou le monarque possède les droits et le pouvoir de représenter la personne de la cité tout entière et de parler à son nom, de n’être demis de ses fonctions qu’avec son  consentement, de designer au soir de sa vie, afin d’éviter des désordres, son successeur.
Dans la monarchie héréditaire, le nouveau prince, autrefois prince héritier du trône, hérite (même sans efforts personnels, sans habilités et autres qualités particulières à un prince) la monarchie par droit de succession, à la mort de son père, et règne. En ce sens, l’ayant hérité de son père, le prince héritier « a moins de difficultés à conserver son Etat (…), parce qu’il suffit seulement de ne pas altérer l’ordre établi par son prédécesseur/son ascendant (…) »[15]. Compte tenu du bon climat qui lui a permis d’hériter sans force ni peine sa monarchie, et la confiance que le peuple a à son égard, « pour le prince naturel (héritier), en effet, moindres sont les raisons et moindre la nécessité d’opprimer : d’où s’ensuit qu’il soit plus aimé. Et si des vices extraordinaires ne le font haïr, la raison veut que naturellement ses sujets soient bien disposés à son égard »[16]. L’héritier du trône n’a pas donc besoin d’opprimer son peuple mais, chercher à se faire aimer de lui et à gagner sa confiance tout en veillant sur eux et en cherchant à établir l’unité dans sa monarchie.
Voyons à présent comment les armes peuvent élever un homme de condition privée à la tête d’une monarchie.



2. Les armes

Signalons  que le thème d’armement est récurrent chez Machiavel. Ce thème est posé et traité dès le troisième chapitre de son ouvrage, où il dispute de ce terme en questionnant sur l’utilité de la guerre. Cette dernière occupant une place importante sous sa plume, voyons dans les lignes qui suivent comment par les armes certains hommes se sont élevés/et s’élèvent à la tête de certaine monarchie.
Si la conquête est considérée comme violente par la tradition politique et le pouvoir du prince héréditaire comme fait normal et naturel ; il en suit que pour Machiavel, user de la force et violence sont aussi de moyens nobles et efficaces pour acquérir une monarchie. En ce sens acquérir une monarchie par la force ou les armes et instaurer sa domination par un coup de force est un fait normal et louable pour qui veut devenir prince. En effet, comme homme de condition privé, on peut s’élever à la tête d’un pays par les armes. Par un coup de force on peut réussir à renverser l’autorité en fonction et y régner sans controverse.
            Comme dans la voie de scélérate, le sujet qui prend le courage de renverser un régime en place doit faire preuve de courage et doit sans doute avoir une bonne et solide formation militaire, être sans pitié… capable de massacrer certains citoyens dont les gouvernants et leurs proches collaborateurs… (Comme l’a fait Agathocle de Sicile, qui fit tuer par ses soldats tous les sénateurs et les plus riches du peuple ; et ceux là mort, il devint prince de cette cité et demeura sans aucune controverse)[17] pour réaliser son ambition. Cet exemple en exergue les valeurs et le génie que doit avoir un nouveau prince qui veut fonder et instaurer sa monarchie par un coup de force.
Somme toute, les armes peuvent selon le florentin faire accéder un homme à la magistrature suprême, l’aider à conquérir une monarchie. Bref, avec les armes solides on devient avec moins de difficulté prince. Cela étant, lors d’une conquête, le prince en puissance peut venir attaquer avec ses armes propres ou avec celles d’autrui. Cette dualité d’armes tient au cœur le florentin. Il souligne que les armes sont : soit propres soit mercenaires. Qu’en est-il de cette dualité d’armes ? Et de quel côté se place l’auteur du prince ? La réponse à ses interrogations découlera de l’analyse que nous ferons dans le point suivant qu’est : l’autonomie militaire.             

a. Autonomie militaire

Un prince, lors d’une conquête et pour défendre sa monarchie, a besoin d’une armée. Celle-ci peut être propre (composée de ses propres sujets), mercenaires (l’armée d’une autre monarchie qui aide un nouveau prince dans la conquête) ou soldats auxiliaires (appartenant aux princes alliés). Partant de son expérience personnelle, Machiavel pense qu’il est bon pour un prince de fonder sa monarchie avec ses propres armes qu’avec l’aide d’autres armées. Car estime-t-il : les armées mercenaires et auxiliaires sont nuisibles et périlleuses et se positionnent donc en faveur des armes propres, et celui qui fonde son Etat/monarchie sur elles n’aura jamais de stabilités ni sécurité. Car « ses armées sont sans unité, ambitieuses, indisciplinées et même infidèles »[18]
De même, les troupes mercenaires peuvent être bonnes pour elles mêmes, mais pour qui les appelle, ces troupes sont presque nuisibles et dangereuses. Il est donc souhaitable à un prince d’accepter de perdre une monarchie avec ses propres armes que d’en gagner plusieurs avec le concours de mercenaires. C’est pourquoi, dit Machiavel, « un prince sage doit toujours éviter les armes mercenaires et auxiliaires et se tourner vers celles qui lui sont propres »[19].
Pour tout dire, « aucune monarchie n’est sure si elle n’a d’armes propres »[20] dans le cas contraire elle est à la merci de la fortune, n’ayant point de vaillance qui avec foi, dans l’adversité, la défendre. Sur ce sujet Machiavel emboîte les pas avec  certains sages de son temps pour affirmer dans maxime que : « quod nihil sit tam infirmum aut instabile quam fama potentiae non sua vinixa » (que rien n’est aussi faible ou instable que le renom d’une puissance qui  ne se fonde pas sur ses propres forces). Et les forces propres sont celles composées ou de sujet ou de citoyen natif/originaire de la monarchie. Cette organisation de l’armée propre pour une monarchie sera facile pour un prince si est seulement si et dernier maîtrise les institutions et  l’art de guerre. Ceci vient nous plonger dans l’étude que nous ferons dans le point qui suit.  

