Le défi de la
contextualisation
1.
A.NGINDU Mushete, FOI et culture. L’enjeu
africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012.
2.
J.M.ELA, Repenser la théologie africaine.
Le Dieu qui libère, Paris, Karthala, 2003.
3.
L.SANTEDI, Dogme et inculturation en
Afrique. Perspective d’une théologie de l’invention, Paris, Karthala, 2003.
4.Kä
Mana, La nouvelle évangélisation en
Afrique, Paris, Karthala, 2000.
5.
A.RAMAZANI, Eglise famille de Dieu.
Esquisse d’ecclésiologie africaine, Paris, Lharmattan, 2001.
6.
E.NTAKARUTIMANA, Vers une théologie
africaine. La théologie et les théologiens au Congo : Projets et défis
dans la période de l’après indépendance(1960), Fribourg, Editions
Universitaires de Fribourg Suisse, 2002.
7.
D.MAFUTA, Double appartenance des
chrétiens africains ? Inculturation et pluralité religieuse, Paris,
L’Harmattan, 2010.
8.
V.NTUMBA, Trois clés pour une lecture
africaine du Nouveau Testament, Kinshasa, Carmel Afrique, 2009.
9.
A.KABASELE, Lire la Bible dans une
société en crise. Etudes d’herméneutique interculturelle, Kinshasa,
Médiaspaul, 2007.
10.
V.MULAGO, Un visage africain du
christianisme, Paris, Présence Africaine, 1962.
Parmi
ces dix théologiens, mon choix est porté sur :
A.NGINDU Mushete, FOI et culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012.
Mon
champ de réflexion porte sur :
Le
défi de la contextualisation
J'ai choisi cet auteur pour deux raisons : d’une part, il est très actuel et
concret dans sa manière d’aborder la question. D’autre part, il répond à deux
questions fondamentales et incontournables de l’homme africain :
l’inculturation et la reconstruction. Etant aussi africain, je me sens
confronté par ce défi (le mépris de l’homme noir). C’est une question qui
demeure tant qu’il y a un noir et un blanc. Permettez que je dise : c’est
un perpétuel combat. Par conséquent, le noir doit s’affirmer.
J'ai choisi de réfléchir sur ce chapitre parce qu’il me donne des pistes de solution
sur mon identité entant qu’elle est niée par l’occident. Je me rends compte que
la libération de l’homme africain ne dépend pas de l’occident, mais de lui-même
avec son Dieu.
Le défi de la contextualisation
L’Eglise
qui a toujours pensé globalement, doit désormais agir localement pour répondre
aux exigences du temps présent. Par suite, le défi de la contextualisation
s’inscrit justement dans cet agir local. Ceci dit, notre résumé peut s’ouvrir
par une question comme celle-ci : N’est-il pas évident et urgent de fonder
localement cette Eglise en lui dotant de tous ses moyens d’action sur le plan culturel, éthique, disciplinaire et
théologique ?[1]
Cette question, nous renvoie en effet à une nécessité de reconnaitre la
théologie africaine. L’initiative de créer une église locale, est un effort d’inculturation.
C’est cet effort qui sera sérieusement combattu par les non africains. D’où,
nécessité de se défendre ou mieux de répondre à ce défi.
Le
défi majeur est celui de nier ou de mépriser toute initiative d’inculturation
de l’évangile en Afrique. C’est une façon d’illégitimer la théologie africaine.
L’idée essentielle de ce chapitre est celle ci : La théologie africaine
existe et doit exister. Car, toute théologie est historiquement située,
sociologiquement déterminée et culturellement
définie. D’ailleurs, toute pensée n’est que culturelle parce que l’homme
est un être en situation, c’est-à-dire qu’il appartient toujours à une race, à
une nation, à une tribu, à une culture, à une famille, etc. Ainsi, son agir ne
peut pas se passer du contexte culturel. Par suite, la thèse de la
contextualisation peut être soutenue par les propos éloquents du feu Cardinal
Malula qui disait : « Les
missionnaires européens ont jadis christianisé l’Afrique, aujourd’hui les
chrétiens africains vont africaniser le christianisme ».Il ne s’agit plus de faire des discours,
très peu suivis d’effets, sur le paradigme dominant de cette seconde étape de
l’évangélisation qu’est L’INCULTURATION, mais de poser des actions concrètes[2]
(ajouta Joseph NDOUM). Il s’agit donc d’interpréter l’évangile à la manière
africaine pour répondre aux exigences
En
effet, que veut dire évangéliser ? L’auteur nous fait voir que
l’évangélisation n’est pas une imposition de model, de discours, de manière de
penser, de culture, etc. Mais plutôt la transmission du message tenant compte
des valeurs humaines retrouvées dans une culture donnée. Notons que si le
message de l’évangile n’est pas inculturé, il ne peut pas toucher le cœur de
l’homme. Par conséquent, il sera difficile de parler de la conversion qui est
le but même de l’évangélisation. Bien entendu, l’interprétation doit
nécessairement être culturelle au risque de prêcher au désert. Ainsi donc,
l’évangélisation devient une manière de rendre un peuple capable d’interpréter
le message dans sa propre culture. Un message bien interprété, reste toujours
susceptible d’être intériorisé et de porter des fruits concrets. Il revient
donc aux peuples de se découvrir à partir du message de l’évangile.
