INTRODUCTION
On appelle médias, tout
support qui consiste à diffuser une information ; par contre la vie
religieuse, c’est une vie à la suite du Christ par la profession des conseils
évangéliques. De ce fait, vous conviendrez avec nous que parler des medias et de
la vie religieuse aujourd’hui, c’est
réfléchir sans doute, déjà et nécessairement sur l’évolution de la société
actuelle et son impact sur la vie religieuse. C’est aussi parler de la culture
de l’heure, de la mentalité du moment, de la foi et de la marche de l’Eglise
dans la société ; afin de prendre les précautions pour faire face aux
problèmes du temps avec les armes du moment.
En effet, les moyens
de communication sociale et la vie religieuse, ont comme points de
rencontre : l’homme et la société, sans lesquels vie religieuse et médias
ne peuvent exister. Car, l’homme est à la fois sujet de la société,
consommateur de l’information et image du Christ à la suite de qui se trouve le
religieux aujourd’hui. C’est ainsi que
le Christ dira que ce que vous aviez fait à ce
petit, c’est à moi que vous l’aviez fait (Mt 25, 40). Par ailleurs, le Bienheureux Jean-Paul II,
s’adressant aux journalistes à l’occasion de la dix-huitième journée
mondiale des moyens de communication
sociale, déclarait en ces termes : « Ne donnez pas de l’homme une représentation mutilée, gauchie, fermée
aux valeurs authentiques. Donnez une
place au transcendant, qui rend l’homme
plus homme. Ne tournez pas en dérisions les valeurs religieuses. Que votre
information soit toujours inspirée des critères de vérités et de justice, reconnaissant le devoir de rectifier et de
réparer, s’il vous est arrivé de vous tromper »[1].
Face
aux programmes hybrides et le langage
pluridimensionnel que nous offrent des
médias, la vie religieuse doit être le sel de la terre et la lumière du
monde ; de telle sorte que ceux qui opèrent dans le domaine de médias
arrivent à proposer à l’homme des produits, non seulement qui l’immunisent
contre les répercussions destructrices, mais surtout qui lui redonnent son
image d’enfant de Dieu. Toutefois, sachant que la société médiatique est un
domaine vaste, nous parlerons de quelques médias vis-à-vis de leurs avantages
et inconvénients avec la vie religieuse.
Ceci étant, outre
l’introduction et la conclusion, notre démarche se fera de la manière
suivante : 1) Considération historique et finalités médiatiques ; 2)
La vie religieuse et le livre ; 3) La vie religieuse et la
télévision ; 4) La vie religieuse et le téléphone ; 5) la vie religieuse
et l’internet ; 6) Orientations du magistère.
1. CONSIDERATIONS HISTORIQUES ET FINALITES MEDIATIQUES
L’histoire laisse
entendre que tout est parti du XVe siècle, avec l’invention de l’imprimerie,
par l’européen Johannes Gutenberg. C’est
là même ; « la reproduction
exacte devient possible, la diffusion suit, le texte biblique pouvait circuler
et faire l’objet d’une lecture individuelle. L’accessibilité aux textes s’en
trouve multipliée et son contrôle échappe
désormais aux élites traditionnelles »[2].
Dès
lors, le savoir ou la connaissance n’était plus le fait de quelques
privilégiés : chacun pouvait s’instruire et s’informer par le biais du
livre. Mais plus tard, avec le XIXe siècle, une nouvelle face apparait sur
l’échiquier mondial ; il s’agit de
l’électronique : « la
découverte de l’électricité et l’invention des machines performantes, voient le
jour avec les éléments ci-après : la photographie en 1827, le cinéma en
1875, la téléphonie en 1876, le phonographe en 1877, la radiophonie en 1906, la
télévision en 1925, l’aventure spatiale en 1926, l’ordinateur en 1937 et enfin
l’internet en 1968 »[3].
