Analyser Cyprien, Lettre 69
I.
Situation de Cyprien et sa lettre
69.
Nous sommes au III° siècle avec Cyprien de
Carthage. Né vers 210 d’une famille de l’aristocratie carthaginoise, Cyprien
fait une très bonne étude et devient un brillant rhéteur. C’est un païen qui
menait une vie désordonnée et dissolue comme ses contemporains. Grâce à
l’influence de son ami Caecilianus, il se convertit au christianisme et reçoit le
baptême vers 245/246. Cyprien renonce à la vie aristocratique et à la culture
profane. Il n’y a plus pour lui désormais qu’une seule vérité : la Parole
de Dieu ; qu’une seule autorité : l’Ecriture sainte ; qu’une
seule sagesse : celle de Jésus Christ. Il est ordonné prêtre puis à la
mort du primat de Carthage Donatus en 248, Cyprien malgré lui, est élu par le peuple pour le remplacer.
Cependant un parti d’opposition de cinq prêtres se dresse contre lui et ne
cessera de le combattre. Cyprien passe l’exécution de son programme de réforme
institutionnelle et ecclésiastique : ramener la communauté chrétienne à
son identité et le clergé à sa mission spécifique. A ce renouveau spirituel et disciplinaire à
peine commencé, connaît un retentissement à travers toute l’Afrique. Collègues
et Eglises voisines se mettent à le consulter sur des questions de discipline
ecclésiastique. La valeur du baptême conféré par les hérétiques fut aussi une
pomme de discorde entre l’évêque de Rome et Cyprien de Carthage.
Faut-il, oui ou non, rebaptiser les hérétiques
et les schismatiques pour leur réadmission ? Telle fut la question autour
de laquelle va s’articuler la Lettre
69 de Cyprien à son fils Magnus. Connaitre
mieux Cyprien et son ouvrage, nous permet de comprendre la contribution
que son œuvre apporte dans l’histoire du christianisme. La Lettre 69 de Cyprien est due à une circonstance particulière et
sert à une fin pratique. Cette Lettre est écrite sous le pontificat d’Etienne
Ier (254-257) traitant de la controverse baptismale. Homme d’action, Cyprien se
souciait plus de diriger les âmes plutôt que des spéculations théologiques. Sa
Théologie exerce une influence profonde sur la législation ecclésiastique. Son
enseignement sur la nature de l’Eglise forme le centre de sa pensée
théologique. A propos du baptême, Cyprien affirme qu’il faut rebaptiser les
hérétiques, parce que leur premier baptême était invalide. Face à cette demande de son fils Magnus,
Cyprien essayera d’exprimer sa foi et sa conviction sur quelle ligne de conduite
va s’inscrire l’affrontement entre les mœurs chrétiennes et les hérétiques ou
schismatiques. Comme Pasteur, Cyprien sera le moraliste qui dégage les
exigences chrétiennes. Il multiplie les avertissements pour ceux qui sont
contre l’Eglise fondée sur les Apôtres.
II/ Les thèmes principaux
Ø Le
baptême : Pour Cyprien le baptême est valide s’il est administré et
sanctifié dans l’Eglise Catholique, vrai et unique baptême de l’Eglise.
Ø La
foi : Pour Cyprien, les hérétiques et les schismatiques doivent revenir à
l’Eglise du Christ.
Ø L’Eglise
Catholique : Pour Cyprien, l’Eglise seule a l’eau vivifiante et le pouvoir
de baptiser et de purifier.
Ø Grace
divine et Salut : Pour Cyprien, quand il s’agit des sacrements du salut,
Dieu se montre indulgent, et tout est conféré aux croyants dans des raccourcis
divins.
III / Commentaire du thème
important de Cyprien dans sa lettre
69.
Dans
l’exposé de Cyprien, nous constatons que la doctrine baptismale est le pivot de
sa réflexion. En effet, le problème de la validité du baptême des hérétiques et
des schismatiques est une des questions doctrinales que Cyprien va développer. Cyprien confirme que les hérétiques et les
schismatiques ne possèdent pas le baptême et qu’ils n’ont pas le droit de
baptiser lorsqu’ ils désirent revenir à l’Eglise Catholique. Pour lui le
problème de la validité du baptême est source du salut à l’intérieur de
l’Eglise. Cyprien accuse les Novatiens d’être séparés de l’Eglise catholique et
les successeurs des Apôtres, la véritable Eglise catholique. Pour Cyprien, la véritable
Eglise est celle qui est restée en communion avec la tradition des Apôtres. Cette
Eglise qui rassemble toute la famille, symbolisant l’union de l’Eglise. Pour
Cyprien « l’arche de Noé
était la figure d’une Eglise unique » et les hérétiques et les schismatiques sont les « antichrists » dont parle
Saint Jean. D’où le baptême des hérétiques n’est pas valide. Car, pour Cyprien,
en dehors de la vraie foi, en dehors de la
vraie Eglise, le baptême ne peut pas
exister. Le baptême ne peut exister qu’à l’intérieur de l’Eglise. C’est de
cette optique qu’il affirme que « hors
de l’Eglise point de salut ». Cyprien,
tout en niant la validité du baptême des hérétiques, n’a pas rejeté le
sacrement administré par un catholique pécheur.
Pour
ce qui concerne la grâce divine, Cyprien a conscient que personne n’a de
jugement tout fait à recevoir de son humble et modeste autorité. Pour Cyprien,
quand il s’agit des sacrements du salut, Dieu se montre indulgent, et tout est
conféré aux croyants dans des raccourcis divins. Par conséquent, Cyprien est
d’avis que quiconque dans l’Eglise a reçu la grâce en vertu de la foi, doit
être considéré comme authentiquement chrétien.
IV / Appréciation personnelle.
Cyprien a le mérite de sauvergarder
l’unité de l’Eglise en défendant la validité du baptême à l’intérieur même de
l’Eglise et en mettant à garde toute sorte de doctrine contraire à
l’enseignement de l’Eglise catholique. Toutefois, le fait de rebaptiser les hérétiques
et les schismatiques que prône Cyprien, semble nier la valeur du sacrement
administré au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit comme le pense Saint
Augustin en déclarant que « Tout
baptême conféré au nom de
la Trinité est valide, indépendamment de la foi
du ministre où du catéchumène ».
Nous ne nions pas le rapport étroit qui
existe entre le baptême –la foi et l’Eglise comme le pense Cyprien. Nous
trouvons en Cyprien, un Pasteur humble qui ne s’impose pas mais qui propose et se propose.
Aujourd’hui avec le développement de
l’œcuménisme qui a commencé avec le
concile Vatican II, nous sommes ouverts au baptême administré par nos églises
sœurs séparés. D’où l’Eglise catholique reconnait ces baptêmes comme valide et
cherche des moyens pour d’unité des chrétiens.
Conclusion
Eu égard à tout ce qui précède, et
surtout dans ses lettres en particulières, nous voyons Cyprien comme un Pasteur
incontournable de son époque par ses qualités qui font de lui un administrateur
pointu, clairvoyant et ferme dans sa foi. Par là, il a marqué la législation de
l’Eglise latine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire