Introduction
Aujourd’hui,
nous constatons que beaucoup de nos sociétés, à l’instar de celles décrites par
Nicolas Machiavel[1] dans « le Prince »[2] ont deux camps
antagonistes : d’un coté nous avons et voyons des gouvernants qui
acquièrent de nouvelles techniques (méthodes) pour dominer et opprimer le
peuple en utilisant tous les moyens possibles pour conserver leur pouvoir
politique. De l’autre coté nous avons le peuple opprimé, dont les besoins
fondamentaux ne sont pas satisfaits et que les gouvernants exploitent pour
leurs intérêts égoïstes et l’on remarque que le pouvoir politique dans ces
sociétés n’est pas limité par le peuple mais limité et prolongé par les
gouvernants à leur gré.
Face
à la situation ci haute décrite tout esprit averti ne peut pas ne pas
s’interroger. La violence et la ruse peuvent elles être de bonnes stratégies
pour l’exercice du pouvoir ? N’est il pas plutôt urgent en Afrique de promouvoir
la démocratie comme stratégie de bonne
gouvernance ?
A titre d’hypothèse et en réponse à
notre problématique, nous entendons promouvoir la vraie démocratie comme
stratégie de bonne gouvernance en éliminant toute violence et toute ruse dans
l’exécution du pouvoir politique.
Notre étude porte sur la ruse et la
violence comme stratégie politique antidémocratique à éliminer dans l’exercice
du pouvoir en Afrique pour parvenir à la bonne gouvernance.
Notre étude porte sur la ruse et la violence comme
stratégies politiques antidémocratiques à éliminer dans l’exercice du pouvoir
en Afrique pour parvenir à la bonne gouvernance.
La pensée de Machiavel semble être d’actualité, car
dans nos sociétés, nombre de gouvernants s’en inspirent pour l’acquisition et
la conservation du pouvoir en consacrant la dictature, l’oppression du peuple,
étouffant ainsi la vraie démocratie. A
ce titre, l’intérêt de notre travail se révèle pratique, car il favorise la
promotion de la vraie démocratie pour le bien être de tous les africains en
général et des congolais de la R.D.Congo en particulier.
Au regard de la problématique ci-haut formulée, nous
proposons d’adopter la méthode herméneutique.
Cette méthode nous permet, en raison de ses trois phases essentielles, d’établir
le contexte de surgissement de la pensée de Machiavel, d’analyser le texte même
du « prince » pour expliciter la pertinence de la violence et de la
ruse comme stratégies politiques ; et de nous approprier de cette
philosophie politique, moyennant des considérations critiques, dans le contexte
africain et congolais.
Pour mener à bon port notre
réflexion et atteindre les objectifs assignés, nous retiendrons trois moments
majeurs d’articulation de notre travail. Il s’agira tout d’abord, de parler du
contexte d’émergence de la pensée politique de Machiavel ; ensuite viendra
le moment de parler du pouvoir et des sujets. Et enfin, en vue d’actualiser
notre pensée, nous aborderons la question de la démocratie en Afrique.
Le
domaine de notre recherche est la politique, plus précisément la démocratie.
Chap. I. Contexte d’émergence de la pensée politique de Machiavel
Section O. Introduction
Notre préoccupation tout au long de ce travail est de promouvoir la vraie démocratie comme
stratégie de bonne gouvernance en éliminant toute violence et toute ruse dans
l’exécution du pouvoir politique.
Avant d’y arriver une
étude importante de la pensée politique avant Machiavel semble indispensable.
L’objectif qu’assigne ce chapitre, est de montrer les circonstances et les
moments qui ont fortement marqué Machiavel et l’ont poussé à prendre la plume
pour forger sa pensée politique à travers nombre de ses ouvrages mais surtout
dans « le Prince » qui nous servira
de support tout au long de notre travail et aussi parlera de la
problématique de sa pensée politique.
En conséquence, pour mieux cerner le contexte dans lequel est
née la pensée de Machiavel, la relecture de la pensée politique avant lui nous
semble utile et impérieux.
Section 1 : La
science politique avant Machiavel
Reconnaissons
que tout ceux qui ont consacré une étude à Machiavel, qui ont examiné ce
qu’était la science politique avant lui, soulignent plus volontiers la cassure
entre ses prédécesseurs et lui, que la continuité de ses prédécesseurs à lui.
Voyons dans lis lignes qui suivent ce qu’était la politique avant Machiavel en
commençant par Platon
1. La politique chez Platon
La
cité d’Athènes, à l’époque de Socrate et Platon était marquée par la présence
des sophistes (qui étaient des marchands de la sagesse, aux discours trompeurs. L’autre trait
caractéristique des sophistes c’est le scepticisme). Socrate, le juste de son
époque avait comme mission de faire connaître aux citoyens la vérité et de les
aider à méconnaître les enseignements des sophistes. Malheureusement, il
(Socrate) n’avait pas été compris par ses contemporains ; il fut
injustement condamné à mort. Sa
condamnation à mort fut l’objet de scandale pour certains et le point de
départ de la pensée philosophique de son disciple Platon.
Par ailleurs, Platon comprit
qu’aucune politique saine n’était possible dans un état de corruption des mœurs
auquel était parvenu Athènes, et que la seule tâche féconde était de préparer
une élite d’homme probe et compétent. Et
c’est de là qu’est née la fameuse thèse selon la quelle, il ne peut y avoir de
salut pour la cité que dans le gouvernement des philosophes. Posons-nous alors
la question de savoir : ce qui a poussé Platon à poser comme prémisses dans sa
conception du pouvoir politique, les philosophes à la tête de la cité ?
C’est-à-dire philosophe roi. L’idée que le philosophe soit roi constitue le
fondement même de la politique chez Platon. Nonobstant le fait d’être frère
d’une même cité, tous nous ne sommes pas capables de diriger. Il y a ceux qui
sont capable de le faire et d’autres doivent les suivre. Les philosophes sont
donc ceux dont l’or a été ajouté dans leur composition et par conséquent
ce sont eux qui doivent diriger.
Après
l’étude de la pensée politique de Platon, nous avons constaté que malgré tant
de théories et d’explications qu’il donne sur l’exercice du pouvoir politique
dans son livre « la République », son apport dans ce domaine est moins louable
pour le secrétaire florentin. Ce dernier condamne le disciple de Socrate
d’avoir imaginé une république qui n’a jamais existé. Dans le quinzième
chapitre du « prince », Machiavel condamne tous ceux qui « se sont imaginé de républiques ou monarchies
qui n’ont jamais été vues ni connues pour vraies » [3].
Voila pourquoi
il estime qu’il ne serait pas juste de
proposer la république de Platon comme idéale, quoique certains philosophes la
vantent beaucoup.
Quoi qu’il en soit, l’analyse faite de la politique de Platon,
nous montre que ce dernier a fait de la politique et son système éducatif n’est
pas une pure utopie, mais comme toute éducation digne, elle est orientée vers
un idéal qui est celui de former une élite. Machiavel lui non plus n’ignore pas
la politique de Platon mais il le critique du fait qu’il a conçu et imaginé des
républiques qui n’ont jamais existé réellement. Nous estimons que, même Platon
est resté au niveau des idées, sa politique est pour nous un paradigme.
Néanmoins,
si Platon reste moins influent sous la
plume du florentin, il nous semble en revanche qu’on peut y discerner
l’influence d’Aristote et bien d’autres auteurs.
2. Aristote et la science politique
C’est
surtout contre Aristote qu’on veut défendre une sorte de primauté de Machiavel
en fait de science politique, contre l’auteur de « la Politique »[4]. Aristote comme Platon, a parlé
de la politique, mais l’influence d’Aristote par rapport à Platon est d’une
importance et mérite d’être souligné ici avec beaucoup plus d’attention.
Aristote dans sa conception de la politique a voulu, à la différence de son
maitre établir un régime idéal (démocratie) pour une cité juste.
Aristote
reste pour le secrétaire florentin le fondateur d’une science politique
empirique, mais une science par son souci de s’appuyer sur les faits.
C’est ainsi que nous
retrouvons chez Machiavel une foule d’idées, des préceptes, de formules propres
au Stagirite. Parmi ces idées et préceptes nous avons par exemple, l’idée selon
laquelle dans une république, il y a de gouvernant et de gouvernés, prédestinés
à cet état par leur nature, l’idée que le prince doit paraître avoir certaines qualités … et enfin
l’idée qu’il faut condamner les vieilles recettes maladroites de la tyrannie,
mais au nom de recettes plus adroites quoique aussi parfaitement immorales.
