Notre
investigation consiste à analyser ensuite résumer l’article du Professeur
ordinaire Abbé Alphonse NGINDU Mushete qui s’intitule : Pertinence et originalité de la théologie
politique en Afrique subsaharienne. Un requestionnement. Cet article est
publié dans les Actes de quatorzièmes
journées scientifiques de l’Université Saint Augustin de Kinshasa du 15 au 18
décembre 2010 avec comme thème : Politique
et Morale. Enjeux et Stratégies pour une Afrique nouvelle. Il sied
d’indiquer que ce travail s’inscrit dans le cadre de l’approfondissement de
notre cours de Théologie Africaine,
dispensé par l’éminent Professeur Docteur, l’auteur même de cet article. A
travers ce travail pratique nous voulons bien saisir la pensée de notre auteur
telle qu’elle est exprimée à travers cet article.
En
effet, la grande Révolution théologique du XXe siècle comme l’auteur de cet
article le souligne a pour noms : Théologie politique, Théologie de
l’Esperance, Théologie sociale, Théologie de la Création, Théologie de la
Culture ou de l’Inculturation, Théologie de Reconstruction, Théologie de la
Paix, Théologie de la Solidarité et de la Paix ou Théologie de la Promotion
humaine, ou de la Libération. Ces expressions sont courantes en Afrique, en
Asie, en Amérique Latine mais aussi parmi les minorités noires aux Etats-Unis.
Pour
mener à bien cette étude scientifique, nous voulons signifier avec les mots de
notre auteur que toute théologie est historiquement située, socialement
déterminée, culturellement et épistémologiquement définie. Notre travail sera
subdivisé en cinq parties hormis l’introduction et la conclusion. Dans la
première partie nous allons présenter l’apport des sciences humaines dans le
domaine de la théologie africaine, ensuite, présenter l’analyse marxiste qui
sera suivie par les caractéristiques des théologies africaines de
Libération : poids de l’histoire sur la Race Noire. La quatrième partie sera
consacrée sur le langage théologique : la pauvreté anthropologique et
structurelle, le langage théologique et l’appel des béatitudes et enfin, la
cinquième partie sera focalisée autour de la Recommandation sur le rôle des Laïcs.
I.
L’apport des sciences humaines : Une question de fond
Jadis
les sciences dites humaines et sociales étaient regardée d’un mauvais œil par
les théologiens. Aujourd’hui, l’on est presque unanime et convaincu que ces
sciences constituent un instrument d’analyse indispensable pour le théologien
africain que nous sommes. Pour le théologien, ces sciences nous aident à bien
présenter non seulement la Culture
africaine, son anthropologie et sa cosmologie mais aussi nous aident à aborder
valablement le contexte de vie des sociétés africaines. Cette exigence est
reconnue même devant les institutions de formation théologique. D’où
l’insertion des certains cours comme : Philosophie, histoire, géographie,
sociologie, art, psychologie, psychanalyse, etc. Bref, sans une bonne base en sciences
humaines, la théologie Africaine est désarmée devant l’analyse complexe de la
société africaine ainsi que de son environnement spatio-temporel. Actuellement
grâce à l’apport des sciences humaines,
l’on est convaincu que l’approche de la Vérité passe par des voies
innombrables, autres que la logique aristotélico-thomiste ou la dialectique
hégélienne.
En effet, comme dit
l’auteur de cet article, « le contexte africain est un univers complexe,
profondément enraciné dans son passé, tragiquement écartelé dans son présent et
vertigineusement tendu vers son passé ».
Ceci veut dire que si
l’on doit chercher à approfondir une réalité africaine, celle-ci doit être
considérée dans sa totalité en évitant de ne rien sacrifier dans ses aspects
même les plus minimes. Il est vrai que la nouvelle génération africaine face à
son propre univers, est souvent désorientée car tournée vers l’Occident. Dans
l’approche du contexte africain, du point de vue théologique, il est important
de s’arrêter sur l’analyse marxiste ; ainsi la problématique des sciences
humaines dans le discours théologique africain peut se trouver éclairée.
2.
Analyse marxiste
En effet, la
théologie africaine fait partie des théologies du Tiers-Monde. Ces théologies
dites « contextuelles » partent de l’analyse du monde de vie selon
JM. Ela. La théologie africaine a souvent été taxée d’employer l’analyse
marxiste chose au vue de notre auteur qu’on ne peut pas acceptée car cela n’est
vrai que pour les théologies latino-américaines car cette analyse s’applique à
la société bourgeoise et capitaliste de l’Occident, société à laquelle
appartiennent les protagonistes de la théologie de libération.
