C'est ma première fois d'aller à Mbudi nature, un lieu de recueillement et de réflexion, un lieu de loisir et d’épanouissement.
Kinshasa, 30Juin 2012
Ma première année
d'expérience au Congo
Je m’appelle Jean-Nestor AMEGNAGLO, je suis scolastique combonien, et je
suis en première année de théologie à l’institut supérieur saint Eugene de
Mazenod situé à Kintambo sur l’avenue chrétien n°13. Je suis d’origine
togolaise et je suis arrivé au Congo le 14août 2011. La République Démocratique
du Congo est un pays ouvert aux autres. Les congolais partagent leur joie et
leur peine. Cela m’a beaucoup impressionné. Parmi tant de choses et de réalités
qui m’ont frappé, j’ai voulu vous partager une et j’ai pensé faire une
réflexion sur le décès : comment se passent les funérailles dans la ville de
Kinshasa et après je parlerai un peu des autres situations selon ma
sensibilité.
En effet,
mu par le souci de vous partager quelques aspects de notre vie en tant que
Comboniens en RD Congo, permettez-moi d’abord, en ce jour où nous fêtons de ce
coté-ci notre indépendance, de vous présenter brièvement la situation
sociogéographique, politique et économique du pays, et le rapport qui existe
entre l’Eglise catholique et l’Etat congolais.
Pays d’Afrique centrale, la RD Congo est
le 4e pays le plus peuplé d’Afrique, mais le plus peuplé parmi tous
les pays francophones. Elle a une superficie totale de 2.345.000 km2, avec une
population totale de 73.599.190hbts. Sa capitale politique Kinshasa est la plus
grande ville avec 10.000.000 d’hbts. On y parle le Français comme langue
officielle, et 4 langues bantus à savoir : le Lingala, le Swahili, le
Kikongo et le Tchiluba, qui sont des langues nationales.
Pour ce qui est de son étendue, la RD
Congo est le 2e pays le plus vaste d’Afrique. Elle est constituée de
11 Provinces, et partage ses frontières avec 9 pays que sont : la
République Centrafricaine (Centrafrique) et le Soudan du Sud au Nord, la Zambie
et l’Angola au Sud, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l’Est, la
République du Congo (Congo-Brazzaville) à l’Ouest. Avant son accession à
l’indépendance le 30 juin 1960, le royaume Kongo était appelé successivement
Congo-Belge de 1908-1960. De 1960-1965, on l’a appelé Congo-Léopoldville, puis
RD Congo de 1965-1971 sous Mobutu. Elle deviendra Zaïre de 1971-1997, toujours
sous Mobutu à cause de sa politique de « l’authenticité ». Avec
Laurent Désiré Kabila, elle reprend en 1997 son ancienne appellation de RD
Congo jusqu’à nos jours. On y trouve plusieurs confessions religieuses :
les sectes, communément appelées « églises de réveil » occupent la
première place avec 35,4∕ de la
population nationale ; suivent successivement les Protestants 28,7∕, les
Catholiques 28,3∕, les Kimbanguistes 4,3∕, les Musulmans 1,2∕, les Animistes
0,5∕, l’armée du salut (secte indépendante) 0,3∕, et les sans religion 1,3∕.
Son économie est essentiellement basée sur le secteur primaire, avec comme
activités principales : l’agriculture et l’exploitation minière. Le pays
possède un important potentiel de ressources naturelles et minières ;
l’importante présence de la forêt et la grande variété des animaux en disent
long. Ce n’est pas tout ; nous possédons en grande quantité le diamant,
l’or, le cuivre, l’étain, le coltan, la bauxite, le fer, le manganèse, le
charbon, le pétrole, le gaz méthane, le cobalt, pour ne citer que ce petit
nombre. Ceci pour dire que notre pays la RD Congo constitue un énorme réservoir
dans lequel Dieu a concentré une grande partie des richesses naturelles dont
dispose l’humanité. Mais c’est justement à ce niveau que se situe son malheur.
En effet, toutes les grandes puissances ont une parfaite conscience de son
potentiel. « Et tant que dans mon poulailler, l’eau sucrée ne manquera
pas, les pigeons du voisin ne manqueront pas non plus de me rendre
visite ». Oui, vaste est notre pays, riche est notre sous-sol, et
insurmontable sont les maux qui nous avilissent. Le plan sociopolitique est
caractérisé par une insécurité qui se plait à crier son nom à haute voix. Ne parlons
même plus des assauts intempestifs des rebelles ; le cas actuel du
« Kivu », à la frontière avec le Rwanda, illustre bien cette réalité.