b. Le prince et le métier d’armes : L’art de guerre 

            L’art de guerre comme science contenant des lois générales de la bataille n’est pas indifférent à Machiavel. Cette question de l’art de guerre est au cœur de la discussion dans les chapitres dix, onze, douze, treize et quatorze du « Prince ». Notre attention sera focalisée sur le quatorzième qui traite de cette problématique : qu’est ce  qui convient au prince en matière militaire.
            Machiavel, clame dans ce chapitre que « le prince ne doit  avoir d’autre objet ni autre pensée, ni prendre aucune chose pour art, hormis l’art de guerre et les institutions et science de la guerre : car elle est le seul art qui convient à qui commande »[21]. Cet art a une grande importance, dans la mesure où il maintient longtemps au pouvoir ceux qui ne le négligent, fait souvent monter à la monarchie ceux qui l’observent et l’appliquent. Par contre, si tu négliges cet art facilement tu  pourras perdre ton Etat et difficilement tu te lèveras à la tête d’une quelconque monarchie.
            Ainsi, pour s’empêcher de descendre au rang de simple hommes/citoyen, un prince doit pour se maintenir au pouvoir manier continuellement les armes. Machiavel à ce sujet estime que « le prince ne doit donc jamais détourner sa pensée de l’exercice de la guerre, et dans la paix s’y doit plus exercer que dans la guerre… »[22]. Les armes et donc la violence sont nécessaires au ‘’bon’’ prince. La paix et les ordres doivent donc être « l’art » du prince, et doivent toujours être présents dans ses pensées. Machiavel prend même l’exemple de la chasse au chapitre 14, qui plus qu’un simple loisir, doit être utilisé comme un moyen de repérer le terrain pour les guerres futures. Car selon lui, les temps de paix doivent permettre de s’entraîner à la guerre.
            Outre ce qui précède, signalons enfin que c'est par la connaissance de l’art de la guerre qu’on reste prince ou qu'on le devient : un prince négligeant les armes est méprisé, à la merci de ses serviteurs et il ne peut pas faire confiance à ses soldats. Le prince exerce tout d'abord son corps à la guerre, notamment par l’exercice de la chasse, qui l’ endurcit à la fatigue  et lui fait la géographie de son pays —  l’assiette des lieux, l’élévation des montagnes, la direction des vallées, le gisement des plaines, la nature des rivières et des marais —, ce qui lui permettra à la fois de le défendre en cas d'attaque et de se familiariser avec la tactique militaire en général, en imaginant dans le paysage des positions adverses, comme le faisait Philopœmen lors de ses promenades. Il doit aussi préparer son esprit à la guerre, par la connaissance de l'histoire, des  actions des hommes illustres  et de  leur conduite dans la guerre, en prenant pour modèle  quelque ancien héros bien célèbre[23].

Section 2  Des actions des gouvernants

            Observant de très près les actions, pratiques et les mœurs politiques des gouvernants de son époque, Machiavel montre qu’aucun homme (dirigeant) ne peut réussir parfaitement à établir l’ordre dans sa monarchie ou dans son Etat, s’il ne vient à s’engager dans les voies frayées par des grands hommes politiques et imiter ceux qui ont été tout à fait excellent, de façon que si son génie n’y peut y parvenir, il en garde au moins quelques relents (…)[24]. Tout tourne  cependant autours de cette règle d’or de l’art de gouverner, selon laquelle tout pouvoir cherche le maintien et la conservation des Etats conquis contre tout danger interne et externe.
            Par danger interne, Machiavel sous entend le peuple et les grands qui forment dans une monarchie deux camps antagonistes, et par surcroît un danger pour le prince nouveau.