Il
s’agit là de la phase de l’intercommunication avec une large diffusion des
informations et une nouvelle pression
médiatique sur le plan social. Tous ces médias ou moyens de
communication sociale sont sincèrement
salués par la vie religieuse en particulier, et l’Eglise en général ; car,
l’Evangile du Christ trouve par là des moyens de communication très efficaces
et indispensables, à travers lesquels il doit être bien annoncé.
Cette idée sera soutenue
aussi par le bienheureux Jean-Paul II, à l’occasion de la 35e
journée mondiale des moyens de communication sociale, en
disant : « l’Eglise ne
peut pas renoncer à être profondément impliquée dans le monde en plein développement
des communications ; il se réjouit par conséquent, des transmissions par
satellite en mondovision des cérémonies religieuses qui souvent atteignent une
audience globale »[4].
Ainsi, le pape considérait les médias comme : « les
dispensateurs d’un potentiel spirituel qui appartient au patrimoine de l’humanité et qui est destiné à enrichir
l’ensemble de la communauté humaine »[5]. L’Eglise voyait en ce sens des médias qui
auraient pour rôle essentiel d’informer, de former et de transformer l’homme et
la société dans un grand souci de justice, de vérité, de paix, et de
développement. Mais contrairement à ces intérêts et valeurs attendues, du coup
les médias se font accompagner d’un langage pluriel et des programmes
multiformes qui, parfois, remettent en cause les valeurs morales et
religieuses. De
là, l’urgence d’utiliser les médias avec discernement et esprit critique
s’impose à tous les chrétiens en général, et aux religieux en particulier. Le
bienheureux Jean-Paul II nous le
rappelle en ces termes : « les
médias donnent l’impression d’ignorer le rôle vital de la religion dans la vie
humaine ou traitent la croyance religieuse de manière négative et antipathique.
Il prie les parents pour que, face aux messages contradictoires à une
hiérarchie des valeurs, ils soient les
premiers à former leurs enfants dans l’utilisation modérée, critique, vigilante
et prudente des moyens de communication
sociale »[6]. Il
faut noter néanmoins que, malgré leurs faiblesses, leurs exagérations, et leurs
déformations, les médias sont actuellement une nécessité. Par conséquent, la
vie religieuse ne peut s’en passer, ni rester à l’écart de la société
médiatique. Ceci peut être le cas du livre, de la télévision, du téléphone, et
de l’internet ; pour ne citer que cela.
Sur ce, nous allons à présent faire un point sur la vie religieuse et le
livre.
2. LA VIE RELIGIEUSE ET LE LIVRE
Parmi les médias salués
par l’Eglise et préférés par les religieux et les religieuses, il sied de citer surtout la presse écrite ou le
livre. L’histoire révèle même que les premiers manuscrits trouvent leur origine
dans la vie consacrée, notamment avec la vie monastique. En effet, « par le livre, l’on peut transmettre les
valeurs scientifiques, culturelles, philosophiques, religieuses, dogmatiques,
morales et idéologiques »[7].
La presse écrite est un média parmi tant d’autres, son objectif est de communiquer, d’informer et de former.
Toutefois, c’est un média fait par des hommes et des femmes qui ont leurs
faiblesses, et leurs limites. C’est
ainsi que par l’information qu’ils nous proposent, il faut aussi et
continuellement savoir faire un choix ; car, certaines informations
peuvent aider à l’objectif visé, d’autres peuvent s’y opposer, distraire
l’esprit et le cœur, divertir au sens néfaste. De ce fait, l’on soutient que « dès sa naissance l’imprimerie a été bien sûr
saluée par l’Eglise et considérée comme l’auxiliatrice de l’Eglise, mais en
même temps, le nonce du pape à Venise exerce une surveillance sur les activités
de cette technique nouvelle, et les évêques allemands interviennent contre
l’impression des brochures et des livres contraires à la religion »[8].