En
effet, l’auteur pense que c’est aux peuples de se construire eux-mêmes comme
une société, une nation et une église. L’évangile contient justement une
dimension qui est celle de rendre les peuples responsables de leur situation
pour qu’ils s’en sortent. Car, il y a plus de joie de trouver soi-même la
solution au problème que de la recevoir d’ailleurs. Un bon missionnaire ne peut
jamais se prétendre être la solution pour les peuples. Il est par contre appelé
à guider le peuple vers Dieu. Conduire le peuple vers Dieu, c’est dire à tout
homme « Voici l’agneau de
Dieu » (Cf Jn1, 35), et le peuple est libre d’aller vers cet agneau. La
mission qui lui est confiée, est celle d’aider les peuples à prendre conscience
de leur état de péché. Certes, quand l’homme se rend compte qu’il se détruit,
il cesse de le faire. Le sens de l’évangélisation est de rendre l’homme
responsable de sa propre vie pour l’inviter à un effort personnel de se libérer. Car évangéliser quelqu’un, c’est le libérer
de son esclavage. L’Evangile nous rend libre ; cette libération n’est pas
en de hors de la culture. Ainsi, il n’y a
d’inculturation que libératrice, et il n’y a de libération qu’enracinée dans
une culture donnée[3].
En
outre, l’essentiel est d’amener l’homme à se découvrir et à devenir soi-même
pour qu’il sente en lui, une nécessité
de se libérer. Car il est difficile de sauver l’homme sans qu’il le veule.
Dieu, pour nous sauver, il a pris notre condition, c’est-à-dire il s’est fait
homme. Peut-on devenir homme sans être incorporé dans une culture donnée ?
En effet, nul n’ignore que Dieu s’est inscrit dans l’histoire d’un peuple, même
dans sa manière de penser et de vivre, pour le sauver. C’est dans ce contexte
là que le message de l’évangile nous est parvenu.
Notons
que l’évangile, avant d’être un message universel, il est d’abord une parole
adressée directement à un peuple pour son salut. D’où, le véritable problème
comme celui de salut, de développement, ne se pose que dans une perspective
culturelle. Il faut donc souligner que l’interprétation culturelle d’une
question fondamentale ne se négocie pas ; elle s’impose. Nous ne pouvons
comprendre un message que s’il nous est adressé, c’est-à-dire s’il est transmis
dans une langue que nous comprenons et dans un contexte culturel qui est le
notre. Certes, si le message du Christ n’était pas contextualisé, il resterait
un discours oiseux, sans être compris par qui que ce soit. Ne peut être compris
et accueilli que ce qui est transmis dans un contexte culturel. En effet,
J.MELA le dit mieux en ce terme : « Nous ne savons pas ce que nous croyons si nous ne le disons pas dans
notre propre langage »[4].
Il s’ensuit que toute réalité humaine ne peut être exprimée que dans un langage
aussi humain. C’est ainsi que le Christ s’est servi même du langage de son
peuple pour lui expliquer la réalité d’en haut. Ainsi, toute parabole ne peut
pas ne pas faire allusion à la réalité juive quand il faut lui transmettre le
message. Disons par exemple que « le
royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé
dans son champ… » (Cf Mt 13,31)[5]. Si
le peuple juif n’avait pas une culture du grain de sénevé, le Christ ne
l’évoquerait pas dans cette parabole ; il parlerait d’une autre chose.
Nous pouvons donc dire que le Christ a posé un geste de la contextualisation.
Pour
conclure, l’inculturation est une exigence de l’évangélisation. Ceci dit, on ne
peut pas ne pas parler de la théologie africaine puis qu’elle s’impose de soi. Il
n’ya aucune raison de dire non à l’inculturation parce que la parole de Dieu
est toujours et déjà située dans un contexte. En outre, le principe d’incarnation
correspond même à ce geste d’inculturation. Dieu s’est contextualisé dans une
situation bien déterminée en vue de sauver le genre humain. Etant Dieu, il
pouvait sauver l’homme autrement qu’être inscrit dans une culture. Mais il ne
l’a pas fait ; peut être pour montrer l’importance de se situer dans un
contexte. Vue cela, disons donc que l’inculturation est importante comme une
étape de l’évangélisation.
[1]
Cf A.NGINDU.Mushete, FOI et culture.
L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012. P 7.
[2]
J.NDOUM, L’INCULTURATION A TOUT
PRIX ? Essai sur le christianisme post-missionnaire en Afrique noire,
Limena (Italie), Imprimenda, 2005. P 5.
[3] Cf
J.M.ELA, identité propre d’une théologie
africaine, in C.GEFFRE (éd.), théologie
et choc des cultures. Colloque de l’institut Catholique de Paris, Paris,
p23-54. Cité par A.NGINDU, FOI et
culture. L’enjeu africain, Kinshasa, Médiaspaul, 2012. P 8.
[4]
Op.cit. p 10.
[5]
Notons que c’est une version de la Bible de Jérusalem.
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