INTRODUCTION
A la fin de sa mission sur terre Jésus ayant confiance
aux disciples qu’il a pris le soin de former, de leur montrer tout ce que le
père lui a confié ; les envoie continuer l’œuvre que lui-même avait
commencé. C’est le début même dans la grande mission de L’Eglise. A travers des
siècles, l’Eglise assumera cette mission tout en se mettant à l’écoute des
temps qu’elle traverse. C’est dans ce sens que la mission de L’Eglise va
revêtir de formes diverses depuis les origines jusqu’à nos jours. De ce fait
quelle est le parcours missionnaire de L’Eglise. Quelles sont les nouvelles orientations de
l’Eglise par à la mission qui lui est confiée. Comment est ce que l’activité
missionnaire est conçue dans l’Afrique d’aujourd’hui. Nous aborderons cette
problématique par une approche définitionnelle, ensuite, nous ferons un survol
de l’activité missionnaire de l’Eglise depuis les origines jusqu’à nous jours,
enfin nous verrons les nouvelles orientations pour l’activité missionnaire sur
le sol africain.
I.
DEFINITIONS
DES CONCEPTS
Renouveau : Veut dire,
la renaissance, le printemps. Mieux encore renouveau renvoie au sens de la
reprise (de quelque chose) après une période de déclin. C’est aussi une transformation qui, par sa nouveauté, donne un essor (à quelque
chose).
Mission : Le mot mission signifie « envoie ». S’il
ne se trouve pas dans la Bible comme substantif, il y est bien présent comme
verbe : « Mittere »
qui signifie « envoyer » et a le même sens qu’ « apostellein » en grec. Le Père a
pris l’initiative d’envoyer son Fils. Le terme a recouvert, à partir de cet
envoi primordial, une multitude d’applications ; on parle des
« missions divines » : L’envoi du Fils et§ de l’Esprit, la
mission des douze Apôtres, la mission de l’Eglise. (Mc3, 10 ; Mt10, 1-42 ;
28,16-20 ; Mc16, 14-19 ; Ac1, 6-11).
David Bosch invite à distinguer entre mission (au singulier) et missions (au
pluriel).
La première se rapporte à la Missio Dei (mission de Dieu), à la
révélation de l’amour de dieu pour le monde, à l’engagement de Dieu avec le monde
et pour le monde, à la nature de Dieu et à son action qui concerne à la fois
l’Eglise et le monde et à laquelle l’Eglise a le privilège de participer.
La seconde concerne les missiones ecclesiae (les projets
missionnaires de l’Eglise) qui sont les formes particulières de la
participation à la missio Dei en
temps et lieux et en rapport avec certains besoins.
Dans les temps modernes, l’usage
du mot a fait oublier l’envoi. La « mission » a par exemple désigné
le poste ou la succursale de la société Eglise en territoire hors
chrétienté : Poste de mission, territoire de mission. Le but de la mission consistait à implanter
l’Eglise. Celle-ci devait être fermement établie dans les Pays où elle n’avait
que de jeunes racines. L’établir fermement demandait le développement de la
communauté chrétienne, celui d’un clergé et d’une hiérarchie
« indigène ». La situation ne devait pas perdurer. Il y eut un renouveau ecclésiologique.
Une disgrâce et un discrédit
pesèrent sur le mot mission, car le destin était trop lié à une période où
l’ère missionnaire coïncidait avec les conquêtes coloniales de l’occident
chrétien, ce qui connotait avec excès un triomphalisme outré de l’Eglise. Le second concile Vatican dut marquer le recul et le réajustement que procure le temps. D’où
la consécration du mot « Evangélisation ».
. Evangélisation
Ce mot employé trente et une fois
par le concile, désigne bien la mission à l’intérieur de la chrétienté que les
missions lointaines. On peut avancer avec Claude Geffré qu’après le concile Vatican II, « Evangelii Nuntiandi » est le témoin
de la grande mutation qui s’est opérée dans la conscience missionnaire de
l’Eglise depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
D’une part, c’est toute l’Eglise
qui est concernée par la mission : Tous les Evêques et, avec eux toutes
les Eglises locales, sont collégialement responsables de l’évangélisation du
monde. Il est significatif qu’en 1967 la congrégation de « Propaganda
Fide » devienne la congrégation pour l’évangélisation des peuples.