Comme Aristote,
Machiavel distingue deux catégories
sociales, qu’il nomme les grands et le
peuple. Quoique l’influence d’Aristote chez le secrétaire florentin soit d’une
grande importance, la distance entre nos deux auteurs est immense.
Toutefois, il n’est pas possible, même pour rendre à Machiavel ce qui
lui appartient, de minimiser l’apport d’Aristote, d’autant plus qu’il a
beaucoup influencé le secrétaire florentin. Comme nous l’avions souligné
ci-haut Aristote reste le fondateur, le créateur d’une science politique
empirique malgré les reproches qu’on lui fait de recourir à l’histoire plus
qu’à la raison et d’avoir en quelque sorte « laïciser » la politique
dans sa fameuse affirmation l’homme est
«(ἄνθρωπος φύσει πολιτικὸν ζῷον/ anthropos phusei
politikon zoon) », un animal politique. Pour Aristote, cette
affirmation a sa raison d’être ; car l'homme est fait pour vivre en
société qui est une communauté politique.
La cité est voulue par la nature et est donc inhérente à tout groupe humain.
Par cette affirmation, certains auteurs condamnent Aristote de vouloir faire de la politique un
fait naturel. Rarement innée, la science du gouvernement (la politique)
s'apprend ; si bien que, la politique apparaît comme un véritable métier. Or pour le florentin, la politique/pouvoir ne
doit pas être réduit à un simple fait naturel, mais c’est un exercice qu’on
acquiert soit par les armes, soit par la forteresse, soit par le droit de
succession (même si cette voie est restée moins exploitée par le florentin) et
aussi par la fortuna (fortune) et la virtu (vertu) ou par l’expérience et la compétence.
Machiavel, comme le souligne Yves LEVY[5] fut un grand lecteur de Tite
Live et de Polybe, et ces derniers lui communiquent leur enthousiasme
(…). Avec Polybe, il a jeté d’abord un coup d’œil général sur la constitution
romaine (…). LEVY continue en disant, la fermeté, l’orientation de sa réflexion, Machiavel les
doit sans doute pour une grande part à Tite Live et Polybe, tous deux historiens, qui ont retracé
l’aventure de la république romaine[6].
Loin
d’être exhaustif, nous ne prétendons pas avoir abordé toute la question de la
science politique avant Nicolas Machiavel, mais au contraire, nous pensons
avoir abordé deux auteurs qui ont été le plus influent dans la pensée politique
de Machiavel et dans l’élaboration de certains de ses ouvrages. « Machiavel
nous dit Levy fut un grand lecteur de
ses prédécesseurs et s’inspirait de leurs œuvres, mais de telle façon que la
comparaison de ce qu’il écrit avec le texte qu’il utilise fait beaucoup moins ressortir
sa dépendance que sa profonde originalité »[7]. Machiavel, en effet, n’invente
pas la science politique ; il la trouve chez ses prédécesseurs, surtout
chez Aristote et Polybe. Mais il lui donne un accent tellement nouveau.
Après cette analyse minutieuse de la
politique avant Machiavel, nous voulons aborder dans ce point qui suit la question de la problématique de la
doctrine philosophique du secrétaire florentin.
Section 2 :
La problématique de la doctrine philosophique de Machiavel
Si
sur le plan philosophique, la période médiévale a été considérée par certains
philosophes comme une parenthèse philosophique, c’est-à-dire une période
philosophiquement morte, il n’en demeure pas moins qu’à certains égards, cette
même période a été le théâtre du surgissement
des pensées renouvelées. En témoigne l’ « insight »
(intuition, l’inspiration) philosophico-politique qu’eut Machiavel : le
machiavélisme.
Pendant que
s’affirmaient certaines puissances unifiées (la France et l’Espagne), de plus
en plus organisées, que se passait-il en Italie ? En effet, l’Italie à
l’époque de Machiavel fut frappée et marquée par une forte crise politique et
économique. Elle, qui était en avance pour les lettres et les arts par rapport
aux autres pays de l’Europe, se trouvait politiquement mineure par rapport à
eux. Cette crise politique entrainait l’Italie à la chute et à la désunion et
ne lui permettait pas d’établir son équilibre politique et de garder son unité.
Il
régnait en quelque sorte une contradiction entre une civilisation très avancée
et une sorte d’incapacité congénitale à constituer un ou des Etats cohérents et
forts. De cette opposition entre l’Italie riche et ses voisins va sortir la
tragédie italienne, la grande péripétie du temps. Cette contradiction et tragédie,
Machiavel les a senties et vécues.
Ancien
fonctionnaire d’une république qui a échoué, Machiavel, nous dit Levy « se tourne vers l’histoire d’une
république qui a réussi de façon plus éclatante que toutes les autres
républiques, et même que tout autre régime : vers l’histoire de l’empire
romaine »[8]. Il (Machiavel) fait une étude
minutieuse des actions des grands hommes politique de son temps, et les
avantages qu’apportaient à la cité les mœurs et les croyances. Bref, disons
avec Levy que ce que Machiavel entreprend, c’est une manière de cours politique
à l’usage des futurs dirigeants[9].
En
analysant en quelques lignes la situation politique de l’Italie, le florentin
fut préoccupé par un problème : c’est celui d’unifier l’Italie. Parce que
pour lui, « tous les malheurs que le
pays a éprouvés depuis une quinzaine d’année viennent d’une sorte de décollage
historique : la France
et l’Espagne viennent d’achever leur unité, alors que l’Italie (divisée, non
seulement est incapable d’opposer un front uni à l’étranger, mais ne cesse de
l’attirer chez elle pour le mêler à ses querelles intestines) … oui, c’est là
la tâche urgente, la tâche prioritaire : il faut unifier l’Italie »[10]. Cette unification de l’Italie
nous dit Machiavel ne peut être possible et réalisable que sur l’autorité d’un seul homme et non de toute la république. Et cet homme doit
être courageux, fort et vertueux, c’est
le prince. Car dit il « aucun pays
ne fut jamais uni ou heureux s’il n’en vient à obéir tout entier à un prince, comme il est arrivé à la France
et à l’Espagne »[11]. Son ouvrage, « le
Prince » constitue en quelque sorte une pédagogie pour le nouveau prince
qui délivrerait l’Italie de la main de
barbares.
Alors
que Platon et Aristote s’évertuent, respectivement dans la république et la
politique, à définir l’Etat idéal, le meilleur et le plus juste gouvernement,
la problématique de la doctrine philosophique de Nicolas Machiavel, dans
« le prince », s’énonce en ces termes de l’unification de l’Italie,
de la conquête, de la domination, du maintien de pouvoir par le prince. Le florentin, à la fin du XVIème,
est le maître incontesté de la politique et sa doctrine philosophique (le
machiavélisme) fut développée (au moyen âge européen) au XVI et XVIIème Siècle au point que Machiavel fut
considéré d’immoraliste par certains philosophes, historiens et théologiens de
cette période.
1. Le machiavélisme comme maîtrise de l’urgence
Pour
l’auteur du prince, la vie politique doit être envisagée moins en termes de vie
bonne et heureuse qu’en termes d’équilibre des intérêts socio politique. Le
prince à lui seul constituerait avec ses proches une force. Le vulgum pecus (le
peuple) et les grands constitueraient les deux
forces principales dans l’arène politique d’une nation. Or
l’affirme Machiavel, « on s’élève à la principauté (au pouvoir) par
la faveur du peuple… (Ce qui s’apparenterait à une forme de démocratie) ou à la
faveur des grands... »[12] Ce qui serait une oligarchie ou
encore une gérontocratie. Ces deux principaux camps (le peuple et les grands)
se constituent et s’opposent parce que
l’un, le peuple, cherche à jouir de sa
souveraineté et de la liberté, il ne désire ni être commandé ni être
opprimé ; alors que de l’autre coté, les grands désirent commander et
opprimer le peuple. La gestion de cette
divergence des intérêts constitue la
matière du gouvernement du prince.
Ayant
accédé au pouvoir par le soutien de l’un
ou de l’autre de camp, le prince doit, nécessairement, s’il veut bien conserver son pouvoir, pratiquer
l’équilibrisme politique. Ce management politique constituerait d’une part à ne
pas perdre le crédit de ses alliés et à maintenir son autorité sur les non alliés sans pour autant se faire haïr
d’eux. Dans tout le cas, estime le florentin, le prince devrait s’allier au
plus fort sans cependant négliger le moins fort, étant donné que les forces
sont dynamiques et donc que leur rapport peut changer à l’improviste.
