vendredi 5 avril 2013

Saint Augustin


L’Eglise notre mère a une histoire très riche. Elle a connu en son sein des hommes qui, par leur sainteté de vie, leur ancienneté, leur orthodoxie et la communion avec l’Eglise, l’ont marquée. Ce sont ceux là que l’on appelle Pères de l’Eglise. Le terme « Père » a d’abord désigné les évêques en leur paternité spirituelle des pasteurs, puis, les évêques qui, dans les conciles, ont déterminé les règles de la foi dans l’Eglise. Ils sont les garants de dépôt de la foi qui est au fait l’héritage sacré de la foi qui a été confié, par les Apôtres à l’ensemble de l’Eglise.[1] Ce dépôt comprend les Ecritures Saintes et la Tradition des Apôtres.
Le présent travail porte sur les lettres d’un de ces pères de l’Eglise, en la personne de Saint Augustin. La première lettre a été adressée à Aurèle, évêque de Carthage ; et la seconde à Maximin, évêque donatiste. Dans cette activité intellectuelle, il s’agira de présenter en premier lieu Saint Augustin, auteur de ces lettres, ensuite présenter Saint Aurèle et Maximin, destinataires des ces lettres, présenter l’environnement théologique ou le contexte et la raison de la composition de cette lettre, enfin commenter sur leurs thèmes principaux.
I. L’auteur et son œuvre
            Augustin est né Thagaste en Numidie, actuelle Algérie le 13 novembre 354. Le calcul des probabilités permet d’inférer qu’il était sans doute de la pure race Berbère. L’Afrique d’Augustin était une terre latine. Le latin était non seulement sa langue de culture, mais déjà sa langue maternelle. Cette terre latine qui a vu naitre Saint Augustin est une province de cette grande partie romaine, qui s’honorait d’avoir étendu des limites de la cité aux frontières du monde civilisé. Augustin est né citoyen romain, son nom romain, nom de famille est Aurelius.[2] Sa mère Monique était chrétienne et  son père par contre Patricus était païen. Gagné par l’exemplaire douceur de sa femme Monique qui supportait ses colères comme ses infidélités, Patricus se fera inscrire comme catéchumène vers la fin de sa vie et il sera baptisé au moment de sa mort.
            Augustin fit des études de rhétorique dans les villes de Thagaste, Madaure et Carthage en Afrique du nord. Il vécut à partir de l’âge de dix-sept ans et jusqu’à trente et un ans avec une carthaginoise qui lui donna en 372 un fils, Adéodat. Augustin découvrit la philosophie à dix-neuf ans, en lisant l’Hortensius, œuvre de Cicéron aujourd’hui perdu. Il fut ensuite attiré par le manichéisme et y adhéra de 372 à 382.
 Il refuse une foi qui lui semble démission de l’esprit et devient membre auditeur de cette secte étrange où on lui promet de ne pas faire appel à sa croyance, mais à sa raison.  Cette doctrine  reposant sur le conflit entre bien et mal lui paraissait correspondre à son expérience intérieure de lutte entre le désir du bien et les pulsions mauvaises. Mais, dans la suite il fut déçu, en particulier par sa rencontre avec Faustus.
En 386, après un passage à Rome, il arriva à Milan, où il avait obtenu sa chaire de rhétorique. Là, il découvrit le néoplatonisme et lut les Ennéades de Plotin. Cette découverte le prépara à la conversion, dont il fut le récit dans les Confessions. Saint Ambroise, évêque de Milan occupe une place de choix dans sa conversion. Il en parle in Confessions de cette manière : « Arrivé là, j’allai faire visite à l’évêque Ambroise… A mon insu votre main me menait à lui pour qu’il me menât à vous, conscient cette fois. Cet homme de Dieu m’accueillit paternellement et se félicita de ma venue avec une charité vraiment digne d’un évêque[3]» Après cette rencontre fructueuse, Augustin s’adonna à la lecture des Epitres de Saint Paul.  Un jour, il entendit dans son jardin de Milan une voix qui lui disait « Prends et lis». Il ouvrit la bible et tomba sur le passage de la lettre aux Romains 13,13 «  Comme en plein jour, conduisons-nous dignement : ni ripailles ni orgies, ni coucheries, ni débauches, ni querelle, ni jalousie, mais revêtez le Seigneur Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » 
Sa conversion fut immédiate et se fit baptiser dans la nuit pascale du 23/24 avril 387 par Ambroise, évêque de Milan. Sa mère qui l’avait rejoint en Italie, se réjouit que ses prières aient été exaucées. Elle mourut un peu plus tard à Ostie. Signons qu’après cela Augustin regagna l’Afrique, sa ville natale à Thagaste où il fonda une petite communauté monastique. Il sera ensuite ordonné prêtre par l’évêque Valère, et par après, sacrer évêque par ce même évêque avec le droit de succession cela à la demande d’Aurelius, évêque de Carthage. Saint Augustin est mort le 28 aout 430.
