I.
L’ordre
de préférence des théologiens africains :
1.
Sœur Josée NGALULA
2.
Leonard SANTEDI
3.
Alfonse NGINDU MUSHETE
4.
Mgr. Tarcisse THIBANGU
5.
André KABASELE MUKENGE
6.
Gilbert SHIMBA Banza
7.
Engelbert MVENG
8.
Vincent MULAGO
9.
Barthelemy Adoukonou
10.
Benezet BUJO
II.
Parmi les 10 théologiens africains,
nous avons choisi la Sœur Josée NGALULA comme la théologienne de notre première
préférence et nous allons résumer son ouvrage intitule :« Evangélisation en profondeur ».
III.0.
Introduction
Dans
ces pages, nous présentons le résume du premier chapitre : Un éclatement interconfessionnel original et
suscitant des défis particuliers du livre de la Sœurs Josée NGALULA
intitulé Evangélisation en profondeur. Pour se faire, nous allons diviser ce résumé
en trois points principaux à savoir : La nouvelle donnée de
l’éclatement confessionnel du christianisme sur le continent africain ; Le
défi d’un christianisme populaire marqué par de nouveaux
« dogmes » et enfin le christianisme marqué par la peur du monde
invisible.
Notre
auteur Josée NGALULA commence ce
chapitre en faisant un constat pertinent : «Bien que confessant un seul Dieu et se référant à la personne de
Jésus-Christ, les chrétiens dans le monde sont actuellement divisés, à cause
d’un certain nombre des conflits qui jalonnent l’histoire du ‘’Nord’’ »[1].
Pour elle, l’Afrique du Nord et l’Ethiopie ont accueilli l’Evangile aux 14-16e
siècles marqués par les divisions entre les catholiques et les protestants. Ces
querelles confessionnelles en trainaient aussi des divisions au sien des clans,
des villages et même dans la famille et vite les africains ont eu une mauvaise
impression du christianisme en disant « il
est divisant par nature ».
A
l’aube de l’Année de la Foi 2012-2013, la configuration du christianisme divisé
est plus complexe, spécialement en Afrique subsaharienne marqué, depuis la fin
du 19e siècle, par la multiplication des nouveaux mouvements religieux,
ce qui suscite des défis spécifiques au christianisme catholique et une
réflexion sérieux sur l’évangélisation en profondeur.
3.1.La « nouvelle donnée »
de l’éclatement confessionnel du christianisme sur le continent africain
Ici,
la Sœur Josée NGALULA, auteur du livre « Evangélisation
en profondeur » fait voir la naissance et l’épanouissement de nouveaux
mouvements religieux en Afrique et la division du christianisme dans l’histoire
que se présente de la manière suivante : catholiques, orthodoxes, églises
issues de la reformes et autres confessions chrétiennes. Quant à l’Afrique,
nous trouvons les mouvements religieux suivant : « églises africaines
indépendantes », et «églises de réveil » ; « pentecôtisme à
visage africain ». On trouve aussi des institutions se disant
« églises chrétiennes », qui tiennent à une certaine autonomie, mais
qui ne rentrent pas dans ces trois catégories. Il s’agit de :
« témoins de Jéhovah », « Adventistes du Septième jour
(Mormons) », « Eglise néo-apostolique », « La science
chrétienne », «Assemblée chrétienne » (Brahanam), « Eglise de la
scientologie », etc.
3.1.1. Les « églises africaines
indépendantes » (EAI)
L’expression
« églises africaines indépendantes » désigne, à l’origine, des
mouvements religieux fondés en Afrique subsaharienne vers la fin du 19e
siècle et surtout durant la période coloniale, par des africains et pour des
africains, en rupture avec les institutions ecclésiales issues de l’activité
des missionnaires chrétiens occidentaux.
Le
monde très élevé des adeptes des EAI, au moins avant les indépendances des pays
africains, a fortement marqué l’histoire et le visage du christianisme sur le
continent, au point qu’à la subdivision traditionnelle
« catholiques/orthodoxe/protestants/ », s’est ajouté un quatrième
groupe : les « églises africaines indépendantes ».
La
majorité des « EAI » a disparu avec les indépendances des pays
africains, mais quelques-unes ont survécu jusqu’aujourd’hui, notamment :
« Eglise africaine d’Israël » fondée au Kenya ; « Eglise
africaine de l’intérieur » fondée au Soudan ; « Eglise de
Jésus-Christ sur la terre par le prophète Simon Kimbangu » fondée en
RDC ; « Eglise du Seigneur Aladura » fondée au
Nigéria » ; « Eglise Harriste » fondée en Côte
d’Ivoire ; « la société des chérubins et séraphins »,
« l’Eglise du christianisme céleste », etc.