D’autre part, l’Eglise est en
état de mission partout, c'est-à-dire
bien dans les Pays de chrétienté que dans les pays dits de mission. Evangelii Nutiandi préfère parler de
l’Evangélisation au lieu de la mission.
L’exhortation utilise « Evangélisation » et ses dérivés pas moins de
deux cents fois. L’Evangélisation y est comprise comme concept englobant toute
l’activité de l’Eglise envoyée au monde : « un mot
unique-Evangélisation définit toute la mission du Christ ».
David. J. Bosch signale que M. Geijbels réunit sous le terme
évangélisation la proclamation, la traduction, le dialogue, le service et la
présence. Et J. Walsh écrit que : « Le développement humain, la libération, la justice et la paix
sont des dimensions intégrantes du ministère d’évangélisation ».
Dans cette perspective l’on doit
reconnaitre que la mission et l’évangélisation ne sont pas synonymes, mais
indissolublement et inextricablement liées dans la théologie et la pratique. A
la suite de D.J. Bosch, nous pouvons dire que la mission est plus large que
l’Evangélisation. La mission, c’est l’Eglise envoyée au monde pour aimer, servir, prêcher, enseigner, guérir,
libérer. Tandis que l’Evangélisation est une dimension essentielle de
l’activité globale de l’Eglise, le cœur de sa mission.
La thèse de l’implantation de
l’Eglise représentait déjà un progrès par rapport à celle du salut des âmes. Il
n’était plus question de sauver des âmes qui, autrement n’avaient aucune voie
d’accès au salut éternel, mais plutôt d’établir partout dans le monde l’Eglise,
moyen universel voulu par Dieu pour le salut des hommes. Mais cette thèse, à
son tour, était trop courte, car la position était indûment centrée sur
l’Eglise elle-même, comme si elle était une fin en soi. La thèse de
l’implantation se définit en proclamation de l’Evangile, catéchèse et
administration des sacrements ; il y règne une préoccupation exagérée pour
la croissance numérique de la communauté chrétienne, les statistiques jouant un
grand rôle.
Dans l’action évangélisatrice de
l’Eglise, il ya des éléments et des
aspects à retenir. Certains sont tellement importants que l’on aura tendance à
les identifier simplement avec l’évangélisation. L’on a pu définir
l’Evangélisation en termes d’annonce du Christ à ceux qui l’ignorent, de
prédication, de catéchèse, de baptême et d’autres sacrements à conférer.
Le but de l’évangélisation n’est pas simplement
d’amener des hommes à certaines pratiques religieuses. Il s’agit vraiment de
transformer la conscience personnelle et le comportement des hommes en même
temps que le milieu social dans lequel ils vivent. Evangéliser, pour l’Eglise,
c’et porter la bonne nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son
impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même :
« Voici que je fais l’univers nouveau ». Mais il n’y a pas d’humanité
nouvelle s’il n’ya pas d’abord d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême et
de la vie selon l’Evangile.
Le but de l’Evangélisation est
donc bien ce changement intérieur et, s’il fallait le traduire d’un mot, le
plus juste serait de dire que l’Eglise évangélise lorsque, par la seule
puissance divine du message qu’elle proclame, elle cherche à convertir en même
temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans
laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs.
II.
APERÇUE
HISTORIQUE DE LA MISSION
CONCEPTION ET PRATIQUE
Pour une meilleure compréhension
du mouvement de Renouveau missionnaire, un survol historique dans le temps et
l’espace s’impose. Ainsi, dans ce chapitre il sera question de disserter sur
comment la mission a été perçue et pratiquée dès les premières siècles de l’ère
chrétienne jusqu’au Concile Vatican II.
1.