1. Deux camps antagonistes

            Hormis les quelques voies précitées qui mènent au pouvoir ; on peut aussi faire mention d’une voie qui semble utile pour la meilleure compréhension de cette sous section. Nous relevons ici le fait que certains accèdent à la tête d’une monarchie ou par la faveur de grands ou par celle du peuple. Car, dans toute cité on trouve ces deux humeurs opposées ; et cela vient du fait que le peuple désire de n’être pas opprimé ni n’être commandé par les grands, et que les grands désirent commander et opprimer le peuple[25]. La division de classe dans cette cité se fait vraiment sentir. Dans ce cas quelle serait la position du prince nouveau dans cette cité divisée ? Devrait-il s’allier au grand pour laisser de côté le peuple ? Ou faire l’inverse ? La réponse à ces questions découlera de l’analyse que nous ferons dans les lignes qui suivent.   
La monarchie « est suscitée soit par le grand soit par le peuple selon que l’un ou l’autre en a l’occasion »[26]. Quand les grands voient qu’ils ne peuvent résister au peuple, ils commencent à donner réputation à l’un d’eux, et ils le feront prince non pour servir le peuple et advenir à leur besoin mais pour pouvoir, « à son ombre assouvir leurs appétits. Le peuple aussi de son côté, voyant qu’il ne peut résister aux grands donne réputation à un homme, et  font de lui  leur prince, afin que l’autorité de ce dernier le protège contre toute agression provenant des grands »[27]. Le prince témoin de cette division que doit-il faire pour maintenir l’équilibre et l’ordre dans sa monarchie ?
En réponse aux interrogations ci haut posées, et considérant le désir de chaque groupe social, le prince devrait s’appuyer sur le peuple que sur le grand. A ce sujet Machiavel pense que le prince qui s’appuie sur les grands gouverne contre le peuple et encourage leur volonté injuste au lieu de l’abattre au profit du groupe qui désir la justice. Il nous paraît donc logique d’affirme avec le florentin qu’un prince doit « maintenir son amitié avec le peuple qu’avec les grands »[28], ce  qui lui sera facile, car le peuple ne lui demande qu’à n’est pas être opprimé par les grands, et aussi parce que le vœu du peuple (ne pas être opprimé) est juste que celui des grands (voulant opprimer).
Prenant conscience de la situation de son Etat, le prince s’allie facilement au peuple et abandonne ainsi les grands. Le peuple est une multitude et par surcroît plus puissant que les grands qui ne font qu’une minorité de la population. Face au peuple, le prince jouit de la sécurité et de l’autorité, car le peuple reconnaît la supériorité du prince et ne se fait pas égal à lui. Aussi signalons que le peuple étant majoritaire et bien qu’opprimé représente le travail ; produit et contribue à la production pour la progression de l’Etat. Ce qui est contraire au grand. Voilà une autre  raison de plus pour que le prince s’attache plus au peuple qu’aux grands. Quiconque devient prince avec l’aide du peuple doit garder confiance envers ce peuple, comme le stipule Machiavel : « qui se fonde sur le peuple se fonde sur la fange »[29]. Et le peuple sera prêt à prendre les armes et à défendre leur défenseur.
Somme toute, même s’il en vient à un prince « d’avoir l’amitié du peuple, autrement il n’a dans l’adversité, point de remède »[30], il (le prince) ne doit pas favoriser la division de classe (les grands et le peuple) dans son Etat, mais au contraire il est plus invité à intégrer tous le monde dans la gestion de la « res publica »[31] tout en abolissant l’injustice et l’oppression et la domination d’une classe sur l’autre et en établissant et imposant la lois pour tous

2. Conservation des Etats conquis    

La question de la conservation des Etats conquis, semble être une réponse à la préoccupation de ce point qui est les actions des gouvernants. Les monarchies étant « héréditaires ou nouvelles, accoutumées à vivre libres et sous leur propres lois et non accoutumées à vivre libres »[32], le prince nouveau doit faire preuve de son ingéniosité pour mieux consolider et enraciner son pouvoir et conserver les Etats conquis.
Pour l’auteur du « prince », c’est dans « la nouvelle monarchie que se trouvent les difficultés que dans les monarchies héréditaires accoutumées à la lignée du prince »[33] . Ces difficultés peuvent venir du dehors ou du dedans. Pour faire face à ces difficultés et assoir son pouvoir, le prince doit être à mesure de maîtriser ses sujets afin de surmonter ces difficultés. Ces dernières étant nombreuses, nous les regroupons en deux grands ensembles. Selon qu’on est, soit dans la monarchie accoutumée à vivre sous leurs propres lois ou qu’on est dans la monarchie non accoutumée à vivre libre. Ce regroupement, nous permettra de bien faire l’analyse de cette sous section. La répartition étant  faite, nous commençons notre étude par les difficultés qui découlent de la monarchie non accoutumée à vivre libre pour terminer avec la monarchie accoutumée à vivre sous leurs propres lois.
En ce qui concerne la monarchie non accoutumée à vivre libre, il y a une difficulté que Machiavel appelle une difficulté naturelle et commune à toutes les monarchies nouvelles : «  c’est que les hommes changent volontiers de maitre »[34]. Le nouveau prince fait donc face à un peuple qu’il ne connaît pas et doit prendre garde de ne léser personne et surtout ceux qu’il trouvera dans son nouvel Etat, sinon « il a pour ennemi tous ceux qu’il aura lésé en occupant son Etat (son pays) »[35] et il lui sera difficile voire impossible de conserver leur amitié.
L’autre difficulté vient du fait que : si lors de la conquête, un Etat s’ajoute à un ancien Etat du conquérant et  n’est pas de la même nation et ne parle pas la même langue. S’ils parlent la même langue et sont de la même nation, « il y a grande facilité pour le prince de les tenir, et surtout s’ils ne sont pas accoutumés à vivre libres ; et pour le posséder en toute sécurité, il suffit d’avoir éteint la lignée du prince qui y régnait (…) [36]».   Et cette façon  de faire est loué et encouragé par Machiavel.
Tout compte fait, pour conserver les Etats conquis et surtout les monarchies non accoutumées à vivre libre, le nouveau prince doit prendre garde à deux choses : « l’une d’éteindre la lignée de leur ancien prince, l’autre de n’altérer ni leurs lois ni leurs impôts, de telle façon qu’en très peu de temps ils s’incorporent parfaitement à ses anciens Etats »[37]
En jetant un regard sur les monarchies accoutumées à leurs propres lois, forces est de mentionner qu’ici le conquérant a moins de difficultés à conserver ses monarchies que dans les anciens.  Dans ce cas, le conquérant se sent donc obligé de recourir à la collaboration active et franche avec les conquis. Et pour maintenir ces Etats, le prince doit tenir compte de trois procédés que voici : « Le premier c’est les détruire, Le second, y aller habiter en personne, Et enfin, les laisser vivre selon leurs lois, en tirant un  tribut et en y créant un gouvernement oligarchique qui te conserve leur amitié. Créé par le prince, ce gouvernement ne sait  exister/durer sans son amitié et sa puissance, et doit faire pour le maintenir »[38].
Celui qui devient maître dans un Etat, nous dit Machiavel doit le détruire, « s’il ne le détruit pas, qu’il s’attende à être détruit par lui »[39]. La destruction dont parle l’auteur ne doit pas se faire au niveau matériel mais plutôt au niveau des institutions civiles (modification des lois) et militaires (formation d’une nouvelle armée) dans les Etats conquis pour vivre en sécurité et assoir son pouvoir.
Bref,  Un prince a donc besoin du concours de l’un et l’autre citoyen pour assoir son pouvoir et conserver son Etat contre. Il peut aussi, dans certaines circonstances, gagner aisément, dans l’intérêt du pouvoir, ceux qui étaient lors de la conquête ses ennemis pour en faire ses collaborateurs et les rendre incapable de s’élever un jour contre lui.
 