Un tel gouvernement
devient fondamentalement une gestion et
une recherche de la maîtrise de l’urgence quotidienne. Cette urgence étant,
bien entendu l’évitement d’une crise fatale
au prince, dit autrement, la conservation du pouvoir du prince. Cela
implique évidement de la part du prince la mise en place d’une stratégie
politique, le déploiement des moyens conséquents.
2. Le machiavélisme comme absolu de l’efficacité
De
prime abord, disons que la politique est l’action et cette dernière tend à
l’efficacité. Une lecture attentive du « prince » met suffisamment en
lumière que Machiavel, dans le capharnaüm
des moyens politiques, jette son dévolu sur la force, la violence et la
ruse comme moyens efficaces par excellence.
La force sert à la
contrainte par le moyen de la loi, et de
tout autre moyen coercitif. La ruse quant à elle, vaut plus que la force des armes tant pour sortir de la médiocrité et
rejoindre la grandeur que pour maintenir l’ordre nous pouvons nous demander, pourquoi un tel choix ?
Quels en sont le ressort et le fondement ?
Une caractéristique principielle du
machiavélisme est que tous les moyens sont bons moyennant leur efficacité. Au
point où nous sommes, il faudrait donc faire justice à Machiavel et reconnaître
qu’il ne privilégie pas en soi le mal au détriment du bien. En effet la vision
de Machiavel a souvent été interprétée comme suit : le mal est plus
efficace que le bien. Cette distorsion de son point de vue a été considérée
comme l’essence de la doctrine philosophique de Machiavel et a constitué
ce que les siècles suivants appelleront
« Machiavélisme ». Il doit être entendu que Machiavel ne
s’intéressait guère au bien ou au mal ; son souci était l’efficacité
politique. Ainsi le prince de Machiavel,
se situerait au dessus du bien et du mal,
étant indifférent à l’un et à l’autre, il en use dans la mesure où ils lui sont une aide pour
la fin qu’il se propose : l’efficacité politique. L’homme d’Etat machiavélique,
libre de toute moralité s’apparenterait ainsi au surhomme de Nietzsche. A ce
sujet, Machiavel estime que « chaque fois que des hommes qui le peuvent se
livreront à la conquête et au maintien du pouvoir, on les en louera ou du moins
on ne les blâmera point ».
Section 3 :
La conclusion partielle
Tout
au long de ce chapitre, nous avons eu comme préoccupation de retracer
l’histoire de la politique, en vue de cerner les problèmes qui ont été à
l’origine de la doctrine philosophique et surtout politique de Machiavel.
Cette
étude de la pensée politique avant Machiavel, nous a permis de retenir
quatre figures importantes qui d’une
manière directe ou indirecte ont influencé l’auteur du prince.
En premier lieu, nous
avons étudié la politique de Platon, de là nous retenons qu’il a parlé de la
politique dans son livre « la république », mais c’est une politique
abstraite selon le florentin. Voila pourquoi, il a été moins influent sous sa
plume. En second lieu, un accent particulier a été mis sur la politique
d’Aristote, auteur de la « politique ». De lui, nous disons qu’il est
le créateur d’une science politique empirique ; sa pensée a une grande
influence sur la plume de Machiavel, qui tout de même fait un dépassement par rapport à son
prédécesseur. Pour terminer, l’étude de la pensée de l’historien Polybe et Tite
Live nous a été utile, car les deux, à travers leurs écrits ont beaucoup
influencé Machiavel.
Pour tirer l’Italie de l’impasse,
Machiavel établit donc sa doctrine, qu’elle fonde sur la violence, la force et
la ruse comme maîtrise de l’urgence et aussi comme absolu de l’efficacité. Car
la situation de l’Italie nécessitait la présence d’un homme, fort,
réaliste et vertueux pour sortir Italie
de cette impasse et l’unir.
Chap. II. Le Pouvoir et les sujets
Section 0.
Introduction
Si le premier chapitre a eu comme
tâche de décrire la situation politique avant machiavel et de parler de la
problématique de sa doctrine philosophique, le second chapitre quant à lui
consistera à montrer le type de relation que le prince de Machiavel entretient
avec ses sujets.
L’homme politique est un homme de
pensée et d’action, de courage et d’initiative. Sa mission est de conduire le
peuple, de leur assurer des conditions sociales et matérielles meilleures. D’autant plus que le peuple représente une
force et une source vive d’énergie pour une nation (un Etat). Ainsi le pouvoir
s’appuiera surtout sur le peuple. Et non sur un quelconque moyen. Mais cela
suppose avant tout que le pouvoir respecte les droits du peuple.
Par
conséquent, Machiavel « voit la
politique comme un jeu de passion et d’intérêt animant des forces opposées
(...) et Le prince sage est un homme qui entend bien ses intérêts »[13]. En ce sens ce n’est plus le bien
être du peuple que cherche un prince mais ses intérêts propre qu’il cherche par
tous les moyens.
Notre
réflexion dans cette partie sera axée sur trois grands points. Le premier, se
chargera de décrire les voies qui mènent au pouvoir selon l’auteur ; le
second quant à elle abordera la question des actions des gouvernants et le
troisième parlera des moyens de protection pour le prince.
Section 1. Les
voies qui mènent au pouvoir
Bien des personnes aspirent à la
gloire, au pouvoir mais toutes ne l’atteignent pas ; même celles qui y
parviennent ne suivent pas toutes une seule/une même voie. Les unes par droits
de successions, les autres par force, d’autres encore par les élections ou par
la faveur des ses citoyens, accèdent au pouvoir politique et deviennent par
conséquent gouvernant et y demeurent parfois sans beaucoup des difficultés.
Attentif aux réalités politiques de
son temps/époque, Machiavel, dans le « prince »
énumère quelques voies qui ont fait élever certaines personnes sur le trône
d’une monarchie, parmi lesquelles nous citons :
·
Droit de succession, Les armes
·
Fortuna
et virtu, Faveur de citoyens
·
Scélérate
Notre
attention sur ce point sera plus focalisée sur les trois premières voies, que
nous analyserons tour à tour.
1. Droit de succession
Signalons
de prime à bord que tous les Etats, toutes les puissances qui ont eu et ont
autorité sur les hommes, ont été et sont soit des Républiques ou Monarchies. Ces dernières sont, selon
Machiavel « ou héréditaires, si
la lignée du souverain y a régnée longtemps, ou bien sont nouvelles »[14] (parce que le nouveau prince ne
les héritent pas mais les acquièrent avec sa propre force ou avec l’aide
d’autrui). L’accession au pouvoir dans une monarchie héréditaire ne pose pas de
problème ; car le pouvoir est héréditaire. Il se transmet du père au
fils, des ascendants aux descendants, ou
le monarque possède les droits et le pouvoir de représenter la personne de la
cité tout entière et de parler à son nom, de n’être demis de ses fonctions
qu’avec son consentement, de designer au
soir de sa vie, afin d’éviter des désordres, son successeur.
Dans
la monarchie héréditaire, le nouveau prince, autrefois prince héritier du
trône, hérite (même sans efforts personnels, sans habilités et autres qualités
particulières à un prince) la monarchie par droit de succession, à la mort de
son père, et règne. En ce sens, l’ayant hérité de son père, le prince héritier « a moins de difficultés à conserver
son Etat (…), parce qu’il suffit seulement de ne pas altérer l’ordre établi par
son prédécesseur/son ascendant (…) »[15]. Compte tenu du bon climat qui
lui a permis d’hériter sans force ni peine sa monarchie, et la confiance que le
peuple a à son égard, « pour le
prince naturel (héritier), en effet, moindres sont les raisons et moindre la
nécessité d’opprimer : d’où s’ensuit qu’il soit plus aimé. Et si des vices
extraordinaires ne le font haïr, la raison veut que naturellement ses sujets
soient bien disposés à son égard »[16]. L’héritier du trône n’a pas
donc besoin d’opprimer son peuple mais, chercher à se faire aimer de lui et à
gagner sa confiance tout en veillant sur eux et en cherchant à établir l’unité
dans sa monarchie.
Voyons
à présent comment les armes peuvent élever un homme de condition privée à la
tête d’une monarchie.