Nous assistons à un pouvoir étatique qui s’est complètement désengagé. Les
fonctionnaires impayés, les soldats restant les poches vides, le secteur de
l’enseignement primaire et secondaire, en grande partie, pris en charge par
l’Eglise catholique. La corruption déploie toute sa force pour occuper la
première place parmi les maux dont souffre le pays. De surcroit, remarquons la
mauvaise foi de l’Etat qui encourage la prolifération des sectes pour faire
endormir la conscience populaire. Les pasteurs, quand à eux, provoquent
l’émergence du phénomène « enfants sorciers ». En fait, dans leurs
visions, ces pasteurs ne manquent généralement pas de trouver la cause des
problèmes que traversent les foyers dans certains de leurs enfants. Ces
derniers, chassés de la maison, car étant considérés comme sorciers, deviennent
la proie de la rue. Ils sont donc ces « enfants de la rue » que, progressivement,
la rue transforme en « KULUNA ». Ils deviennent alors de véritables
instruments de destruction.
Ce n’est pas tout. Mais tout le temps que
nous passerons ici, dans le cadre de cette fête, ne suffira pas pour traverser
tous les lieux ténébreux de l’histoire de la RD Congo. Cependant permettez-nous
de nous poser ces questions que nous jugeons très importantes. Que faire
alors ? En tant que Chrétiens, avons-nous le droit de rester les mains
croisées devant une telle situation que connait notre pays ?
Resterons-nous sans chercher où se trouve la lueur d’espérance ?
Jusqu’à présent, et il n’existe
aucune preuve contraire, l’Eglise catholique constitue l’ultime espoir,
l’unique point de référence du peuple. En effet, ici en RD Congo, l’Eglise joue
un rôle très important sur le plan sociopolitique en vue du respect des droits
de l’homme. Nombreuses sont les actions menées par la Conférence Episcopale
Nationale Congolaise (C.E.N.CO.) dans ce sens. Nous pouvons citer le rôle
prépondérant joué par l’Eglise lors du scrutin jumelé présidentiel et législatif tenu le 28
novembre 2011. Aussi, suite aux fraudes massives ayant permis à Joseph Désiré
Kabila de reprendre le pouvoir selon des sources en place, elle a organisé en
la date du 16 février dernier une marche pacifique qui devrait se dérouler dans
tout Kinshasa, mais l’Etat s’y est opposé énergiquement. Rappelons qu’une
pareille marche dénommée « la marche de l’espoir » a été tenue le 16
février 1992, et s’est soldée par une tuerie massive perpétrée par les soldats
de Mobutu. Bref, depuis toujours, et pour être plus précis, à partir du jour de
l’assassinat du 1er Ministre Patrice Emery Lumumba le 17 janvier
1961, la relation Eglise-Etat en RD Congo deviendra conflictuelle, et un tel
état des faits restera sans grande amélioration jusqu’à nos jours.
Mais au cœur de tout ceci, que peut-on
dire de la présence combonienne en RD Congo ?
La présence combonienne au Congo
remonte au 08 décembre 1963, mais à titre de Délégation. Le Congo ne sera érigé
en Province qu’en 1972. Actuellement les Comboniens, au nombre de 80 environ,
sont présents dans 8 diocèses avec 16 communautés au total. Comme œuvres, la
Province du Congo dispose de :
-8
Paroisses,
-2 Centres
pastoraux chargés de la promotion des agents pastoraux,
-2
Hôpitaux,
-2 Centres
polyvalents pour les Sessions de formation : Kisangani (Maison St Joseph)
et Magambé,
Des
Ecoles,
Ce n’est pas tout ; nous avons
aussi la pastorale des Pygmées. Cette pastorale se déroule à 3 niveaux à
savoir: la Scolarisation des enfants des Pygmées, la Défense et la promotion
des droits des
Pygmées à
travers l’amélioration de leurs habitats, le développement des activités
agricoles et sanitaires, et la préservation de la dignité des pygmées dans le cadre de la justice et paix, l’Evangélisation
des Pygmées.
Soulignons que ce travail de pastorale des
Pygmées se fait en collaboration avec des Laïcs appelés « Animateurs de
camp ». Ces Animateurs sont un mélange de Bantus et de Pygmées ; ceci
pour répondre au charisme combonien « Sauver l’Afrique par
l’Afrique ». Ici, on pourra parler, à juste titre, de « Sauver les
pygmées par les Pygmées ».