Section IV : Conclusion partielle
            Dans ce chapitre, nous avons cherché à comprendre le type de rapport que le «prince» de Machiavel entretien avec ses sujets. Mais avant d’y arriver, nous avons au premier moment abordé la question de voies qui selon le florentin peuvent faire élever un homme à la tête d’une monarchie. Au terme de cette analyse, il sied de retenir qu’on peut prince/ chef soit par droit de succession ou par les armes. La première voie nous apparaît normale dans la mesure où le pouvoir se transmet des ascendants aux descendants. Et la seconde voie est caractérisée par la violence/la force et la ruse. Car d’autres personnes pour se lever à la tête d’une monarchie doivent user de la force et des armes. Ces derniers peuvent être mercenaires, mixte ou propre. A ce sujet le florentin préconise les armes propres que ceux dit mercenaires. Autre temps fort de section, c’est la question du prince et le métier d’armes. Retenons qu’un prince ne doit jamais tourner sa pensée de l’exercice de la guerre et doit continuellement manier les armes en temps de paix ou de guerre.
            En second lieu, nous avons jeté un regard sur les actions des gouvernants. De là nous avons noté que dans une monarchie, nouvelle ou ancienne on a constaté qu’il ya toujours deux camps antagonistes : les grands oppresseurs et le peuple opprimé. En ce sens, le prince doit faire preuve d’une certaine habilité et expertise pour rétablir l’équilibre entre ces deux camps. Mais il doit plus faire confiance au peuple qu’aux grands. Toujours dans la même section, nous avons montré les différentes stratégies que les princes mettent en place pour le maintien et la conservation des Etats conquis : avoir une armée solide, le prince doit savoir user de force du lion et de la ruse du renard pour garder la confiance du peuple. 
                            


Chap. III. Démocratie Africaine : Mythe ou Réalité ?

Section 0 : Introduction

            Après avoir posé et développé dans le premier chapitre la question du contexte d’émergence de la pensée politique de notre maître à penser et décrit dans le second le problème du rapport entre le pouvoir et le sujet ; nous voulons dans ce troisième et dernier chapitre de notre réflexion aborder et analyser la question de la démocratie en Afrique.
            Pour ce faire, notre chapitre aura quatre grandes parties que nous analyserons tour à tour. La première aura pour tâche de montrer l’apport de Nicolas Machiavel dans ce grand domaine qu’est la politique. La deuxième à son tour se chargera de nous montrer la touche machiavélique dans la démocratie africaine. La troisième quand à lui abordera  du refus du machiavélisme par certain peuple africain. Et nous terminerons par une piste de solution : pour une bonne démocratisation de l’Afrique en générale et de la République Démocratique du Congo en particulier.

Section 1 : L’apport de Machiavel dans la politique

            Rappelons que c’est dans un contexte de crise et de division de l’Italie en générale et de la Florence et particulier que Machiavel, partant de son expérience comme secrétaire et à travers ses différentes lectures réfléchira sur ses événement et mettra par écrit sa pensée. Qu’en est-il alors de sa doctrine et quels mérites pouvons-nous-lui accorder ? Et les limites que nous relevons de sa doctrine politique ?  C’est aux travers de lignes qui suivent que découlera la réponse aux interrogations ci haut posées.   

1. Ses mérites

Quand on replace l’œuvre de Machiavel dans son contexte et si surtout on lui accorde beaucoup de préjugés favorables, une fin noble pourrait lui être reconnue. Ainsi, « le prince » serait un ensemble de conseils qui puissent aider le gouvernant qui délivrerait l’Italie des barbares et assurerait ainsi sa souveraineté[40]. C’est pourquoi d’aucuns estiment qu’en fait le machiavélisme, tel qu’il se révèle dans « le prince » n’est pas mauvais en soi.   
De même, de Machiavel, nous retenons qu’il est l’inventeur de la science politique moderne. En ce sens que pour la première fois, avec lui, l’ « objet » politique se trouve être  défini. Loin de s’en tenir aux imaginations des Etats que se sont fait certains auteurs, à la personne de Platon et d’autres,  Machiavel pense se conformer à la vérité effective des choses. Il est le premier à avoir expulsé l’éthique, la métaphysique et la théologie du royaume de la science et de la prudence politique[41].
Autre chose, Machiavel a fait de la politique un pur calcul arithmétique de probabilité s’appliquant aux faits sociaux. « La politique devient alors comme un jeu de passion animant les forces opposées »[42]. Cette politique positive et réaliste de Machiavel qui utilise pour ses fins les moyens les plus bas et le plus nobles, demeure avant l’œuvre de l’intelligence. La raison en ce sens devient première dans la politique du florentin.
Bref, qu’on approuve Machiavel ou qu’on le condamne, qu’on voit en lui le produit d’une époque révolue ou le créateur d’une doctrine encore utilisable dans ce qu’elle a d’essentielle, il est incontestable qu’il exerce sur tous ceux qui le lisent avec attention une fascination intellectuelle irrésistible.  