2. Les armes
Signalons que le thème d’armement est récurrent chez
Machiavel. Ce thème est posé et traité dès le troisième chapitre de son
ouvrage, où il dispute de ce terme en questionnant sur l’utilité de la guerre.
Cette dernière occupant une place importante sous sa plume, voyons dans les
lignes qui suivent comment par les armes certains hommes se sont élevés/et
s’élèvent à la tête de certaine monarchie.
Si
la conquête est considérée comme violente par la tradition politique et le
pouvoir du prince héréditaire comme fait normal et naturel ; il en suit
que pour Machiavel, user de la force et violence sont aussi de moyens nobles et
efficaces pour acquérir une monarchie. En ce sens acquérir une monarchie par la
force ou les armes et instaurer sa domination par un coup de force est un fait
normal et louable pour qui veut devenir prince. En effet, comme homme de condition
privé, on peut s’élever à la tête d’un pays par les armes. Par un coup de force
on peut réussir à renverser l’autorité en fonction et y régner sans
controverse.
Comme dans la voie de scélérate, le
sujet qui prend le courage de renverser un régime en place doit faire preuve de
courage et doit sans doute avoir une bonne et solide formation militaire, être
sans pitié… capable de massacrer certains citoyens dont les gouvernants et
leurs proches collaborateurs… (Comme l’a
fait Agathocle de Sicile, qui fit tuer par ses soldats tous les sénateurs et
les plus riches du peuple ; et ceux là mort, il devint prince de cette
cité et demeura sans aucune controverse)[17] pour réaliser son ambition. Cet
exemple en exergue les valeurs et le génie que doit avoir un nouveau prince qui
veut fonder et instaurer sa monarchie par un coup de force.
Somme
toute, les armes peuvent selon le florentin faire accéder un homme à la
magistrature suprême, l’aider à conquérir une monarchie. Bref, avec les armes
solides on devient avec moins de difficulté prince. Cela étant, lors d’une
conquête, le prince en puissance peut venir attaquer avec ses armes propres ou
avec celles d’autrui. Cette dualité d’armes tient au cœur le florentin. Il
souligne que les armes sont : soit propres soit mercenaires. Qu’en est-il
de cette dualité d’armes ? Et de quel côté se place l’auteur du
prince ? La réponse à ses interrogations découlera de l’analyse que nous
ferons dans le point suivant qu’est : l’autonomie militaire.
a. Autonomie militaire
Un
prince, lors d’une conquête et pour défendre sa monarchie, a besoin d’une
armée. Celle-ci peut être propre (composée de ses propres sujets), mercenaires
(l’armée d’une autre monarchie qui aide un nouveau prince dans la conquête) ou
soldats auxiliaires (appartenant aux princes alliés). Partant de son expérience
personnelle, Machiavel pense qu’il est bon pour un prince de fonder sa
monarchie avec ses propres armes qu’avec l’aide d’autres armées. Car
estime-t-il : les armées mercenaires et auxiliaires sont nuisibles et
périlleuses et se positionnent donc en faveur des armes propres, et celui qui
fonde son Etat/monarchie sur elles n’aura jamais de stabilités ni sécurité. Car
« ses armées sont sans unité,
ambitieuses, indisciplinées et même infidèles »[18].
De
même, les troupes mercenaires peuvent être bonnes pour elles mêmes, mais pour
qui les appelle, ces troupes sont presque nuisibles et dangereuses. Il est donc
souhaitable à un prince d’accepter de perdre une monarchie avec ses propres
armes que d’en gagner plusieurs avec le concours de mercenaires. C’est
pourquoi, dit Machiavel, « un prince
sage doit toujours éviter les armes mercenaires et auxiliaires et se tourner
vers celles qui lui sont propres »[19].
Pour
tout dire, « aucune monarchie n’est
sure si elle n’a d’armes propres »[20] dans le cas contraire elle est à
la merci de la fortune, n’ayant point de vaillance qui avec foi, dans
l’adversité, la défendre. Sur ce sujet Machiavel emboîte les pas avec certains sages de son temps pour affirmer
dans maxime que : « quod nihil sit tam infirmum aut instabile
quam fama potentiae non sua vinixa » (que rien n’est aussi faible ou
instable que le renom d’une puissance qui
ne se fonde pas sur ses propres forces). Et les forces propres sont
celles composées ou de sujet ou de citoyen natif/originaire de la monarchie.
Cette organisation de l’armée propre pour une monarchie sera facile pour un
prince si est seulement si et dernier maîtrise les institutions et l’art de guerre. Ceci vient nous plonger dans
l’étude que nous ferons dans le point qui suit.
b. Le prince et le métier
d’armes : L’art de guerre
L’art de guerre comme science contenant des lois
générales de la bataille n’est pas indifférent à Machiavel. Cette question de
l’art de guerre est au cœur de la discussion dans les chapitres dix, onze,
douze, treize et quatorze du « Prince ».
Notre attention sera focalisée sur le quatorzième qui traite de cette
problématique : qu’est ce qui
convient au prince en matière militaire.
Machiavel, clame dans ce chapitre
que « le prince ne doit avoir d’autre objet ni autre pensée, ni
prendre aucune chose pour art, hormis l’art de guerre et les institutions et
science de la guerre : car elle est le seul art qui convient à qui
commande »[21]. Cet art a une grande
importance, dans la mesure où il maintient longtemps au pouvoir ceux qui ne le
négligent, fait souvent monter à la monarchie ceux qui l’observent et
l’appliquent. Par contre, si tu négliges cet art facilement tu pourras perdre ton Etat et difficilement tu te
lèveras à la tête d’une quelconque monarchie.
Ainsi, pour s’empêcher de descendre
au rang de simple hommes/citoyen, un prince doit pour se maintenir au pouvoir
manier continuellement les armes. Machiavel à ce sujet estime que « le prince ne doit donc jamais
détourner sa pensée de l’exercice de la guerre, et dans la paix s’y doit plus
exercer que dans la guerre… »[22]. Les armes et donc la violence
sont nécessaires au ‘’bon’’ prince. La paix et les ordres doivent donc être
« l’art » du prince, et doivent toujours être présents dans ses
pensées. Machiavel prend même l’exemple de la chasse au chapitre 14, qui plus
qu’un simple loisir, doit être utilisé comme un moyen de repérer le terrain
pour les guerres futures. Car selon lui, les temps de paix doivent permettre de
s’entraîner à la guerre.
Outre ce qui précède, signalons
enfin que c'est par la connaissance de l’art de la guerre qu’on reste prince ou
qu'on le devient : un prince négligeant les armes est méprisé, à la merci
de ses serviteurs et il ne peut pas faire confiance à ses soldats. Le prince
exerce tout d'abord son corps à la guerre, notamment par l’exercice de la
chasse, qui l’ endurcit à la fatigue et lui fait la géographie de
son pays — l’assiette des lieux, l’élévation des montagnes, la
direction des vallées, le gisement des plaines, la nature des rivières et des
marais —, ce qui lui permettra à la fois de le défendre en cas d'attaque
et de se familiariser avec la tactique militaire en général, en imaginant dans
le paysage des positions adverses, comme le faisait Philopœmen
lors de ses promenades. Il doit aussi préparer son esprit à la guerre, par la
connaissance de l'histoire, des actions des hommes illustres et de
leur conduite dans la guerre, en prenant pour modèle quelque ancien
héros bien célèbre[23].
Section 2 Des actions des gouvernants
Observant de très près les actions,
pratiques et les mœurs politiques des gouvernants de son époque, Machiavel
montre qu’aucun homme (dirigeant) ne peut réussir parfaitement à établir
l’ordre dans sa monarchie ou dans son Etat, s’il ne vient à s’engager dans les
voies frayées par des grands hommes politiques et imiter ceux qui ont été tout
à fait excellent, de façon que si son génie n’y peut y parvenir, il en garde au
moins quelques relents (…)[24]. Tout tourne cependant autours de cette règle d’or de
l’art de gouverner, selon laquelle tout pouvoir cherche le maintien et la
conservation des Etats conquis contre tout danger interne et externe.
Par danger interne, Machiavel sous
entend le peuple et les grands qui forment dans une monarchie deux camps
antagonistes, et par surcroît un danger pour le prince nouveau.
1. Deux camps antagonistes
Hormis les quelques voies précitées
qui mènent au pouvoir ; on peut aussi faire mention d’une voie qui semble
utile pour la meilleure compréhension de cette sous section. Nous relevons ici
le fait que certains accèdent à la tête d’une monarchie ou par la faveur de
grands ou par celle du peuple. Car, dans toute cité on trouve ces deux humeurs
opposées ; et cela vient du fait que le peuple désire de n’être pas
opprimé ni n’être commandé par les grands, et que les grands désirent commander
et opprimer le peuple[25].