Ier
au IIIe siècle
Le christianisme dans cette
époque est en gestation et en train de s’affirmer. La priorité est donnée au
rétablissement du peuple de l’Alliance ; le centre d’évangélisation est
Jérusalem. C’est la période apostolique et post –apostolique. La mission se
rattachait à Jésus lui-même et était
politique, même révolutionnaire[1].
La Mission est conçue comme kérygme (annonce de la Bonne Nouvelle du salut)
selon le commandement du Seigneur : « allez dans le monde entier et proclamez la Bonne Nouvelle (Mt
28,18).
La mission est vécue comme
accueil de la foi en Dieu et témoignage que les chrétiens devaient rendre du
mystère pascal du Christ. Cette foi en Dieu les poussait jusqu’au martyre.
Ainsi donc, la mission visait mettre en relation l’Homme avec Dieu et cette
relation devrait se refléter dans la vie quotidienne de l’Homme. La mission est
donc, une affaire de tous les baptisés.
2.
IV au
VI siècle
Le christianisme jouit d’une
immense liberté sous le régnât de Constantin et Théodose, après une période
prolongée de persécutions. Les chrétiens s’engagent dans l’évangélisation vue
l’atmosphère de paix qui se vivait ; et la mission est conçue comme annonce
du Règne de Dieu et proclamation de la Parole de Dieu. Le climat de paix qui se
vivait, a suscité un relâchement du point de vu du témoignage et de la
rigueur de la vie chrétienne; on voit naitre pendant cette période des
hérésies au sein de la communauté chrétienne.
3.VII au XI siècle
On assiste à des divisions et
querelles au sein de la communauté chrétienne ; on note un fait le plus
saillant, la querelle des images. Pendant que les divisions gagnaient le
dessus, l’Islam voyait le jour en 632, au sous et au regard de tous ;
l’Islam finira par ravager les communautés chrétiennes isolées par les
divisions. Les lieux saints sont envahis par les ottomans (infidèles) ;
c’est l’époque des croisades. La mission est conçue comme lutte contre les infidèles.
3.
XII au
XV siècle
Dans cette période on assiste à
la naissance des ordres et fraternités religieuses avec comme but la
prédication par la parole et le témoignage évangélique à travers une vie
chrétienne plus radicale et conforme à l’Evangile. La mission est comprise
comme annonce et témoignage de foi en Jésus Christ. L’activité missionnaire se
développe davantage, donnant possibilité de fonder une civilisation chrétienne
solide. La pratique missionnaire est plutôt ad
gentes et influencée par la politique
pontificale de plantatio ecclesia.
4.
XVI
au XVIII siècle
Le christianisme connait une
expansion mondiale avec la collaboration des congrégations religieuses et
missionnaires. On note aussi des présences missionnaires protestantes dans les
territoires de mission. La pratique missionnaire est marquée par un fort
eurocentrisme influencé par le mariage avec les autorités coloniales qui
favorisaient le système du Padroado.
Les missionnaires sont convaincus de mener une bataille contre l’incroyance et
l’enthousiasme missionnaire atteint son apogée. Dans cette même période la Propaganda Fide est érigée en 1622, sous
la Papauté de Grégoire XV. On voit aussi
émerger des courants philosophiques et scientifiques qui deviendront un défi
pour la mission car ils remettent en cause la religion ou la mission elle-même.
5.
XIX
au XX siècle
C’est la période des grandes
découvertes, du laïcisme et du socialisme qui propage la tolérance religieuse.
Ces mouvements ont secoué l’Eglise et on voit naitre des religions nationales
et un désir de recherche du paradis sur terre qu’au ciel ; bref,
L’hédonisme s’imposait.
Cependant, dans cette atmosphère
d’ombre, l’Eglise connaitra un renouveau missionnaire à travers la fondation de
nombreuses congrégations religieuses et missionnaires ; beaucoup d’initiatives
missionnaires naissent soit chez les catholiques soit chez les protestants. La
mission est conçue comme évangélisation et conversion à la foi chrétienne et
l’implantation de l’Eglise chez les peuples païens par l’annonce explicite et
implicite de la foi au Christ, accompagné des œuvres sociales et caritatives.