En fait, les théologiens africains insistent beaucoup sur
le dilemme aliénation ou annihilation culturelle. Les catégories de
l’aliénation marxiste s’appliquent imparfaitement à la société et à l’homme
africain. Les peuples africains, à travers la traite négrière, l’esclavage, la
domination coloniale et le racisme institutionnalisé ont été réduits à une situation
sans commune mesure avec les classes prolétaires les plus exploitées des autres
continents. Il est important de signifier que pour l’Afrique le concept
d’aliénation ne rend pas compte de cette situation. Le concept qui pourrait
être utilisé est celui d’annihilation pour essayer de cerner ce qui a été
réellement la visée de la domination et de l’exploitation de l’Afrique. Il est
important de dire que l’Afrique avait été niée dans son identité d’hommes et de
cultures. Point n’est besoin de rappeler ici. Sinon la littérature
anticolonialisme et anti-impérialisme est assez abondante. Ces situations que
nous venons à peine d’évoquer à savoir : le colonialisme, l’esclavagisme,
la traite négrière et autres sont actuellement encore visible sur le continent mais
sous autres formes. L’Occident se montre toujours comme modèle pour l’Afrique,
elle pense avoir à proposer à ce continent. Certes, un défi est lancé à nous la jeune génération
africaine face à cette situation de négligence, de paternalisme et de donneur
des leçons de la part de l’occident.
3.
Les caractéristiques des théologies africaines de libération :
Poids de l’Histoire sur la Race Noire.
Comme
nous l’avons signifié, les théologies du Tiers Monde sont souvent désignées comme
des Théologies de Libération. Certes, il est important de spécifier ce qui spécifie
les Théologies latino-américaine de Libération. Ces dernières sont récentes,
elles sont nées vers les années 1960 et elles procèdent de deux sources. La
première est la triple réaction contre de décollage économique, contre la
domination du capitalisme et de l’impérialisme nord-américain qui engendrent le
cercle vicieux du sous-développement et enfin contre l’impérialisme et
l’arrogance des écoles théologiques occidentales totalement étrangères aux réalités latino-américaine. La deuxième
source est la lecture latino-américaine de la bible, et particulièrement de
l’Evangile, dans les perspectives de le Libération.
En
effet, contrairement à la théologie de Libération de l’Amérique latine, les
théologies de libération africaines sont très anciennes. La plupart ont donnée
naissance à ce que l’on appelle les
Eglises Indépendantes. En Afrique du sud, nous avons la fondation des
Eglises Ethiopiennes, au Congo- Kinshasa comme au Brazzaville nous avons eu les
Kimbanguismes et les Mutsutanisme voient le jour après la Première Guerre
mondiale. Bref, un peu partout en Afrique de nouvelles sectes n’ont cessé de se
multiplié. Pour désigner les mouvements qui ont donné naissances aux Eglises
indépendantes africaines, les auteurs emploient les termes comme les
Messianismes, les Prophétismes, les Millénaristes etc. Tous ces mouvements en
effet, recouvrent une même réalité qui est l’effort de Libération et la
recherche du salut des peuples qui se
sentent en danger de perdition.
En
suite la problématique de la libération est une exigence réelle de l’Afrique
d’hier et d’aujourd’hui. Elle se pose comme une réaction contre le racisme et
l’apartheid sud-africains. Il est important de signifier que ce système qui se réclame
de la bible constitue la négation même de l’Evangile. Fort malheureusement Les
Eglises officielles ont pu s’accommoder à ce système. C’est important de faire
savoir que les messianismes et les Eglises indépendantes en Afrique du sud ne constituent pas le sous-produit d’une
mentalité nègre sorcelleresque, capable seulement de syncrétismes grossiers. Il
s’agit, au contraire, d’une lecture et d’une praxis africaines de l’Evangile,
les seules possibles à des hommes bafoués, opprimés par les Occident qui se croyaient
peuple élu. Ceci constitue à notre avis un défi pour le Christianisme, une
interpellation adressée aux Eglises qui ont prophétisaient de ne pas trahir
l’Evangile dans n’importe quelle circonstance.
Certes, l’expérience sud-africaine continue aujourd’hui sous des formes
sans doute subtiles.
Comme
on le voit bien, le contexte latino-américain est différent de celle de
l’Afrique. En effet, en Afrique ce sont des masses des opprimés qui poussent
leur clameur vers Dieu alors qu’En Amérique latine, le porte-parole de la
théologie de Libération ne sont pas les autochtones moins encore les anciens
esclaves noirs mais plutôt une élite intellectuelle issue des Occidentaux de la
Diaspora.
En
effet, comme l’affirme l’auteur de cet article, la problématique de la société
africaine de la Libération se pose, en second lieu, en réaction contre la
situation coloniale. C’est justement le cas des Eglises indépendantes et des
sectes dans les anciennes colonies. La colonisation se présente en fait comme
un système de domination politique, économique et culturelle. Dans un tel
système, la réflexion théologique est inséparable d’une remise en question
politique. Elle est une réaction contre toute entreprise d’annihilation
culturelle des valeurs africaines.