Quant à ce qui concerne ses œuvres, nous signifions qu’elles sont nombreuses. Parmi lesquelles nous avons 500sermons et 218 lettres. Dans cette production nous avons des ouvrages théologiques et philosophiques, des écrits de polémique doctrinale et des œuvres relevant de la pastorale : commentaires d’Ecritures, sermons.
II. Destinataires des lettres : AURÈLE, évêque de Carthage et Maximin, évêque                donatiste.
            Aurèle fut évêque de Carthage de 392 à 430. Pendant tout ce temps, il fut le chef véritable de l’Eglise d’Afrique qui comptait alors cinq cents évêques. Il la gouverna de manière exemplaire, aidé par son grand ami Augustin, de qui il reçut de sages avis sur la conduite qu’il devait tenir à l’égard des donatistes. Saint Aurèle dut réunir plus de trente conciles tant étaient nombreux et turbulents les évêques  qui se laissaient aller à des déviances hérétiques. Il présidait le concile convoqué et Saint Augustin parlait et définissait la doctrine. Il lui demandait aussi d’écrire un traité à l’usage des monastères pour contrer les moines qui trafiquaient les reliques des martyrs pour s’en faire de l’argent ou qui taxaient lourdement les fidèles qui venaient les vénérer.[4]
            Quant à Maximin, il sied de signifier qu’il s’agit d’un évêque donatiste qu’on accusait d’avoir rebaptisé un diacre catholique. Saint Augustin veut lui demander des explications pour cet acte qu’il juge comme un crime. Son langage respire le désir de la paix, l’ardent amour de l'unité et de la vérité, et parfois s'élève jusqu'à l'éloquence. Ce sont les deux personnages à qui Saint Augustin avait adressé les deux lettres.
III. Contexte historique et raison de la rédaction de ces lettres
            La lettre XXII de Saint Augustin fut rédigée en 390 de notre ère. Nous sommes dans une époque où Théodose Ier et Gratien  règnent comme empereurs, l’un en Orient et l’autre en Occident. Il est important de signifier que tous les deux sont chrétiens et par conséquent ils élèvent le christianisme nicéen au rang de la seule religion officielle et obligatoire par l’Edit du 18 février 380, dit l’Edit de Thessalonique. Ils l’ont publié de cette façon : « Tous les peuples doivent se rallier à la foi transmise aux Romains par l’apôtre Pierre, celle que reconnaissent Damasse et Pierre d’Alexandrie, c’est-à-dire la Sainte Trinité du Père, Fils et du Saint-Esprit. »[5]
            Devant un tel fait obligeant, rien ne sera étonnant de trouver dans l’Eglise des chrétiens qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, c’est-à-dire, qui ne connaissent rien comme exigences de cette vie, car la préparation leur a fait défaut et par conséquent ces derniers vont se lancer dans n’importe quel scandale ou crime comme Saint Augustin le signifie dans la lettre XXII. A cette époque, l’Eglise était devenue une Eglise de masse. A travers ce décret des ces empereurs, les temples de l’empire de Théodose sont alors fermés, d’autres transformés en Eglises et la statue de la déesse Victoire est retirée du Senat Romains.