A cet effet, le droit
canonique n’est pas du reste quand il exige aux pasteurs des âmes de veiller
sur les écrits à publier par leurs fidèles. Il s’agit en effet du canon 823,
paragraphe 1, dont le texte intégral se présente de la manière
suivante : « pour
préserver l’intégrité de la foi et des mœurs, les pasteurs de l’Eglise ont le
devoir et le droit de veiller à ce qu’il ne soit pas porté de dommage à la foi
et aux mœurs des fidèles par des écrits ou par l’usage des moyens de
communication sociale, d’exiger aussi que les écrits touchant à la foi ou aux
mœurs, que les fidèles se proposent de publier, soient soumis à leur jugement,
et même de reprouver les écrits qui nuisent
à la foi droite et aux bonnes mœurs »[9].
Par
ailleurs, les religieux et les religieuses, pour mieux connaitre le Christ et
bien transmettre leurs messages,
devraient régulièrement scruter les livres, tant spirituels que profanes pour
se cultiver et s’informer sur des questions de l’heure et des valeurs de la
société humaine. Ceci leur permettra de guider le troupeau du christ avec une
foi solide et une intelligence suffisante. Il
s’agit là, « de parfaire leur
formation, de faire valoir l’enrichissement qu’apportent les médias, de mettre
en garde leurs effets éventuellement pervers au point de vue moral ou
doctrinal, de former la conscience, d’affiner le sens critique, afin de choisir
les bons médias, d’éviter les mauvais…et donc de savoir se renseigner avant de
choisir, pendant et après l’usage, de garder la maitrise de soi et l’esprit
critique »[10].
En conséquence, les religieux prêtres ou non, qui sont spécialistes en
rédactions ou en publications des
manuels, prendront soin d’aider les autres à cultiver le goût de la lecture et
d’écrire, de développer les immenses valeurs de progrès humain et chrétien, et
d’utiliser correctement les médias. Mais aussi, les consacrés qualifiés en ce
domaine donneront aux autres une culture religieuse nécessaire au sujet des
médias, pour qu’ils soient en même temps sensibilisés et incités à transmettre
respectueusement le message du Christ.
Néanmoins, certaines sources affirment que, contrairement aux aînés, la
quasi-totalité des jeunes religieux et religieuses d’aujourd’hui, non seulement
n’écrivent pas, mais surtout ne lisent
pas. S’ils lisent, ils lisent peu, et souvent ce qui est distrayant. Dans le passé, les séminaires et maisons de formation religieuse étaient des
producteurs de brochures de valeurs morales et d’articles de réflexions. Une
autre source soutient cette thèse en précisant en ces
termes : « la génération
des années quatre-vingt (80), est une génération du regard, de l’instant et de
l’émotion, du subjectif et de
l’affectivité, du plaisir et de la distraction »[11].
En revanche, le pape
Jean XXIII, dans sa première lettre encyclique Vérité, Unité et Paix, encourageait
les écrivains et les rédacteurs en ces termes : « nous ne pouvons nous empêcher d’exhorter à
l’exactitude, à la prudence et à la discrétion dans la présentation de la
vérité, ceux qui, par leurs livres,
leurs revues, et leurs journaux, aujourd’hui
en si grande partie, exercent une telle influence sur l’esprit de leurs
lecteurs, surtout des jeunes, et sur la
formation de l’opinion et des mœurs. C’est à eux qu’incombe le devoir de
propager non le mensonge…mais bien le
vrai et tout ce qui porte au bien et
à la vertu »[12].
Cet
encouragement est à la fois une reconnaissance à ceux qui éditent et rédigent déjà, et une invitation à tous
les religieux d’être en mesure d’écrire quelque chose ; car, poursuit le
même pape, « à la presse du mal et
du mensonge, il faut opposer celle du bien et de la vérité. Aux émissions de
radio et aux spectacles de cinéma et de télévision qui font aimer l’erreur et
le vice, il faut opposer d’autres qui défendent la vérité et les bonnes mœurs…
le remède, ajoute-t-il, surgira de la source qui souvent distille le poison »[13].