Pour
notre cher auteur et émiant théologienne, la situation de ces mouvements
religieux a considérablement évolué, d’abord après les indépendances des pays
africains, ensuite depuis les années 1980 – 1990, à cause de l’invasion, sur le
continent africain par des mouvements de type évangélique et pentecôtiste.
3.1.2. Le pentecôtisme africain
Certains
manuels, dit l’auteur, classent le pentecôtisme parmi les « églises issues
de la réforme mais ils présentent des caractéristiques particulières. La
mouvance pentecôtiste, née au début du 20e siècle, s’insère dans le
grand ensemble de l’évangélisme, qui se distingue des formes plus
traditionnelles de protestantisme par la centralité de la conversion
individuelle et de l’expérience personnelle ( naître de nouveau) et
l’importance accordée à l’œuvre prosélyte et aux activités visant à convertir
le maximum de personnes (croisades d’évangélisation, télévangélisme, etc.).
Cette mouvance pentecôtiste se différencie du reste du champ évangélique
(église baptiste ou évangélique) par son insistance sur les manifestations de l’Esprit-Saint (spécialement de parler en
langue, miracles, prophéties, guérisons) ainsi que sur le « baptême dans
l’Esprit ». Sa doctrine tourne autour de quatre piliers à savoir : « Jésus sauve, guérit, délivre,
baptise et revient » ; le tout dans un contexte de pratique religieuse devant
être obligatoirement émotionnelle et expressive.
Le
pentecôtisme n’est pas à confondre avec les groupes de « renouveau
charismatique » qu’on trouve dans les paroisses protestantes ou
catholiques, bien que ceux-ci aient copié une bonne partie du vocabulaire et
des pratiques pentecôtistes.
Une
grande partie des groupes pentecôtistes privilégie la dénomination
« Assemblée de Dieu ». Sur le continent africain, des antennes
locales « des assemblées de Dieu américaines ou européennes se sont
installées dès le 1er quart du 20e siècle (Afrique du
Sud, Liberia, Burkina-Faso). Les spécialistes estiment que le Nigeria est la
troisième plus importante communauté mondiale des « Assemblées de
Dieu », après Brésil et les Etats-Unis, avec plus d’un million de
convertis. Notons que le Sénégal et le Niger demeurent très faiblement pénétrés
par le pentecôtisme.
En
République Démocratique du Congo, par exemple, les antennes pentecôtistes occidentales
ont été établies dans les années 1920, par les missionnaires suédois de la
Mission Libre Suédoise. Elles se sont éclatées en plusieurs dénominations,
telles que « Eglise de Dieu », « Vie chrétienne », etc. La
plupart d’entre elles sont membre de l’association « Eglise du Christ au
Congo » (ECC) ou de la « Communauté des églises de Pentecôte au
Congo » (CEPCO). Leur liturgie insiste sur l’expérience de la ferveur
émotionnelle, perceptible dans les chants, prières rythmées par des « alléluias »,
l’atmosphère joyeuse et exaltante. En plus de la prédication axée sur une
appropriation personnelle de la parole de Dieu, les témoignages ainsi que les
impositions des mains en vue de la guérison sont des élémentsconstitutifs du
culte. Un « chrétien accomplit » est celui qui a vécu l’effusion de
l’Esprit-Saint comme les Apôtres le jour de la Pentecôte et qui devient à son
tour témoin du Christ par sa propre personnalité renouvelée et par
l’évangélisation du prochain.
Auparavant,
les pasteurs pentecôtistes ne recevaient pas de formation car l’effusion de
l’Esprit-Saint était considérée comme suffisante. Aujourd’hui les choses ont
changé, depuis 1955 ils reçoivent une formation théologique solide notamment à
la « Faculté de Théologie Protestante » de Kinshasa. Le pentecôtisme
à Kinshasa a gardé des structures pastorales traditionnelles du
protestantisme : assemblées dominicales, sainte cène, évangélisation,
œuvres de promotion humaine, etc.
3.1.3. Les « églises de réveil »
ou « pentecôtistes »
Les
« églises deréveil » ne sont pas signalées dans les présentations
officielles des confessions issues de la Réforme du 16e siècle.