2. Ses limites

            Outre les qualités que nous découvrons dans la pensée du florentin, il sied de mentionner dans les lignes qui suivent les quelques failles que nous rencontrons sous sa plume. De prime à bord, reconnaissons que Machiavel a « osé séparer la politique de la morale et de la religion »[43] ; même si cette position est soutenue par certains auteurs. Le machiavélisme est une philosophie de la politique, affirmant qu’en droit la bonne politique est une politique supra morale ou immorale et doit, en raison même de son essence recourir au  mal. De notre part, loin de mettre au premier plan la morale et la religion, la politique peux faire route ensemble avec la morale. Ainsi, l’immoralité déployée par les hommes politiques ne  doit pas être enseignée comme loi même de la politique comme le stipule Machiavel.
            Signalons aussi que Machiavel, par sa fameuse affirmation « la fin justifie le moyen », fait de la politique le lieu ou tous les moyens sont bons pourvue qu’ils atteignent une fin noble. La force et la violence occupent une place primordiale dans l’exercice du pouvoir. Le pouvoir peut s’obtenir par tout le moyen bon ou mauvais. Et c’est grâce à l’armée que l’on maintient l’Etat et son pouvoir.
           

Section 2 : Touche machiavélique dans la démocratie africaine

Nous pensons pour notre part que le cadeau approprié que les élites du pouvoir et du savoir peuvent donner/offrir à leur peuple, c’est l’instauration de la démocratie. L’exercice d’une bonne et véritable démocratie et d’une réelle liberté de pensée et d’action semble être la condition sine qua non du nouvel ordre politique. Cet exercice implique l’entente sur certaines valeurs dont la justice, l’équité, l’égalité, la liberté, l’indépendance…  
Ce que nous vivons aujourd’hui n’est rien d’autre que la domination de riche et de gouvernant envers le petit peuple : le pauvre et non une démocratie. Nombreux sont ceux  qui violent la liberté et le droit de l’homme au nom même de la démocratie. Certaines personnes se sont élevées à la tête d’un pays par le coup de force ou par la lutte armée.
Ces chefs s’organisent pour bouleverser le cadre politique assez régulièrement pour qu’il ne soit pas possible à un adversaire crédible de les remplacer : le Zaïre de Mobutu  qui, profitant de la faiblesse politique du président Joseph Kasa vubu,  organisa un second coup d’État militaire le 24 novembre 1965 et se proclame président de la république de cette même année jusqu’à 1997.
D’autres par contre se sont fait transmettre le pouvoir par leur prédécesseurs dont ils étaient le dauphin et tentent de conserver aussi longtemps que possible le pouvoir ainsi acquis. C’est le cas de la R.D.C. de Joseph Kabila qui en janvier 2001,  succède à son père, Laurent-Désiré Kabila, à la tête du pays. Après vient la Côte d’Ivoire de Bédié et de Laurent Gbagbo ou on a près que jamais ou même jamais réussi à les remplacer par les scrutins parce que la loi électorale est chaque fois adaptée  et réaménagée pour leur faciliter la victoire.
            Bref ces exemples énumérés ci haut, montrent comment  nombres de certains de nos dirigeants accèdent à la magistrature suprême en ne respectant pas les  processus démocratique. Et d’aucuns font de la république une monarchie où le pouvoir se transmet des ascendants aux descendants.

1. L’utilisation de force comme moyen de coercition et de répression

            Au premier abord reconnaissons que nombres de gouvernants africains ont fait fi de l’opposition publique ou l’ont négligé dans la gestion de la chose publique. Ils ont estimé que dans leur quête effrénée du pouvoir, si le peuple ne le loue, du moins ne le blâmera t il point. Et si le peuple se démarquait de cette logique, il voudrait alors faire recours à la force, à l’armée, mois à la loi.  Il y a selon Machiavel deux manières de combattre/lutter : « l’une par la loi, l’autre avec la force ; la première est le propre de l’homme, la seconde est celle de bêtes, mais comme la première, très souvent ne suffit pas, il convient au prince de recourir à la seconde. Aussi est il nécessaire a un prince de bien savoir user de la bête et de l’homme »[44]. Et c’est sous cet angle que s’inscrivent certains de nos dirigeants africains. L’armée et la police qui sont de  corps censés assurer la sécurité extérieure et intérieure du pays et du peuple sont utilisées pour les intérêts égoïstes des gouvernants et comme moyen de coercition.
Ceci se justifie par le budget exorbitant qui est alloué à l’armée par rapport à celui consacrer par exemple à l’éducation, à la santé ou aux affaires sociales.