Voilà l’invitation que
le pape nous lance au sujet de la presse écrite. Mais pour le moment, nous
allons un peu réfléchir sur la vie religieuse et la télévision.
3. LA VIE RELIGIEUSE ET LA TELEVISION
L’un des moyens de
communication sociale, la télévision est un outil véritablement apostolique et
universel, devant permettre aux
religieux et religieuses de répandre la
Bonne Nouvelle de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Mais, « combien de fois, le soir certains religieux
et religieuses, restent collés devant l’écran par faiblesse, pour voir ce qui
viendrait après, seulement parce qu’ils se laissent prendre par une histoire
simpliste ou des images racoleuses. A la fin ils se sentent vides de l’esprit
et déçus d’eux-mêmes. Le jour suivant ils n’arrivent plus à bien prier à cause
de la fatigue, et à la longue ils commencent à perdre leur contact intérieur avec le Christ »[14].
De
là, il a été aussi constaté que souvent les communautés religieuses les plus
dynamiques, regardent moins la télévision, et toujours des programmes
sélectionnés et bien discernés.
L’information avec le journal télévisé est, pour la majorité de ces
communautés, le programme le plus
regardé et suivi. Une information riche et abondante, par laquelle on cherche à
connaître ce qui est neuf et nous met en contact avec le progrès humain et
chrétien. Mais
une source affirme que dans certaines communautés religieuses aujourd’hui, leur
programme préféré et qui occupe le maximum de leur temps, c’est le film ou
carrément le distractif plutôt que des émissions culturelles. Or, « contrairement à la presse écrite qui est dominée par les valeurs, la
télévision, elle, se distingue par l’affectif, le subjectif, l’imaginaire, la
séduction-spectacle, le look, le plaisir, l’instant et le distractif »[15].
On se trouve par là, devant des programmes ambivalents et multiformes à
l’écran. Aux esprits faibles et fragiles, ces programmes peuvent diriger leur
vie, au risque de remettre en cause leur foi et leurs mœurs. Sur ce, les religieux et les
religieuses, tâcheront d’utiliser les
moyens de communication sociale avec une certaine souplesse et sagesse, en
tenant compte des normes d’ascèse et de prudence, souvent rappelées par
l’Eglise en cette matière. Pour
éviter des abus, à
l’instar « de perte de temps,
dispersion, superficialité, vision matérialiste, plaisir et imaginaire de l’existence, il faudra
adopter une discipline équilibrée, individuelle, et communautaire ;
pratiquer l’étude, la lecture, le silence et la méditation ; enfin,
accomplir des sacrifices personnels et pratiquer l’obéissance et la pauvreté
évangélique »[16].
Pour certains membres
des communautés religieuses, la télévision est devenue même un prétexte pour
éviter les autres, un refuge pour s’enfouter de la vie communautaire et une
fuite des responsabilités pour se réfugier dans une multitude des programmes
proposés par la télévision. Par ailleurs, le bienheureux Jean-Paul II,
s’exprimant au sujet de la télévision à l’occasion de la 28ème
journée des moyens de communication sociale, disait que « la télévision peut proposer des valeurs et
des modèles dégradants de comportements, en transmettant des émissions
pornographiques et des descriptions graphiques de violence brutale, en
inculquant le relativisme moral et le sceptisme religieux ; en répandant
des exposés déformés et manipulés des problèmes courants »[17].