La division de classe dans cette cité se fait vraiment sentir. Dans ce cas
quelle serait la position du prince nouveau dans cette cité divisée ?
Devrait-il s’allier au grand pour laisser de côté le peuple ? Ou faire
l’inverse ? La réponse à ces questions découlera de l’analyse que nous
ferons dans les lignes qui suivent.
La
monarchie « est suscitée soit par le
grand soit par le peuple selon que l’un ou l’autre en a l’occasion »[26]. Quand les grands voient qu’ils
ne peuvent résister au peuple, ils commencent à donner réputation à l’un d’eux,
et ils le feront prince non pour servir le peuple et advenir à leur besoin mais
pour pouvoir, « à son ombre assouvir leurs appétits. Le peuple aussi de
son côté, voyant qu’il ne peut résister aux grands donne réputation à un homme,
et font de lui leur prince, afin que l’autorité de ce
dernier le protège contre toute agression provenant des grands »[27]. Le prince témoin de cette
division que doit-il faire pour maintenir l’équilibre et l’ordre dans sa
monarchie ?
En
réponse aux interrogations ci haut posées, et considérant le désir de chaque
groupe social, le prince devrait s’appuyer sur le peuple que sur le grand. A ce
sujet Machiavel pense que le prince qui s’appuie sur les grands gouverne contre
le peuple et encourage leur volonté injuste au lieu de l’abattre au profit du
groupe qui désir la justice. Il nous paraît donc logique d’affirme avec le
florentin qu’un prince doit « maintenir
son amitié avec le peuple qu’avec les grands »[28], ce qui lui sera facile, car le peuple ne lui
demande qu’à n’est pas être opprimé par les grands, et aussi parce que le vœu
du peuple (ne pas être opprimé) est juste que celui des grands (voulant
opprimer).
Prenant
conscience de la situation de son Etat, le prince s’allie facilement au peuple
et abandonne ainsi les grands. Le peuple est une multitude et par surcroît plus
puissant que les grands qui ne font qu’une minorité de la population. Face au
peuple, le prince jouit de la sécurité et de l’autorité, car le peuple
reconnaît la supériorité du prince et ne se fait pas égal à lui. Aussi
signalons que le peuple étant majoritaire et bien qu’opprimé représente le
travail ; produit et contribue à la production pour la progression de
l’Etat. Ce qui est contraire au grand. Voilà une autre raison de plus pour que le prince s’attache
plus au peuple qu’aux grands. Quiconque devient prince avec l’aide du peuple
doit garder confiance envers ce peuple, comme le stipule Machiavel : « qui se fonde sur le peuple se fonde
sur la fange »[29]. Et le peuple sera prêt à
prendre les armes et à défendre leur défenseur.
Somme
toute, même s’il en vient à un prince « d’avoir
l’amitié du peuple, autrement il n’a dans l’adversité, point de remède »[30], il (le prince) ne doit pas
favoriser la division de classe (les grands et le peuple) dans son Etat, mais
au contraire il est plus invité à intégrer tous le monde dans la gestion de la
« res publica »[31] tout en abolissant l’injustice
et l’oppression et la domination d’une classe sur l’autre et en établissant et
imposant la lois pour tous
2. Conservation des Etats conquis
La
question de la conservation des Etats conquis, semble être une réponse à la
préoccupation de ce point qui est les actions des gouvernants. Les monarchies
étant « héréditaires ou nouvelles,
accoutumées à vivre libres et sous leur propres lois et non accoutumées à vivre
libres »[32], le prince nouveau doit faire
preuve de son ingéniosité pour mieux consolider et enraciner son pouvoir et
conserver les Etats conquis.
Pour
l’auteur du « prince »,
c’est dans « la nouvelle monarchie
que se trouvent les difficultés que dans les monarchies héréditaires accoutumées
à la lignée du prince »[33] . Ces difficultés peuvent venir
du dehors ou du dedans. Pour faire face à ces difficultés et assoir son
pouvoir, le prince doit être à mesure de maîtriser ses sujets afin de surmonter
ces difficultés. Ces dernières étant nombreuses, nous les regroupons en deux
grands ensembles. Selon qu’on est, soit dans la monarchie accoutumée à vivre
sous leurs propres lois ou qu’on est dans la monarchie non accoutumée à vivre
libre. Ce regroupement, nous permettra de bien faire l’analyse de cette sous
section. La répartition étant faite,
nous commençons notre étude par les difficultés qui découlent de la monarchie
non accoutumée à vivre libre pour terminer avec la monarchie accoutumée à vivre
sous leurs propres lois.
En
ce qui concerne la monarchie non accoutumée à vivre libre, il y a une
difficulté que Machiavel appelle une difficulté naturelle et commune à
toutes les monarchies nouvelles : «
c’est que les hommes changent volontiers de maitre »[34]. Le nouveau prince fait donc face
à un peuple qu’il ne connaît pas et doit prendre garde de ne léser personne et
surtout ceux qu’il trouvera dans son nouvel Etat, sinon « il a pour ennemi tous ceux qu’il aura lésé en occupant son Etat
(son pays) »[35] et il lui sera difficile voire
impossible de conserver leur amitié.
L’autre
difficulté vient du fait que : si lors de la conquête, un Etat s’ajoute à
un ancien Etat du conquérant et n’est
pas de la même nation et ne parle pas la même langue. S’ils parlent la même
langue et sont de la même nation, « il
y a grande facilité pour le prince de les tenir, et surtout s’ils ne sont pas
accoutumés à vivre libres ; et pour le posséder en toute sécurité, il
suffit d’avoir éteint la lignée du prince qui y régnait (…) [36]». Et
cette façon de faire est loué et encouragé
par Machiavel.
Tout
compte fait, pour conserver les Etats conquis et surtout les monarchies non
accoutumées à vivre libre, le nouveau prince doit prendre garde à deux
choses : « l’une d’éteindre la
lignée de leur ancien prince, l’autre de n’altérer ni leurs lois ni leurs
impôts, de telle façon qu’en très peu de temps ils s’incorporent parfaitement à
ses anciens Etats »[37].
En
jetant un regard sur les monarchies accoutumées à leurs propres lois, forces
est de mentionner qu’ici le conquérant a moins de difficultés à conserver ses
monarchies que dans les anciens. Dans ce
cas, le conquérant se sent donc obligé de recourir à la collaboration active et
franche avec les conquis. Et pour maintenir ces Etats, le prince doit tenir
compte de trois procédés que voici : « Le premier c’est les détruire, Le
second, y aller habiter en personne, Et
enfin, les laisser vivre selon leurs lois, en tirant un tribut et en y créant un gouvernement
oligarchique qui te conserve leur amitié. Créé par le prince, ce gouvernement
ne sait exister/durer sans son amitié et
sa puissance, et doit faire pour le maintenir »[38].
Celui
qui devient maître dans un Etat, nous dit Machiavel doit le détruire, « s’il ne le détruit pas, qu’il
s’attende à être détruit par lui »[39]. La destruction dont parle
l’auteur ne doit pas se faire au niveau matériel mais plutôt au niveau des
institutions civiles (modification des lois) et militaires (formation d’une
nouvelle armée) dans les Etats conquis pour vivre en sécurité et assoir son
pouvoir.
Bref, Un prince a donc besoin du concours de l’un
et l’autre citoyen pour assoir son pouvoir et conserver son Etat contre. Il
peut aussi, dans certaines circonstances, gagner aisément, dans l’intérêt du
pouvoir, ceux qui étaient lors de la conquête ses ennemis pour en faire ses
collaborateurs et les rendre incapable de s’élever un jour contre lui.
Section IV :
Conclusion partielle
Dans ce chapitre, nous avons
cherché à comprendre le type de rapport que le «prince» de Machiavel entretien
avec ses sujets. Mais avant d’y arriver, nous avons au premier moment abordé la
question de voies qui selon le florentin peuvent faire élever un homme à la
tête d’une monarchie. Au terme de cette analyse, il sied de retenir qu’on peut
prince/ chef soit par droit de succession ou par les armes. La première voie
nous apparaît normale dans la mesure où le pouvoir se transmet des ascendants
aux descendants. Et la seconde voie est caractérisée par la violence/la force
et la ruse. Car d’autres personnes pour se lever à la tête d’une monarchie
doivent user de la force et des armes. Ces derniers peuvent être mercenaires,
mixte ou propre. A ce sujet le florentin préconise les armes propres que ceux
dit mercenaires. Autre temps fort de section, c’est la question du prince et le
métier d’armes. Retenons qu’un prince ne doit jamais tourner sa pensée de
l’exercice de la guerre et doit continuellement manier les armes en temps de
paix ou de guerre.