                        La lettre XXIII s’inscrite dans un contexte de crise, de schisme entre l’Eglise catholique  et le donatisme.  Ce dernier trouve sa genèse dans un climat de persécutions des chrétiens d’Afrique romaine. Dès les années 295-299, ces provinces africaines comptent des martyrs. Mais la répression prend une forme systématique lors de la grande persécution de Dioclétien au début du IVe siècle. Dans un premier temps, en Afrique proconsulaire et en Numidie, les gouverneurs se livrent à des perquisitions et détruisent les objets du culte. Les évêques sont sommés par les autorités de livrer les écrits sacrés et les objets du culte. Les attitudes sont diverses : Félix, évêque de Thibiuca, s’y refuse et se voit transféré puis exécuté à Carthage ; Paulus, évêque de Cirta, obéit et livre tout ; l’évêque de Carthage, Mensurius, use d’un stratagème et ne livre que des ouvrages que les chrétiens considèrent comme hérétiques.
 Mais l’édit de 304, qui exige un sacrifice général aux dieux romains, donne une nouvelle tournure aux persécutions. Les chrétiens qui refusent de s’y conformer sont menacés de mort ou condamnés aux travaux forcés. Bien des clercs cèdent alors aux vexations et aux contraintes du pouvoir. Certains chefs religieux livrent leurs coreligionnaires aux Romains et vont jusqu’à brûler en public des livres sacrés. Ces Chrétiens sont désignés sous les termes de « lapsi » — de lapsus : celui qui est tombé — ou encore de « traditores » — de tradire : livrer (les livres sacrés). C’est ainsi que l’'évêque Donat organisa le parti des intransigeants, pour qui la validité des sacrements dépendait de la sainteté des ministres. Donat est donc parti fondé une Eglise des pures comme il ne voulait pas se souiller.[6]
C’est dans ce contexte que Saint Augustin apprend que Maximin, évêque donatiste fut rebaptisé le diacre Mutugenne qui venait de l’Eglise catholique. Augustin lui adresse alors cette lettre pour lui demander des explications à cet égard et l’inviter à des conférences de vive voix ou par lettres.


IV. Les thèmes et commentaire de ces lettres
a) La lettre XXII
            Dans la lettre XXII, Saint Augustin développe trois thèmes ou trois maux dont souffre l’Eglise d’Afrique. Il s’agit de la débauches et ivrogneries, impudicités et dissolutions et enfin querelles et jalousie. Ces trois maux lui viennent de la lettre de Saint Paul aux Romains 13,13.     Il exhorte son ami Aurèle de pouvoir l’aider à les extirper au sein de la communauté chrétienne car ces maux qui constituent un grand scandale et un crime au sein du peuple chrétien.
En effet, Saint Augustin se retrouve en écrivant cette lettre en Afrique, précisément à Thagaste dans sa ville natale. Il se montre très inquiet pour l’avenir de l’Eglise. Il déplore des usages grossiers et coupables sous apparence de religion dans les cimetières et sur les tombeaux des martyrs.  Les trois crimes ou scandales dont Saint Augustin fait mention dans cette lettre constituent les maux que Saint Paul exhorte aux Romains de faire attention comme jadis. Pour notre auteur, personne de coupable de ce crime n’est jugé digne non seulement du ministère ecclésiastique, mais aussi de la communion des sacrements.
En outre, ces trois scandales à savoir, les débauches et ivrogneries, impudicités et dissolutions, querelles et les jalousies ayant comme lieu privilégié les cimetières sont aux yeux du peuple charnel et grossier  honorent non seulement les martyrs, mais encore soulagent les morts.  Ils sont même pratiqués au dire de Saint Augustin dans des maisons même de prière, ce qu’il n’arrive pas à digérer. Il souffrirait que ce crime soit en dehors de ces lieux sacrés. Il le signifie de cette façon : « Supportons, si l'on veut, ces choses dans le désordre de la vie de famille, dans les festins qui se font à l'intérieur de la maison, et recevons le corps du Christ en compagnie de ceux avec qui on nous défend de manger le pain; mais au moins qu'une si grande infamie soit écartée des sépulcres où reposent les corps des saints, des lieux où l'on dispense les sacrements, des maisons de la prière. Qui oserait interdire dans les demeures particulières ce qu'on appelle honorer les martyrs, quand on le fait dans les lieux saints?"