En réalité, il faut
reconnaitre que ce n’est pas la télévision en tant que telle, qui est mauvaise,
mais l’usage que les religieux et religieuses font de la télévision ou des
médias en général. La télévision propose ses programmes, quitte aux religieux
et religieuses de choisir ce qui peut construire et contribuer à leur
épanouissement et leur état de vie. Le mal, c’est que, parfois, certains
cherchent à rester devant la télévision même quand il est temps de travailler,
de lire, de dormir, de prier ou de méditer. Et puisqu’on cherche à y
rester longtemps, on se propose la paresse, on devient déconcentré et on tombe
dans l’incapacité de réfléchir, de faire la lecture et d’écrire ne fût-ce qu’un
article. L’expérience montre que, souvent quand on reste longtemps devant la
télévision, la tendance est de commencer par changer beaucoup de positions, de
bailler, de zapper, et de somnoler. La psychologie s’affaiblit et l’élévation
devient difficile sur tous les plans. Ainsi,
il sera difficile à un religieux ou une religieuse de vivre en harmonie avec le règlement de sa
communauté et d’obtenir l’élévation sur le plan spirituel ou intellectuel,
parce que son esprit étant envahi par la liturgie de la télécommande. Et même
quand il est avec les autres devant l’écran, il aimerait détenir en sa main la
télécommande pour dicter les images de son choix. D’où l’importance de chercher
à utiliser les médias avec sagesse, sinon
au lieu que nous puissions les évangéliser, ils risquent de nous
évangéliser. Mais à présent nous allons voir ce qu’est le téléphone vis-à-vis
de la vie religieuse.
4. LA VIE RELIGIEUSE ET LE TELEPHONE
L’Eglise a été toujours
convaincue que les médias sont des dons de Dieu, et cette liste des dons
continue à s’allonger. Mais « l’objectif
est toujours de nous rendre plus proches dans la fraternité et dans la
compréhension mutuelle et nous aider d’aller de l’avant dans la réalisation de notre destinée humaine comme des fils de
Dieu »[18]. Tel
est aussi le cas du téléphone mobile. En effet, il y a plusieurs décennies, il
était difficile d’entrer en contact avec nos frères et sœurs qui se trouvent
dans les fins fonds du continent ou du monde entier. Aujourd’hui, nous sommes tous heureux du fait qu’à la minute, on
peut joindre celui qui est loin de nous et nous informer de ce qui se passe
ailleurs sans faire beaucoup d’efforts. Mais puisque ce média est une nouveauté
dans certains coins du monde et que certaines personnes ne savent pas suffisamment l’utiliser, il importe à l’Eglise et aux
communautés religieuses, d’aider leurs membres à faire un bon usage de ce moyen
de communication sociale. Dans l’usage du téléphone, « le grand défi du témoignage religieux au
sein du dialogue public est celui de
l’authenticité des messages et des échanges… »[19].
Chez certains religieux
et religieuses, éteindre le téléphone
est devenu un exercice difficile, même quand ils savent qu’on part à la
chapelle, à la messe ou à une conférence qui réunit des catégories
confondues. Et la qualité de certaines
sonneries de leurs téléphones pousse à réfléchir ; parfois ce sont des
chansons qui reprennent des paroles qui portent atteinte à la vie religieuse. Du coup, on
tombe ans le relativisme. Ce qui était mauvais devient normal, parce que tout
le monde le fait. Pour cela, le religieux ou la religieuse doit montrer que
tout en étant dans le monde, il n’est pas du monde. Par un usage discret et
respectueux des moyens de communication sociale, le témoignage peut être rendu
et la vie religieuse honorée. Ainsi, le religieux pourra être le sel de la
terre et la lumière du monde. Car, le
mauvais usage peut amener le religieux à déstabiliser la caisse de la
communauté, la megestion de sa propre poche et la mendicité. Ce qui serait
incompatible avec la vie religieuse ; et les conséquences peuvent être
imaginables. Souvent, même quand on sait qu’on est fatigué et qu’on doit dormir
la nuit, on est incapable de fermer le téléphone afin de se faire déranger. Ainsi
donc, « les instituts religieux
doivent être attentifs aux taches multiples et primordiales de l’Eglise dans le
domaine de la communication sociale ; Ils examineront ce qu’ils peuvent
faire pour apporter leur coopération et remplir certaines charges en harmonie
avec leurs constitutions »[20].