En second lieu, nous avons jeté un
regard sur les actions des gouvernants. De là nous avons noté que dans une
monarchie, nouvelle ou ancienne on a constaté qu’il ya toujours deux camps
antagonistes : les grands oppresseurs et le peuple opprimé. En ce sens, le
prince doit faire preuve d’une certaine habilité et expertise pour rétablir l’équilibre
entre ces deux camps. Mais il doit plus faire confiance au peuple qu’aux
grands. Toujours dans la même section, nous avons montré les différentes
stratégies que les princes mettent en place pour le maintien et la conservation
des Etats conquis : avoir une armée solide, le prince doit savoir user de
force du lion et de la ruse du renard pour garder la confiance du peuple.
Chap. III. Démocratie Africaine : Mythe ou
Réalité ?
Section 0 : Introduction
Après avoir posé et développé dans
le premier chapitre la question du contexte d’émergence de la pensée politique
de notre maître à penser et décrit dans le second le problème du rapport entre
le pouvoir et le sujet ; nous voulons dans ce troisième et dernier
chapitre de notre réflexion aborder et analyser la question de la démocratie en
Afrique.
Pour ce faire, notre chapitre aura
quatre grandes parties que nous analyserons tour à tour. La première aura pour
tâche de montrer l’apport de Nicolas Machiavel dans ce grand domaine qu’est la
politique. La deuxième à son tour se chargera de nous montrer la touche
machiavélique dans la démocratie africaine. La troisième quand à lui
abordera du refus du machiavélisme par
certain peuple africain. Et nous terminerons par une piste de solution :
pour une bonne démocratisation de l’Afrique en générale et de la République
Démocratique du Congo en particulier.
Section 1 : L’apport de Machiavel dans la politique
Rappelons que c’est dans un contexte de crise et de
division de l’Italie en générale et de la Florence et particulier que
Machiavel, partant de son expérience comme secrétaire et à travers ses
différentes lectures réfléchira sur ses événement et mettra par écrit sa
pensée. Qu’en est-il alors de sa doctrine et quels mérites pouvons-nous-lui
accorder ? Et les limites que nous relevons de sa doctrine
politique ? C’est aux travers de
lignes qui suivent que découlera la réponse aux interrogations ci haut
posées.
1. Ses mérites
Quand
on replace l’œuvre de Machiavel dans son contexte et si surtout on lui accorde
beaucoup de préjugés favorables, une fin noble pourrait lui être reconnue.
Ainsi, « le prince » serait
un ensemble de conseils qui puissent aider le gouvernant qui délivrerait
l’Italie des barbares et assurerait ainsi sa souveraineté[40]. C’est pourquoi d’aucuns
estiment qu’en fait le machiavélisme, tel qu’il se révèle dans « le prince » n’est pas
mauvais en soi.
De même, de
Machiavel, nous retenons qu’il est l’inventeur de la science politique moderne.
En ce sens que pour la première fois, avec lui, l’ « objet »
politique se trouve être défini. Loin de
s’en tenir aux imaginations des Etats que se sont fait certains auteurs, à la
personne de Platon et d’autres,
Machiavel pense se conformer à la vérité effective des choses. Il est le
premier à avoir expulsé l’éthique, la métaphysique et la théologie du royaume
de la science et de la prudence politique[41].
Autre
chose, Machiavel a fait de la politique un pur calcul arithmétique de
probabilité s’appliquant aux faits sociaux. « La
politique devient alors comme un jeu de passion animant les forces
opposées »[42]. Cette politique positive et
réaliste de Machiavel qui utilise pour ses fins les moyens les plus bas et le
plus nobles, demeure avant l’œuvre de l’intelligence. La raison en ce sens
devient première dans la politique du florentin.
Bref,
qu’on approuve Machiavel ou qu’on le condamne, qu’on voit en lui le produit
d’une époque révolue ou le créateur d’une doctrine encore utilisable dans ce
qu’elle a d’essentielle, il est incontestable qu’il exerce sur tous ceux qui le
lisent avec attention une fascination intellectuelle irrésistible.
2. Ses limites
Outre les qualités que nous
découvrons dans la pensée du florentin, il sied de mentionner dans les lignes
qui suivent les quelques failles que nous rencontrons sous sa plume. De prime à
bord, reconnaissons que Machiavel a « osé
séparer la politique de la morale et de la religion »[43] ; même si cette position est
soutenue par certains auteurs. Le machiavélisme est une philosophie de la
politique, affirmant qu’en droit la bonne politique est une politique supra
morale ou immorale et doit, en raison même de son essence recourir au mal. De notre part, loin de mettre au premier
plan la morale et la religion, la politique peux faire route ensemble avec la
morale. Ainsi, l’immoralité déployée par les hommes politiques ne doit pas être enseignée comme loi même de la
politique comme le stipule Machiavel.
Signalons aussi que Machiavel, par
sa fameuse affirmation « la fin
justifie le moyen », fait de la politique le lieu ou tous les moyens
sont bons pourvue qu’ils atteignent une fin noble. La force et la violence
occupent une place primordiale dans l’exercice du pouvoir. Le pouvoir peut
s’obtenir par tout le moyen bon ou mauvais. Et c’est grâce à l’armée que l’on
maintient l’Etat et son pouvoir.
Section 2 : Touche machiavélique dans la démocratie
africaine
Nous
pensons pour notre part que le cadeau approprié que les élites du pouvoir et du
savoir peuvent donner/offrir à leur peuple, c’est l’instauration de la
démocratie. L’exercice d’une bonne et véritable démocratie et d’une réelle
liberté de pensée et d’action semble être la condition sine qua non du nouvel
ordre politique. Cet exercice implique l’entente sur certaines valeurs dont la
justice, l’équité, l’égalité, la liberté, l’indépendance…
Ce
que nous vivons aujourd’hui n’est rien d’autre que la domination de riche et de
gouvernant envers le petit peuple : le pauvre et non une démocratie.
Nombreux sont ceux qui violent la
liberté et le droit de l’homme au nom même de la démocratie. Certaines
personnes se sont élevées à la tête d’un pays par le coup de force ou par la
lutte armée.
Ces
chefs s’organisent pour bouleverser le cadre politique assez régulièrement pour
qu’il ne soit pas possible à un adversaire crédible de les remplacer : le
Zaïre de Mobutu qui, profitant de la
faiblesse politique du président Joseph Kasa vubu, organisa un second coup d’État militaire le
24 novembre 1965 et se proclame président de la république de cette même
année jusqu’à 1997.
D’autres
par contre se sont fait transmettre le pouvoir par leur prédécesseurs dont ils
étaient le dauphin et tentent de conserver aussi longtemps que possible le
pouvoir ainsi acquis. C’est le cas de la R.D.C. de Joseph Kabila qui en
janvier 2001, succède à son père,
Laurent-Désiré Kabila, à la tête du pays. Après vient la Côte d’Ivoire de Bédié
et de Laurent Gbagbo ou on a près que jamais ou même jamais réussi à les
remplacer par les scrutins parce que la loi électorale est chaque fois
adaptée et réaménagée pour leur
faciliter la victoire.
Bref ces exemples énumérés ci haut,
montrent comment nombres de certains de
nos dirigeants accèdent à la magistrature suprême en ne respectant pas les processus démocratique. Et d’aucuns font de
la république une monarchie où le pouvoir se transmet des ascendants aux descendants.
1. L’utilisation de force comme moyen de coercition et de
répression
Au premier abord reconnaissons que nombres de
gouvernants africains ont fait fi de l’opposition publique ou l’ont négligé
dans la gestion de la chose publique. Ils ont estimé que dans leur quête
effrénée du pouvoir, si le peuple ne le loue, du moins ne le blâmera t il
point. Et si le peuple se démarquait de cette logique, il voudrait alors faire
recours à la force, à l’armée, mois à la loi.