Ensuite, Saint Augustin, pour montrer sa sollicitude envers l’Eglise, à travers ce texte, il essaye de proposer à Aurèle les moyens nécessaires pour pouvoir extirper ce crime au sein du peuple chrétien. Vu sa lourdeur, l’autorité du concile est bien placée pour lutter contre pour le faire. Cependant, cette autorité doit être accompagnée non pas à travers des prescriptions. Ceci  c’est pour ne pas tomber dans le risque de craindre dans l’évêque la puissance de son autorité au lieu de craindre Dieu qui parle à travers ces paroles. Plutôt l’autorité du concile doit être accompagnée par des instructions qui ne soient pas ni farouchement, ni durement moins encore impérieusement mais ces instructions doivent passer par des avis. Les menaces sont nécessaires cependant elles doivent être employés avec douceur.
b) La lettre XXIII
            Dans cette lettre, le thème principal nous semble être le baptême. Saint Augustin à travers cette lettre comme nous l’avons signifié un peu plus haut demande à Maximin, évêque donatiste de lui fournir des explications nécessaires sur le rebaptême du diacre MUTUGENNE. Il signifie d’être violemment affligé non seulement de la malheureuse chute de ce diacre maie encore plus du crime de Maximin. Pour lui montrer la lourdeur de ce crime, Augustin le signifie de cette façon : « Je fus violemment affligé et de la malheureuse chute de ce diacre et de votre crime si imprévu, ô mon frère Je sais ce que c'est que l'Eglise catholique : les nations sont l'héritage du Christ, et son royaume n'a pour limites que les limites de la terre. Vous le savez, vous aussi, et, si vous l'ignorez, apprenez-le ; cela est facile lorsqu'on le veut. Rebaptiser un hérétique déjà marqué de ce sceau de sainteté qui est une tradition de la discipline chrétienne, c'est tout à fait un péché; mais rebaptiser un catholique, c'est un crime énorme. »
En effet, en apprenant cette situation, Saint Augustin était parti à la rencontre du diacre Mutugenne pour savoir davantage si l’information reçue était conforme à la réalité. Malheureusement, il l’avait vu. C’est ainsi que Saint Augustin avait trouvé les parents du diacre Mutugenne et ces dernier avaient confirmé l’information selon quoi leur fils, diacre de l’Eglise catholique s’était fait un membre  de la secte donatiste et par conséquent il s’était fait baptisé. Notre auteur demande à ce dernier de lui notifier cela par écrit si cela était vrai. Pour arriver à cela, Augustin l’invite à faire preuve de maturité et de liberté sans être influencer ou avoir peur. Il le dit de cette façon : «  Pourquoi votre voix n'éclate-t-elle point avec une heureuse et triomphante liberté? Pourquoi cachez-vous sous le boisseau l'utile éclat de votre lumière? Pourquoi, vous dépouillant des vieux haillons d'une servitude timide pour vous revêtir de confiance chrétienne, ne sortez-vous pas et ne dites-vous pas : - Je ne connais qu'un baptême consacré et marqué par le nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit; il est nécessaire que j'approuve cette forme partout où je la trouve; je ne détruis pas ce que je reconnais venir du Seigneur; je ne souffle pas sur l'étendard de mon roi ? ». Notre auteur promet au diacre Mutugenne que la lettre qu’il va lui envoyer ne sera pas lue par lui-même mais aussi elle sera lue pour tout les fidèles dans l’Eglise. Ceci pour mettre les fidèles, lesquels le diacre Mutugenne servait avec courage et fidélité au courant de la situation et ainsi les avertir en leur donnant des enseignements là-dessus.  