En
outre, la dimension politique de la théologie africaine peut se définir comme
un effort de Libération de l’homme opprimé par les systèmes de domination. Cette
dimension continue même après la colonisation, à l’intérieur des systèmes politiques de l’Afrique
indépendante. La mission prophétique de la théologie continue la mission
prophétique de l’Evangile. Il est à noter que cette observation est d’une
importance capitale par le fait que le système de paupérisation a été et
demeure encore un affront plus grave porté contre l’Homme africain.
En effet, par la
colonisation, la traite de l’homme noir, l’esclavagisme et autres, l’Africains
a été nié non seulement à travers sa langue, son art méconnus et détruits mais
aussi ses sociétés avec leurs
institutions politiques, économiques et culturelles. Ainsi donc, sauver l’Homme
africain, c’est d’abord le tirer de son anéantissement culturel. La crédibilité
même de l’Evangile est à ce prix. Et l’une des valeurs africaines que le
Christianisme doit sauver c’est l’art africain[1]. En
effet, l’Evangélisation de la Culture africaine doit veiller à ce que l’art
africain puisse devenir un nouveau langage de créativité du peuple chrétien
africain. On ne peut que se réjouir quand on constate le progrès en liturgie
qui tient compte de l’africain.
4.
Le langage théologique
a). La pauvreté anthropologique et
structurelle.
En
effet, le concept « pauvreté » est beaucoup employé dans
l’Eglise à partir du Vatican II. Certes, il n’a pas la même signification
partout. Pour les théologiens africains le pauvre est celui qui ne possède pas
les valeurs reconnues par la société en place, telle que l’honneur au
Moyen-âge, l’argent de la société capitaliste, la technologie dans la société
de demain. La pauvreté de la société africaine est liée au sous-développement
que le continent connait. Mais aussi cette pauvreté se justifie d’autre part
par la volonté expresse du colonisateur qui à travers son système politique,
économique et social mis sur pied n’a
pas tenu compte des facteurs de développement. Cette approche de la pauvreté
peut s’appliquer également en Amérique-latine. Là, la pauvreté se pose en
termes de possession et non d’être. Dans un tel contexte, la lutte contre la
pauvreté rejoint la lutte des classes. Comme nous venons de l’affirmer, la
pauvreté latino-américaine peut s’exprimer en termes de possession et de
non-possession ; celle de l’Afrique il faut le dire va plus loin. Elle
s’exprime en termes d’être et de non être. En d’autres mots, la pauvreté que
subit la société africaine n’est pas seulement le fruit du sous-développement
structurel, elle est aussi et profondément comme l’auteur l’affirme le résultat de processus
d’annihilation que nous avons évoqué. Donc, la pauvreté pour l’homme d’Afrique
et d’aujourd’hui, est d’abord au-delà du sous-développement, la négation de
l’humanité négro-africaine par les forces d’oppression.[2]
En
fait, l’homme africain a été dépouillé de son être, il a même été nié jusque
dans sa propre culture par les forces d’oppressions. Ce qui est encore dure,
l’éducation coloniale ne l’a pas vidé dans sa substance, elle lui a appris à se
nier et à se détruire lui-même.
L’africain s’est donc trouvé étranger chez lui. Comme le souligne Fabien
Eboussi Boulaga, la négation de l’homme africain avait atteint les racines
éthiques et intellectuelles, ses facultés de créativité, son sens de
l’histoire.
b). Le langage théologique et
l’appel des béatitudes
En
effet, le pauvre de la bible, est présenté comme un homme faible, chétif, sans
ressources et sans appui humains. Il se reconnait pécheur et implore le secours
de Dieu pour sa libération de son état de péché et de misère. Le pauvre dans ce
contexte ici ne s’installe ni dans le péché moins encore dans la misère. Bien
au contraire, c’est parce qu’il refuse qu’il s’adresse à Dieu. Les béatitudes
pour notre auteur ne sont ni une canonisation, ni une institutionnalisation de
la misère plutôt une mobilisation, un message d’espérance et de Libération
pour les pauvres de Dieu.