Après le Concile Vatican I, la
mission est comprise comme privilège pour un groupe particulier (ius commissionis) ; la pratique
missionnaire reste toujours influencée par la civilisation occidentale. Le
lapse de temps qui va de 1945 au Concile Vatican II, est marqué par les
conséquences dévastatrices de la II Guerre mondiale et par l’hégémonie de la
Russie avec l’idéologie communiste. L’enthousiasme pour les missions ad extra avait considérablement baissé
voire même la sponsorisation de l’activité missionnaire. Le sentiment qui
accompagnait l’Église était celui de changement de la façon de concevoir et de
faire la mission. La mission commençait à être considérée comme étant aussi ad intra. Ce sentiment était
particulièrement présent dans le chef des Papes qui lisaient déjà les signes
des temps, à partir des changements vécus dans des pays des missions. C’est
ainsi que, ils publient successivement
des encycliques préconisant une autre vision missionnaire pour l’Eglise ;
ce sentiment connait sa réalisation par le chef du Pape Jean XXIII qui
manifeste publiquement son désir de convoquer un concile œcuménique pour
l’aggiornamento de l’Eglise. Ce désir se réalisa avec l’ouverture du concile au
11 octobre 1962 à la Basilique S. Pierre, par Jean XXIII.
III.
VATICAN
II ET LE RENOUVEAU
Le mouvement du Renouveau
commença au XVIIIe siècle à l’ère des lumières ; où la foi chrétienne
avait perdue sa force et évidence. « L’influence profonde des Lumières sur
la pensée et pratique missionnaires s’est révélée d’autant plus inévitable que
l’entreprise moderne de la mission dans son ensemble est issue très largement
de ce même mouvement des Lumières. Le mot « mission » était conçu à
l’époque comme un simple corollaire des visées impérialiste de
l’Occident »[2].
En effet, sous la poussée irrésistible du rationalisme, l’entreprise
missionnaire s’était pratiquement effondrée. Trois facteurs de renouveau qui
ont causé une transformation spirituelle et influencé le mouvement
missionnaire : le « grand
Réveil » dans les colonies britanniques en Amérique du nord, la naissance
du méthodisme et le renouveau évangélique dans l’anglicanisme. Chacun de
ces mouvements influença profondément la mission[3].
En effet, l’ère des Lumières a poussé les chrétiens à questionner la théorie et
pratique missionnaire et à appeler à une profonde révision, c'est-à-dire à une
mutation de paradigme missionnaire. Sera donc,
le Concile Vatican II qui marquera un tournant décisif dans l’histoire
de l’Eglise ; il appelle l’Eglise à s’harmoniser avec les changements déjà
visibles dans la vie et cultures des peuples. La grande tendance est celle de
chercher une nouvelle intelligence de la mission universelle de l’Eglise[4] ;
le Renouveau de la mission suppose et appelle à une nouvelle spiritualité, des
approches et mêmes des méthodes nouvelles pour une annonce effective de la
Bonne Nouvelle du salut. La pratique missionnaire et la théologie même de
l’évangélisation vont recevoir un coup de renouveau. Les questions importantes
tournent autour du fondement de la méthodologie missionnaire pour la
re-évangélisation en profondeur des tous les peuples en tenant compte de leurs
histoires, uses et coutumes.
« Les questions théologiques
et missionnaires principales qui préoccupent l’Eglise sont :
1. Quel
est le bien fondé de la mission ?
2. Comment
déterminer la place et le rôle des instituts religieux et missionnaires dans
les églises locales ? il s’agit de revoir le système de ius commissionis.
3. Comment
s’adapter au changement progressif des structures de l’Eglise et accompagner la
naissance des nouvelles églises locales ? [5]»
A l’issu de ce Concile, la
mission reçoit un nouveau élan, surtout avec la publication des documents
importants comme Lumen Gentium et Ad Gents qui soulignent respectivement
la nature de l’Eglise et son activité missionnaire. La mission est dès lors conçue comme une
réalité pluridimensionnelle. Les acteurs de la mission comprennent alors que
Dieu parle à tous les peuple en tout temps et de tous les lieux, dans toutes
situations et qui la mission n’est seulement ad extra mais aussi ad intra.