Il y a selon Machiavel deux manières de combattre/lutter : « l’une par la loi, l’autre avec
la force ; la première est le propre de l’homme, la seconde est celle de
bêtes, mais comme la première, très souvent ne suffit pas, il convient au
prince de recourir à la seconde. Aussi est il nécessaire a un prince de bien
savoir user de la bête et de l’homme »[44]. Et c’est sous cet angle que
s’inscrivent certains de nos dirigeants africains. L’armée et la police qui
sont de corps censés assurer la sécurité
extérieure et intérieure du pays et du peuple sont utilisées pour les intérêts
égoïstes des gouvernants et comme moyen de coercition.
Ceci
se justifie par le budget exorbitant qui est alloué à l’armée par rapport à
celui consacrer par exemple à l’éducation, à la santé ou aux affaires sociales.
2. Le manque de projet de société et la distraction du peuple
Beaucoup des pays africains ont souffert et peut
être souffrent encore de nos jours
d’un manque de projet de société. La vie sociale et politique devient gestion
de l’immédiat et de l’urgence en vue de préserver, à tout prix le pouvoir de
toute atteinte. Le manque de projet de société ou, dans le pire de cas,
l’existence d’un mauvais projet de société a pour corollaire l’investissement
des peuples et des forces vives de la nation dans la distraction.
Au chapitre vingt et un, intitulé :
« Ce qui convient au prince pour se
faire estimer », Machiavel montre comment le divertissement et la
distraction sont d’une grande importance pour un peuple. A ce sujet, il stipule
que « le prince doit en outre, aux
moments de l’année qui conviennent, tenir occupés les peuples avec les fêtes et
les spectacles »[45]. De leur coté les gouvernants
africains ont profité de cette affirmation de l’auteur et sous le prétexte et
le couvert d’une culture joyeuse de l’Afrique, ont investi des générations
entières de leur peuple dans le sport, la musique ou la fête. A cela ne tienne,
cette génération prend plaisir aux farnientes, et s’occupe moins (peu
soucieuse) de la qualité de la gestion
de leur nation.
Remarquons
par ailleurs que nombres de nos dirigeants ont su divertir leur peuple plus
que ne l’a conseillé Machiavel.
Profitant ainsi de cette distraction, beaucoup de nos présidents cultivent le
mythe autours de leur personnalité. Le culte de la personnalité commençait de
plus en plus à prendre place au sein de nos Etats. D’aucuns se font appeler
le « sauveur » d’autre le
« libérateur » d’autre encore « messie » : le Zaïre de
Mobutu constitue un exemple éloquent. Il s’appelait « sauveur » du
Zaïre. Il s’avère donc que des
gouvernants africains ont bel et bien flirté avec le machiavélisme dans ses
grandes lignes : abuser de la spécificité du peuple ou utilise la force
dans le cas contraire et, ensuite feindre d’être ce que le peuple attend d’eux afin de ne point être haï même s’ils ne sont
point aimés. Mais semble t-il le réveil et la conscience des peuples africains
ont sonné le glas de ce machiavélisme qui s’est développé à la faveur de la
naïveté et surtout de la bonne foi des populations africaines.
Section 3 : Le refus du machiavélisme par le peuple
africain
Un peu partout en Afrique, comme
un seul homme, de peuple se sont levé pour dire non à l’injustice et violence,
à la dictature et l’oppression et à la pérennisation de certains chef/ dirigeant
au pouvoir. Plusieurs cas illustrent bel et bien ce refus du machiavélisme par
le peuple africain. Le peuple sud africain avec Mandela comme figure de proue,
a dit non à la l’apartheid, et a été victorieux de ce crime contre l’humanité.
Le peuple congolais ; zaïrois d’alors a dit non a un régime imbu de même. Le 16 février 1992,
il a dit non a un système oligarchique et despote par la marche de paix au prix
de son sang qui, a imbibé le sol congolais et africain pour le féconder.
Pour lutter contre la pérennité de
certains gouvernants, certains peuples africains ont adopté de nouvelles
stratégies pour faire face à ce défi et ont été vainqueur. L’exemple de la
Tunisie, de l’Egypte de Osny Moubarak et de la Lybie de Kadhafi
constituent un modèle pour nous. Si le
tumulte, l’échauffement et l’excitation ne sont nullement les manifestations de
la maturité d’un peuple, la protestation contre l’arbitraire et l’illégal, la
recherche du dialogue vrai et du consensus nous semblent éminemment témoigner d’une maturité certaine. L’Afrique
souhaitons le, est à un tournant de son histoire. Un jour se lève et une ère
nouvelle s’annonce où l’arbitraire des uns et la résignation des autres feront
respectivement place au consensus et à la prise de responsabilité. Plus jamais
on n’abusera de peuple africain. La sauvegarde de la souveraineté nationale
éclipsera la conservation du pouvoir au détriment du peuple.
Section 4 : Vers une démocratisation de la R.D.C
Nous constatons que beaucoup de confusion
règne dans la compréhension de ce mot démocratie. Dans ce climat de confusion,
le processus semble être bloqué. On croirait avoir affaire à un train qui est
encore en gare alors que le signal du départ a déjà été donné. Il nous faut
donc tous nous mettre à l’école de la démocratie. Car celle-ci est avant tout une question d’esprit et de
mentalité avant d’être une manière d’exercer le pouvoir et d’organiser le pays.
Cet esprit démocratique s’acquiert dans un long processus d’éducation de
conscience.
Comme
d’aucuns le savent déjà, de par son sens
étymologique, la démocratie est indiscutablement d’origine grecque. Elle
résulte en effet du mot « demokratia »
qui se compose à son tour de
« demos » peuple et « kratos » pouvoir et gouvernement.
Démocratie veut alors dire gouvernement du peuple. Cette définition semble être
ambiguë. C’est pourquoi dans la démocratie américaine, A Lincoln précisera
qu’il s’agit d’un gouvernement de peuple par le peuple et pour le peuple. Le
peuple redevient de la sorte le souverain primaire, le tenant et l’aboutissant
du pouvoir suprême qu’aucun individu ni aucune fraction d’individus ne peuvent
s’attribuer à cause de l’unicité et, pourtant, de l’indivisibilité de la
souveraineté.
Aujourd’hui
par contre on assiste à certains régimes politiques habillés en démocratie. Le
peuple congolais a assez de vivre sous la dictature et l’oppression, où la
liberté de pensée, d’action et d’agir est mis de côté par les élites au
pouvoir, le congolais veut vivre heureux, épanouit, libre. En ce sens la vraie
démocratie comme expression du nouvel ordre politique est le meilleur régime
voulu par la population congolaise.
Promouvoir
la démocratie, avec les valeurs que prône un tel régime ; tels sont le
respect de libertés humaines, la promotion de l’humain, le dialogue, la
légitimes… c’est reconnaître aujourd’hui la nécessité de restituer à être
humain congolais sa dignité et l’urgence de la promouvoir.
La démocratie en R.D.Congo souffre
de beaucoup de maux ; elle se confond tantôt à l’oligarchie, à la
monarchie et à la dictature. Pour que règne la vraie démocratie, la mis en
application de valeur démocratique doit être effective. Ce n’est donc pas en
cherchant à imiter de manière aveugle les autres que nous trouverons notre
voie. Pour qu’un système démocratique réussisse à fonctionner en R.D.Congo, il
doit commencer par
Garantir
la sécurité et la paix sociale,
Garantir
la liberté d’expression et d’opinion,
Promouvoir
un dialogue franc et créant des espaces de discussion, car la démocratie n’est
jamais possible dans l’isolement,
En outre, comme lieu
d’échange, la démocratie fera de la société un lieu/espace construit en commun.
Et la bonne démocratie doit encourager et encadrer les initiatives et les
initiatives personnelles. Parce que chaque membre est réellement une pierre
dans cette grande bâtisse.
Section 5 : Conclusion partielle
Notre souci dans ce chapitre était de promouvoir la
bonne démocratie pouvant faciliter la bonne gouvernance. Car il n’existe
pas en R.D.Congo une démocratie comme
l’ont voulu Aristote et Lincoln. Pour montrer la démocratie africaine est vide
de sens, nous avons par les biais de certains dirigeants africains que le
pouvoir en Afrique des indépendants s’acquiert par de voies machiavéliques.
Au premier point nous
avons relevé les quelques mérites qu’on peut accorder à Machiavel. Il est sans
contestation l’inventeur de la science politique moderne, car il lui a donné
son objet, sa méthode et son but. Comme limites et critiques, Machiavel a osé
séparer la politique de la morale et de la religion. Chez lui tous les moyens
sont bons, le pouvoir peut s’acquérir par les voies non démocratiques. Pour lui
ce qui compte dans la politique c’est l’intérêt du prince et non ceux du
peuple. En ce sens la gestion de chose publique pose problème.
