Introduction.
Travailler
sur les nouveaux groupes ou mouvements religieux n’est pas une entreprise
aisée, à cause de son sens équivoque de leurs doctrines. Ainsi, dans ce
travail, nous aimerons saisir et situer les nouveaux mouvements religieux et
leur influence dans la vie spirituelle des habitants de Kinshasa, en République
Démocratique de Congo (RDC) : Le cas de l’Assemblée de Dieu la Borne.
Nous
allons non seulement relever les méthodes de séduction de ses mouvements
religieux, mais aussi et surtout indiquer en quoi ils interpellent l’Eglise
catholique dans son action pastorale et dans sa manière de présenter la foi
aujourd’hui.
1-Les mouvements religieux comme
signes de temps.
La ville de Kinshasa fait partie des
villes qui abritent un grand nombre de mouvements religieux. Et le professeur
MWENE BATENDE affirme : « La ville de Kinshasa est un foyer de
concentration d’une multitude d’églises spirituelles disséminées pratiquement
dans toutes les communes »[1]. Et
comme les jeunes d’aujourd’hui semblent se déraciner de leurs anciennes unités
sociales de vie collective, nombreux sont ceux qui manquent de repère, de base
référentielle, facilement les « Kinois » sont projetés et obligés de s’affronter
et de se laisser conduire à un nouveau
monde qui ne leur présente aucun lien où peuvent s’accrocher à de nouveaux
modèles, aucun cadre de référence pour trouver solution aux multiples problèmes
posés par leur nouvelle situation. Les
gens connaissent une carence d’être qui les fait vivre dans la surface, le
refus de limites et une tendance vers la facilité.
Voila un tel contexte auquel les sectes
ou nouveaux mouvements religieux prétendent apporter une solution. Ils semblent
offrir des orientations nouvelles aux personnes désemparées, angoissées,
déracinées, désespérées…, leur permettant un recommencement d’une ère nouvelle.
En bref, ces nouveaux mouvements
religieux semblent s’emparer de l’intégralité du salut chrétien qu’ils
réinterprètent et administrent leur propre prospective.
Autant, ces sectes constitue un signe de
temps autant elles sont un véritable défit permanant dans la pastorale
aujourd’hui.
2-L’enseignement de l’Assemblée de
Dieu la Borne.
Dans les nouveaux mouvements religieux,
les éléments qui sortent dans les expressions de leurs célébrations sont :
la prédication, la prière et la louange. Visiblement, tout semble fonctionnel
et il n’y a rien de métaphysique, de transcendantal ni d’abstrait. La proximité
avec le Christ se déploie en fonction des besoins vitaux essentiels des
fidèles, qui ont une notion vague du christianisme.
a-
La
christologie.
Le Seigneur et Fils de Dieu n’est
confessé dans ces nouveaux mouvements
religieux qu’en fonction de ses actions et de sa relation avec les hommes. Nous
avons noté la mention du Fils de Dieu des la première salutation par le
pasteur. Et d’amblée, il proclame haut et fort que le Fils de Dieu est Amour et
de Bonté. Ensuite, est annoncé l’horizon vers lequel doivent s’orienter les
attentes de chacun à savoir la réussite. On exclue toute spiritualité de la
croix et du combat quotidien. Enfin le pasteur doit convaincre les fideles que
le Christ a déjà accompli toutes les demandes faites.
b-
La
pneumatologie.
A l’instar de la christologie, il n’y a
pas de spéculation abstraite à propos de la doctrine de Saint-Esprit. Là, on
note que le Saint-Esprit parle dans la bouche du pasteur, pour aider les
fideles à discerner et à lire les signes de dieu dans les événements de chacun
et leur assurer la protection contre le démon.
3-
Critique.
Dans cette brève présentation du message
chrétien dans l’assemblée de Dieu la Bonne, il en ressort clairement que les
fideles vont vraiment à la recherche de Dieu. Toutefois, le contenu de leur
assemblée est limité. Cette assemblée de Dieu la Bonne exclut toute
spiritualité de la croix et prône une certaine diabolisation du monde. Leur
message central peut se résumer en la recherche d’une intervention immédiate de
l’Esprit en vue du bien des fideles. Il suffit d’entendre les différents témoignages
pour s’en rendre compte.
Du point de vue dogmatique, il n’y a rien
à mentionner ; et l’interprétation de la Bible n’est faite qu’en liaison
avec les besoins actuels des fideles.
En
général, les prédications sont puisées dans la Bible, mais les pasteurs
recourent souvent, sans que l’auditoire
s’en aperçoive, à l’enseignement des églises missionnaires. C’est dans cette
perspective que le professeur NTEDIKA affirme que « leur but final est
d’apporter d’abord des solutions immédiates et concrètes aux problèmes de leur
vie et de leur situation familiale »[2].
Conclusion.
A Kinshasa, la complexité des réalités
auxquelles les catholiques font face mérite un réexamen profond en vue
d’ « une évangélisation en profondeur ».[3]
Déracinés
par rapport aux valeurs traditionnelles, les citadins Kinois ont du mal à
s’enraciner dans la vraie foi. Cette carence au niveau profond rend les
personnes indécises et instables quand il s’agit d’approfondir la foi reçu des
apôtres.
Mais cette malaise est plus accentuée
lorsque’ les nouveaux mouvements religieux, prétendent apporter solution aux
problèmes vitaux en projetant une foule innombrable dans une spiritualité basée
sur l’avoir plutôt que sur l’être.
Somme toute, il y a là, un vrai problème pastoral en face
duquel les catholiques doivent réfléchir et tenter de donner les réponses en présentant
de manière actuelle et crédible de nouvelles voies par lesquelles elle peut
enraciner l’Evangile de Jésus dans la régénération de la vie des hommes et des
femmes aujourd’hui. Faut-il une autre théologie de la régénération ?
[1]MWENE
BATENDE, Les sectes : un signe de temps ? in C.E.R.A. numéro spécial,
vol 27-28, n*53-56,1993-1994,P35.
[2] NTENDIKA
KONDE, « La théologie au service des églises d’Afrique », in R.T.A,
n*5, 1997, P.23.
[3] Sœur
Josée NGALULA, Evangélisation en profondeur. Défis pastoraux à l’aube de
l’année de la foi, ed Mediaspaul, 2012, P.51.
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