Cela étant, nous allons cependant analyser la question de la vie religieuse et
l’Internet.
5. LA VIE RELIGIEUSE ET L’INTERNET
L’internet n’est autre
chose que l’interconnexion des réseaux informatiques. Ainsi, il est un nouveau
carrefour pour l’annonce de la Bonne Nouvelle, et il offre à la vie religieuse
de larges possibilités d’évangélisations s’il est utilisé avec compétence. Avec cet outil, le monde est réduit à un petit
village, et cela facilite la tâche aux personnes consacrées pour annoncer
l’Evangile partout et en tout lieu. Avec l’internet, tout
est déjà là, il suffit d’y entrer pour prendre ce qu’on veut, si l’on est
initié en la matière, bien sûr. Ce qui fait que la vie religieuse ne peut pas
se passer de ce moyen de communication au moment actuel. Les supérieurs des
communautés doivent former leurs sujets à être capables de faire face à ce
nouveau monde planétaire, à connaître ses avantages et ses inconvénients pour
mieux l’utiliser. L’internet
peut aussi favoriser le dialogue, la solidarité et la culture. Toutefois, il
convient de signaler qu’à l’internet il n’y a pas qu’à boire et à manger, mais
aussi il y a à vomir. Le fait que tout y
est, le religieux qui en est fréquent peut affaiblir sa capacité de réfléchir,
parce qu’on prend ce dont on a besoin sans faire un effort. Par conséquent, l’internet propose tous genres de programmes : le bon
comme le mauvais. Les religieux et religieuses qui y sont réguliers doivent
faire très attention pour sauvegarder
leur état de vie. C’est ainsi que, le canon 666 précise en
termes : « les religieux,
dans l’usage des moyens de communication sociale, garderont le discernement
nécessaire et éviteront ce qui est nuisible à leur vocation et qui est
dangereux pour la chasteté d’une personne consacrée à Dieu »[21].
Certains religieux, n’étant pas suffisamment initiés à cet outil, endommagent
leurs vœux de religion et se laissent escroquer par son biais. C’est pourquoi
il faut se référer à ce que dit le magistère de l’Eglise.
6. ORIENTATIONS DU MAGISTERE
Le magistère de l’Eglise
a été toujours attentif aux réalités sociales qui sont des réalités humaines
pour lesquelles l’Eglise a reçu la mission du Christ. Non seulement il en est
attentif, mais aussi il en donne les orientations et les instructions
nécessaires qu’il faut pour un usage commode.
Tel est aussi le cas des moyens de communication sociale. C’est pourquoi le
pape Jean XXIII, s’exprimant au sujet des médias, disait ce qui
suit : « les moyens de
communication sociale peuvent constituer une invitation et une exhortation au
bien et même à la vertu chrétienne ; mais souvent hélas, ils peuvent être
spécialement pour les jeunes, la source des mœurs dépravées, de malhonnêteté,
d’erreur et de dévergondage. Pour neutraliser la mauvaise influence toujours
croissante de ces moyens dangereux, il faut leur opposer les armes du vrai et du bien ».[22] Le concile
Vatican II, poursuivant dans la même ligne dans son décret Inter Mirifica, au sujet des moyens de communication sociale,
déclarait en ces termes : « l’Eglise
a parfaitement conscience que ces instruments employés de juste façon,
apportent au genre humain de précieux concours, car ils peuvent contribuer au
délassement aussi bien qu’à l’instruction des esprits, ainsi qu’à l’extension
et à la consolidation du règne de Dieu. Mais elle sait aussi que les hommes
peuvent les utiliser contre le dessein du divin créateur et les faire tourner
ainsi à leur propre perte…Aux pasteurs revient la charge d’instruire et de
diriger les fidèles de telle façon que l’usage de ces instruments les aide eux
aussi à faire leur propre salut et
contribuer au bien et au progrès de toute
la famille humaine »[23].