Les formes de missions connues et pratiquées sont dorénavant géographiques et
contextuelles. Ce Renouveau missionnaire a été à l’origine des changements
importants dans le processus d’évangélisation en Afrique depuis 1960 avec la
naissance des nombreuses églises locales, guidées et présidées pastoralement
par des prêtres et évêques autochtones.
Donc, dès lors, on assiste à une évolution de
la pratique et de la théologie missionnaire. La mission aujourd’hui en Afrique
se conçoit comme dialogue, comme communion, comme inculturation, comme
libération et promotion humaine et comme prophétie. Le Renouveau missionnaire a
stimulé le processus d’évangélisation/inculturation en Afrique et a contribué à
la coexistence entre chrétiens et non chrétiens. Le chapitre qui suit développe
quelques aspects de la mission en Afrique.
IV.
MISSION AUJOUD’HUI EN AFRIQUE
PROMOTION HUMAINE ET LIBERATION
Dès le début, le christianisme a toujours uni la
proclamation de la Bonne Nouvelle au témoignage de solidarité envers les
indigents : «Aussi parmi eux nul n'était dans le besoin ; car tous
ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le
prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à
chacun suivant ses besoins» (Actes 4,34-35). Dans la relation que Paul fait à
Pierre et à Jean de son activité missionnaire il dit: « ... nous devions
seulement songer aux pauvres, ce que précisément j'ai eu à cœur de faire» (Gal
2,10).
A toutes les époques l'Église a lutté pour résoudre la
question de la pauvreté, retenant que sa mission était de témoigner le plan de
Dieu pour 1 'humanité: que nous puissions vivre comme des enfants de Dieu qui
se sentent responsables, comme des frères et sœurs unis dans une seule nouvelle
famille de Dieu, partageant justement les biens qu'il a créé pour tous. Dans ce
contexte jamais l'Église n'a-t-elle pu s'apercevoir des sources structurelles
de la pauvreté et de la marginalisation aussi clairement qu'aujourd'hui. Dans
d'autres époques, l'apport de l'Église fut surtout celui d'éduquer la
conscience humaine à devenir sensible au problème de la pauvreté. Nous
connaissons les paroles prophétiques des Pères de l'Eglise qui parlaient des
biens superflus des riches et des besoins des pauvres ; l'homme est
l'administrateur des biens de ce monde, il n'en est pas le propriétaire.
Aujourd'hui l'Église a développé une nouvelle conscience missionnaire et
sociale. L'option pour les pauvres a pris de nouvelles dimensions, faites d'une
solidarité plus profonde et prêtes à dénoncer prophétiquement toute injustice.
Allant bien au-delà des œuvres de miséricorde, l'option pour les pauvres, dans
une vision critique de la société, met en question les systèmes qui produisent
l'injustice, comme le déclare le Synode Extraordinaire de l'Église en
1985 : « L’Eglise est devenue plus consciente de sa mission pour
les pauvres, aux opprimés et aux émargés »[6] On peut trouver l'orientation du Magistère dans la
Doctrine Sociale de l'Église qui vient en aide au fidèle et lui permet d'avoir
une perception plus claire de la libération et de la promotion humaine, de
leurs aspects variés ainsi que de leur lien avec l'Évangile et les missions qui
incombent à l'Église aujourd'hui. On la trouve dans des Instructions récentes
de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et dans des encycliques des
papes.
En premier lieu le Magistère a dit clairement que la
mission essentielle confiée à l'Église
par le Christ n'est ni politique, ni économique ni sociale ; elle
appartient à la sphère religieuse. Cette mission fournit de nouveaux aperçus,
et produit des énergies nouvelles qui imposent à l'Église de nouveaux devoirs qui pourront contribuer à
l'édification d'une communauté humaine telle que la loi divine l'a établie (cf.