Face à cette situation, Saint Augustin se dit d’avoir froid au dos ; il n’a pas se contenir ni garde son calme car, un crime comme celui-ci doit être porté à la connaissance de tout les membres de la communauté ou mieux à l’Eglise, rebaptisé un diacre pour lui cela constitue une véritable mort de l’un des frères. Il s’exprime de cette manière : « Je ne puis me taire au sujet de notre diacre rebaptisé, car je sais tout ce qu'il y aurait de mauvais pour moi dans un tel silence. Je ne songe pas à passer inutilement mon temps dans les honneurs ecclésiastiques, mais je songe à rendre compte au Prince de tous les pasteurs des brebis qui m'ont été confiées. Si par hasard vous ne vouliez point que je vous écrivisse ces choses, il faudrait, frère, pardonné à mes craintes : j'appréhenderais beaucoup que d'autres catholiques fussent rebaptisés par vos amis, si je me renfermais dans le silence ou la dissimulation. J'ai donc résolu, autant que le Seigneur me donnera de pouvoir et de force, de conduire cette affaire de manière à ne laisser ignorer à aucun de ceux qui sont en communication avec nous dans nos conférences pacifiques combien grande est la différence entre l'Eglise catholique et les hérésies ou les schismes, et combien il faut éviter ces zizanies, ces sarments retranchés de la vigne du Seigneur. »
Pour finir, Saint Augustin invite le diacre soit à pouvoir lui écrire sur le vrai motif de son baptême ou bien à pouvoir accepter d’engager avec lui une série des conférences.
V. Appréciation personnelle : Augustin face au donatiste pour la validité de baptême.
C'est ici qu'intervient la réflexion sur le baptême, qui est la porte d'entrée dans l'arche. Alors que les donatistes considèrent les sacrements donnés par les traditores comme invalides, Augustin fait dépendre leur validité non pas de la qualité morale du ministre, mais de l'action salvifique du Christ. Même donnés hors de l'unité de l'Eglise, les sacrements sont valides. Ce dernier point n'allait pas de soi, car il se heurtait de front à l'autorité de Cyprien, dont se réclamaient justement les donatistes.
Cyprien considérait en effet comme invalide le baptême donné hors de l'unité. Augustin va reprocher aux " Cyprianistes " - les donatistes - de mal comprendre le ma"tre en ne distinguant pas " entre le sacrement et l'effet ou le fruit du sacrement " . Selon Augustin, Cyprien n'a pas nié la validité d'un baptême administré par un ministre indigne, comme le prétendent les donatistes, mais seulement le baptême conféré par un ministre séparé de l'Eglise, et faisant cela, il n'a jamais dit que le baptême était invalide, mais seulement qu'il est inutile au regard du salut et même nuisible. " Seul le catholique bien disposé reçoit le sacrement recte, utiliter, salubriter, fructuose, ad salutem ; à lui seul, il est utile : prodest ; au contraire le dissident et le mauvais catholique reçoivent le baptême perniciose, poenaliter, ad judicium ." [7] Si Augustin reconnaît donc qu'il existe chez les donatistes des " biens " d'Eglise, des vestiges d'Eglise, tel le baptême, il ajoute aussitôt qu'ils ne possèdent ces biens que pour leur perte, faute d'avoir la charité, c'est-à-dire d'être unis au Corps du Christ. Car la charité est " le don qui compense pour l'absence de certains autres ", mais sans ce don, tout le reste " est possédé en vain ". Quiconque vit hors de l'unité ne peut pas réellement recevoir l'Esprit. Tous les dons que les donatistes peuvent posséder ne valent donc rien. En conséquence de cette doctrine, celui qui a reçu le baptême, fût-ce par un ministre indigne ou schismatique, n'a pas à être rebaptisé, mais pour que son baptême produise son effet, il lui faut revenir à l'unité. Citons ce texte-clé d'Augustin : " Les sacrements peuvent être possédés et administrés par ceux qui sont l'ivraie du dedans (intus = les mauvais chrétiens), non pour leur salut, mais pour leur perte qui les destine au feu ; ils peuvent l'être aussi par ceux qui sont l'ivraie du dehors (foris = les donatistes) et qui les ont reçus de l'ivraie du dedans entrée en dissidence, car la dissidence ne les leur a pas fait perdre. En voici la preuve indubitable : à leur retour, on ne les redonne pas à ceux d'entre eux qui s'étaient retirés et qui viennent à rentrer. " (De baptismo, IV, 9, 13, BA 29)




[1] Dei Verbum, 10
[2] Henri Irené, Augustin et l’augustinisme,pp12
[3] De Confession V, 13,23.
[4] .P. Gabriel, Lire les Pères de l’Eglise, Paris, Desclée,1981.
[5] . Ibidem; p.152
[6] . J.KELLY; Initiation à la doctrine des Pères de l’Eglise, Paris, Cerf, 1968.p.45

[7] .Ibidem,p.245.

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