Nous n’allons pas nous limiter là.
Par rapport aux activités d’Animation Missionnaire, nous avons :
-le Centre Afriquespoir,
-4 Centres officiels de Promotion
Vocationnelle, avec des cellules sur chaque paroisse combonienne.
Pour ce qui est de la formation, nous
disposons dans la Province de :
-2 Propédeutiques : Kinshasa et
Butimbo,
-2 Postulats : Kinshasa et
Kisangani,
-1
Scolasticat à Kinshasa. Au nombre de ses apostolats, le Scolasticat s’engage au
coté des prisonniers et des lépreux.C’est avec mes amis lepreux que je fais ma
pastorale, cela n’est pas facile mais pas impossible nous avons besoin de vos
prières et soutiens.
Voilà un certain nombre d’activités auxquelles
s’adonnent nos Confrères dans la Province du Congo, pour contribuer de leur
mieux à la Régénération du pays. Comme Comboni, qui ne veut rien d’autre que
consacrer ses « milles vies » à la « Régénération de
l’Afrique » ; s’il les avait, ici chacun des Missionnaires essaie de
mettre sa vie à la disposition de la mission afin qu’adviennent la gloire de
Dieu et le salut de l’homme, de la femme, de la jeunesse et de l’enfant
congolais.
Un autre aspect est que à Kinshasa, je pense qu’on préfère dépenser pour un
mort plutôt que de venir en aide à un malade sur son lit de l’hôpital ou même
s’il est coincé dans son lit dans son domicile faute de frais pour les soins
médicaux. Un mort à Kinshasa semble avoir plusieurs soutiens qu’alors lorsqu’il
était encore sur son lit de malade, la même personne était presque abandonnée
dans son propre sort. Le décès d’un parent ou d’un ami constitue pour ses
membres et ses proches une occasion de se lancer dans une sorte de concurrence.
Juste avant les funérailles, tous tendent les enveloppes remplies d’argent,
dont pour quelques uns peuvent dépasser parfois (1000$ US) milles dollars
américains comme leur participation à l’organisation des obsèques. Pire encore,
ils vont jusqu’à révéler la hauteur de leur contribution à la famille du
défunt, pour se faire remarquer ou pour faire la différence avec les autres.
Or, si cet acte de générosité avait été posé pendant que la personne souffrait
sur son lit de malade, tout abandonnée à son propre sort, on aurait sans doute
sauvé toute vie et donné à la personne la chance de vivre encore sur cette
terre…
Alors, la question que je me pose est de savoir, comment peut-on avoir de
la compassion vis-à-vis d’un cadavre ou d’un mort au lieu d’un malade ou d’un
souffrant ? Comment peut-on venir au secours d’un cadavre et sacrifier un
malade ou un souffrant qui a besoin d’une assistance ? Sommes-nous aujourd’hui
dans quel monde ?
L’autre aspect qui m’a beaucoup impressionné, c’est de voir des belles des routes
ou rues sont difficilement praticables. Le congolais aime bien la vie, la belle
vie. Il veut être heureux, mais il n me semble que si chaque congolais se donne
la peine de réparer du moins la route de sa maison, avec sa belle voiture, nous
pouvons comprendre le bien fondé de ces luxes voitures qui roulent à toute
vitesse sans tenir compte même des panneaux routiers. Voilà même les causes des
plupart des accidents qui se produisent ici dans la ville de Kinshasa.
Toutefois, ce qui est plus remarquables, c’est de voir le bon accueil du
peuple congolais. Je me suis senti comme chez moi, dès mon arrivé au Congo.
L’accueil est chaleureux. Je me suis entré facilement en contact avec les gens.
J’ai faits de chaque famille que j’ai rencontrée, ma famille et chaque
m’accueille comme un de leurs.
Voilà ce que, depuis ici en RD Congo, nous
avons voulu partager avec vous. Soyez unis à nous, au cœur de nos multiples
joies et difficultés, comme nous, en ce moment même, nous le sommes à vous pour
partager votre joie.
-Nzambe abenissa biso banso, apesa biso motema pio
ntina te biloko banso, toluka bolingi wa ye.
( Que Dieu
nous bénisse, qu’il nous accorde la paix du cœur, afin qu’en tout, sa volonté
soit recherchée).
-
Natombeli biso eyenga ya baboti malamu !!!
(Je nous souhaite une bonne fête des
parents!)
-
Natombeli biso eyenga ya lipanda malamu !!!
(Je nous
souhaite une bonne fête de l’indépendance de la RD Congo!)
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