GS 42). En proclamant la vérité sur le Christ, sur elle même et sur 1 'homme,
l'Église contribue de façon primaire et essentielle à la solution d'un problème
urgent : le développement et la libération (cf. SRS 41). Ce sont la
quelques orientations de l’Eglise universelle par rapport à son activité dabs
le monde de ce temps.
Mais en Afrique un autre problème plus pressant se
fait sentir et demande une réponse de fond. Il s’agit du constat selon lequel
le travail abattu lors de la première évangélisation est mal fait ; du
point de sa méthode. C’est pourquoi les Africains eux vont réagir et demande à
ce qu’on puisse revoir la manière de transmettre le message de la Bonne
Nouvelle. C’est dans ce sens que ces derniers voulant prendre la destinée de
leurs églises en main feront des propositions pour un enracinement de la foi de
l’Africain. Il souhaite ainsi qu’on donner à l’Afrique la possibilité de vivre
dans sa propre manière de voir le monde. Un Christianisme à l’africaine.
L’INCULTURATION
1.
Terminologie
L’inculturation peut-être comprise comme une « des
authentiques valeurs par leur intégration au christianisme et du christianisme
dans les valeurs culturelles humaines »[7]. C’est
donc un processus pour l’Evangile de s’incarner dans les cultures et en même
elle introduit les peuples dans la culture chrétienne. En principe,
l’inculturation vise le métissage de l’Evangile avec les cultures. Mais comment
ce métissage doit-il se réaliser ? Par une influence externe de
l’Evangile. C’est-à-dire L’Evangile doit permettre aux cultures locales de se
rendre compte de ses valeurs et antivaleurs, afin surtout d’adapter ses valeurs
aux valeurs évangéliques Ainsi l’inculturation est un dialogue entre culture et
Evangile. L’Evangile doit prendre chaire des cultures afin que la devienne
culture pour les peuples évangélisés une culture.
2. Les étapes de l’inculturation
En principe l’inculturation devrait se
réaliser selon un processus graduel. D’abord, le dynamisme doit être déclenché
par le contact du message chrétien, c’est-à-dire le moment où l’Evangile
commence à être présent dans une culture déterminée. C’est étape est à aborder
avec beaucoup de délicatesse, et cela concerne le porteur de l’Evangile qui, à
ce niveau a l’impératif d’apprendre et de connaître la nouvelle culture dans
laquelle il vit (il s’agit de ses valeurs). Il doit épouser cette culture afin
de traduire son message de façon être accessible à ses auditeurs. Ensuite vient
la tâche de la transformation. Celle-ci incombe l’église locale. C’est un long
processus de purification de discernement, et de création de nouvelle forme
d’expliquer de façon adéquate et d’exprimer correctement les éléments de la
tradition. L’homme est appelé à vivre la foi dans sa propre identité sans
trahir la tradition de l’Eglise. Ainsi l’église locale réoriente sa propre
culture, la renouvelle et l’anime. Enfin, ce procès de l’inculturation doit arriver
une communion de locale avec la culture de son peuple, la communion s’ouvrira
aussi l’Eglise tout entière.
3. La Naissance de la Théologie de
L’inculturation
La question que l’on se pose c’est
que comment sommes nous arriver à parler de la l’inculturation comme la manière
efficace de la christianisation de l’Afrique ? La réponse cette à
question Léonard Santédi nous le Propose dans Dogme et inculturation en Afrique. IL dira ceci « critique d'un certain christianisme missionnaire a incité un bon
nombre de théologiens à envisager le processus de l'inculturation du
christianisme dans la nouvelle chrétienté africaine comme étant un processus de
réappropriation du christianisme en amont des dogmes et des doctrines. La
question de fond qui structure la réflexion s'annonce ainsi : peut-on être
vraiment authentiquement chrétien en continuant d'évoluer dans le cadre
institutionnel, épistémologique et esthétique de l'Occident? N'existe-t-il
qu'une façon uniformisée de faire de la science, de croire, de célébrer, de
vivre ... bref, d'être22? En d'autres termes, est-il possible d'être
chrétien sans se renier comme Africain? Et la tâche fondamentale d'une
théologie africaine ne serait-elle pas de reprendre le noyau de sens propre à
l'Évangile à partir d'une écoute de Dieu dans la situation de sociétés
africaines23 ? En fait, la question ici posée est celle de dissocier
la foi en Jésus-Christ de son expression occidentale24•
Cette question se pose
clairement pour la première fois en Afrique dans l'ouvrage Des Prêtres
noirs s'interrogent25, mais elle est reprise et développée par
plusieurs théologiens africains, notamment F. Eboussi Boulaga, J.-M. Ela, M.