Elles ont surgit et se sont développées avec la vague des prédicateurs
indépendants ayant des « ministres » transnationaux et appelés
télévangélistes, car ils se servent largement des médias et des grandes stades
pour convertir les foules. Certains élément de la doctrine sont puisés dans la
mouvance évangélique et pentecôtistes (manifestations émotionnelles, conversion
immédiate et « publicité », des miracles) d’où leur qualification
« néo-pentecôtistes ». Les dénominations sont souvent tirées de
textes bibliques (« église de Sion », « tabernacle »,
etc.). Des dissidences y sont très fréquentes, d’où le nombre toujours de plus
en plus élevé des « églises de réveil » en Afrique subsaharienne. Le
fond doctrinal commun de ces mouvements chrétiens tourne autour d’au moins
quatre piliers :
a) Une
« théologie de la prospérité »
- le confort matériel et leluxe sont des manifestations privilégiées de la
bénédiction divine. La conséquence de cela est que les chrétiens pauvres sont
complexés et recherchent à tout prix la richesse, pour « prouver »
qu’ils sont du côté de Dieu qui bénit et non du côté de Satan qui maudit
b) Une
« théologie de la semence »
enseignant que les bénédictions divines sont proportionnelles aux dons offerts
dans la foi. Quiconque veut s’enrichir n’a qu’à donner largement aux serviteurs
de Dieu et à l’église, de manière à récolter le centuple de ce qui a été semé.
c) Une
« théologie de la gloire »
prêchant que Dieu ne contente pas de sauver que les âmes, mais qu’il a aussi le
projet d’élever socialement ceux qui croient en lui. Les bénédictions divines
doivent nécessairement inclure une ascension sociale.
d) Une
« théologie de la sacralité du livre
de la Bible » enseignant que tout ce qui est écrit littéralement dans
la Bible est la vérité inspirée par Dieu. La Bible est là pour donner des
réponses immédiates aux questions pratiques de la vie courante et, cela est
exprimé par cette formule : « la Bible a la solution pour
tout ».
La
plupart de ces caractéristiques sont puisées dans les comportements et méthodes
des télévangélistes nord-américains, qui privilégie les médias et les
techniques de charme/persuasion qui sont liées : les campagnes
d’évangélisation, se servir de chaines de radio et télévision, des livres,
vidéos, concerts des orchestres « chrétiens » polos, des sites
internet, des blogs, Facebook, etc., pour véhiculer leurs idées.
L’ « église
de réveil est entrée » en Afrique subsaharienne à partir des années 1980 avec les
prédicateurs transnationaux ou à travers des africains qui ont entré en contact
avec eux. Dans sa configuration actuelle sur le continent Africain, le courant
« église de réveil » se présenteà trois types :
1- L’extension
des « ministères » basés en Occident et créant des succursales en
Afrique, quand elles ne se sont pas carrément déplacées ;
2- Des
représentations locales « déguisées », pour échapper à certaines
contraintes de l’Etat : selon les apparences, c’est un (e) africain (e)
qui a initié le « ministère », mais en réalité, ce n’est qu’une
façade d’une organisation dirigé de l’extérieur ;
3- Des
créations locales et autonomes s’inspirant des grands mouvements de réveil
internationaux, quand ce ne sont pas des dissidences. Les fondateurs, souvent
entourés des membres de leurs familles, sont généralement appelés
« prophètes », « apôtres », « évangélistes »,
« pasteurs », etc.
Grâce
aux moyens de communication sociale atteignant les grandes masses, les
doctrines, les spiritualités et les pratiques de nouveaux mouvements religieux
font partie de la culture religieuse populaire. Ce caractère populaire provoque
un certain nombre de défis, c’est-à-dire des obstacles que le christianisme en
Afrique subsaharienne devrait surmonter, pour être plus fidèle à la foi reçue
des Apôtres.
3.2.
Le défi d’un christianisme populaire marqué
par de nouveaux « dogmes »
Ici,
le mot « dogme » est compris dans un sens dérivé, c’est-à-dire, une
opinion émise comme une certitude, une
vérité indiscutable. Ces dogmes populaires favorisent un esprit mercantile dans
la relation au Dieu révélé en Jésus-Christ ainsi que la peur du monde
invisible.
3.2.1. « C’est biblique »
Il
s’agit, d’après notre auteur, d’une conviction selon laquelle n’est
« vrai », et doit être pris au sérieux sans remise en question, que
ce qui se trouve littéralement écrit dans la Bible, même si il y a une erreur
de frappe.