En
outre, grâce à une lecture africaine des
Saintes Ecritures le thème Libération, l’africain parvient à conclure que le
Message du salut n’est pas seulement un refus et une condamnation de la
paupérisation anthropologique mais encore un vaste programme de restauration de
l’humanité à la suite du Christ. En fait, l’appel des béatitudes s’adresse
aujourd’hui de façon particulière aux Eglises d’Afrique, terre des pauvres, du
mépris de l’homme mais aussi terre de Vie et d’Espérance où l’Evangile annonce
la restauration de l’Homme nouveau. L’humanité en siècle de l’épouvante et de
la mort a plus besoin d’un Message de Survie et de l’Espérance. Voilà donc la
signification profonde et peu remarquée de
la théologie africaine de Libération. En bref, il est question de
libérer l’Eglise du Christ de la « captivité babylonienne », et cette
libération concerne les pauvres, les
faibles, les opprimés, politiquement, économiquement, religieusement. Certes,
nous savons théologiquement, que la libération est avant d’abord et avant tout
Libération des enfants de Dieu que nous sommes, du péché et de l’oppression du
Malin. Libération est aussi Libération de l’Evangile, prisonnier, des
millénaires, des puissances de ce monde, qui, de message du Salut et de Libération, en ont fait un outil de
domination et d’oppression.
En
suite, la théologie africaine de Libération se présente comme une réforme
spirituelle des individus ainsi que des communautés à tous les niveaux, sur la
base des Béatitudes. Cette réforme se présente sous une forme de remise en
question en tout premier lieu, de l’Humanité moderne en tant qu’elle est
divisée sur tous les plans : politique, économique, sociale, culturelle et
religieux. Elle soumet ensuite à la critique les anthropologies modernes, dites
capitalistes ou socialistes, parce qu’elles sont fondées sur la division du
genre humain et la lutte pour le pouvoir et la domination. La théologie de
libération est en aussi une remise en question du Christianisme venu dans les
pays du nord en tant qu’il est divisé et ferment de division. Pour notre
auteur, l’Evangile doit être libéré de ses captivités historiques, et tous les
hommes sans distinction de race, de couleur, de race, de pays, de culture,
d’origine doivent se mettre en jugement devant Dieu et y trouver la Bonne nouvelle du Salut et de
la Libération.
5.
Recommandation sur le rôle des Laïcs
La
fonction de la Promotion de l’homme est un devoir de tout chrétien. Les laïcs
en effet, trouvent à travers cette tache le domaine le plus crucial et le plus
enthousiasmant de leur participation à la vocation à la mission de l’Eglise.
Dans ce domaine précis, il est important de souligner que le rôle des laïcs est
irremplaçable.
Tel est l’enseignement
de l’Eglise à travers le Concile Vatican II : « Les chrétiens venus
de tous les pays, et rassemblés dans l’Eglise, ne se distinguent des autres
hommes, ni par leur pays ni par leur langue, ni par leur faconde se comporter
dans la cité, aussi, doivent-ils vivre pour Dieu et le Christ selon les usages
et le comportement de leur pays, pour cultiver vraiment et efficacement en bons
citoyens, l’amour de la patrie, pour éviter cependant de manière absolue le mépris
à l’égard des races étrangères, le nationalisme exacerbé, et promouvoir l’Amour
universel des hommes … Dans l’obtention de ces résultats, ont une très grande
importance et sont digne d’un intérêt particulier, les Laïcs autrement dit, ces
chrétiens qui, incorporés par le baptême, vivent dans le monde. C’est leur rôle
propre quand ils sont pénétrés de l’Esprit du Christ, d’animer de l’intérieur,
à la façon d’un ferment, les réalités temporelles et les disposer pour qu’elles
soient toujours selon le Christ ».
Nous
voici au terme de notre investigation où il a été question de résumer l’article
Pertinence et originalité de la
théologie politique en Afrique subsaharienne. Un requestionnement. Cet
article est publié dans les Actes de
quatorzièmes journées scientifiques de l’Université Saint Augustin de Kinshasa
du 15 au 18 décembre 2010 avec comme thème : Politique et Morale. Enjeux et Stratégies pour une Afrique nouvelle. Il
est maintenant temps de justifier le choix de l’ouvrage, de l’auteur et si il y éventuellement
les difficultés rencontrés. Il est nécessaire de dire que le choix de ce sujet
provient d’une inquiétude si pas d’un doute nous avons manifesté depuis
longtemps. En effet, nous étions perplexe sur ce qu’est la Théologie Africaine
ainsi que son contenu. C’est sur ce fond que nous nous sommes permis d’étudier
cet article pour bien comprendre la pertinence, mieux l’intelligence et
l’originalité de cette théologie. Après avoir rencontré le Professeur Alphonse
NGINDU Mushiete à travers, ces conférences, ses livres, ses explications données
au cours, nous sommes sure que toute notre inquiétude a été éclairée. Nous
avons porté le choix sur l’article du Professeur Alphonse NGINDU car, d’aucuns
n’ignore que ce dernier fait partie des défenseurs acharnés de la Théologie
Africaine. Il est parmi les pionniers qui ont travaillé pour que la théologie
Africaine puisse être reconnue et enseignée. Il est parmi les chercheurs qui font
avancer cette science. Nombreux de ses ouvrages et articles en témoignent.
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