2. Le manque de projet de société et la distraction du peuple    

            Beaucoup des pays africains ont souffert et peut être souffrent encore de nos jours d’un manque de projet de société. La vie sociale et politique devient gestion de l’immédiat et de l’urgence en vue de préserver, à tout prix le pouvoir de toute atteinte. Le manque de projet de société ou, dans le pire de cas, l’existence d’un mauvais projet de société a pour corollaire l’investissement des peuples et des forces vives de la nation dans la distraction.
            Au chapitre vingt et un, intitulé : « Ce qui convient au prince pour se faire estimer », Machiavel montre comment le divertissement et la distraction sont d’une grande importance pour un peuple. A ce sujet, il stipule que « le prince doit en outre, aux moments de l’année qui conviennent, tenir occupés les peuples avec les fêtes et les spectacles »[45]. De leur coté les gouvernants africains ont profité de cette affirmation de l’auteur et sous le prétexte et le couvert d’une culture joyeuse de l’Afrique, ont investi des générations entières de leur peuple dans le sport, la musique ou la fête. A cela ne tienne, cette génération prend plaisir aux farnientes, et s’occupe moins (peu soucieuse)  de la qualité de la gestion de leur nation.  
Remarquons par ailleurs que nombres de nos dirigeants ont su divertir leur peuple plus que  ne l’a conseillé Machiavel. Profitant ainsi de cette distraction, beaucoup de nos présidents cultivent le mythe autours de leur personnalité. Le culte de la personnalité commençait de plus en plus à prendre place au sein de nos Etats. D’aucuns se font appeler le « sauveur »  d’autre le « libérateur » d’autre encore « messie » : le Zaïre de Mobutu constitue un exemple éloquent. Il s’appelait « sauveur » du Zaïre.  Il s’avère donc que des gouvernants africains ont bel et bien flirté avec le machiavélisme dans ses grandes lignes : abuser de la spécificité du peuple ou utilise la force dans le cas contraire et, ensuite feindre d’être ce que le peuple attend d’eux  afin de ne point être haï même s’ils ne sont point aimés. Mais semble t-il le réveil et la conscience des peuples africains ont sonné le glas de ce machiavélisme qui s’est développé à la faveur de la naïveté et surtout de la bonne foi des populations africaines.  

Section 3 : Le refus du machiavélisme par le peuple africain

       Un peu partout en Afrique, comme un seul homme, de peuple se sont levé pour dire non à l’injustice et violence, à la dictature et l’oppression et à la pérennisation de certains chef/ dirigeant au pouvoir. Plusieurs cas illustrent bel et bien ce refus du machiavélisme par le peuple africain. Le peuple sud africain avec Mandela comme figure de proue, a dit non à la l’apartheid, et a été victorieux de ce crime contre l’humanité. Le peuple congolais ; zaïrois d’alors a dit non  a un régime imbu de même. Le 16 février 1992, il a dit non a un système oligarchique et despote par la marche de paix au prix de son sang qui, a imbibé le sol congolais et africain pour le féconder.
       Pour lutter contre la pérennité de certains gouvernants, certains peuples africains ont adopté de nouvelles stratégies pour faire face à ce défi et ont été vainqueur. L’exemple de la Tunisie, de l’Egypte de Osny Moubarak et de la Lybie de Kadhafi constituent un modèle pour nous.  Si le tumulte, l’échauffement et l’excitation ne sont nullement les manifestations de la maturité d’un peuple, la protestation contre l’arbitraire et l’illégal, la recherche du dialogue vrai et du consensus nous semblent éminemment  témoigner d’une maturité certaine. L’Afrique souhaitons le, est à un tournant de son histoire. Un jour se lève et une ère nouvelle s’annonce où l’arbitraire des uns et la résignation des autres feront respectivement place au consensus et à la prise de responsabilité. Plus jamais on n’abusera de peuple africain. La sauvegarde de la souveraineté nationale éclipsera la conservation du pouvoir au détriment du peuple.

Section 4 : Vers une démocratisation de la R.D.C    

       Nous constatons que beaucoup de confusion règne dans la compréhension de ce mot démocratie. Dans ce climat de confusion, le processus semble être bloqué. On croirait avoir affaire à un train qui est encore en gare alors que le signal du départ a déjà été donné. Il nous faut donc tous nous mettre à l’école de la démocratie. Car celle-ci  est avant tout une question d’esprit et de mentalité avant d’être une manière d’exercer le pouvoir et d’organiser le pays. Cet esprit démocratique s’acquiert dans un long processus d’éducation de conscience.
Comme d’aucuns le savent déjà, de par son  sens étymologique, la démocratie est indiscutablement d’origine grecque. Elle résulte en effet du mot « demokratia » qui se  compose à son tour de « demos » peuple et « kratos » pouvoir et gouvernement. Démocratie veut alors dire gouvernement du peuple. Cette définition semble être ambiguë. C’est pourquoi dans la démocratie américaine, A Lincoln précisera qu’il s’agit d’un gouvernement de peuple par le peuple et pour le peuple. Le peuple redevient de la sorte le souverain primaire, le tenant et l’aboutissant du pouvoir suprême qu’aucun individu ni aucune fraction d’individus ne peuvent s’attribuer à cause de l’unicité et, pourtant, de l’indivisibilité de la souveraineté.
Aujourd’hui par contre on assiste à certains régimes politiques habillés en démocratie. Le peuple congolais a assez de vivre sous la dictature et l’oppression, où la liberté de pensée, d’action et d’agir est mis de côté par les élites au pouvoir, le congolais veut vivre heureux, épanouit, libre. En ce sens la vraie démocratie comme expression du nouvel ordre politique est le meilleur régime voulu par la population congolaise.
Promouvoir la démocratie, avec les valeurs que prône un tel régime ; tels sont le respect de libertés humaines, la promotion de l’humain, le dialogue, la légitimes… c’est reconnaître aujourd’hui la nécessité de restituer à être humain congolais sa dignité et l’urgence de la promouvoir.
            La démocratie en R.D.Congo souffre de beaucoup de maux ; elle se confond tantôt à l’oligarchie, à la monarchie et à la dictature. Pour que règne la vraie démocratie, la mis en application de valeur démocratique doit être effective. Ce n’est donc pas en cherchant à imiter de manière aveugle les autres que nous trouverons notre voie. Pour qu’un système démocratique réussisse à fonctionner en R.D.Congo, il doit commencer par
*      Garantir la sécurité et la paix sociale,
*      Garantir la liberté d’expression et d’opinion,
*      Promouvoir un dialogue franc et créant des espaces de discussion, car la démocratie n’est jamais possible dans l’isolement,
En outre, comme lieu d’échange, la démocratie fera de la société un lieu/espace construit en commun. Et la bonne démocratie doit encourager et encadrer les initiatives et les initiatives personnelles. Parce que chaque membre est réellement une pierre dans cette grande bâtisse.   