Hebga, pour ne citer que ces trois noms26•.
Nous nous proposons ici de
présenter un auteur de ces auteurs qui ont offert à l’église une voie pouvant
permettre l’inculturation la foi en Africaine. J.M ELA en ce sens, souhaite dans « ma foi
d’Africain » que la foi entre dans la vie intime de l’africain. Ainsi
selon lui il faut tout d’abord cultiver
le vaste champ du symbolisme que constitue la culture africaine. Il
dira : « le vrai réel est invisible le visible n’est qu’apparence.
Tout est symbole pour l’Africain. » L’africain est l’homme qui aime parler
généralement d’une manière imagée. Le symbolisme est langage que le
christianisme doit scruter pour pouvoir y entrer afin de parler à l’homme noir
de Dieu. Voilà le deuxième des efforts que l’Eglise doit fournir. Pour arriver
à parler au cœur de l’Africain, le christianisme doit se faire violence par
rapport à sa rationalité occidentale où le symbolisme n’a pas de sens. Il doit
sortir de son épistémologie totalement étrangère à l’Africain, pour offrir à ce
dernier un langage théologique pouvant lui permettre de donner son adhésion
sans ambiguïté ou difficulté. Il nécessaire et important dans ce choc de
l’Evangile et le monde africain que l’Eglise restitue au symbole sa place et sa
valeur dans la rencontre de l’homme avec Dieu, en Jésus-Christ qui est la
manifestation de l’invisible dans le visible JM ELA pense que la foi de l’Africain doit être une
vision du monde où il se sent comme sienne .Il poursuit cette réflexion par un
appel pressant à renoncer aux modèle étranger de langage de notre langage
actuel, afin de ressusciter la Parole.
Ainsi l’enjeu actuel de
l’Evangélisation est d’arriver à façonner une pédagogie de la foi ou Dieu se
met à parler à nous comme l’un de nous. Cette pédagogie doit avoir une méthode
intégrant le récit de la passion et de la résurrection de Jésus-Christ à la
mémoire de notre peuple.[8]
CONCLUSION
En définitive, nous pouvons dire
qu’après l’ordre du Seigneur aux apôtres de continuer l’œuvre qu’il a
commencée, ces derniers se sont mis sur les routes du monde. Ils ont annoncé la
Bonne Nouvelle en se mettant bien sur à l’écoute du monde. Ainsi les manières
de ces annonces Jésus vont connaître des transformations tout au long des
siècles jusqu’à nos jours. Dans ces transformations, l’Eglise africaine va se
rendre compte que la méthode par laquelle le message évangélique a été annoncé
comporte des lacunes. C’est la raison qui les conduira à donner de nouvelles
orientations pour la mission de l’évangélisation sur leur terre. Ils souhaitent
donc qu’on arrive à inculturation de la foi en Afrique.
[1] David BOSCH, Dynamique de la mission chrétienne, histoire et avenir des modèles
missionnaires, Paris, Karthala, p.65
[2] David BOSCH, Op .cit, p.367
[3] Idem, p. 371
[4] Note du cours de l’Histoire et
Théologie de la Mission, p.25
[5] Idem, p. 49
[6] S. Karotemprel, K.Muller, et alii, Suivre
le Christ en mission, Vatican, urbaniana university Press, 1999, 406 p
[7] Idem
[8] ELA .J. M.,Ma foi d’Africain, Paris, Karthala, 1985, 224 p
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