Pour le pape Paul VI, « les
promoteurs de la presse catholique doivent rendre témoignage de leurs
convictions religieuses, ainsi que leur mode de vie »[24]. Pour
le pape Benoit XVI, il s’ensuit
qu’il « faut considérer avec
intérêt les divers sites d’applications et des réseaux sociaux, qui peuvent
aider l’homme d’aujourd’hui à vivre des moments de réflexion et d’interrogation
authentique, mais qui peuvent aussi l’aider à trouver des espaces de silence, d’occasions de prière, de méditation ou de partage de la parole de
Dieu »[25].
A cela, il ajoutait en disant que « lorsque les personnes s’échangent des informations, déjà elles
partagent d’elles-mêmes, leur vision du monde, leurs espoirs, leurs
idéaux »[26].
CONCLUSION
En définitive, il sied de
rappeler que notre analyse reposait sur les médias et la vie religieuse. Nous
sommes partis de la considération historique et des finalités; nous avons donné
par là une chronologie de certains médias et leur mission vis-à-vis de la
société dans laquelle vit le religieux. Quant aux médias dont nous avons parlé,
il s’agissait du livre, la télévision, le téléphone et l’internet. Tout en indiquant leur
importance comme outils d’évangélisation, d’information, de formation et de
transformation, nous avons dit que ces médias se font accompagner aujourd’hui
des programmes multiformes et d’un langage pluriel. Ainsi, les religieux et les
religieuses, doivent les utiliser avec
discernement pour ne pas compromettre
leur identité ; car, ce ne sont pas
les médias en tant que tels qui sont mauvais, mais l’usage que les religieux et
les religieuses peuvent faire des médias. Enfin, nous avons également donné les
orientations du magistère de l’Eglise.
[1] MABIALA,
Philippe, Editorial dans la presse
chrétienne. Analyse des hebdomadaires « La semaine africaine et Vie », L’Harmattan, Paris, 2007, P.
242.
[2] Idem, P.
17.
[3] Idem.
[4] Idem, P.
268.
[5] Idem.
[6] Idem, P.
270.
[7] J.
ARRAGAIN, C.J.M., Futurs prêtres et
médias. Orientations utiles à tous les consacrés, Dans « Vie consacrée », Namur,
Bruxelles, 1989, P. 382.
[8] BERNARD
Jouanno, A. A., La société médiatique une
inculturation nécessaire, Dans « Vie
consacrée », Namur, Bruxelles, 1989, P. 365.
[9] Canon 823, Paragraph 1.
[10] J. ARRAGAIN, C.J.M., Op.Cit. P. 383.
[11] BERNARD Jouanno, A.A., Op.Cit, P. 367.
[12] JEAN
XXIII (Pape), Lettre encyclique Vérité,
Unité et Paix, Rome, 29 juin 1959, N° 7.
[13] Idem,
N° 9.
[14] GUY
MARTINOT, S.J., La vie religieuse et la
télévision, Dans « Op.cit. »,
P. 370.
[15] BERNARD Jouanno, A.A., Op.Cit, P. 367.
[17]
MABIALA, Philippe, Op.cit., P. 272.
[18] Ibid.,
P. 274.
[19] Ibid.,
P. 275.
[20]
Commission pontificale des moyens communications sociale, Instruction pastorale Communion et Progrès, 23/Mai/ 1971, N° 177.
[21] CANON
666.
[22] JEAN
XXIII, Op. Cit., N°9.
[23] Vatican
II, Décret sur les moyens de
communication sociale Inter Mirifiça, N°s 2-3.
[24] Paul VI
cité par MABIALA Philippe, Op. Cit., P. 283.
[25] Benoit
XVI (pape), message pour la journée
mondiale des communications sociales
(20/Mai/2012), Rome, 24/janvier 2012.
[26] Benoit
XVI, Message pour la journée mondiale des
communications sociales 2011.
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