Section 5 : Conclusion partielle

            Notre souci dans ce chapitre était de promouvoir la bonne démocratie pouvant faciliter la bonne gouvernance. Car il n’existe pas  en R.D.Congo une démocratie comme l’ont voulu Aristote et Lincoln. Pour montrer la démocratie africaine est vide de sens, nous avons par les biais de certains dirigeants africains que le pouvoir en Afrique des indépendants s’acquiert par de voies machiavéliques.
Au premier point nous avons relevé les quelques mérites qu’on peut accorder à Machiavel. Il est sans contestation l’inventeur de la science politique moderne, car il lui a donné son objet, sa méthode et son but. Comme limites et critiques, Machiavel a osé séparer la politique de la morale et de la religion. Chez lui tous les moyens sont bons, le pouvoir peut s’acquérir par les voies non démocratiques. Pour lui ce qui compte dans la politique c’est l’intérêt du prince et non ceux du peuple. En ce sens la gestion de chose publique pose problème.
            Retenons  que jusqu’à nos jours en Afrique certains personnes deviennent chef d’Etat par le coup de force, par la violence et la ruse. D’aucuns se font transmettre le pouvoir comme si nous étions encore dans de monarchie héréditaire. Le réveil et la conscience du peuple africain ont sonné pour dire non à la dictature, à l’oppression et  au machiavélisme pour que s’installe la vraie démocratie. Cette question à fait l’objet d’étude dans la section trois de ce chapitre.
            Le concept démocratie est très ambigu, et pour saisir sa quintessence nous devons tous nous mettre à son école qui est celle d’esprit et mentalité avant d’être l’art de gouverner. Notre démocratie souffre de beaucoup maux, promouvoir la vraie démocratie c’est reconnaître et restituer au peuple congolais sa dignité humaine.  Et pour qu’un système démocratique réussisse dans notre pays, il doit commencer par promouvoir la liberté d’expression et d’opinion, créer un espace de dialogue et d’échange pour discuter de la gestion de notre patrimoine ; garantir la sécurité et la paix sociale à tous les congolais. Loin d’être exhaustif, telles sont les quelques valeurs à promouvoir pouvant amener la R.D.C vers une démocratisation. 

 

 

 

 

 



Conclusion générale

Il convient à la fin de ce voyage avec « le prince » de Machiavel sur le thème : la violence et la ruse comme stratégies politiques antidémocratique, de ressortir les grands moments saillant qui ont conduit cette étude que nous avons articulée en trois chapitres.
Dans le premier chapitre, il s’agissait de faire une étude sur le contexte d’émergence de la pensée politique de Machiavel. La fin de l’analyse nous a permis de dire que Machiavel n’invente pas sa pensée politique ex nihilo, il s’est inspiré de ces prédécesseurs. De Platon comme d’Aristote, le florentin à bénéficier d’une riche littérature qui lui a permis de fonder sa pensée. La problématique de sa pensée s’annonce en termes d’unification de l’Italie, de la conquête à la  conservation du pouvoir.
Au deuxième chapitre, à travers deux grands points, nous avons voulu montrer le type de relation que le prince de Machiavel entretenait avec ses sujets. Il sied de retenir que cette relation était basée sur les intérêts du prince et non ceux du peuple. Cela se vérifie par le soif effréné du pouvoir par le prince en usant de tous les moyens/ bons ou mauvais. Pendant la conquête le prince doit faire confiance en son armée qu’à celle de mercenaire. En somme pour le florentin les armes peuvent élever un homme à la tête d’une monarchie.   
Cependant l’accent particulier du troisième chapitre a été mis sur la démocratie africaine : mythe ou réalité. Après une brève présentation des mérites et une critique sur la pensée politique du florentin, nous avons abordé la question de la touche machiavélique dans la démocratie africaine. Un regard sur le refus du machiavélisme par le peuple africain a fait l’objet du troisième point. Nous avons bouclé ce chapitre par une piste de solution en abordant le point sur vers une démocratisation de la R.D.C. il ressort de cette analyse qu’il est impérieux de promouvoir la démocratie avec les valeurs qu’elle prône, car notre démocratie souffre de beaucoup de maux et aussi beaucoup de confusion se prête dans la compréhension de ce terme. Voila pourquoi nous devons tous nous mettre à son école pour éviter toute confusion possible de ce concept et qu’enfin s’ouvre les portes pour la vraie démocratie et la bonne gouvernance en R.D.Congo.
Nous ne pouvons pas mettre un point final à cette dissertation, étant donné que le problème de la démocratie avec toutes ses valeurs se pose encore à tout le niveau. Ainsi le souci démocratique, de la bonne gouvernance doit habiter tout le monde, surtout congolais. Il doit devenir une philosophie de vie, un combat quotidien. L’heure est venue pour dire non au machiavélisme sous toutes ses formes. Alors tous pourront vivre heureux et de manière agréable dans un Etat démocratique.