3.2.2. « Dieu m’a béni »
Ici,
on exploite la « théologie de la prospérité » selon laquelle la
pauvreté est un signe de la malédiction divin. Et l’ascension sociale,
accompagné des témoignages publiques et médiatisés, comme l’unique reflet de la
bénédiction divine.
3.2.3. « Dieu m’a parlé » ou
« Dieu m’a oint »
Il
s’agit de la prétention des responsables des églises de réveil de vouloir
garder ses ouailles en les empêchant de se laisser attirer par d’autres groupes
ecclésiaux. La Sœur NGALULA appelle cette prétention « pièces à conviction »[2], c’est-à-dire
inventer des véritables histoires
imaginaires pour persuader qu’en allant ailleurs, ils ne trouveront pas mieux.
Deux pièces sont à souligne :
a) La
légitimation : elle consiste à se présenter comme étant en relation direct
et personnelle avec Dieu, de qui on a reçu une révélation, une onction et une
vocation spéciale inexistante ailleurs. Tout ceci est « prouvé » par
des citations bibliques.
b) La
manifestation d’une certaine « puissance » : ceci correspond aux
attentes de la religiosité populaire ; parler d’une voix très forte et
imposante comme signe « d’autorité », programmer régulièrement des
miracles et exorcismes, avoir un type d’imposition des mains qui fait tomber
les gens par terre et drainer des foules.
3.3.
Un christianisme marqué par la peur du monde
invisible
Un
des éléments de l’héritage traditionnel africain qui marque encore une bonne
partie des africains aujourd’hui est « la peur du monde invisible »,
spécialement du pouvoir maléfique qui peuvent avoir certains défunts
malveillants, les génies et les esprits mauvais, la peur de fétiche, de la
malédiction et de l’envoutement, de « sorcier » ou
« magicien ». Cette peur est paralysante au moins pour deux
raisons :
a) Elle
aveugle carrément les personnes sur les éventuelles autres sources du problème
(microbes provocant des maladies ; lois sociales de cause à effet, etc.)
les empêchant ainsi de résoudre ces problèmes de la racine ;
b) Elle
met les personnes convaincues d’être face à « un plus fort » (car
invisible), dans une situation de fragilité psychologique qui les expose à la
merci d’éventuels charlatans (pasteurs, prophète, apôtre, etc.) qui leur
proposeraient la « voyance » et la protection.
La
peur du monde invisible a plusieurs conséquences dans la vie du chrétien
africain à tel point que la présentation du christianisme comme
« pouvoir » du Christ et de ces disciples sur les forces du mal
invisible (le monde démoniaque) peut faire attirer beaucoup de ces personnes
vivant dans la peur des structures ecclésiales présentant un certain degré de
protection contre ce monde invisible malveillante. C’est de cette manière que,
de plus en plus, nous voyons dans nos Eglises une influence de cette mentalité
fétichiste dans la relation au Dieu révélé en Jésus-Christ. Cette mentalité se
manifeste de plusieurs manières dont nous citons quelques-unes :
-
Demandes interminables de l’eau
bénite ; demande de bénédictions des huiles, de sel ; multiplications
des neuvaines, des voyants ; usage de la Bible ou chapelet dans les
étalages de commerçants, etc.
On
croit que avec ces pratiques on va
neutraliser les forces invisibles du mal
car le Christ est force, on croit qu’on aurait plus de chances de
réussir dans tout ce qu’on va faire même si on n’est pas capable pour tel
travail ou tel domaine. Quand on ne réussit pas, c’est l’église ou le pasteur
qui n’est pas efficace et il faut change de l’église – ce que la Sœur appelle « vagabondage spirituel »[3],
c’est-à-dire le changement constante d’une église à une autre dans la recherche
de solutions à ses problèmes : sociales, financière, familière,
spirituelles, etc.
3.4.
Conclusion
Enfin,
malgré tout ce que nous venons de décrire, selon notre auteur Sœur Josée
NGALULA, il ne faut pas tomber dans le pessimisme, car les statistiques
montrent que des milliers d’africaines et d’africains sont intéressés par
Jésus-Christ, au point que le centre de gravité du christianisme est en train
de se déplacer en partie vers l’Afrique subsaharienne. Même si cet intérêt
pour le christianisme peut sociologiquement être expliqué, marqué par diverses
raisons, il demeure un point de départ pour l’évangélisation en profondeur. Etant
donné que notre réflexion s’axait sur ce point, nous n’allons pas aborder ce
second chapitre sur l’Evangélisation en profondeur car le précédant fait
l’objet de notre résumé.
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