Retenons que jusqu’à nos jours en Afrique certains
personnes deviennent chef d’Etat par le coup de force, par la violence et la
ruse. D’aucuns se font transmettre le pouvoir comme si nous étions encore dans
de monarchie héréditaire. Le réveil et la conscience du peuple africain ont
sonné pour dire non à la dictature, à l’oppression et au machiavélisme pour que s’installe la vraie
démocratie. Cette question à fait l’objet d’étude dans la section trois de ce
chapitre.
Le concept démocratie est très
ambigu, et pour saisir sa quintessence nous devons tous nous mettre à son école
qui est celle d’esprit et mentalité avant d’être l’art de gouverner. Notre
démocratie souffre de beaucoup maux, promouvoir la vraie démocratie c’est
reconnaître et restituer au peuple congolais sa dignité humaine. Et pour qu’un système démocratique réussisse
dans notre pays, il doit commencer par promouvoir la liberté d’expression et
d’opinion, créer un espace de dialogue et d’échange pour discuter de la gestion
de notre patrimoine ; garantir la sécurité et la paix sociale à tous les
congolais. Loin d’être exhaustif, telles sont les quelques valeurs à promouvoir
pouvant amener la R.D.C vers une démocratisation.
Conclusion générale
Il
convient à la fin de ce voyage avec « le
prince » de Machiavel sur le thème : la violence et la ruse
comme stratégies politiques antidémocratique, de ressortir les grands
moments saillant qui ont conduit cette étude que nous avons articulée en trois
chapitres.
Dans
le premier chapitre, il s’agissait de faire une étude sur le contexte
d’émergence de la pensée politique de Machiavel. La fin de l’analyse nous a
permis de dire que Machiavel n’invente pas sa pensée politique ex nihilo, il
s’est inspiré de ces prédécesseurs. De Platon comme d’Aristote, le florentin à
bénéficier d’une riche littérature qui lui a permis de fonder sa pensée. La
problématique de sa pensée s’annonce en termes d’unification de l’Italie, de la
conquête à la conservation du pouvoir.
Au
deuxième chapitre, à travers deux grands points, nous avons voulu montrer le
type de relation que le prince de Machiavel entretenait avec ses sujets. Il
sied de retenir que cette relation était basée sur les intérêts du prince et
non ceux du peuple. Cela se vérifie par le soif effréné du pouvoir par le prince
en usant de tous les moyens/ bons ou mauvais. Pendant la conquête le prince
doit faire confiance en son armée qu’à celle de mercenaire. En somme pour le
florentin les armes peuvent élever un homme à la tête d’une monarchie.
Cependant
l’accent particulier du troisième chapitre a été mis sur la démocratie
africaine : mythe ou réalité. Après une brève présentation des mérites et
une critique sur la pensée politique du florentin, nous avons abordé la
question de la touche machiavélique dans la démocratie africaine. Un regard sur
le refus du machiavélisme par le peuple africain a fait l’objet du troisième
point. Nous avons bouclé ce chapitre par une piste de solution en abordant le
point sur vers une démocratisation de la R.D.C. il ressort de cette analyse
qu’il est impérieux de promouvoir la démocratie avec les valeurs qu’elle prône,
car notre démocratie souffre de beaucoup de maux et aussi beaucoup de confusion
se prête dans la compréhension de ce terme. Voila pourquoi nous devons tous
nous mettre à son école pour éviter toute confusion possible de ce concept et
qu’enfin s’ouvre les portes pour la vraie démocratie et la bonne gouvernance en
R.D.Congo.
Nous
ne pouvons pas mettre un point final à cette dissertation, étant donné que le
problème de la démocratie avec toutes ses valeurs se pose encore à tout le
niveau. Ainsi le souci démocratique, de la bonne gouvernance doit habiter tout
le monde, surtout congolais. Il doit devenir une philosophie de vie, un combat
quotidien. L’heure est venue pour dire non au machiavélisme sous toutes ses
formes. Alors tous pourront vivre heureux et de manière agréable dans un Etat
démocratique.
Bibliographie
1. MACHIAVEL, N., Le prince, Paris, traduction de Yves
LEVY, Garnier-Flammarion, 1972.
Table des matières
1. Le machiavélisme comme maîtrise de
l'urgence……………………………………………………….7
Autonomie militaire…………………………………………………………………………………………….12
Le prince et le métier d'armes: l'art de
guerre………………………………………………………….13
[1]
Né le 4 mai 1469 à Florence dans une famille de
la bonne bourgeoisie, Nicolas Machiavel commença à vingt-neuf ans une brève
carrière officielle à la deuxième chancellerie, au service de la république.
Bientôt désigné secrétaire du conseil des Dix, qui dirigeait les négociations
et les opérations militaires de la république, il fut investi de missions
diplomatiques importantes, auprès du roi de France (en 1504, puis de 1510 à
1511), du Saint-Siège (en 1506), de l'empereur germanique (de 1507 à 1508). Son
expérience diplomatique en Italie lui permit d'approcher de nombreux dirigeants
du pays et d'étudier leurs stratégies politiques, en particulier celles du
dignitaire ecclésiastique et soldat César Borgia, alors engagé dans une
politique d'expansion en Italie centrale. Machiavel fut écarté de la vie
publique par la restauration des Médicis en 1512 et par le renversement de la
république. Il fut emprisonné quelque temps pour conspiration, puis il se
retira à sa libération dans sa propriété située à proximité de Florence. Bien
qu'il se fût efforcé de gagner les faveurs des Médicis, il ne parvint à occuper
aucun poste d'importance et demeura confiné aux fonctions d'historiographe
officiel. Il rédigea ainsi les Discours sur la première décade de Tite-Live de
1513 à 1520, l 'Art
de la guerre en 1521, et à la demande de Jules de Médicis une Histoire de Florence
(1525). Lorsqu’ainsi, en 1527, la république de Florence fut provisoirement
réinstaurée, Machiavel fut soupçonné par les républicains d'être à la solde des
Médicis et tenu à l'écart. Il mourut à Florence le 21 juin de la même
année.
[2] C’est son ouvrage le plus
célèbre, le Prince, paru en 1532, fut rédigé en 1513 et dédié à Laurent le
Magnifique, son auteur cherchant alors à rentrer en grâce auprès des Médicis. La
question centrale traitée par Machiavel, qui fonde par là même la philosophie politique
moderne, est celle de la conquête et de la conservation du pouvoir et
l’unification de l’Italie. Étudiant les différentes sortes d'États, les moyens
par lesquels ils ont été constitués et conservés, Machiavel peut en conclure
quels sont les qualités et les défauts du Prince : il apparaît que
celui-ci doit posséder à la fois « la ruse du renard », pour se jouer
de la méchanceté humaine, et la « force du lion », car il demeure
plus sûr d'être craint que d'être aimé.
[3]
N. MACHIAVEL, le prince, p.155.
[4]
C’est l’un des ouvrages de base d’Aristote dans lequel analyse l'origine et le
fonctionnement des différents régimes politiques de son époque, le IVe siècle
av. J.‑C., pour définir le meilleur d'entre eux, qui doit donner
naissance à la cité idéale.
[5]
Y. LEVY est celui qui a traduit, préfacé
et introduit le “Prince” de Machiavel dans l’édition GARNIER-FLAMMARION
[6] N. MACHIAVEL, op.cit. P.34-35.
[7]N. MACHIAVEL, Op.Cit., p. 38.
[9] N. MACHIAVEL, Op.Cit., p. 26-27.
[12]N. MACHIAVEL, le Prince, trad. de J. Gohory L IX.
[13]N. MACHIAVEL, Op. Cit., p. 37.
[14] N. MACHIAVEL, Op., Cit. p.95.
[17] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.125-126.
[18] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.141.
[22] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p. 152
[23] Cfr., Ibid., p.151-152.
[25] N. MACHIAVEL, Op.,Cit., p.131.
[29] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.133.
[31] Choses publiques
[32] N. MACHIAVEL, Op., Cit, p.97.
[34] N. MACHIAVEL, Op., Cit ., p. 99.
[40] Cfr. N. MACHIAVEL, Op., Cit., p. 199-200.
[41] Cfr. N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.29.
[44] N. MACHIAVEL, Op., Cit., p.165.
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