Bibliographie


1.      MACHIAVEL, N., Le prince, Paris, traduction de Yves LEVY, Garnier-Flammarion, 1972.





























Table des matières
         1. Le machiavélisme comme maîtrise de l'urgence……………………………………………………….7
           Autonomie militaire…………………………………………………………………………………………….12
           Le prince et le métier d'armes: l'art de guerre………………………………………………………….13



[1] Né le 4 mai 1469 à Florence dans une famille de la bonne bourgeoisie, Nicolas Machiavel commença à vingt-neuf ans une brève carrière officielle à la deuxième chancellerie, au service de la république. Bientôt désigné secrétaire du conseil des Dix, qui dirigeait les négociations et les opérations militaires de la république, il fut investi de missions diplomatiques importantes, auprès du roi de France (en 1504, puis de 1510 à 1511), du Saint-Siège (en 1506), de l'empereur germanique (de 1507 à 1508). Son expérience diplomatique en Italie lui permit d'approcher de nombreux dirigeants du pays et d'étudier leurs stratégies politiques, en particulier celles du dignitaire ecclésiastique et soldat César Borgia, alors engagé dans une politique d'expansion en Italie centrale. Machiavel fut écarté de la vie publique par la restauration des Médicis en 1512 et par le renversement de la république. Il fut emprisonné quelque temps pour conspiration, puis il se retira à sa libération dans sa propriété située à proximité de Florence. Bien qu'il se fût efforcé de gagner les faveurs des Médicis, il ne parvint à occuper aucun poste d'importance et demeura confiné aux fonctions d'historiographe officiel. Il rédigea ainsi les Discours sur la première décade de Tite-Live de 1513 à 1520, l'Art de la guerre en 1521, et à la demande de Jules de Médicis une Histoire de Florence (1525). Lorsqu’ainsi, en 1527, la république de Florence fut provisoirement réinstaurée, Machiavel fut soupçonné par les républicains d'être à la solde des Médicis et tenu à l'écart. Il mourut à Florence le 21 juin de la même année.

[2] C’est son ouvrage le plus célèbre, le Prince, paru en 1532, fut rédigé en 1513 et dédié à Laurent le Magnifique, son auteur cherchant alors à  rentrer en grâce auprès des Médicis. La question centrale traitée par Machiavel, qui fonde par là même la philosophie politique moderne, est celle de la conquête et de la conservation du pouvoir et l’unification de l’Italie. Étudiant les différentes sortes d'États, les moyens par lesquels ils ont été constitués et conservés, Machiavel peut en conclure quels sont les qualités et les défauts du Prince : il apparaît que celui-ci doit posséder à la fois « la ruse du renard », pour se jouer de la méchanceté humaine, et la « force du lion », car il demeure  plus sûr d'être craint que d'être aimé.

[3] N. MACHIAVEL,  le prince,  p.155.
[4] C’est l’un des ouvrages de base d’Aristote dans lequel analyse l'origine et le fonctionnement des différents régimes politiques de son époque, le IVe siècle av. J.‑C., pour définir le meilleur d'entre eux, qui doit donner naissance à la cité idéale.  
[5] Y. LEVY est celui qui a  traduit, préfacé et introduit le “Prince” de Machiavel dans l’édition GARNIER-FLAMMARION
[6] N. MACHIAVEL, op.cit. P.34-35.
[7]N. MACHIAVEL, Op.Cit., p. 38.
[8]  Ibid., p. 26.
[9] N. MACHIAVEL, Op.Cit., p. 26-27.
[10] Ibid.,  p.27.
[11] Ibid.
[12]N.  MACHIAVEL, le Prince, trad. de J. Gohory L IX.
[13]N. MACHIAVEL, Op. Cit., p. 37.
[14] N. MACHIAVEL, Op., Cit. p.95.
[15] Ibid., p.97.
[16] Ibid.
[17] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.125-126.
[18] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.141.
[19] Ibid., p.148.
[20] Ibid., p.150.
[21] Ibid., p.151.
[22] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p. 152
[23] Cfr., Ibid.,  p.151-152.
[24] Ibid., p.113.
[25] N. MACHIAVEL, Op.,Cit., p.131.
[26] Ibid., p.131.
[27] Ibid.   
[28] Ibid., p.132.
[29] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.133.
[30] Ibid.
[31] Choses publiques
[32] N. MACHIAVEL, Op., Cit, p.97.
[33] Ibid., p. 97-99.
[34] N. MACHIAVEL, Op., Cit ., p. 99.
[35] Ibid.
[36] Ibid., p. 100.
[37] Ibid.
[38] Ibid., p.111.
[39] Ibid.,
[40] Cfr. N. MACHIAVEL, Op., Cit., p. 199-200.
[41] Cfr. N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.29.
[42] Ibid., p.37.
[43] Ibid., p.63.
[44] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.165.
[45] Ibid.,  p.188.

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